jeudi 27 décembre 2012

Super, Super Lioran

Encore sous la neige :



Au premier plan de cette carte postale In 'Edite, les enfants sont habillés chaudement de couleurs vives sans doute pour ne pas les perdre dans la neige.
Le photographe Jean Daniel Sudre a organisé trois plans successifs. Le premier est consacré aux enfants et donc aux activités de montagne. Le second, celui qui nous intéresse, est celui de la localisation. Le dernier est celui du paysage. On pourrait assez facilement penser que cette organisation spatiale d'image est aussi celle de l'architecte Vittorio Mazzuconi. En effet, c'est bien lui qui a dessiné et imaginé cette station du Super Lioran dans le Cantal. Mais si nous verrons plus loin les objectifs architecturaux et programmatiques de ce projet, j'aime à tenter de lire les images pour ce qu'elles offrent.
Regardons bien.
Trois plans successifs donc, mais aussi un photographe pris par la nécessité de faire une image commerciale qui devra en un coup d'œil rapide séduire parmi des dizaines d'autres les acheteurs. Il faut donc dire l'essentiel : la neige, la joie, le paysage, sa particularité locale.
Ne l'oublions jamais, la carte postale est un objet de "reconnaissance" et de projection de soi dans une image. D'où un nécessaire et perpétuel besoin d'actualisation pour que les objets de design d'une époque soient bien la vôtre : vêtements, automobiles, attitudes, et... architecture. Ce besoin est aussi toujours accolé à un autre désir contradictoire : le cliché. Une carte postale doit être "une carte postale" et l'originalité, le dépassement de cette école ne sont pas les bienvenus d'un point de vue commercial.
C'est un équilibre permanent.
Ici, il est atteint.
L'acheteur aura bien les montagnes sous la neige qu'il est censé trouver sur place, il pourra dire le sport, les enfants et même la colonie de vacances avec ce groupe. Il pourra dire le ciel bleu et la joie de vivre. Et en plus, la modernité de la station avec la construction de Vittorio Mazzuconi qui ressemble elle-même à une montagne fera la particularité du lieu de villégiature.
Pourtant si on s'attache encore un peu au détail, si on déborde l'habitude normale de regardeur en allant chercher aux marges, on trouvera un autre indice : une grue.
Dans le paysage, par erreur d'égarement et nécessité de cadrage, elle donne une information importante : la station de Super Lioran n'est pas achevée !
Or la carte fut expédiée en 1992 ! Donc... cette carte postale a fait la joie des éditeurs et des tourniquets pendant au moins dix années !
Preuve parfois de la solidité de reconnaissance dans un cliché ! Ou d'un marché de la carte postale au début des années 80 qui s'essouffle un peu...



Une autre carte postale aux éditions du Gabier pour Artaud cette fois nous permet d'apprécier un autre élément du projet de Vittorio Mazzuconi pour Super Lioran.
Le "Rond-Point" forme un cylindre percé de fenêtres et d'ouvertures étrangement disposées. Les structures en lamellé collé débordent du volume lui-même comme pour en affirmer la structure. C'est réussi même si la couleur est sans doute un peu sombre. On se demande d'ailleurs si ces éléments débordant la façade ont une quelconque utilité structurelle car depuis cette image, ils ne semblent rien soutenir ni porter ! A moins que la charpente du toit en débordant ainsi trouve pour son poids un point d'appui dont les forces sont récupérées par ces sortes d'arcs-boutants posés sur les colonnes de béton blanc que l'on devine.
Mais un détail aussi m'amuse c'est la vision des tourniquets de cartes postales devant le centre commercial et cela provoque toujours chez moi une mise en abîme prodigieuse. La carte postale se représente elle-même... Remarquez comme le photographe malin a attendu le passage du téléphérique rouge qui apporte à la fois un contrepoint coloré mais aussi donne à l'image une valeur encore plus montagnarde !

On trouvera sur le très foisonnant site de l'architecte Mazzuconi, toutes les informations nécessaires :
http://www.vittoriomazzucconi.it/eng/fondazione/mazzucconi.asp

Dans l'excellente et riche revue Art et Architecture, collection formes+fonctions d'Anthony Krafft, on trouve un long article sur Super Lioran. Il faut dire que cette revue annuelle ressemble plus à un beau livre. Il faudra faire un jour un hommage à cette publication, qui a pour autre attrait d'avoir publié régulièrement des articles écrits par et sur Claude Parent. Mais regardons les pages consacrées à Super Lioran :

















1 commentaire:

  1. Bonjour
    Une petite erreur : le bâtiment rond en bois ne fait pas partie du projet de V. Mazzuconi. Il s'agit effectivement du Rond Point qui est l'ancien hôtel Saporta et date du milieu des années 1960.
    Architectes crédités : J.M. Legrand, J. Sakarovitch
    cf. http://archipostcard.blogspot.fr/2010/05/la-ville-par-un-fil.html
    Le bâtiment rond du plan de masse du projet Mazzuconni qui date lui de la fin des années 70, n'a jamais été construit. Tout comme le bâtiment le plus proche de la patinoire, remplacé par une résidence Férinel.

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