vendredi 12 juillet 2019

Claude Parent Visionary Architect

Non, ne craignez rien, je ne vais pas me mettre à écrire mes articles en anglais, j'en serais bien incapable.
Pourtant, il n'est pas très difficile de comprendre le titre de ce livre :







































Les éditions Rizzoli nous proposent donc ce nouvel ouvrage sur Monsieur Parent, et c'est un très bel ouvrage, luxueux, un volume qui permettra sans aucun doute aussi, édité aux U.S.A, de faire connaître (et reconnaître) Claude Parent outre-atlantique.
L'ouvrage se veut d'abord un livre mettant en avant des dessins et des reproductions de photographies, laissant la partie d'analyse un peu en retrait sur une œuvre ici surtout servie par l'incroyable qualité des dessins de Monsieur Parent.
Il ne fait aucun doute que c'est certainement une belle porte d'entrée pour connaître son travail tant y sont déployés tous ses espaces, ses rêves mais aussi la réalité de son sens constructif.
On en prend plein la vue comme on dit chez nous, car la qualité éditoriale est parfaite. Choix des papiers, de la mise en page claire et lumineuse, jeux et ponctuations aussi des petits dessins humoristiques que Monsieur Parent aimait faire dans ses courriers se caricaturant lui-même, c'est irrésistible.
On devine alors bien cette personnalité à la fois joviale et sérieuse, ferme sur ses convictions mais toujours prête aussi à expliquer, démontrer et raconter.
J'avoue que mon anglais est trop peu avancé pour bien saisir les textes mais on retrouve des personnalités importantes : Jean Nouvel, Odile Decq ou Monsieur Migayrou (oui, Monsieur, c'est du respect).
L'ouvrage permet d'entrer dans les dessins et pour un dessinateur comme moi, cela soulève beaucoup de questions. Il va de soi que nous connaissons bien la capacité du dessinateur à projeter dans un espace à deux dimensions la réalité d'un déploiement en perspective. Nous faire circuler dedans en quelque sorte. On sent bien que Claude Parent construit souvent en amont cette projection, qu'elle existe souvent avant le dessin dans ce que nous oublions d'appeler maintenant un imaginaire. Mais je crois aussi que dans les derniers dessins, plus tardifs, on sent aussi que la main libre reprend le dessus, qu'elle court à la vitesse de la pensée, qu'en fait le dessin ne sert plus seulement à représenter (présenter à nouveau) mais bien à formuler des tentatives. L'architecte connaissant parfaitement son monde et son espace, il peut davantage s'y perdre. Attention ! Rien là dedans d'une expressivité relâchée ou impulsive ! Non ! Bien plus une promenade libre sur les pentes d'un paysage déjà bien parcouru. Mais je crois aussi que la maîtrise parfaite de ses outils de dessins (que je suis jaloux de son fouettage du crayon !) est à l'exacte de sa maîtrise constructive. On oublie souvent cela chez lui dans les analyses de son œuvre, sa très grande connaissance de ses matériaux de construction, le béton bien sûr, et de sa mise en œuvre. Quand il défendait une architecture, il évoquait souvent cela, la mise en œuvre constructive. Je me souviens de son explication des porte-à-faux de Banlay ou de l'opposition entre Prouvé et Lods sur le métal. Je crois donc aussi que ces dessins, pourtant chantés comme des représentations utopistes, dans leur grande maîtrise de l'espace du papier et de l'espace mental, permettent aussi à celui qui les écoute de comprendre que Monsieur Parent était bien un architecte visionnaire mais aussi un incroyable constructeur.
Revoyez-le sur le chantier de Ris-Orangis, dans le film de Rohmer expliquer les qualités d'une poutre porteuse en béton. Regardez comment ses mains, dans l'espace de la conversation, expliquent les forces.
Ce livre permet même à ceux qui connaissent déjà bien son travail de découvrir encore quelques superbes pépites. La double page mettant les centres commerciaux de Sens et de Ris-Orangis face à face m'a particulièrement ému, évidemment.

Je me dois de terminer cet article en remerciant à mon tour Chloé Parent et Laszo Parent pour cet envoi.
Je me dois de leur dire aussi que d'avoir pensé à moi dans les remerciements de l'ouvrage me touche profondément.

Ce qui compte, au fond, quand on a aimé une personnalité et son œuvre, c'est bien entendu les souvenirs que l'on en garde mais aussi l'énergie que l'on met à la maintenir dans le présent.
Pas de doute que ce livre fait partie maintenant des jalons permettant d'éveiller les rêves de Monsieur Parent.
Je pense alors que, quelque part, en France ou aux U.S.A, dans une librairie, quelqu'un tombera par hasard sur cet ouvrage, en feuillettera les pages et d'un coup, par les forces du dessin rencontrera comme nous vraiment Claude Parent.
Louis, je t'apporte le livre à la rentrée.

Claude Parent, Visionary Architect 
ouvrage collectif
Rizzoli New-York, éditions
isbn-978-0-8478-6215-3
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https://archipostalecarte.blogspot.com/search/label/Claude%20Parent

Et vous pouvez particulièrement suivre les avancées du dossier de Ris-Orangis ici :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2019/07/ris-orangis-dossier-largement-ouvert.html


Les images que je vous donne ne rendent pas la qualité d'impression de l'ouvrage, elles sont là pour vous mettre en appétit :


















































































































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