En effet, peu d'architectes contemporains et peu d'architectes tout court d'ailleurs ont avec tant d'intensité publié leur œuvre par le biais de la carte postale ! Sans doute que de ce point de vue du désir, Alain Sarfati se rapproche étonnamment de Guimard dont on sait qu'il utilisa en d'autres époques ce média pour faire connaître son travail.
Ce n'est pas moins de 28 (!) cartes postales de l'œuvre de Monsieur Sarfati que Daniel Leclercq m'envoie ! Merci pour cet envoi très généreux.
Nous allons donc devoir ranger un peu.
D'abord on découvre que ces cartes appartiennent à 4 catégories si on en croit les références d'éditions au verso. Un très gros ensemble provient de l'Institut Français d'Architecture et fut édité lors d'une exposition en 1990.
L'autre partie, moins conséquente, semble éditée directement par l'agence de Sarfati la SAREA. Les cartes sont en majeure partie des photographies de C. Demonfaucon.
Puis viennent deux autres cartes qui semblent isolées et dont nous donnerons les références en temps voulu.
Comment cette constance dans le média de diffusion que représente la carte postale a pu se développer chez cet architecte, je ne le sais pas. Un hasard des publications, un désir de popularisation, un médium efficace et peu cher, une manière de dire un attachement à un objet simple et reconnu ?
Commençons à lire les images.
La série provenant de l'exposition reste tout de même une série si ce n'est luxueuse, de diffusion restreinte. On ne peut en effet comparer la diffusion de cartes postales sur un lieu déterminé par une communication culturelle (une exposition en l'occurrence) avec une diffusion large et populaire des tourniquets dans les maisons de la presse car dans ce dernier cas l'architecte ne maîtrise pas son image, alors que dans le cadre de son exposition, il décide de tout ou du moins accepte la délégation d'images. On verra aussi que les cartes postales possèdent ce bord blanc qui affiche une nette différence avec le commun de la publication de cartes postales et qu'elles donnent à voir, d'abord, des photographies imprimées par ce biais.
Le cadre blanc c'est toujours une défiance envers l'imagerie des cartes postales, une sorte d'échappatoire au cliché sur ce mode de diffusion. On notera également que les cartes sont numérotées et qu'il est bien ici question d'une publication de type catalogue ou portfolio, du moins d'une série revendiquée. Remarquons aussi que la numérotation va de 1 à 62 ! Donc, il me manque beaucoup de numéros d'autant plus qu'il existe des 1a, 1b etc. !
Une telle ampleur est le signe d'une volonté forte et certainement même d'un principe d'exposition. On peut penser à un mur de cartes postales distribuées gratuitement au public par exemple ?
Paris est le numéro 1 puis viennent les œuvres en Province.
On remarquera aussi que les cartes postales présentent bien le large panel d'interventions de l'agence SAREA d'Alain Sarfati puisqu'on y trouve du logement social, de l'équipement, du siège d'entreprise prouvant que cette agence fait feu de tout bois et... en grande quantité !
C'est pour cela que je vous propose de suivre "cette collection dans la collection" en plusieurs épisodes afin d'éviter l'overdose de Sarfati ! Nous essaierons dans la mesure du possible d'analyser un peu l'œuvre au travers de ces images en sachant que nous n'avons pas vu l'ensemble des cartes postales et surtout, surtout l'ensemble des constructions dans le réel ! Il s'agira bien de représentations de l'architecture.
Comme les cartes postales donnent beaucoup d'informations sur leur verso, je me contenterai pour des raisons pratiques de les reprendre afin que vous puissiez le cas échéant aller sur les lieux.
Il semble là qu'une erreur d'attribution soit effectuée. En effet, l'escalier est bien celui d'Evry et non de la maison de retraite ! De plus la numérotation indique bien 4 et non 4a ou 4b !
On peut déjà déterminer avec ce premier ensemble, un éclectisme formel assez fort où chaque réponse au programme formerait une réponse formelle et stylistique différente. On remarquera aussi un attachement aux matériaux mélangés, divers et s'opposant parfois mais toujours signifiant quant à leur référence d'image. Les jeux des profils, les carrelages, les tonnelles et les traitements de façade accusent aussi un plaisir du décoratif et des écrans : une jubilation bien marquée par son époque qui tente à la fois de faire une architecture aux élans modernistes assumés (Sauvage) et aux retours d'histoire presque parfois désuets. La qualité vient bien du jeu et du décalage et du fait que ce plaisir tellement "années 80" est assumé et même défendu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire