mardi 17 septembre 2013

Ivry par Ianna


Continuons à découvrir ce que les photographes contemporains tirent de leurs souvenirs de l'objet éditorial que représente la carte postale.
Cette fois, il s'agit du regard de Ianna Andréadis qui nous régale de son œil sur une ville que nous aimons beaucoup sur ce blog et que nous avons parcourue bien des fois : Ivry-sur-Seine.
La ville est curieuse et l'objet éditorial d'Ianna Andréadis aussi !
Il ne s'agit pas de cartes postales isolées mais d'un dépliant comme on en voit encore parfois sur des tourniquets et qui réunit 10 cartes postales, 10 photographies de la ville dans un parcours que le titre de l'ensemble nous révèle : du port au Moulin.
L'ensemble joue parfaitement sa référence et on pourrait bien se laisser prendre au jeu et croire avoir dans la main une édition courante de cartes postales touristiques. Sauf... que, bien entendu, tout arrive à point nommé dans les images et les choix de cadrages de l'artiste pour nous dire que nous sommes là devant une photographie bien plus exploratoire, étrange, et débordée que celle de nos cartes postales. Ce qui me fait signe immédiatement c'est la couleur des ciels et nos éditeurs aiment moins suivre que Ianna Andréadis les ciels encombrés, menaçant ou troublés !
On perçoit aussi une certaine jubilation presque abstraite à composer avec les couleurs, jouer des aplats. Les phénomènes météorologiques offrent parfois des monochromes comme les feuillages orangés d'un pommier contre les briques des immeubles.
Ici, pas de cette lassitude triste des espaces contemporains, pas de cynisme des espaces pauvres, le plaisir toujours de prendre le parti de la poésie même si cela est un parti risqué et que, les images restent vides de leurs habitants.
J'ai aussi la sensation (me trompé-je ?), que Ianna Andréadis nous offre les quatre saisons... sans pittoresque ridicule, sans affection outrée.
C'est plaisant.
Le verso des images nous donne les informations suivantes :
éditions A. Leconte, éditeur (de qualité !) depuis 1920, ainsi qu'une nomination des lieux, sans mystère, le logo de la Ville et le copyright de l'artiste... modestement.
C'est une belle édition, c'est une belle promenade qui nous permet surtout, je l'avoue de revenir dans la ville des deux architectes français que je compte parmi mes préférés : Jean Renaudie et Jeanne Gailhoustet.
Et, toujours ému, je retrouve ainsi ces lieux, beaux parce qu'humanistes.
Rien que pour cela, merci Ianna Andréadis et merci beaucoup à Laurent Patart pour ce bel envoi.

Hier, l'artiste nous répond :
"Cette édition accompagne mon exposition  sur Ivry "du port au moulin" qui a lieu actuellement, à l'espace Gérard Philipe à Ivry , (et qui vient de commencer (!! )

mais c'est un projet en soi.
Dans l'exposition je présente les photos par triptyques ( tel qu'on voit sur la couverture et la quatrième-dos  du dépliant).
C'est en effet l'enregistrement d'un parcours de deux extremités d'Ivry, le titre étant choisi pour le coté "dépaysant " tout en étant tout à fait ivryen ...
J'ai décidé de ce titre, et du choix des images / des lieux pour les cartes postales , qui sont tous des "haut lieux"  d'Ivry"













1 commentaire:

  1. J'ai eu l'honneur et surtout le plaisir de rencontrer Renée Gailhoustet par 2 fois. Vers 1980 à la DDE de Moulins où elle fut un temps architecte conseil et en 1993 à la ville LE PORT à l'Ile de La Réunion où elle avait réalisé un programme collectif avec résidences d'artistes en RDC pour le contact avec la population (page 81 de son livre "La politesse des maisons" -livre à lire absolument-. Très calme, discrète.

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