samedi 21 décembre 2019

101 youpis et puis...





































Toute occasion de populariser l'architecture du XXème siècle est bonne. Toute.
Il faut donc remercier de suite les éditions du Festin de leur initiative et de la publication de leur ouvrage : 101 architectures contemporaines remarquables en Nouvelle Aquitaine.
L'ouvrage se veut didactique, facile d'accès et égraine donc des réalisations très variées par leur programme ou par leur époque, ce qui constitue une sorte de socle à un Patrimoine à protéger un jour.
Vous comprendrez de suite ma réticence.
Je ne crois plus en ce Label.
Il y a bien longtemps qu'il a fait preuve de son inefficacité et j'ose même dire de sa dangerosité. Véritable faux-semblant de classement, il ne permet pas de protéger définitivement les constructions, il appelle même dans son essence à offrir des aides pour "encourager leur réutilisation (euphémisme...) et leur réappropriation (là on a peur), en accord avec les nouveaux usages (ben voyons...) et les attentes des habitants (démagogie démocratique, et qui donc se charge du relais et des conseils ?)"

On ajoute que le Label permet aux habitants de comprendre qu'il s'agit d'un Patrimoine en devenir et on devine immédiatement que ce Label ne sert à rien puisqu'il rejette la classification et la protection aux calendes grecques du-dit devenir... Dans cinq, dix, vingt ans ?
Au regret de la disparition, de la défiguration ?
En signalant ce Patrimoine, le Label opère de deux manières : il laisse croire que l'attention de l'État est opérationnelle puisqu'il labélise (et donc agit) et dans le même temps permet tout et n'importe quoi, jusqu'à la destruction du si remarquable patrimoine qui, Oups ! Oh ! Pardon... n'était pas... classé...
La liste est longue maintenant de ce processus qui a lieu en ce moment même.
Ce Label construit aussi une hiérarchie de la protection dont personne ne comprend bien les distinctions et de qui les décide.
Pourquoi soutenir aussi vite le classement au titre des Monuments Historiques de la Villa de Koolhaas et ne pas faire de même pour la Cité de Bayonne de Marcel Breuer ? Quel miracle patrimonial a eu lieu à Bordeaux et pas à Bayonne ? Quelle politique ?

Alors... Que dire ? Que faire ? Se réjouir ? Oui ! Oui ! Oui ! Cent et une fois oui.
Je le redis, tout ce qui popularise et signale cette architecture est bon à prendre. Et je suis fatigué, aussi.
Faisons preuve d'optimisme. D'abord soyons heureux de retrouver des architectes que ce blog aime beaucoup : Edmond Lay, Jean Renaudie dont je découvre une superbe villa, Jean Nouvel, Salier, Courtois, Saillol, l'incontournable aujourd'hui Bernard Schoeller et bien entendu Jean Prouvé et la bien triste histoire de l'école à Pontouvre, histoire exemplaire de ce que l'absence des protections et des Labels sur une construction publique et modeste peut produire... Un cas d'école, c'est le cas de le dire... Gestion de l'urgence dans l'insondable manque de culture des élus face au marché des collectionneurs et à la réaction vive des citoyens. Un défaut de signalement comme on dit avec pudeur.

Mon cœur balance pour la très belle et incroyablement brutaliste (au sens premier de Reyner Banham) église de Lacanau, Notre-Dame-des-Flots par Francis Duclos, Patrick Maxwell et Jean-Claude Moreau, qui, par leur pragmatisme atteignent un sommet de délicatesse digne de Peter et Alison Smithson.
Ayant déjà évoqué beaucoup de ces architectures sur ce blog, (seules les villas restent difficiles à trouver en cartes postales), j'ai cherché dans mes boîtes quelques petites pépites dont je n'avais pas d'information et que cette publication informe comme le Sanatorium Alfred Leune ou le Barrage de L'Aigle. Bien entendu, pour 15 euros, vous avez un magnifique guide de 101 architectures ce qui fait moins de 15 centimes d'euro par bâtiment. Avouez que ce n'est pas cher et qu'il vous est donc conseillé vivement de l'acheter. Je ne ferai donc pas ici d'inventaire exhaustif de ses pages !

On notera que les textes sont clairs, accessibles, ouverts et que l'iconographie est riche et pleine du soleil de cette région qui me manque tant. Oui, je sais, je suis un incorrigible mélancolique.
Et cet ouvrage, sous le ciel bas et gris de ma Normandie, me donnera l'illusion d'avoir pris ma voiture et d'avoir sur les routes de la Nouvelle Aquitaine, parcouru toutes ses richesses qui, à n'en point douter maintenant, seront classées RAPIDEMENT et FIÈREMENT par les institutions patrimoniales locales. N'est-ce pas ?

Alors que je termine ces lignes, je tombe sur un article de Sindbad Hammache dans le dernier numéro du Journal des Arts de cette semaine. Il y fait une analyse critique absolument parfaite de ce Label Architecture Contemporaine Remarquable. Je ne saurais mieux dire les doutes de son efficacité et la portée très limitée de son action.
Je vous conseille donc vivement pour poursuivre ce débat de lire son remarquable article.

101 architectures contemporaines remarquables en Nouvelle Aquitaine
Le festin, Hors-série
collectif
15 euros.
Merci aux éditions du Festin pour l'envoi et pour le partenariat.

Pour revoir quelques articles concernés par cet ouvrage :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2016/09/lerection-de-francois-hollande.html
https://archipostalecarte.blogspot.com/2016/08/page-45-bordeaux.html
http://archipostalecarte.blogspot.com/2013/03/coup-de-foudre-pauillac.html
http://archipostalecarte.blogspot.com/2013/02/le-club-nautique-de-pauillac-merveille.html 
https://archipostalecarte.blogspot.com/2017/05/la-cite-radieuse-des-pompiers.html
https://archipostalecarte.blogspot.com/2012/12/tetrodons-le-bonheur.html
etc...



On commence ?
Heureux de trouver dans cette revue, la très belle Cité Administrative de Bordeaux. Ce point de vue nous permet de mieux en comprendre les articulations formelles. J'adore les passerelles suspendues entre les deux tours. Et voyez-vous qu'elles ne sont pas terminées sur ce cliché des éditions Iris ? Incroyable urgence de faire des images et des cartes !


On apprend donc que les architectes sont Pierre Calmon et Pierre Mathieu comme nous l'avait déjà parfaitement indiqué Dominique Amouroux dans son guide. 
On notera que l'éditeur Iris ne nomme ni les architectes ni le photographe.

Remercions donc cet ouvrage de m'apporter une réponse à une énigme qui ne m'avait pas permis de publier ces cartes sur ce blog. En effet, je n'avais rien pu trouver sur cet étrange collage architectural :



Nous sommes à Sainte-Feyre devant le sanatorium Alfred Leune. Lors de l'achat, je m'étais posé beaucoup de question sur cet énorme appendice greffé sur une façade. Voilà que page 21, je trouve ma réponse. Cette rotonde, véritable greffe en béton est de Marcel Astorg.
Cela ne vous dit rien ? Marcel Astorg ?
Mais si, rappelez-vous ici :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2015/05/danser-chez-marcel-astorg.html


Cette extension daterait donc de 1953 et reste un geste superbe et audacieux. Je vais tenter d'en trouver une carte postale de l'intérieur. En attendant c'est d'abord les éditions du Moulin qui vous en proposent une carte postale puis les éditions Lapie qui vous servent cette carte postale en noir et blanc fortement coloriée. Merci à eux.





































Je finis cette mise en bouche par un beau barrage en action libérant ses eaux. Car, il ne faut pas oublier aussi le Patrimoine technique et industriel.
Voici :
Nous sommes à Mauriac au dessus du barrage de l'Aigle. Les éditions Bosc et Compagnie nous donnent à voir ce moment de relâchement des eaux. On entend le bruit jusqu'ici non ?
L'article nous donne donc le nom des architectes Brochet et Chabbert mais aussi le nom des ingénieurs qui ne sont rien moins que André Coyne et André Decelle. L'article nous donne aussi une anecdote selon laquelle Le Corbusier lui-même aurait tant aimé les courbes des déversoirs en saut à ski qu'il s'en serait inspiré pour les courbes de Ronchamp. Oui, on aime bien les histoires.

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