Voilà exactement ce que j'aime.
Dans une masse de cartes postales, voir son œil arrêté par une construction. Dans une petite vignette, sentir la possibilité d'un travail intéressant.
Puis... Oublier...
Puis, en cheminant de page en page à l'intérieur de mes revues, tomber sur cette dite construction et s'amuser à ce qu'immédiatement l'œil reconnaisse et se souvienne d'avoir déjà vu cela.
Faire le lien.
Et se réjouir de ce rapprochement aussi rapide et efficace de ma banque d'images intérieures.
Alors regardons :
La carte postale est une édition Valoire expédiée en 1974. On y voit divers aspects du plan d'eau du lac de Loire écrit en une magnifique typographie Banco de Roger Excoffon ! Un must...
Puis, bien regarder là, en haut à droite :
Un beau bâtiment en béton, suspendu sur un pilier offrant une sorte de plate-forme solide pour en faire un objet de vision, ouvert sur le paysage. On devine bien un escalier central sortant en colimaçon comme un mirador en haut de ce toit plissé. L'objet tient à la fois d'une solidité franche de sa structure de béton visible et assumée et de la cabane un rien légère, ouverte venant s'installer dans cette masse bien dessinée. On peut facilement, je crois, penser que la vue en bas à droite de la carte postale est prise depuis ce promontoire de béton.
Malheureusement, la carte postale ne nomme pas les architectes. Pas si grave, on aime fouiller dans les revues et donc :
Dans le numéro de juin/juillet 1972 de la revue l'Architecture d'Aujourd'hui, un article sur deux pages nous raconte le travail des architectes de Marien et Titus pour la construction et l'aménagement de cette base de loisir du lac de Loire et plus particulièrement de son Club House, aujourd'hui restaurant et buvette. On y apprend que ce dernier est construit en zone inondable ce qui justifie sans doute cette suspension des services sur une plate-forme. L'architecte Louis de Marien on le connaît sur ce blog pour sa participation à la construction de notre superbe Tour Montparnasse.
Aujourd'hui encombré à son pied de vérandas moches aux toits en textile, le Club House a perdu beaucoup de son sens architectural et de force de liaison au paysage. Là où il apparaissait comme une vigie superbe, il devient un machin derrière un autre, affublé d'une mauvaise et pitoyable jupe blanche sans aucun style. Dommage.
Le site Agglopolis nous signale qu'il est question de valoriser l'architecture de Louis-Gabriel de Hoÿm de Marien... Espérons que cela se fera dans le maintien total de son isolement, de sa force de surgissement du sol, sans parasitage de sa base, sans camouflage de sa structure de béton, bref, dans le respect total et complet de ce qui fait son architecture... On sait comment en France on respecte...
Petit complément de dernière minute :
Toujours chez l'éditeur Valoire, on retrouve le Lac de Loire et son club-House. Ici, on apprécie bien la belle solidité de la construction et sa très belle originalité. On s'étonne même de l'incroyable solidité de la plate-forme et de la sensation de fragilité de la construction posée dessus comme une cabane de tôles pliées.
Sauverons-nous ça du désastre d'une ré-écriture marchande ? Non. Ne rêvons pas.
BEAU ET...BRUTAL...comme on aime !
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