Je ne me lasse pas de voir ainsi l'architecture la plus utopique, la plus radicale, la plus inventive finalement enregistrée comme n'importe quelle plage, cathédrale ou château fort.
Sous un soleil radieux et pourtant ombragé par les pins du Villages Vacances Familles de Lège, une famille prend du bon temps autour de son tetrodon, œuvre de l'A.U.A. Un de ceux sans doute dont on tente en ce moment même le sauvetage.
Alors bien évidemment sur cette carte postale des éditions Combier, on le devine à peine notre module moderne. Mais voyez-vous c'est bien le signe de sa totale adéquation à sa fonction.
Sur la terrasse la famille prend le frais. Le jeune père évoque ses débuts de véliplanchiste et dit comme c'est dur surtout de remonter sur la planche quand la voile est à l'eau. Le très jeune grand-père raconte son après-midi seul avec sa petite fille à jouer dans les pins et faire des personnages avec les pommes en collant dessus les papiers froissés du dernier magazine féminin.
Les deux femmes sont parties en vélo au village cet après-midi. Non pas pour faire les courses, non pas pour s'occuper de la famille, non.
Simplement pour le plaisir de parler justement d'autre chose. Elles ont ri toutes deux au rêve de marin de Sébastien sur sa planche, elles ont ri au regard désemparé du grand-père qui a dû rester seul avec la petite fille. Elles ont ri.
On a aussi discuté des vacances d'hiver, de la disparition de l'oncle Roger, de ce que l'on ferait de sa maison du Cantal. Valérie voudrait bien y retourner une dernière fois avec la petite Marion et Sébastien.
Mais le métier de ce dernier ne lui laisse pas de répit.
Et Josiane raconte encore et encore l'anecdote de l'oncle Roger pincé par des écrevisses dans les torrents clairs de l'Auvergne. Elles rient toutes les deux en pédalant tranquillement.
Sébastien a posé sa voile sur le tetrodon parce que c'est pratique et que le photographe des éditions Combier dit que cela parlera bien de la mer. Et Valérie a posé un peu pour le photographe aussi en ce mettant dans la chaise longue que pourtant elle n'aime pas. On a ouvert le parasol, laissé Marion poser son seau et ses jouets de plage à l'entrée.
Le vin rouge se réchauffe un peu.
On entend parfois des pommes de pins emportées par les écureuils.
Et demain on ira poster une carte postale pour l'Oncle Roger.
Ah non, c'est vrai, pas cette année.
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