mercredi 31 août 2022

Quelques mini-trucs et des soucoupes volantes

Puisque l'histoire de l'architecture a l'air de se réjouir tout particulièrement en ce moment des ancêtres des Tiny-House (puisque le langage populaire aura définitivement cédé à ce terme en lieu et place de micro-architecture), puisque la redondance des références épuise un peu l'amateur mais convient aux réseaux sociaux qui répètent, répètent, répètent les mêmes icônes jusqu'à en faire des clichés éculés, je me joins à la troupe. Faut dire que depuis que je suis devenu propriétaire d'une bulle six coques, je me dois à mon rang, celui non plus des images, mais des responsabilités. Je me sens comme Stéphane Bern.
Et voilà qu'une carte postale va nous permettre à notre tour de jouer aux découvreurs, aux connaisseurs, d'arpenter l'histoire. Un festival.



J'ai bien failli passer à côté de cette carte postale*. Mais ce qui a retenu mon index dans le défilé des drouilles, c'est la présence très marquée de points oranges et puis d'un dôme.
J'ai alors compris ma chance et en retournant la carte postale, j'ai bien compris.
Il s'agit bien de la manifestation IKA qui proposait donc un inventaire des réalisations d'architectures en plastiques mobiles. Toutes les icônes y étaient rassemblées, toutes. Bien entendu, la bulle six coques de Maneval, la Futuro de Suuronen, l'Algeco,  la Rondo etc... Un véritable parking à soucoupes volantes, à projets utopiques que le prix du baril de pétrole fera bientôt disparaître, tout comme l'insouciance peuplée de bonnes intentions : une architecture dite de loisir s'étendant en nappe, en modules, faisait semblant de ne pas être permanente, luttant croyait-elle alors contre l'esprit du chemin de grue, rêvant comme le font aujourd'hui les amoureux de cabanes dans les arbres à une fantaisie hippie si détestable. 
Fourgons à la population des "abris design" pour leur rêves d'évasion, jouant sur la thématique du nomadisme (ah le bonheur de la yourte perdue dans la campagne de l'Ardèche et qui n'y bougera plus...) Cette architecture est à l'évasion ce que le camping-car est à mai 68 : la seule et dernière expression encore visible d'un sentiment de liberté pour prolétaires investissant leur prime de licenciement dans un rêve idéalisé. Fuir le réel et jouir partout, sans entrave, de la route devant soi et du paysage derrière le pare-brise, paysage qu'il faudra partager au petit matin embué avec tous les autres sur le parking donnant pas trop loin sur une vue imprenable sur le Mont Saint Michel. On aurait aimé que Reiser en fasse un album.
On remercie donc le pétrole d'être devenu si cher, cela aura sans doute freiné les élans de remplissage des terrains vagues par des machins en plastique parfois intelligents, parfois grotesques (la Futuro). Vous me direz que les campings sont maintenant remplis de "mobile-homes" atroces dont la mobilité tient surtout des flots des utilisateurs, singeant les propriétaires de villas, feignant de préférer cette vie à celle de l'hôtel, campings qui pourrissent littéralement le littoral et dont on souhaite que le réchauffement climatique, dans sa candeur tectonique, viendra les bouter hors de nos côtes. Les flots bleus disparus, enfin une bonne nouvelle du réchauffement climatique ?
Et comme la nostalgie contemporaine est plus encline à nous rabâcher ces modèles en lieu et place de s'interroger sur les vraies solutions techniques et architecturales de la même période (préfabrication lourde ayant logé des milliers de personnes, réflexion sur l'habitat participatif et sur les nappes, travail du seuil etc...) on voit alors ces exemples souvent trop peu convaincants du seul point de vue architectural devenir des trucs rigolos du temps jadis que la population n'ayant aucun moyen pour les replacer dans le champ de l'histoire prendra pour des utopies en lieu et place de produits de consommation ayant tout simplement raté leur profusion.

Je vous laisse donc jouer à retrouver ce qui est posé là. Saurez-vous reconnaître sur cette carte postale les fameuses icônes du temps jadis si merveilleux ? La Bulle de mon papa, la Futuro de mon tonton, la Rondo de mon papy ? 




Dans le même genre, sans doute un peu moins connu, voilà que je retrouve aussi les bungalow hollandais bien étranges. Impossible pour l'instant de retrouver le nom du ou des créateurs. Ils sont toujours en place, vous pouvez donc aller rêver là-bas, comme vous pouvez aller à Lège dormir dans un Tetrodon.
Vous pouvez aller là aussi : Réseau National des micros et mobiles architectures

* édition Hersteller

3 commentaires:

  1. Cher,
    les maisons néerlandaises sont fabriquées par : Nederlandse Kunststof Industrie B.V. , à Chaam. Une partie de "Nederlandse kunststoffenindustrie" en Belgique , à Mol. A l'origine 95 étaient prévus à Chaam mais seulement 34 ont été construits. Le vendeur était un escroc et a signalé à la police après des plaintes d'acheteurs. C'était l'intention d'ouvrir plusieurs parcs en Europe avec cette maison. Il s'appelle "Futura" et se compose de 12 parties. Il y en a aussi en Belgique. cordialement, Yves

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  2. Merci Yves ! C'est intéressant et incroyable aussi !

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