jeudi 11 juillet 2013

Evreux sans Jean Prouvé



 Il faut croire que l'été 2013 est celui du démontage des œuvres de Jean Prouvé un peu partout en France.
Alors que le sort de l'école de Gond-Pontouvre semble mis pour un temps entre parenthèses, je suis informé hier du "démontage" de la station-service à Evreux, station depuis peu convertie en bureau de vente de véhicules d'occasion.





Ce cas est un cas d'école en quelque sorte.
La transformation de ce genre de station-service en plein centre ville est relativement inévitable et si elles ne trouvent pas repreneur pour de nouvelles activités, elles finissent en général sous les mâchoires des ferrailleurs.
Celle d'Evreux avait connu un moment de sursis ; ce vendeur d'autos n'avait pas transformé la station qui restait donc totalement dans son jus.
Je la surveillais un rien du coin de l'œil et je me souviens que lors de l'exposition du Comité de Vigilance Brutaliste je l'avais évoquée. C'est d'ailleurs David Chapelle, journaliste local qui m'a appris hier ce déménagement !
Alors...
Alors la mairie d'Evreux aurait pu profiter d'une telle aubaine, un ébroïcien averti aurait pu faire affaire... Mais après tout...
Finalement ce que signe ce démontage c'est la mobilité de ce genre de construction et que, par souci mercantile ou passionné, l'un pouvant sans doute aller avec l'autre, qu'un collectionneur se paye le luxe de ce démontage, de sa restauration et de sa revente... on ne peut que souscrire à ce type de manœuvre qui a au moins comme objectif le sauvetage de la construction qui, sans cela, aurait oui, c'est certain fini sous les pelleteuses de l'indifférence.
Jean Prouvé aurait sans doute été le premier surpris qu'il puisse encore en rester debout et en aussi bon état.
Il faut des ferrailleurs, des brocanteurs, des chercheurs de tous poils qui aiment, restaurent et souvent aussi valorisent en inventant une légende pour que le béotien comprenne quelque chose à ce patrimoine.
Alors bon voyage, station-service Jean Prouvé, bon voyage ! Reviens-nous toute belle, poncée, nettoyée, repeinte, exposée comme une sculpture dans un hangar parisien qui verra défiler les amateurs riches en quête de Saint-Graal architectural, ceux-là mêmes qui passent en bagnole devant tes consœurs sans lever les yeux et qui, là sous les feux de la rampe te trouveront tous les atours de l'objet fétiche so vintage. Elle est comme ça notre époque.
Station-Service Jean Prouvé aime-les tes nouveaux propriétaires, aime-les bien, offre-leur tout ton espace, toute ta technique, raconte-leur le génie de Prouvé et surtout fais-leur faire une plus-value pour les remercier d'avoir échappé à la cisaille.
Longue vie à toi.
Il ne nous restera que les photos de Google pour se souvenir de ta présence dans la ville d'Evreux car j'ai égaré celles que j'avais faites !
Et je vous donne à voir ce qui reste, le vide ressemblant étrangement encore à une toile d'araignée.

Pour voir enfin les photographies stéréoscopiques allez ici !











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