mercredi 17 juillet 2013

Une surface plane en un certain ordre assemblée

 Voilà une fois encore, une carte postale qui sait faire preuve dans sa composition d'une grande radicalité :



Et, une nouvelle fois, ce sont les éditions Raymon qui nous proposent cette incroyable composition avec la piscine d'Aulnay sous Bois.
Prenons quelques instants pour regarder ce cadrage d'une charge contemporaine parfaite.
D'abord une frontalité évidente qui compose en deux masses la photographie. Une bande verte égale est donnée par la haie qui bloque complètement le regard sur le bas de l'image agissant comme un socle puissant à la forme de ladite piscine qui viendra se déployer au-dessus. On ne sait plus si on doit dire dessus ou derrière d'ailleurs.
La piscine décline sa couverture qui semble se plier pour entrer tout juste dans le cadre et venir même frôler le bord de droite. Bon Dieu que c'est serré ! On n'oubliera pas d'ailleurs d'admirer aussi cette architecture pour ce qu'elle est, une belle parabole hyperbolique en lamellé-collé. Regardez comme la diagonale droite de son toit vient barrer l'image et former ainsi deux triangles qui se répondent parfaitement, un grand ouvert sur l'intérieur et un plus petit qui nous montre la toiture.
Si comme l'affirme Maurice Denis : "La peinture n'est qu'une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées.", il faut croire que parfois, la photographie de cartes postales rejoint cette naissance d'une abstraction !
Comment ne pas voir là l'évidence d'une photographie plasticienne et anonyme en action ?
Comment ne pas être certain face à ce genre photographique populaire de son influence sur la photographie contemporaine ?
Il y a sans doute chez de nombreux photographes de cartes postales une intuition d'un art plus sophistiqué et aussi sans doute plus revendicatif de sa valeur artistique. A-t-il pour cela moins de valeur ? Comment déterminer la part de choix et de désir de faire une image s'inscrivant dans le registre de l'Art ou d'une image porteuse avant tout d'un sens plus fruste ?
Car on peut aussi s'amuser de la proximité de cette photographie avec les superbes frontalités froides d'un Frédéric Lefever ou plus proche encore dans le cas ici d'un premier plan végétal radical avec la série Citadelles de Alan Aubry dont les haies normandes forment à l'évidence une géométrie d'auto-défense, la superbe ouverture sur le monde des habitants des lieux !





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