mardi 7 janvier 2014

Malraux banlieue

En Normandie, Si vous dites André Malraux, on pense immédiatement à la Maison de la Culture du Havre première de ce genre en France et superbe construction qui a marqué la ville et l'histoire par son audace, sa programmation et sa collection.
Mais André Malraux donna son nom à bien d'autres établissements et aujourd'hui je vous en propose deux situés proches de Paris à Gagny et à Créteil.
On pourra un jour faire un exercice de recherche sur la popularité des noms propres pour nommer les édifices culturels, scolaires ou sportifs ! Je rêve d'une école maternelle Alain Minc, d'une maison de la Culture Nabila ou d'une patinoire Aurélie Filipetti. Je ne sais pas ce qui est le plus improbable, sans doute pas la patinoire...
Allons nous cultiver à Créteil :



La très belle architecture de cette Maison de la Culture de Créteil est de Jean Faugeron dont on connaît sans doute bien plus l'étonnant Pavillon de la France à l'exposition de Montréal ou le bel ensemble à Nantes.
Ici la carte postale Lyna (écrivez-moi !) pour Abeilles-Cartes nous offre une vue de la très belle façade totalement cinétique qui offre de grand pans colorés au dégradé superbe. Difficile depuis ce point de vue de comprendre le plan et les articulations de l'ensemble qui jouent bien volontairement ce jeu optique qui faisait du bâtiment autant une expérience visuelle qu'architecturale et on retrouve bien là ce même plaisir que sur le pavillon français de Montréal. Regardez comme le dégradé des bleus des ouvertures sur le bloc fait bien le chemin inverse de celui des pans de béton du premier niveau !





Le photographe choisit aussi de mettre beaucoup de sol dans son image, inscrivant l'ensemble finalement dans un judicieux champ coloré allant du gris tendu de la chaussée au bleu céruléen du ciel.
Sans doute aurions-nous aimé être un pas ou deux plus proches. Mais ce que nous montre cette carte postale est presque sans doute le moment ultime de cette architecture, de sa représentation. Aujourd'hui il semble bien difficile dans le bazar urbain d'avoir un tel point de vue aussi ouvert, libre et qui donne toute sa puissance à la construction. Toujours les plantations et le mobilier urbain qui viennent faire une forme de filtre à la vision. On finira pas penser que voir l'architecture dans " sa pleine et entière territorialité" (citation, trouvez donc de qui...) n'est possible que lors de la publication des cartes postales d'époque !
Et pourquoi aussi avoir abandonné la superbe polychromie de l'ensemble ? Pourquoi ne pas tenir ainsi les qualités architecturales d'une tel ensemble ? Quelle est donc cette maladie si française qui laisse ainsi les détails de nos constructions sombrer dans une indifférence qui confine à une fainéantise intellectuelle ? On pose panneaux publicitaires, cabines téléphoniques, arbres, abri-bus sans aucun regard sur l'architecture et on ignore cet héritage architectural. C'est si français cette attitude. Il faudrait si peu pour redonner à cette architecture de qualité tous les atouts de sa façade. C'est dommage pour une Maison de la Culture qui s'appelle... André Malraux !





Les philatélistes s'amuseront avec nous d'une autre représentation de la ville de Créteil, Cité Harmonieuse (sic!) avec ce tampon d'affranchissement au verso de la carte poste et qui nous montre bien, si on est attentif, la Maison de la Culture !



Et à Gagny ?
Allons voir !



Toujours chez l'excellent Lyna éditeur (écrivez-moi !) C'est monsieur J. E. Pinet qui nous régale de cette carte postale. Monsieur Pinet... Monsieur Pinet... S'il vous plaît, pour 2014, faites-moi un signe !
Ici c'est le théâtre qui porte le nom d'André Malraux. Le cadre est serré sur la construction qui nous montre toute son originalité dans le traitement des volumes sur son toit et son plan circulaire. Comme une forme florale, les pétales s'ouvrent. Briques, béton, ardoises (?), bois s'associent pour fabriquer cette petite mais jolie architecture un rien drôle dans son désir modeste de faire geste culturel.
Ces petites modesties de banlieue sont bien aussi le charme de ces territoires où le culturel doit s'afficher dans une image architecturale osée, originale et donc... moderne. Des petits effets Bilbao saupoudrés l'air de rien dans nos villes fabriquent bien aussi un héritage architectural. Chaque maire veut avoir ainsi son bâtiment moderne, son équipement culturel qui marquera les esprits. Cela est merveilleusement décrit dans le film de Monsieur Rohmer, L'arbre, le maire et la médiathèque !
Pour ce théâtre André Malraux, je n'ai pas trouvé d'information sur son architecte. Qu'il n'hésite pas à nous joindre pour nous donner toutes les précisions nécessaires sur ce joli petit objet.
Et aujourd'hui on retrouve quasiment le même point de vue sur Google Street view :



3 commentaires:

  1. Eh bien cette maison de la culture de Gagny, ce théâtre André Malraux, me trouble beaucoup car j'ai enseigné sept ans à Gagny, de septembre 1988 à juin 1995 et je n'ai aucun souvenir de cet édifice. J'arpentais pourtant les rues avec mes élèves, sur les traces des images saisies par Jacques Tardi notamment, qui habitait dans le parages à cette époque. Non, cet édifice ne me dit rien. Jamais je n'ai dû passer devant. Street View me permet de retourner sur les itinéraires que j'empruntais en arrivant à la gare (dessinée par Tardi dans Une Gueule de Bois en Plomb), mais soit j'ai largement oublié tout ce qui passait dans mon champ visuel, soit beaucoup de choses ont changé, je ne reconnais pas grand-chose. Troublant.

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  2. ah ! Merci de tes précisions Claude; je savais bien que Gagny te ferait réagir.
    Tu vois, on ne voit jamais tout. Même avec Tardi comme guide !

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  3. Jean-Etienne Pinet était un ami à moi dont j'ai perdu la trace il y a des années du temps où il était encore photographe. Je ne manquerai pas de lui faire part de vos questions si je le retrouve un jour.

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