lundi 23 mai 2016

Chiwawa et Paris-Turf

On aime ici regarder au travers des cartes postales l'architecture mais aussi le design. On aime aussi lire les aménagements intérieurs lorsque les photographes de cartes postales ont l'idée d'entrer dans les bâtiments et de nous faire vivre les espaces internes.
Quand cela arrive c'est que souvent il y a là une particularité, une originalité à signaler ou au contraire, une simple nécessité de donner à voir les lieux de vie. Nous avons donc assez souvent des intérieurs d'internats, de salles de classes, des chambres ou des halls d'accueil d'hôtels ou d'hôpitaux etc...
Voici un autre genre : l'aménagement des décors d'un drugstore.



La carte postale Hcolor nous donne beaucoup d'informations et on sent à cette nécessité qu'il s'agit là d'un événement architectural qui mérite de l'attention ! Nous sommes donc au Drugstore de la Défense.
"Aujourd'hui un complexe ultra-moderne préfigure déjà le "demain" de Paris : un oasis de luxe pour tous. "Le DRUGSTORE à la FRANÇAISE".
Voilà le programme ! Rien que ça ! Amusons-nous que ce demain soit non pas ultra-moderne mais imite mal l'intérieur d'un bateau surchargé de placages de palissandre et d'accastillage de pacotille !  Tout est doré par le reflets d'un cuivre en abondance, briqué comme un hors-bord italien qui serait bourré d'un trésor de petits riens, d'une bimbeloterie de fumeurs et de décors de bureau...Le chic à la française avec lunettes de soleil, petits sacs à main de soirée et vitrines pleine de futurs cadeaux pour la fêtes des pères. Épouvantable... J'y aurais au moins appris le sens du mot tabletterie.
Encore ?



Du bois partout, le décorateur a du avoir un prix de gros sur les plafonniers en cuivre d'un Titanic imaginaire, la lumière est d'ailleurs crépusculaire et doit, sans doute, offrir l'occasion d'achats compulsifs qu'on regrettera à la lumière du jour ! La mer est bien loin à la Défense...
Enfin, on pourra acheter Time Life ou Play Boy à moins que l'on choisisse Paris-Turf et un paquet de Gitane.
Tiens, et si je me laissais séduire par ce briquet en forme de DS en imitation bronze ? On rira franchement du poste de commandement de navire au premier plan à droite.
On notera une particularité de cette carte postale c'est qu'elle donne à voir le lieu même de son achat. À gauche de l'image, un couple choisit une ou des cartes postales. La mise en abyme est subtile et c'est ce que j'aime le plus sur cette carte postale.
Pourtant l'éditeur nous offre un détail supplémentaire au verso de sa carte postale, il nous offre le nom du décorateur : Slavik. On sait même que l'exécution de l'aménagement fut réalisé par Lubet.
On se dit alors que ce que l'on aime le plus dans la décoration c'est que, heureusement...elle se démode...Sans doute que ce type de boutiques et de commerces, aussi novateurs fut-il, aurait pu dans l'histoire du Design laisser un souvenir moins grotesque.
Allez, allons beaucoup plus loin :



La chose est tellement énorme qu'elle fait peur à la netteté de l'image !
Tombant du plafond du Hyatt Hotel de Singapour, le plus grand candélabre du monde exerce sur les corps des visiteurs un poids considérable dont l'utilité doit surtout être dans sa monstruosité. Ce qu'il y a de bien avec les délires des décorateurs c'est quand les moyens financiers semblent leur dire qu'ils n'ont aucune raison de ne pas exister et que, l'idée géniale d'un déploiement irraisonné d'une forme rencontre la possibilité de son existence. Ici c'est parfait et puis on pourra écrire ça au dos de la carte postale. Le lustre devient un plafond couvert de centaines de tubes de verre tombant en stalactites glaciales sur le client. On notera l'indigence du reste du décor et les malheureuses jardinières remplies à la va-vite de plantes vertes. Les matériaux trop rutilants pour être honnêtes devaient vous signifier dès l'entrée qu'une nuit vous coutera le revenu moyen mensuel d'un autochtone mais que vous n'y ferez pas attention car vous aurez le nez en l'air pour admirer le délire somptueux et cliquetant du plus grand lustre du Monde.
N'oubliez pas en montant dans votre chambre de signaler au Room Service que votre chiwawa ne mange que du carpaccio de bœuf. Et ne vous excusez pas, si, dans l'ascenseur le petit chéri laisse un petit cadeau fumant sur la moquette. Bienvenu au Hyatt Hotel !
Le décorateur reste ici anonyme...









 


3 commentaires:

  1. Bonjour,
    un petit air de "Our true intent is all for your delight" dans cette carte postale.
    Merci pour votre blog

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  2. Un petit air de "Our true intent is all for your delight" sur ces cartes postales.
    Merci pour votre blog

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    1. Oui...Martin Parr et John Hinde ne sont pas loin.
      Merci !

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