La conjonction des informations de David forme aussi le regard qu'il peut avoir sur ses images d'architecture. Et la mémoire sautillant de l'une à l'autre fabrique des liens qui assurent en grande partie la constitution de sa collection. Réussir à faire des liens, à comprendre des œuvres, voilà qui nous importe.
Elie (?) Ouhayoun, architecte, sera donc révélé par ce mélange de souvenirs un peu faibles, de la certitude de reconnaître et du doute qui persiste.
Alors que David est persuadé d'avoir une carte en multi-vues de Goussainville montrant son théâtre, je ne trouve que cette carte qui le montre tout seul. Et quelle carte ! Quelle architecture !
La carte Combier nous fait la joie donc de nommer l'un des architectes : Ouhayuon. L'éditeur oublie d'y adjoindre l'architecte Leperre ce que Ionel Schein nous permet de faire grâce à son guide. En effet, dans ce guide on retrouve bien le Théâtre de Goussainville dans un article qui nous permet de mieux en comprendre le plan et la forme.
Forme pure, radicale, d'un brutalisme franc qu'on pourrait croire de Candilis ou Josic. Le volume fait tout, la peau en béton chante un peu seule et la carte postale nous permet de lire un socle en opus incertum. On devine pour les ouvertures des couleurs traitées comme dans un tableau De Stijl et c'est tout. Que c'est beau. Je ne sais pas pourquoi mais, dans sa simplicité, par cette image, je pense aussi à la modeste et somptueuse cantine de Marçon.
Une telle radicalité d'écriture est bien née quelque part. Mais où ? Ne trouvant pas d'information sur Élie Ouhayoun et sa formation, nous resterons suspendus à des révélations à venir sur cet architecte et son comparse Leperre. Comment ont-ils dessiné cela, osé cette radicalité ?
A-t-il, ont-ils poursuivi cette écriture ailleurs, dans une autre ville pour un autre programme ? Il semble bien que oui et la ville de Persan possède un marché qui serait aussi signé de Ouhayoun, toujours avec Leperre et aussi Trudon :
Même si la carte postale ne rend pas vraiment hommage à l'architecture mais bien plus à la vie autour d'elle et aux automobiles devant le marché de Persan Village, on reconnaît tout de même l'écriture du trio avec ce mélange d'opus incertum et de béton brut. Les architectes sont-ils également ceux des petites barres d'habitations qui entourent ce marché ? C'est bien possible.
Si peu d'informations ne permettent pas de construire une logique ou une histoire. Pourtant, je reste persuadé que Monsieur Ouhayoun avait bien une écriture et que celle-ci a bien dû s'exprimer ailleurs dans d'autres programmes. Pour l'instant, je me contente de ranger pour David ces deux cartes postales à leur place, réunies qu'elles sont par une nomination et un désir de les voir nous révéler mieux une œuvre architecturale.
Espérons que l'histoire ne passera pas trop durement sur ce travail architectural resté discret. On notera l'absence de Monsieur Ouhayoun dans le guide vénéré de Monsieur Amouroux ou dans la banque de données d'Archirès. Dommage.
Enfin, après quelques recherches, dans le bordel joyeux des cartes mal rangées de David, je tombe sur cette carte postale que je croyais qu'il avait inventée. Il s'agit bien d'une multi-vues par Combier qui d'ailleurs utilise le même cliché que pour la carte précédente. On aura plaisir un jour à évoquer ici l'église moderne de Goussainville. Toute chose venant en son temps. En attendant d'aller à l'église, promenons-nous dans l'avenue Karl Marx...
À Goussainville, c'est possible.
Walid Riplet
Ouhayuon des architectes avec ce nom pas courant sont référencés...serait-ce des descendants ?
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