lundi 29 juillet 2013

Les bunkers sont agressés aussi à Guidel

On me signale que de bonnes âmes sans doute guidées par le désir de bien faire, (chose souvent partagée par ceux qui ne demandent l'avis de personne sur ce sentiment mielleux) ont peinturluré des blockhaus, des bunkers à Guidel et cela sous le patronage sérieux du Maire !
http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Les-blockhaus-de-Guidel-prennent-des-couleurs-_56121-avd-20130707-65525906_actuLocale.Htm
La mièvrerie de l'ensemble, venant d'ailleurs se poser sur des objets historiques dont la grande beauté vient de leur brutalité, est assez remarquable pour que cela serve de modèle de ce qu'il ne faut pas faire et surtout LAISSER FAIRE !
Autoriserait-on que ces joyeux peintres bourrés de clichés aillent sur les fortifications de Vauban mettre leurs signes ridicules parce que "la guerre c'est pas bien !"
A-t-on si peu de respect, quelque part, pour le silence brisé de ces masses que sont les bunkers, qui par leur expressivité puissante doivent être, par le choc même de leur présence, les seuls à dire la mémoire, rappeler le drame ?
Camoufle-t-on ainsi les monuments aux morts ? Couvre-t-on de graffitis ridicules notre mémoire des événements douloureux ? Va-t-on à Auschwitz peindre les fours crématoires ?
Le seul qui ait su évoquer la fascination qu'exerce sur notre présent ces objets que sont les bunkers est Monsieur Paul Virilio dans son remarquable ouvrage "Bunker Archéologie".
J'invite tous les tartuffes de la bien-pensance à lire cet ouvrage, à apprendre enfin quelque chose de ce que peut être une présence historique, une réalité architecturale, une invention patrimoniale. Les autorités compétentes devraient contre ce type d'agression manifeste faite à notre paysage, à nos sentiments mémoriels, dire leur réprobation.
Nous irons pour notre part, Comité de Vigilance Brutaliste, avec le vent, avec la mer, sabler toutes ces cochonneries d'images et redonner à notre mémoire la seule matière digne de ceux qui, forçats, ont dû faire ces bunkers, le béton brut de décoffrage. On ne met pas du bleu, du rouge sur les empreintes de ces forçats, on ne fait pas de "jolies peintures" sur notre mémoire.
Effaçons rapidement cet affront.
Dégagez !
Il y a pourtant chez les bons graffeurs un fond de morale et je fus particulièrement étonné de la démarche de Julien Seth Malland se refusant à laisser son graffiti sur le mur de séparation entre Israël et la Palestine. Voilà, sans doute, une leçon que devraient suivre tous ces gugusses qui croient bien faire. Écoutez donc comment les graffeurs palestiniens et israëliens se refusent à peindre sur ce mur parce qu'on ne décore pas un affront.
Ils savent eux, éviter l'obscénité.

L'histoire ne devrait retenir que cela :

1 commentaire:

  1. Intégration dans le paysage, que de dégats sous cette intention , mais laquelle ? Avec cette idée loufoque, on ne pourrait plus faire le Pont du Gard ou la Tour Eiffel, etc. C'est souvent l'excuse fallacieuse employée pour masquer, cacher, enfouir, noyer, faire dispaître,...ce qui dérange les incultes... Les bunkers c'est de l'histoire brute faite par des brutes. Que doit-on mettre hors circuit : le symbole ?

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