jeudi 11 juillet 2019

Taillibert, de-ci de-là

Sur ce blog, nous aimons Roger Taillibert.
Il est l'un des très grands architectes de ce que nous pourrions appeler rapidement le Brutalisme à la Française (French Brutalism pour faire genre) c'est-à-dire un brutalisme de conséquences et non d'images.
Je veux dire que, d'abord, avant d'être ceci ou cela, Roger Taillibert est un architecte qui pense en architecture puis cette pensée prend une forme radicale, poétique et souvent aussi spectaculaire laissant la place à un imaginaire parfois un rien fantastique.
Courbes ambitieuses, projections dans l'espace sont souvent contrecarrées par des volumes francs, raides, ardus et brutaux. C'est là que Taillibert est le plus poétique, dans ce mélange audacieux du structurel innovant et de la forme absolue.
Le dessin est toujours impeccable.

Sur une carte postale Cely par Michel Pendaries, on voit cela :


On y voit assez mal la préfecture de Montauban. On voit aussi que l'éditeur a choisi un papier imitant la toile ce qui ne facilite par la lecture de l'architecture. Pourtant on y reconnait immédiatement une belle écriture, la réalité d'une œuvre, du moins une attention architecturale si marquée par cette époque : épaisseur des volumes, franchise et netteté des lignes, obliques en contraste avec des courbes et des jardinières épaisses. Tout cela dans ces fameuses tonalités marron glacé et ocre jaune si typique et sans doute... clin d'œil régionaliste...
L'éditeur ne nous dit rien de l'architecte, il suffira de peu de recherches pour trouver son nom, celui de Roger Taillibert sur ce site :
http://www.ledepartement.fr/fileadmin/mediatheque/cg82/documents/download/Dossier_de_presse_expo.pdf
Dans ce document, on remarque que la Préfecture devient un Hôtel du Département, que le bâtiment est daté de 1978 et que l'on retrouve Bénédicte Chaljub qui écrit une belle introduction.
Remercions aussi le CAUE du Tarn-et-Garonne de nous offrir un petit texte intéressant et une série d'images révélatrices :
http://www.caue-observatoire.fr/ouvrage/hotel-departement-de-tarn-garonne/

Bien entendu, si on devait classer les architectures par leur nombre d'usagers, celle qui remporterait la palme pour Roger Taillibert serait celle-ci :


La photographie aérienne et de J. Lang qui doit bien s'amuser d'avoir presque le même nom que notre ancien et toujours actif Ministre de la Culture.
J. Lang est donc monté dans l'avion et a cadré le Parc des Princes pour l'éditeur Yvon. Quel beau dessin que ce monstre tendu. Et comment il contraste avec vigueur avec le Paris tout blanc. Et si vous êtes Corbuséen, vous pourrez même vous amuser à trouver sur cette image l'une des architectures de Le Corbusier. Je vous laisse chercher ? Allez... c'est facile... Petit indice : aviateurs morts.

Mais si ne devais garder qu'une seule carte postale de l'œuvre de Roger Taillibert (je ne sais pas pourquoi je devrais penser à ça) je garderais celle-ci :


Comment ne pas tomber immédiatement amoureux de cette image et donc de cette photographie ?
On la doit à l'éditeur Lyna dont je n'arrêterai pas de chanter le talent et l'importance du travail.
Si quelqu'un de chez Lyna est présent qu'il me contacte tout de suite.
Ce cliché n'est pourtant pas signé cette fois, dommage. Monsieur Pinet ?
Quel cadre !
Les horizontales viennent superposer les fonctions de la ville et bien entendu le Parc des Princes semble être posé sur le vide des circulations urbaines. La Renault 8 jaune répond à la pancarte indiquant Molitor et Auteuil, le point rouge de la Mini répond au panneau de limitation de vitesse, et tout le champ coloré, très doux, de blanc et de gris donne à cette image d'architecture et aussi d'urbanisme une géniale compréhension de ces chevauchements, de ce millefeuille urbain.
On retrouve sur la première carte postale le lieu même où le photographe était posté. Vous entendez avec moi le bruit de la circulation ? Êtes-vous comme moi avec le photographe, penché par-dessus le parapet et cadrant la vitesse des automobiles ?
Oui... Bien entendu.
Un chef-dœuvre éditorial, une carte postale magnifique qui vient bien contredire toutes ces pensées négatives posées sur cet Art.
Merci Lyna.
Merci Monsieur Taillibert.




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