dimanche 6 décembre 2015

Les Perret par le dessin, par la maquette



 - Dis donc Alvar, ton grand-père avait aussi des cartes postales plus anciennes, celle du dessin de l'église du Raincy par exemple.
 - Oui, j'ai vu ça. Il devait en acheter aussi sur les vide-greniers mais cela m'a toujours étonné.
 - Tu as vu, celle-ci est une carte de remerciements pour un don fait pour la construction.
 - Quelle année déjà la construction de cette église ? me demanda Alvar.
Toutes les cartes étaient étalées, bien alignées sur la grande table. Je poursuivais avec Alvar et Jean-Jean l'exploration de la collection de Jean-Michel Lestrade.
Jean-Jean chercha sur son téléphone portable et trouva immédiatement la page Wikipédia sur l'église et commença à nous la lire rapidement, par petit fragments distribués par la capacité de son pouce à faire glisser la page sur l'écran minuscule de son téléphone.
 - Au début du XXème siècle, Le Raincy, dont la population de 10 000 habitants... C'est dans ce contexte que l'abbé Félix Nègre, qui est curé doyen du Raincy depuis le 26 juillet 1914, veut faire construire une nouvelle église dédiée à la Vierge dans laquelle serait commémorée la victoire.... La première pierre a été posée le 30 avril 1922....
 - Attends ! Attends un peu Jean-Jean ! Qu'est-ce que tu viens de lire ?
 - Euh, ba quoi... au début du XXème...
 - Non, non tu as dit un nom... repris-je.
 - Ah... C'est dans ce contexte que l'abbé Félix Nègre...
 - Oui ! C'est ça ! Regarde un peu ! Incroyable ! Regarde qui a signé la carte postale de ton arrière-grand-père....




Tous les trois penchés sur le verso de la carte postale nous observions alors que celle-ci était bien signée de ce nom, Félix Nègre qui remerciait son correspondant, un certain M. Jacquet pour une offrande faite pour la construction de l'église.
 - C'est incroyable David ! Non ?
 - Oui, Alvar, mais j'ai un doute sur la réalité de cette signature. Enfin ce que je veux dire c'est que c'est bien une écriture mais regardez bien, l'adresse est écrite autrement et la signature est un peu coupée en bas. Et puis... la régularité de l'écriture, son appui me font penser qu'il pourrait s'agir d'un autographe imprimé en série puis adressé individuellement aux donateurs par une secrétaire ou quelque chose comme ça...
 - Ah ? Tu crois ? C'est décevant rerpit alors Jean-Jean, c'est un faux ?
 - Non, Jean-Jean, on ne peut pas dire ça, c'est juste un mode de communication, tu vois. Imagine le nombre de cartes qu'aurait dû adresser Félix Nègre ! Ils ont trouvé ce moyen pour personnaliser les remerciements tout en s'épargnant un travail fastidieux. Il ne faut pas négliger aussi ce mode de relation avec les donateurs. C'est même intéressant, cela dit certainement un grand nombre de donateurs.
 - Mais c'est qui ce monsieur Jacquet ? demanda alors Jean-Jean. Quelqu'un de la famille ?
 - Non, je ne crois pas. Je demanderai tout de même autour de moi si par hasard on n'aurait pas un Jacquet dans la famille.
 - Tu vois Alvar, à part ce détail, cette carte postale pose d'autres questions. Remarquez que le nom des frères Perret n'est pas donné ni même le nom du dessinateur de ce dessin de la façade de l'église du Raincy. La carte postale donne peu d'informations solides.
 - Ouais, d'ailleurs il est vachement beau ce dessin. J'ai tort ou bien ça me fait penser à celle du Havre, tu sais papa, celle qu'on a vu l'an dernier ? Observa Jean-Jean.
 - Saint-Joseph ? Oui tu as bien vu. Surtout le haut. Tu as raison. J'aime bien quand tu es capable de ce type d'observation. Tiens, d'ailleurs...
 - ... Oui, regardez, cette carte postale de Saint Joseph, en voici une, dans la collection... Elle est aussi très curieuse...
En effet, à l'autre bout de la table, était posée une carte postale de l'église Saint-Joseph qui avait une particularité, car...........................................


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René Fernez aidait Jean-Michel à ranger ses affaires dans le coffre de la Traction. La nuit fut courte car les deux jeunes ingénieurs avaient refait le monde de l'architecture en dégustant à petites lampées un délicieux whisky échangé à des soldats américains sur base au Havre contre des bouteilles de mauvais Bordeaux.
Il était temps de partir, de regagner Paris.
 - Encore merci, Jean-Michel pour le dépannage. Et tenez, c'est pour vous un petit souvenir.
 - Oh merci ! Elle est belle cette carte ! C'est la maquette de Saint-Joseph !
 - Oui, comme ça vous l'emporterez avec vous !
 - Elle est où cette maquette ? On peut la voir ?
 - Ba, franchement, j'en sais rien ! Personnellement je ne l'ai jamais vue. Mais on trouve les cartes sur les tourniquets en ville.
 - Mais c'est bien le dessin définitif ?
 - Oh oui, ça y a pas de doute, elle sera bien comme ça même si on a encore du boulot !
 - Alors... René... Bon courage et merci pour votre accueil et remerciez encore votre épouse pour le repas.
 - Pas de souci. Faites bonne route jusqu'à Paris. Soyez prudent ! On se reverra sans doute sur un autre chantier !
 - Souhaitons-le ! Souhaitons-le ! Je reviendrai avec la famille lorsque l'église sera terminée.
Jean-Michel secoua sa main pour dire au-revoir puis disparut dans un petit nuage de poussière.
Jean-Michel cala la carte postale sur le tableau de bord. L'église Saint-Joseph, ainsi coincée sur le pare-brise faisait comme une mascotte automobile, un bouchon de radiateur décoratif. Pendant tout le trajet jusqu'à Paris, elle serait exactement le point de mire du regard de Jean-Michel. Elle serait le point par lequel toutes les lignes fuyantes de la route sembleraient venir vers le regard de l'ingénieur.



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