Il y a des séductions immédiates, des appels solides, d'irrésistibles attirances.
La Maison des Gens de Mer de Dunkerque en fait partie :
Beaucoup d'indices font de cette Maison des gens de Mer une petite pépite comme on les aime ici. D'abord je l'avoue la couleur. Oui, pour une fois, sans doute, la couleur fut le premier signe. Ce vert un peu glauque se demandant s'il doit être kaki m'a plu immédiatement, donnant à la construction un côté sévère, j'oserai germanique, enfin je veux dire incroyablement sérieux. Cette couleur me fit penser à un petit bâtiment à l'entrée du Mans qu'il faudra que je vous montre un jour. Puis, deuxième signe, la présence en petites touches d'un béton cannelé qui souligne le soubassement et les ouvertures ainsi que la cage d'escalier lisible au fond. Ensuite, c'est le dessin qui me plut beaucoup. Un bloc sur un autre. Celui du dessus, depuis ce point de vue, se présente comme plus fermé, clos, n'offrant que deux ouvertures faisant de ce pignon un bloc. Puis, dessous, est glissé un niveau, lui tout ouvert, tout vitré qui est posé un peu en retrait, dégageant un perron, une entrée sur le devant. L'ombre du bloc du dessus l'assombrit, alors que les larges baies tentent d'en refléter la ville. Je ne sais pas pourquoi mais c'est le genre de construction dont on imagine immédiatement le dessin de l'architecte. On imagine comment graphiquement celui-ci avait dû appuyer sur le contraste entre ces deux blocs.
On aime le dais de béton au-dessus de l'entrée sur le côté, on aime l'immense rambarde de béton qui surligne le perron. Bien entendu, on remarque que le photographe des éditions Yvon n'a pas totalement osé la frontalité face à ce pignon peut-être un peu trop radical et peu informatif du reste de l'architecture. Le photographe a préféré laisser la chance à la perspective de nous donner un peu d'informations sur le bâtiment en laissant apparaître l'autre façade et les fenêtres qui en percent sa longueur. Pourtant, on sent bien qu'il a hésité, disons que la radicalité de ce pignon ne lui a pas laissé beaucoup de chance de ne pas être remarqué...
Cette carte postale nous permet donc de voir comment un photographe presque naturellement suit les ordres de la radicalité d'une architecture.
Mais le photographe et l'architecte resteront tous deux ensemble dans l'anonymat. Bien entendu, à Dunkerque, avec un tel dessin aussi radical, on pourrait rêver que Jean-Pierre Secq en soit l'architecte. (voir la triste histoire de la B.C.M.O)
Mais je ne trouve rien pour me conforter dans cet avis. On note qu'une fois encore, dans cette ville, pour évoquer le travail des marins et des gens de mer, c'est par une construction solide, presque brute que les architectes se sont crus obligés de passer comme si la dureté du métier devait être représentée par un bâtiment affichant si ce n'est une virilité au moins une solidité à toutes épreuves.
Mais... Mais...
Dans mon petit cerveau, quelque chose traîne, d'indéfinissable, de flou...
Une vague lumière que je tente d'approcher...
Puis, soudain, je sais !
Oui, j'ai déjà vu ce bâtiment et même je l'ai déjà vu dans sa frontalité pure. Bien entendu, il me suffira de coller dans le moteur de recherches de mon âme les mots frontalité, photographie et Nord de la France pour qu'un nom surgisse : Frédéric Lefever ! Bien sûr !
Me voilà sur son site à passer une par une les images du photographe jusqu'à la...174ème photo où apparaît bien notre Maison des Gens de Mer de Dunkerque ! Quel plaisir de pouvoir comparer ainsi les deux intentions photographiques ! On voit que Frédéric n'a pas pu se retenir et a suivi la radicalité frontale du pignon, tout comme moi, il en a vu la force. Il est donc clair que ce n'est pas seulement notre œil qui décide de cette position face à face mais bien le dessin de la façade (vous noterez l'allitération subtile...) qui pousse à cette frontalité.
On note que le ciel est blanchi dans l'image de Frédéric, ce qui doit être, pour Dunkerque, un naturalisme assez évident qui contraste avec le ciel bleu de notre carte postale. On note aussi que la jardinière sur le perron est remplie d'herbes. On peut presque s'amuser à placer Frédéric dans notre carte postale, il n'y a que quelques centimètres de côté entre lui et le photographe de cartes postales mais cette petite distance fait bien toute la différence d'intention entre les deux photographes. L'un se sert du bâtiment pour, à son tour, en tirer une construction puissante, l'autre veut nous la montrer en ne perdant rien de la valeur brutale de son dessin. Les deux, finalement, font document et aussi beauté car ils laissent tous les deux à la construction l'occasion de s'exprimer.
Il pourrait être amusant lors d'une table ronde de mettre les deux cadreurs l'un à côté de l'autre, chacun leur tour expliquant alors leur point de vue. Sans doute que l'objectif des images sera la raison de ces quelques centimètres de différence entre les deux. L'un produisant une image de reconnaissance et de correspondance, l'autre voyant dans l'architecture l'occasion d'exprimer son monde intérieur et sa culture sous-jacente de l'image et de la photographie contemporaine. Je ne veux pas choisir entre les deux, je veux accorder à chacun d'eux la place qu'ils méritent. Tous deux nous permettent finalement d'être là, avec eux, devant une architecture, certes modeste mais aussi intéressante, représentative d'un moment de l'histoire de l'architecture. Tous deux auront par l'enregistrement de cette architecture fait acte d'un regard, regard respectueux, nécessaire et parfaitement utile à mon monde, à notre monde.
Merci à tous les deux.
pour revoir le travail de Jean-Pierre Secq :
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=Secq
Et pour revoir l'incroyable inventaire de notre ami Frédéric Lefever, je vous conseille de passer quelques moments sur son site. Attention... c'est addictif...
http://www.frederic-lefever.com/index.php?pos=175&limite=174
ou revoir ce dernier sur ce blog :
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=Lefever
La Maison des Gens de Mer de Dunkerque en fait partie :
Beaucoup d'indices font de cette Maison des gens de Mer une petite pépite comme on les aime ici. D'abord je l'avoue la couleur. Oui, pour une fois, sans doute, la couleur fut le premier signe. Ce vert un peu glauque se demandant s'il doit être kaki m'a plu immédiatement, donnant à la construction un côté sévère, j'oserai germanique, enfin je veux dire incroyablement sérieux. Cette couleur me fit penser à un petit bâtiment à l'entrée du Mans qu'il faudra que je vous montre un jour. Puis, deuxième signe, la présence en petites touches d'un béton cannelé qui souligne le soubassement et les ouvertures ainsi que la cage d'escalier lisible au fond. Ensuite, c'est le dessin qui me plut beaucoup. Un bloc sur un autre. Celui du dessus, depuis ce point de vue, se présente comme plus fermé, clos, n'offrant que deux ouvertures faisant de ce pignon un bloc. Puis, dessous, est glissé un niveau, lui tout ouvert, tout vitré qui est posé un peu en retrait, dégageant un perron, une entrée sur le devant. L'ombre du bloc du dessus l'assombrit, alors que les larges baies tentent d'en refléter la ville. Je ne sais pas pourquoi mais c'est le genre de construction dont on imagine immédiatement le dessin de l'architecte. On imagine comment graphiquement celui-ci avait dû appuyer sur le contraste entre ces deux blocs.
On aime le dais de béton au-dessus de l'entrée sur le côté, on aime l'immense rambarde de béton qui surligne le perron. Bien entendu, on remarque que le photographe des éditions Yvon n'a pas totalement osé la frontalité face à ce pignon peut-être un peu trop radical et peu informatif du reste de l'architecture. Le photographe a préféré laisser la chance à la perspective de nous donner un peu d'informations sur le bâtiment en laissant apparaître l'autre façade et les fenêtres qui en percent sa longueur. Pourtant, on sent bien qu'il a hésité, disons que la radicalité de ce pignon ne lui a pas laissé beaucoup de chance de ne pas être remarqué...
Cette carte postale nous permet donc de voir comment un photographe presque naturellement suit les ordres de la radicalité d'une architecture.
Mais le photographe et l'architecte resteront tous deux ensemble dans l'anonymat. Bien entendu, à Dunkerque, avec un tel dessin aussi radical, on pourrait rêver que Jean-Pierre Secq en soit l'architecte. (voir la triste histoire de la B.C.M.O)
Mais je ne trouve rien pour me conforter dans cet avis. On note qu'une fois encore, dans cette ville, pour évoquer le travail des marins et des gens de mer, c'est par une construction solide, presque brute que les architectes se sont crus obligés de passer comme si la dureté du métier devait être représentée par un bâtiment affichant si ce n'est une virilité au moins une solidité à toutes épreuves.
Mais... Mais...
Dans mon petit cerveau, quelque chose traîne, d'indéfinissable, de flou...
Une vague lumière que je tente d'approcher...
Puis, soudain, je sais !
Oui, j'ai déjà vu ce bâtiment et même je l'ai déjà vu dans sa frontalité pure. Bien entendu, il me suffira de coller dans le moteur de recherches de mon âme les mots frontalité, photographie et Nord de la France pour qu'un nom surgisse : Frédéric Lefever ! Bien sûr !
Me voilà sur son site à passer une par une les images du photographe jusqu'à la...174ème photo où apparaît bien notre Maison des Gens de Mer de Dunkerque ! Quel plaisir de pouvoir comparer ainsi les deux intentions photographiques ! On voit que Frédéric n'a pas pu se retenir et a suivi la radicalité frontale du pignon, tout comme moi, il en a vu la force. Il est donc clair que ce n'est pas seulement notre œil qui décide de cette position face à face mais bien le dessin de la façade (vous noterez l'allitération subtile...) qui pousse à cette frontalité.
On note que le ciel est blanchi dans l'image de Frédéric, ce qui doit être, pour Dunkerque, un naturalisme assez évident qui contraste avec le ciel bleu de notre carte postale. On note aussi que la jardinière sur le perron est remplie d'herbes. On peut presque s'amuser à placer Frédéric dans notre carte postale, il n'y a que quelques centimètres de côté entre lui et le photographe de cartes postales mais cette petite distance fait bien toute la différence d'intention entre les deux photographes. L'un se sert du bâtiment pour, à son tour, en tirer une construction puissante, l'autre veut nous la montrer en ne perdant rien de la valeur brutale de son dessin. Les deux, finalement, font document et aussi beauté car ils laissent tous les deux à la construction l'occasion de s'exprimer.
Il pourrait être amusant lors d'une table ronde de mettre les deux cadreurs l'un à côté de l'autre, chacun leur tour expliquant alors leur point de vue. Sans doute que l'objectif des images sera la raison de ces quelques centimètres de différence entre les deux. L'un produisant une image de reconnaissance et de correspondance, l'autre voyant dans l'architecture l'occasion d'exprimer son monde intérieur et sa culture sous-jacente de l'image et de la photographie contemporaine. Je ne veux pas choisir entre les deux, je veux accorder à chacun d'eux la place qu'ils méritent. Tous deux nous permettent finalement d'être là, avec eux, devant une architecture, certes modeste mais aussi intéressante, représentative d'un moment de l'histoire de l'architecture. Tous deux auront par l'enregistrement de cette architecture fait acte d'un regard, regard respectueux, nécessaire et parfaitement utile à mon monde, à notre monde.
Merci à tous les deux.
pour revoir le travail de Jean-Pierre Secq :
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=Secq
Et pour revoir l'incroyable inventaire de notre ami Frédéric Lefever, je vous conseille de passer quelques moments sur son site. Attention... c'est addictif...
http://www.frederic-lefever.com/index.php?pos=175&limite=174
ou revoir ce dernier sur ce blog :
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=Lefever
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire