Au vu de la profusion des cartes postales éditées lors de la construction (et après) de l'église du Raincy, il ne fait aucun doute qu'elle était bien repérée comme un événement architectural. En effet, le visiteur pouvait acheter en souvenir de sa visite la quasi-totalité des détails et des points de vue de cette construction montrant donc en quelque sorte la charge d'étonnement de son existence : un monument. La petite suite non exhaustive des cartes postales que je vous propose aujourd'hui tentera de prouver cet intérêt, on ne sait plus, devant une telle profusion quel point de vue serait celui le plus apte à raconter à lui seul l'ensemble de cette église.
Toutes ces cartes postales sont du même éditeur Unis-France, toutes sont tirées en héliogravure et aucune, exception faite de celle du dessin, ne nomme les architectes A. et G. Perret. Aucun nom de photographe non plus, pourtant, photographier ainsi l'intérieur d'une église réclame une chambre, des compétences et un certain regard artistique.
Mais d'abord on peut s'interroger sur la nécessité d'éditer une carte postale du plan et de la coupe ! Qui pour regarder avec attention, du point de vue purement structurel comment (et non quoi) cette église du Raincy est faite ? De plus, l'édition elle-même, peu précise, ne permet pas d'offrir une grande clarté de lecture ni pour des spécialistes ni pour des profanes. On pourrait y voir une manière d'affirmer aux visiteurs la radicalité et la modernité de cet espace puisque son plan et sa coupe sont représentés. D'ailleurs, ce qui est au moins clair dans cette proposition c'est la relative simplicité justement de ce plan, qui va s'opposer à sa maigreur (son économie de matériau) dont tout le parti architectural tiendra à la fois dans sa lecture et dans la percée quasi-totale de ses murs. Une résille déguisée en bâtiment si j'ose dire. D'ailleurs c'est bien cette trame qui sur le dessin de coupe brouille sa lecture se transformant en une trame de pixels et de points peu lisibles ainsi.
Et heureusement il suffit de voir ça pour mieux comprendre alors le génie total de ses architectes :
Sur un socle un rien ordinaire (vraiment !) s'ouvre un immense papillon : le chevet. On est immédiatement saisi par cette image. La construction dit sa particularité et toutes les allusions se bousculent dans notre esprit : dentelle, résille, moucharabié, claustra, trame optique, Op'art...
Et tout cela en béton. Il faut presque un petit moment pour que l'œil lise enfin la croix immense qui s'y dessine. On notera aussi comment l'église se glisse littéralement dans sa parcelle, à droite ça touche presque ! On pourrait en conclure que ce manque de recul pour la saisir de l'extérieur serait le signe donné par les architectes que cette église est surtout une machine optique dans laquelle on se doit d'abord d'entrer.
Les vues de l'intérieur sont toutes presque brûlées par la lumière devenue ici blanche alors que, bien entendu, tout n'est que couleur. Le noir et blanc accentue donc la mécanisation des motifs au détriment d'une jubilation de la couleur venant travailler sur le béton laissé brut. Les poteaux tapent dans les voûtes sans la tentation d'un chapiteau. Paf ! Poteaux bien plus que colonnes... La carte postale montrant la Tribune permet de mieux cerner certainement cette révolution à la fois spatiale et spartiate. C'est sévère mais c'est juste. C'est à dire que rien n'empêche à la fois l'élévation nécessaire à une église ni la simplicité de la Foi. Petit détail qui va vous sembler inutile : j'ai toujours détesté ces chaises en bois et paille que l'on trouve dans la quasi totalité de nos églises. Elles sont sinistres comme des petits cadavres alignés.
On note aussi que le Maitre-Autel est particulièrement fleuri ce dont je ne peux croire qu'il s'agit d'un hasard. Le photographe est sans doute venu à un moment particulier.
Je vous laisse vous promener.
Je me permets de vous rappeler quelques articles qui compléterons votre visite en attendant qu'on se retrouve ensemble au pied de ladite église du Raincy.
Maquette et dessin :
Points de vue plus contemporains :
En 1955, j'avais 9 ans, ma mère m'emmena avec elle à une cérémonie, laquelle je ne m'en souviens pas. Mais, ce dont je me souviens fût la profusion de lumière filtrant au travers des vitraux, une inondation de détails entre carrés, ronds et triangles...et ce matériau dont je ne savais rien... Quelques années plus tard, en 1961 collégien chez les 'dominicains proche de Lyon j'eux mon deuxième choc architectural : le couvent d' Eveux-sur-l'Arbresle de Le Corbusier. Avec les autres collégiens on avait accès à tout le bâtiment, avec des dominicains qui avaient rencontré le ' maître', qui avaient quelques anecdotes, qui expliquaient le lieu... Cet édifice je l'ai ensuite fréquenté très souvent ; il m'a servi pour ces cours d'initiations à l'architecture vis vis de futurs techniciens de l'équipement ...
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