un article de Juin 1957 dans Architecture d'Aujourd'hui décrit l'école de Gond-Pontouvre, lisez-le !
Dernières nouvelles, le 7 juillet :
« Hier soir, le conseil municipal de Gond-Pontouvre a pris la décision de reporter de six mois la destruction du groupe scolaire du Pontouvre à la demande du ministère de la Culture. La démolition devait démarrer lundi, avec construction d'une école neuve dans la foulée.
L'État profitera de ce délai pour expertiser et récupérer les éléments les plus typiques de l'architecte Jean Prouvé, à ses frais, comme indiqué par le courrier reçu par le maire Jean-Claude Beauchaud. Du coup, le conseil a annulé l'autorisation donnée à une galerie parisienne de récupérer les pièces de valeur de l'école.
L'annonce de la destruction de cet établissement des années 50 avait provoqué une forte mobilisation du monde culturel, jusqu'à Jack Lang. Les élus espèrent que la décision d'hier soir va mettre un terme à la polémique. »
(www.charentelibre.fr, samedi 6 juillet : L'Etat gèle pour six mois la destruction de l'école Prouvé du Gond-Pontouvre
Complément d'information, ce 5 juillet :
J'ai reçu un courrier de Mr Beauchaud dont je dois ici souligner la rapidité de la réponse, la clarté des éléments et la politesse du propos. C'est heureux, c'est républicain.
Je vous en donne copie exacte pour que cette parole, cette position soient clairement ici aussi représentées même si je ne partage pas, c'est vrai la conclusion.
Je vous donne également la copie du document envoyé par Monsieur le Maire, document provenant de l'entreprise Studal. On remarquera que le Maire dit bien que les éléments métalliques sont de Prouvé.
Faites-vous votre opinion.
Pour ma part, je continue à défendre cette école car elle a pour elle d'être signifiante du type de relations que pouvaient entretenir les architectes, les ingénieurs (rappelons que Prouvé était ingénieur) et les sociétés de préfabrications entre eux pour construire. Cette construction mérite aussi une protection à cet égard mais aussi simplement parce que ses caractéristiques architecturales qu'elles soient de Prouvé de Robert Chaume ou de qui que ce soit sont belles, attentives et appartiennent bien à une qualité esthétique et historique trop rare en France.
Cette rareté patrimoniale est une chance.
Ensuite, si la destruction doit avoir lieu et que des ferrailleurs du Patrimoine Moderne trouvent moyen de profiter de l'aubaine, pourquoi cette aubaine ne devrait pas profiter à l'état français ?
N'y a-t-il pas des musées, des institutions (Musée du Fer à Nancy par exemple) qui pourraient se voir ainsi gratifiés de ces éléments métalliques afin qu'au moins cette partie du patrimoine constructif rejoigne les collections de nos musées ?
Les ferrailleurs font leur travail, rien d'autre et d'une certaine manière sauvent aussi.
Ce que cette question de l'école de Gond-Pontouvre souligne en tout cas, c'est qu'il existe en France ainsi des constructions modernes dont l'héritage et la persistance dans notre paysage font toujours question dans l'urgence, sous les pelleteuses !
Voyez le cas signifiant du marché de Fontainebleau dont il aura fallu l'abnégation de citoyens s'installant sous la voûte au devant des grignoteuses pour qu'une décision soit prise en sa faveur...
Voyez le cas du siège Novartis (Sandoz) à Reuil-Malmaison dont l'architecture superbe de grands architectes comme Burckhardt et Zehrfuss est pourtant menacée. Et la liste est si longue de ce Patrimoine Moderne menacé et toujours traité dans l'urgence que cela en devient épuisant.
Pourquoi ? Et la liste est si longue... Si longue...
Nous ne remercierons jamais assez le cas de cette école de Gond-Pontouvre d'avoir au moins été un cas d'école de cette gestion et de ce regard sur ce patrimoine. Et quand on lit les commentaires, les réactions poujadistes contre ceux qui comme nous défendent ce type de Patrimoine Français sans aucun autre intérêt que celui d'aider notre territoire à maintenir sa qualité architecturale, on ne peut qu'être abasourdi par cette violence. L'inculture forme toujours un lit profond dans lequel certains rêves sont des cauchemars.
c'est le maire qui surligne. |
Comme je l'ai promis au Maire de Gond-Pontouvre, je suis allé voir sa belle école qu'il a décidé de raser.
On verra sur ces quelques images uniquement prises de l'extérieur un bel ensemble qui, certes n'a pas l'iconographie habituelle des plus belles réalisations de Jean Prouvé mais qui vaut bien mieux (et largement même) que la production ordinaire des écoles.
On retrouve d'ailleurs les signes d'une architecture moderne de Jean Prouvé dans les matériaux, le dessin des "ailes" des bâtiments et la très grande clarté et finesse de l'ensemble. Rien que le dessin des façades vaut le détour (de la Normandie à la Charente...)
Alors...
Alors, regardez bien car il se pourrait que tout cela finisse sous des cimaises à Paris dans un white cube superbe et que, tous autant que nous sommes, nous nous posions cette question essentielle : pourquoi diable dois-je venir à Paris voir des morceaux d'une architecture de Jean Prouvé qui faisait son travail en Charente ?
Mais pourquoi ?
J'ai bien une réponse mais cela risque fort d'être un rien grossier.
Et croyez-moi si vous voulez mais ce n'est pas envers celui qui récupère que je pourrais vociférer mais contre d'autres.
Et, il va de soi, que ceux qui construiront en lieu et place de cette école une nouvelle devront faire montre d'un talent à faire oublier cet héritage... Ce n'est pas gagné vu l'indigence de la production actuelle alors ... bon courage. Je ferais bien le choix d'un projet gentil avec bonne conscience écologique. Et pour commencer, quelque chose qui résonne comme un avertissement sur le Patrimoine :
c'est quand même autre chose ques les CES PAILLERON...vraiment dommage de méconnaître PROUVE...on ne peut pas la démonter et la remonter ailleurs ? dans un écomusée en plein air des oeuvres de PROUVE ? utopique ?
RépondreSupprimerEt poser des panneaux solaires sur le toit plat ?
RépondreSupprimer