mardi 20 juillet 2021

Madelain, il aimera ça



Faut croire que les cartes postales ont permis de construire une certaine attente de la ville moderne à moins que ce ne soit le contraire. Tout sur cette image raconte la ville moderne, l'inter-communication des moyens de transports, la transformation de la ville. Rien de plus juste que le surgissement d'un tunnel ou d'une voie express pour nous dire que l'avenir est déjà là et qu'il est radieux.
Ce genre de cadrage mettant ensemble une gare moderne, un immeuble et une chaussée toute neuve on les retrouve dans d'autres villes ou d'autres pays. Le tunnel et son entrée sont d'ailleurs presque des poncifs de la carte postale des Trente Glorieuses.
C'est neuf, c'est pour l'auto toute puissante, c'est beau et enviable. On notera que cette carte postale Chapeau de Nantes et de sa gare connaît son parfait pendant puisque fut publié ici le point de vue exactement opposé montrant le très beau parking. Retournez-là, vous verrez.


Le photographe a-t-il pris le temps de longer les trottoirs et de viser en une même journée cette modernité de Nantes ? Christiane qui a envoyé cette carte, a-t-elle hésité, sur le tourniquet, au buffet de la gare, entre ces deux cartes postales ? Attendait-elle qu'on vienne la chercher ?
Nous voilà en tout cas à nouveau devant le travail de l'architecte Madelain et de son comparse Le Fol. Certes, on ne voit pas grand chose de l'architecture et certainement que cela dit aussi quelque chose du choix d'un point de vue moins resserré sur les bâtiments au profit d'une vue de ville plus mouvante. De Henri Madelain on sait qu'il travailla sur des immeubles à Villejean-Malifeu si on en croit l'excellent et très lourd (!) Architectures en Bretagne au XXème siècle par Philippe Bonnet et Daniel Le Couédic. On trouve aussi, chez Iris éditeur cette fois, une carte de l'entrée de la gare d'Angers pour laquelle l'architecte Madelain est nommé. Tout y simplement bien traité, sans extravagance, avec la justesse d'un ordre bien appliqué : une pendule, une boîte de verre pour le hall d'accueil, des lignes droites verticales pour signifier l'importance de la fonction du bâtiment. Cela fait peu mais cela ne fait pas honte, au contraire. Nous aimons cette simplicité presque sévère.


Un peu étonné de ne pas trouver dans les classeurs attribués aux architectes, j'entreprends de poursuivre la recherche dans ceux nommés par David Boring Postcard. Je tombe d'abord sur cette concurrente de la première carte postale avec une vue de ce même tunnel routier devant la gare de Nantes. Ici c'est l'éditeur La Cigogne qui régale. On notera qu'il a choisi d'être bien plus haut que son concurrent dont on peut s'amuser de tenter à trouver l'emplacement...




Deux éditeurs pour deux cartes postales, voilà qui en dit long déjà du rapport des images et de la ville. Il se passait bien quelque chose d'important à signifier et donner à voir. Mais je tombe aussi avec bonheur sur deux cartes postales en multi-vues dont il ne faut pas négliger l'importance. À ce rythme, les classeurs Boring Postcard vont se vider et les cartes finiront toutes par rejoindre celles des architectes.
On note que les deux cartes nomment bien Ville Jean ou Villejean et qu'aucune ne nomme Madelain ou un autre architecte, comme le font Philippe Bonnet et Daniel Le Couédic dans leur ouvrage en n'oubliant pas, eux,  Maurice Goarant.
Voilà qui est un peu plus complet et juste. C'est certain, nous croiserons Monsieur Madelain un autre jour.

Walid Riplet.




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