dimanche 22 mai 2016

Les fleurs viennent-elles d'Hiroshima ?

Hier, sur une table à tapisser, coincé entre un lapin en porcelaine et un vase en verre, un petit paquet de cartes postales attend que je les regarde.
Immédiatement, la dame qui les vend me signale comme pour me prévenir d'une possible déconvenue que "ce ne sont que des cartes du Japon."
Parfait...
Il s'agit en effet d'une petite série sur Hiroshima et d'une carte isolée sur Nagasaki. Voyage atomique ?
Je regarde avec vous :



D'abord le musée mémorial que la photographie nous montre dans une parfaite symétrie que le jet d'eau central accentue encore. Des fleurs, des palmiers, un premier plan qui réjouira ceux qui croient encore au cliché de la carte postale. Bien entendu, nous regarderons surtout ce beau bâtiment que l'on doit à Kenzo Tange, Takashi Asada et Sachio Otani. On y reconnaît d'emblée l'influence internationale du Mouvement Moderne et de Le Corbusier. On aimera surtout la vraie hauteur des pilotis qui permettent de suspendre la construction et de dégager le regard. D'une grande simplicité, presque timide, la barre s'étend de gauche à droite de l'image en ne portant rien de dramaturgique dans son image à l'inverse exact de son contenu. Une sérénité. Le ciel est bleu sur Hiroshima.



Le cénotaphe fait de même. Dans la tension de son arc, dans la symétrie parfaite de son placement, il permet de laisser l'œil relier sa modernité à la ruine d'Hiroshima. À la fois monument et objet de visée, il permet de tenir la tension émotionnelle dans la réalité du plan dessiné par les architectes. Je ne sais pourquoi mais je regarde surtout la parfaite liaison des blocs entre eux. Les fleurs viennent-elles d'Hiroshima ? Y sont-elles cultivées ? Le ciel est bleu sur Hiroshima.



Le monument de Doin-Gakuto offre une soudaine verticale qui évoque d'emblée une image de l'architecture traditionnelle japonaise, ici, comme synthétisée en quelques signes clairs. Des oiseaux y sont posés, y viennent observer les alentours. On aimera aussi regarder les lampadaires coniques perdus un peu dans la frondaison des arbres. Le ciel est bleu sur Hiroshima.



Depuis l'observatoire du Mont Yumiharidake à Sasebo, nous regardons Nagasaki. Nous regardons surtout cette coque en paraboloïde hyperbolique suspendue par sa propre tension. Rien ne nous indique son architecte. Petite chose comme deux ailes d'oiseau. Le ciel est moutonneux sur Nagasaki.



Retour sur le cénotaphe d'Hiroshima. Nous sommes passés dessous, nous avons plié l'échine, nous visons un éclat soudain, puissant, irradiant. Les ombres se durcissent d'un coup. Que se passe-t-il ? Entendez-vous le vrombissement un peu sourd ? Soudain, le ciel est vert sur Hiroshima.

 

 



 

Dans l'Architecture d'Aujourd'hui de 1951, on trouve un article très complet sur la construction du mémorial d'Hiroshima. En voici quelques extraits :










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