mardi 21 février 2023

des temples à Royan et alentours



 
On le sait l'Art Sacré du XXème siècle est phagocyté à Royan par la superbe et iconique Notre-Dame de Royan. Mais on sait aussi ici que si le catholicisme a offert ce cadeau à la plus belle ville du Monde, le protestantisme très vivant dans la région a aussi participé à la grande architecture à Royan. On a déjà vu dans un article le très beau temple et voici que le hasard m'apporte deux nouvelles cartes postales de ce magnifique et discret bâtiment. C'est Monsieur Berjaud, l'éditeur (et photographe ?) qui nous régale avec ces deux clichés qui nous permettent de bien lire l'incroyable qualité de l'écriture architecturale de ce temple. On notera avec bonheur que Monsieur Berjaud nous donne bien le nom des architectes : R. Baranton, J. Bauhain et le plus connu M. Hébrard.
Vous pourrez vous rendre ici pour voir ou revoir l'intérieur de cette construction :
Peu de choses à dire d'un point de vue éditorial sur ces deux cartes postales, à part, bien entendu, que l'on peut s'étonner d'autant d'éditions et de points de vue pour un tel objet architectural ce qui signe bien l'époque et son désir de partager l'architecture moderne. La carte montrant le jardin dans la parcelle et son arbre communique peu sur l'objet mais bien plus sur son insertion, donnant une place très relative à l'architecture qui, ici, atteint un degré de tranquillité très élevé. On est bien loin de Notre-Dame, de son désir d'être vue, d'être extravagante, d'être un monument criant sa présence. Deux christianismes pour deux architectures bien différentes.



Un peu plus loin et un peu plus tard, je trouve cette carte postale du Temple de St Georges-de-Didonne à proximité donc de Royan. Et qui, croyez-vous, a photographié et édité cette carte postale ? Monsieur Berjaud bien entendu ! On pourrait s'amuser à penser qu'il a fait la tournée du protestantisme en pays royannais ! Il cadre derrière une branche, le Temple apparait alors presque plus grand qu'il n'est réellement. On notera qu'aujourd'hui on ne peut plus ainsi le voir et c'est dommage. Ce petit objet architectural un peu oublié dans les icônes de Royan a pourtant une belle originalité. Je vous conseille de revoir cet article :
On se souvient de son architecte : Paul Drémilly.

mercredi 1 février 2023

Que nous réserve le Centenaire de Claude Parent ?

 
Photo de Claude Lothier

Pendant ce mois de février, Claude Parent aurait donc eu cent ans ! Cela semble assez incroyable de penser cela car il est vrai que jusqu'à son décès récent, l'architecte affichait une vitalité hors-norme.
Est-ce cette vitalité que Loris Gréaud tenta de récupérer au dernier moment auprès de l'architecte pour co-signer avec lui ce qui serait sa dernière œuvre ? Sans doute. Comme on le comprend.
Juste à temps.
On devrait donc pouvoir tirer un bilan de l'œuvre de Claude Parent en se servant comme des indicateurs des manifestations autour de son centenaire. On peut aussi s'interroger sur les hommages qui lui seront rendus et de comment ses constructions et ses oeuvres critiques seront remises en lumière à une époque frileuse sur le béton, frileuse sur la théorie, frileuse sur l'avenir. Car, oui, Claude Parent fut aussi un architecte de ce qui allait advenir et notamment des migrations dont il avait su dessiner les accueils, les flux, les drames.
On peut donc se réjouir que deux livres essentiels de Claude Parent soient à nouveau édités et que ses dessins soient à nouveau disponibles dans une galerie*. C'est au moins l'occasion de les voir ou de les revoir. Mais quel programme est prévu par les institutions patrimoniales pour mettre à cette occasion la lumière sur les oeuvres construites de Claude Parent ?
Un programme de balades est-il prévu en Région Ile-de-France pour visiter les icônes de l'architecte et de son compère Virilio ?
A-t-on lancé la restauration de ses œuvres ? Est-ce que les écoles d'architecture envoient leurs étudiants et étudiantes sur les lieux ? Quel colloque est organisé sur le travail de l'architecte pour discuter de la pérennité pourtant si contemporaine de sa pensée de la Fonction Oblique ?
Une messe sera-t-elle organisée à Nevers en son hommage ?
La Centrale de Cattenom sera-t-elle ouverte à la visite ?
La DRAC Ile-de-France va-t-elle enfin classer Ris-Orangis ? Au moins, apposer le Label ACR sur le bâtiment ?
Alors si l'héritage d'un architecte se mesure à l'écho qu'il a dans les productions contemporaines, il ne fait aucun doute que Claude Parent est partout présent tant les exemples de constructions lui faisant signe sont légion. Si on s'appuie sur les hommages officiels là...C'est le grand vide pour l'instant.
Je ne ferai pas ici l'affront de raconter à nouveau son importance ni de rappeler comment avec vous les combats pour sauver Sens et Ris-Orangis furent à la fois victorieux et funestes.
Je voudrais simplement qu'à l'occasion du centenaire de Claude Parent, on ne confonde pas la lecture contemporaine nécessaire de son oeuvre avec une idolâtrie de sa personne comme lors de son "hommage" à la Cité de l'Architecture.
Sans aucun doute la Société Carrefour va lui rendre hommage en ouvrant à nouveau les rampes de Sens au public...
Sans aucun doute que les dessins rangés, les livres vendus, il ne restera pas grand chose à part l'implacable jubilation à visiter son oeuvre pour se rappeler de son importance.
Il en va ainsi de l'Histoire de l'Architecture. Et il y aura bien un responsable du Patrimoine pour nous rappeler que nous n'avons pas à nous plaindre au vu du nombre de constructions de l'architecte protégées par une inscription aux Monuments Historiques dont on le rappelle ici qu'elle ne suffit pas à pérenniser une oeuvre. Qui ira contrôler l'état des rampes à Sens ou des murs de Ris-Orangis ? Qui profitera de ce centenaire pour faire un inventaire de la préservation de l'œuvre de Parent et Virilio ? Qui se demandera comment populariser une certaine idée de l'espace  auprès du public et des futurs architectes ? Qui surveillera la transformation de la Fondation Avicenne ?
Que feront les CAUE concernés par des oeuvres de l'architecte sur leur territoire pour ce centenaire ?

Alors, je vous propose donc de relire ses livres, de visiter ses oeuvres. Faites-le dans un état de conscience aiguë. Touchez les murs, soulevez les planchers, glissez sur les rampes, parlez fort pour des échos somptueux, laissez les lumières entrer, cherchez les appuis, déroulez la plante des pieds, déstabilisez-vous.
C'est l'expérience de son architecture qui sera le plus bel hommage à lui rendre. 
Ne soyez-pas des fans flagorneurs. Il y en a déjà assez. Cela ne suffit pas malheureusement à préserver une œuvre et un combat architectural ni à légitimer une succession. C'est aussi la leçon de son meilleur élève : François Seigneur.

Walid Riplet pour le Comité de Vigilance Brutaliste

Voilà deux extraits éclairant du "errer dans l'illusion" dont Claude Parent me parle ainsi dans sa dédicace :
"Ce livre rouge chinois le plus important pour moi"







Vous pouvez aussi aller vivre vraiment la Fonction Oblique ici, et ça c'est gratuit et permanent :

*En ce moment : 
Deux rééditions :
- "Vivre à l'Oblique" (1970), reproduit dans son format original. 
- "Errer dans l'Illusion",
Lancement des livres le 13 février chez Artcurial
Collaboration entre Bernard Chauveau Édition et les Archives Claude Parent.

Galerie 8+4 du 28 janvier au 11 mars, centenaire de Claude Parent, exposition de dessins.
36, rue de Turin, Paris 75008.

Pour lire ou relire des articles sur Claude Parent, le combat pour Sens, celui de Ris-Orangis, voilà une liste presque exhaustive.
cet article est le plus important :

et les autres...etc...