Jocelyne tenait fermement dans sa main droite celle de Gilles et de l'autre poussait une poussette dans laquelle était installé Mohamed. Gilles était son fils, Mohamed, un petit garçon qu'elle gardait pour gagner un peu de sous mais surtout pour occuper ses journées.
Il fallait faire vite car Madame Ormont directrice de la nouvelle crèche qui ouvrait à 8 heures n'aimait pas les retardataires et le faisait gentiment mais fermement remarquer aux mères qui arrivaient.
Et Gilles qui ne se tenait pas tranquille ! Tiraillant de droite et de gauche, voulant ici ramasser un caillou, là discuter avec un chat malingre de passage ou encore tentant de ne poser ses pieds que sur les bouches d'égout en fonte pour avancer !
Mais Jocelyne riait avec lui tout en le grondant gentiment et même le petit Mohamed de ses 3 ans semblait rire de cette confusion matinale s'amusant surtout des soubresauts de la poussette produits par toute cette agitation !
Enfin, le trio amusé arriva devant la nouvelle et moderne crèche dont la cheminée tortillée laissait toujours interrogatif le petit Gilles que ses parents avait surnommé Monsieur Pourquoi.
"Dis, Maman pourquoi la cheminée elle se tortille ?"
"Dis, pourquoi le trottoir il a pas de goudron ?"
"Pourquoi Mohamed il vit pas avec son papa ?"
"Pourquoi Papa il achète pas la nouvelle Rono rouge comme celle-là ?"
"Pourquoi Claude François il est mort avec une ampoule ?"
"Pourquoi qu'on y habite pas avec Pépé à Royan ?"
Et Jocelyne tentait de répondre à tout parce qu'elle avait lu dans le dernier Marie-Claire qu'il faut répondre aux enfants et que, quand on ne sait pas, il faut aussi leur dire et essayer avec eux de comprendre tout en gardant l'imaginaire possible.
Jocelyne, elle croyait aux nouveaux moyens éducatifs, elle croyait que Madame Dolto pouvait l'aider depuis qu'elle l'avait entendue à la radio.
Jocelyne laissa donc le petit Mohamed à Madame Ormont en le serrant une fois encore avant de partir, elle aimait croire que cette pression des deux corps dirait à Mohamed qu'il n'était pas seul, qu'il avait de l'amour, qu'il avait un frère qui s'appelle Gilles. Elle tentait toujours en laissant Mohamed ainsi, lui faire comprendre qu'elle ne remplaçait pas sa maman mais qu'elle ajoutait de l'amour à l'amour.
Mohamed souriait toujours le matin.
Et Gilles lui laissant à son tour comme guise d'au revoir un essuyage du front, savait qu'il retrouverait Momo ce soir au goûter.
"Pourquoi qu'on doit y laisser Momo à la crèche ?"
"Pourquoi que ça s'appelle la crèche comme celle de Noël ?"
"Pourquoi qu'il y a des échelles aux balcons des tours ?"
"Mais oui, Gilles, tu as raison, pourquoi ?"
Jocelyne n'avait jamais remarqué ce détail sur le haut des belles tours.
"Mais je ne sais pas mon grand, qu'est-ce que tu crois ?"
"Ba, vu que les tours sont bleues, que le ciel est bleu, c'est pour que les gens y s'y montent dans le ciel pour voir si Momo à la crèche y l'est heureux ?"
"Oui, Gilles, tu as sans doute trouvé la réponse. On demandera à Momo ce soir s'il nous a vus du ciel."
Un caillou roula dans les pieds de Gilles, Jocelyne repensa au beau manteau vert pomme vu dans le catalogue La Redoute. Certes, il était un peu cher mais en vrai drap de laine, il fera plusieurs saisons et ce vert ira très bien avec le bleu du ciel.
Et pour des réponses moins fictives sur l'architecture de Monsieur Aillaud à Pantin, toujours notre guide d'architecture contemporaine en France de Monsieur Dominique Amouroux :
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