mercredi 3 juin 2020

Oran la radieuse cité

Sans doute qu'hier, ma discussion avec Bastien sur la guerre d'Algérie et mon père a revivifié mon désir de parcourir le bel héritage moderniste de ce pays.
Alors, je me dis que je pourrais bien vous montrer ça :


Alors, sur le cul hein ?
Dans la catégorie des beaux immeubles modernes et des belles photographies frontales qui les montrent, nous pourrions avoir là une sorte d'icône. Mais à l'inverse des vraies et belles icônes religieuses orthodoxes, celle-ci n'est pas anonyme. Le photographe s'appelle Alexandre Sirecky, du moins c'est le nom de la maison d'édition.
Mais l'architecture elle ?
Rien...
Pourtant cet immeuble de Lattre de Tassigny est tout de même bien intéressant. Il est posé sur une pente légère qui le perturbe à peine et oblige l'architecte à le dessiner comme trois tours accolées entre elles, chacune à son niveau. L'ensemble se courbe doucement, tranquillement et j'aime, aux jointures, comment les fenêtres en longueurs discutent entre elles sur les joints du collage. La radicalité superbe vient bien de l'étirement de la barre par les trois immenses verticales qui montrent vers le ciel proposant un nid d'abeille, un filtre, un immense aérateur dont il est difficile de juger de son rôle depuis ce cliché. Cages d'escaliers ? Balcons ajourés d'un moucharabieh ? Oui, il s'agit bien de balcons ou de séchoirs, on devine au travers de la grille du linge accroché. Le bas de l'immeuble ne propose rien d'extravagant et son traitement donne l'impression de s'implanter durement, nettement. À peine le dessin d'une corniche en dessine les entrées et c'est tout.
Que j'aime ça. Que j'aime cette dureté tragique, puissante. Je ne dirai pas autoritaire pour ne pas faire plaisir aux redresseurs de tort de l'histoire coloniale. Ce n'est pas le sujet ici.
Toujours grâce à Monsieur Alexandre Sirecky, voici une autre belle carte d'Oran.


Sur le front de mer se pose un paquebot Art Déco, bien épais, bien solide, jouant des volumes de sa façade. Oh rien d'extraordinaire, non. Mais la beauté simple d'un bloc taillé et solide, à peine effleurée par des balcons et quelques décrochements. Le noir et blanc du photographe et le soleil puissant le sculptent pourtant bien, lui donnent sa fierté. On notera que la fermeture quasi systématique des volets devant les fenêtres ajoute aussi au graphisme réussi de l'ensemble. Vous rappelez-vous l'avoir déjà vu ici ?
http://archipostalecarte.blogspot.com/2014/03/oran-blanche-et-bleue-pastel.html 
Cette carte fut expédiée en 1957.
Nous ne trouverons pas non plus l'architecte. Walid ? Toi qui est sur place, peux-tu aller voir ? Y aura-t-il un ou une amie algérienne pour nous trouver l'info ? Peut-être qu'il existe un bel inventaire des constructions Art Déco d'Oran la Radieuse ?

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