Comment ne pas tomber sous le charme d'une telle image ? Et qui aujourd'hui aurait ainsi un tel désir ? Et qui aujourd'hui s'y reconnaitrait ?
Pourtant cette carte postale magnifique à l'ambiance crépusculaire restera anonyme. Pas de nom de photographe. Pas plus que de nom de l'architecte Hugo van Kuyck pourtant célèbre. Seulement l'indication Bromophoto à Bruxelles. On sait que la carte fut expédiée en 1958 pendant l'exposition universelle de Bruxelles, celle de l'Atomium. La carte fut envoyée à un service de comptabilité d'E.D.F par un collègue certainement parti visiter cette exposition de Bruxelles.
Je reste subjugué par cette proposition photographique d'une architecture du mouvement fonctionnaliste international. On a déjà vu ici d'autres exemples du rôle possible de la nuit comme révélatrice des murs-rideaux et des façades préfabriquées montrant les immeubles comme des lanternes rigoureuses dans la nuit des villes. Mais pourquoi donc accepter que l'architecture parle ainsi de l'une de ces qualités ? Est-ce que ce moment de la nuit et de la lumière venant du dedans serait LE moment pour dire la beauté d'une architecture peut-être, à tort, perçue comme plus anonyme de jour ? Est-ce une image de requalification de cette architecture, prouvant que la nuit, effaçant le rapport à la ville viendrait permettre à la tour de dire sa valeur ? Au fait, il s'agit du P.S. Building de Bruxelles. Il existe beaucoup de cartes postales de ce P.S. Building prises de jour, on aura donc la chance, peut-être un jour, de le revoir.
Shirley, Titouan, Louis pourront me faire la joie d'y aller voir pour moi puisque ce P.S. Buiding existe toujours, il porte le nom de P.&V Building. D'ailleurs, de jour, il semble bien plus massif posé sur son socle qui disparaît ici presque totalement.
Mais de Hugo van Kuyck on peut aussi admirer cet incroyable quartier de Luchtbal à Anvers. D'ailleurs, au vu de l'importance du projet, l'Architecture d'Aujourd'hui en fera un article en 1956 réservé aux barres d'une grande beauté. Ici c'est le jour qui nous permet d'admirer les remarquables tours et l'espace qui les sépare car, oui, beaucoup de ce paysage tient bien dans les vides entre ces tours. Comment ne pas aimer et admirer un tel ensemble que la photographie de H. Somers nous permet de bien lire : ciel blanc comme les Becher, sol important et net, verticales redressées, vide complet d'habitants minéralisant l'ensemble. Un vrai archétype du genre, un chef-d'œuvre de l'urbanisme, de l'architecture, du paysage, de la photographie.
Pour tout savoir sur ce quartier de Luchtbal et de Hugo van Kuyck, vous pouvez faire comme moi et aller lire cet article. Il est en anglais mais je suis certain que vous êtes comme moi parfaitement bilingues : https://journals.openedition.org/cidades/298?lang=fr
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