vendredi 10 juillet 2015

Une vierge offerte au hard french



Une sculpture un peu monolithique pose devant une barre immense débordant des bords du cadre de la carte postale.
L'ensemble est assez mal imprimé, dans une héliogravure un peu flou et dont le grain habite surtout la façade. Nous sommes à Nancy, devant la barre de Bernard Zehrfuss pour le Haut-du-Lièvre. La statue est la vierge des pauvres qui attend la construction de son église. La carte postale servant de souscription à cette future construction. Au dos, figurent toutes les informations nécessaires pour faire ce don.
Le photographe reste anonyme et nous livre seulement ses initiales : J.V.
Par contre, la sculpture trouve son auteur c'est Claude Wetzstein.
Nous avons déjà chanté ici notre joie à cette barre immense, imparable, brutale, monstrueuse, magnifique.
Sans doute, l'une de celles qui fonde le magnétisme noir de la préfabrication lourde, cette force soudaine s'imposant sans égard mais offrant dans sa continuité semblant infinie une poésie quasi géologique.
Je sais que cette force aujourd'hui est boudée, jugée insupportable, sans respect à ceux que l'on loge ici. C'est l'air (nauséeux) du temps. Bernard Zehrfuss fait pourtant ici un chef-d'oeuvre, de ceux auxquels on n'échappe pas, presque guerrier.
Sans doute que le Haut-du-Lièvre est la pointe extrême du Hard French, son expression la plus totalisante et donc la plus remarquable. En ce sens, c'est une oeuvre a préserver comme on préserve les villes fortifiées.
Cette sculpture posée devant possède là, dans ce cadrage, une complicité d'image avec son fond. Baissant la tête, prise dans sa masse, contenue en elle-même, blanche, elle tient parfaitement son rôle face à ce monstre génial.
Ici, la photographie la fait plus haute que la barre de Bernard Zehrfuss, la rend puissante et triste aussi, comme une vierge d'humilité offrant sa faiblesse au monstre avec stoïcisme...
Comme une image ne suffit pas, deux cartes postales sont éditées avec ce même rapport. Voici la deuxième, cette fois si jouant sur une verticalité affirmée :



Il s'agit bien d'un autre point de vue et non d'un recadrage de la première. L'affirmation de la façade de la barre de Bernard Zehrfuss en fond nous dit à qui s'adresse la demande de fonds. L'église sera pour ceux qui vivent là, dans les lignes parallèles et dans la grille de l'architecte.
Je vous rassure, l'église fut construite.
Elle fera l'objet d'un article prochainement.
On trouve de très beaux clichés du Haut-du-Lièvre ici :
http://www.citechaillot.fr/ressources/expositions_virtuelles/EXPO-ZEHRFUSS/05-PARTIE-01-DOC07.html



1 commentaire:

  1. Très belles images, très belles cartes postales.
    Cela me fait penser également à la série réalisée par Véra Cardot et Pierre Joly sur le même ensemble, que l'on peux voir par ici : https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cEgzzo/r7azjg
    J'apprécie beaucoup la vue numéro 25 avec la famille arpentant la rue parallèle à l'immeuble.

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