lundi 27 janvier 2014

Balsa communiste et chrétien

Les artistes contemporains aiment les maquettes d'architecture.
Nous les comprenons.
En voici deux, pour deux types de programmes un rien opposés : une église et le siège du Parti Communiste Français.
Programmes opposés ? Pas tant que cela puisque les deux lieux sont des lieux de rassemblement et d'accueil, des lieux normalement ouverts et à l'écoute de ceux qui viennent là.
Premier accueil :



Cette carte postale sans éditeur mais dont le photographe est R. Schillinger à Ugine nous montre la maquette de l'église du Sacré-Cœur des Fontaines à Ugine donc.
Le verso de cette carte est très précis car il nous donne bien le nom de l'architecte M. CL. Fay et nous signale même entre parenthèses que nous sommes devant la maquette et non devant le réel !
Pourrions-nous nous tromper ?
Ce fond noir en nuit presque égale mais qui fait angle si on regarde bien, alors que l'objet est vivement éclairé ne laisse aucun doute sur cette maquette tout comme les détails des collages et des matériaux hésitant entre une grande finesse et une imprécision. On notera que le photographe descend devant la maquette la visant comme un piéton un peu loin. Au dos, on nous précise que l'architecte s'est appuyé sur les Saintes Écritures : "Il a dressé sa tente parmi nous". Tente canadienne sans doute, car il y a fort à parier que le Christ n'a jamais dormi dans une tente de cette forme ! L'architecte habitué à la construction d'églises a aussi dessiné celle-ci simplement mais efficacement en une succession de triangles en charpente (lamellé-collé ?). Cela en plus d'être économique fait donc aussi image : la tente ou le toit posé et protecteur.
Deuxième accueil :



Cette superbe carte postale Abeille-Cartes nous montre le non moins formidable futur siège du Parti Communiste Français par Oscar Niemeyer.
Si on connaît bien ce chef-d'œuvre parisien, on en connaît sans doute moins ce type de représentation dont on pourra penser que le but ici est à l'égal de celui de l'église : récolter des fonds.
On remarquera que cette maquette est peu précise jouant surtout sur ses masses et ses lignes générales et que ni le traitement de son toit ni celui de sa façade ne sont à l'exact de sa réalité d'aujourd'hui. On sent une maquette permettant surtout de saisir en effet son implantation sur son terrain, écrasant le reste de la ville dans une abstraction, mais permettant tout de même de saisir le désir génial de Niemeyer, d'offrir là en plus d'une construction, une nouvelle place publique ouverte... Mais marcher là, arpenter cette esplanade est impossible. L'ensemble est fermé d'une grille, de caméras, de portiques qui font du Siège du Parti Communiste une forteresse peu accueillante et surtout rompant avec le génie spatial et généreux du dessin de son architecte. Il faudrait faire l'inventaire des espaces ouverts et offerts à l'espace public par les architectes et devenus des petits machins étriqués par nos peurs contemporaines : passage du dedans-dehors du centre Pompidou, Hautes-Formes de Porzamparc, Palais des Congrès de Royan, Siège du Parti Communiste... Et tant d'autres sans doute. Une forme de restriction à la pénétration.
Pour revenir à cette carte postale, on remarquera le choix d'un noir et blanc dur et avec du grain qui sans doute graphiquement permet de mieux lire l'architecture en gommant les matériaux de la maquette. La barre blanche en bas de l'image indique aussi certainement un recadrage. Et j'ai un doute sur le fait que cette maquette pourrait être la même que celle déjà éditée en carte postale et que nous avions vue ici.
Je vous donne le verso tant il est riche de belles informations : tampons, correspondances...



1 commentaire:

  1. CL. FAY architecte installé à Annecy dans les années 65/70, a beaucoup travaillé port les centraux téléphoniques...Il aussi fait part de l'ATELIER d'URBANISME HAUT SAVOYARD (dissous en 1976)avec Dallière, Rendu, Sassone, Saint-Maurice (église de Novel).

    RépondreSupprimer