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mercredi 6 avril 2022

Novarina dans le Nord

 Je suis certain qu'il doit bien y avoir quelque part en France (ou ailleurs) un ou une collectionneuse qui ne collectionne que l'œuvre de Maurice Novarina au travers des cartes postales et même, soyons fous, peut-être qu'il ou elle est spécialisée dans ses églises.
Peut-être suis-je celui-là.
Car, au fur et à mesure que je complète mon classeur Art Sacré du XXème, je n'arrête pas d'y faire entrer des églises dessinées par le célèbre architecte.
Et je vous propose d'en voir une nouvelle dont vraiment je ne savais rien avant d'avoir acheté ce petit lot de cartes postales permettant d'en faire la rencontre puis la visite par les images. On notera d'emblée que malgré la célébrité de l'architecte, son nom n'apparaît sur aucune des cartes, il m'aura fallu chercher pour le trouver et ma surprise fut totale, non pas que l'écriture de cette église soit étrangère à son architecte mais bien plus, une fois encore, pour une petite pépite d'art Sacré de trouver l'architecte associé à cette construction.
Regardez cette beauté moderne à Mouvaux dans le Nord :



On note une écriture assez claire : trois murs porteurs, un toit posé au-dessus mais par dessus directement, des ouvertures longeant ce toit et le suspendant comme en lévitation au-dessus du bâti, un caissonnage puissant que de maigrelettes colonnes font semblant de porter. On note la brique utilisée en écran s'opposant au béton, toute la charge esthétique étant bien dans l'opposition entre ce plafond en caissons et des murs nus dont le décrochement dans le Chœur forme presque le seul décor.
C'est d'une grande beauté simple.
Toutes les photographies sont prises par le Studio Francis à Lille et les cartes sont "vendues au bénéfice de la restauration de l'église". Il s'agit en fait, même si celle-ci est construite sur une ancienne église, bien plus d'une construction. Ne restent de l'ancienne église que les murs latéraux conservés et celui du fond, on note donc le travail incroyable de Maurice Novarina réussissant en quelque sorte à glisser la Modernité tranquille sur les murs d'un ancien bâti. Génial. Novarina se fera aider ici par Jean Watel. L'église du Sacré-Cœur est livrée et bénie le 3 mai 1964.
Je ne sais pas si je possède la série complète de cartes postales mais comme souvent pour ce genre de publication, on fait donc le tour de l'église, du dehors au dedans, en passant par des détails. Parfois vendues en pochette, il arrive souvent de les trouver aussi individuellement. Il m'est même arrivé d'en trouver encore en vente dans certaines églises contemporaines, trente, quarante ans après leur publication !
Les cartes ici présentées n'ont pas été expédiées, je remarque sur la carte postale des Fonds Baptismaux un cierge bien daté de 1964.
Une fois encore Maurice Novarina nous régale de sa simplicité (apparente), de son désir de respect des codes régionaux et du bâti ancien en ne cédant rien de sa faculté à faire de l'espace et de la lumière avec quelques principes évidents et un goût affirmé de la structure. Une pépite qui ne semble pas, pourtant, avoir encore reçu de protection ni de label... On se demande bien pourquoi ? Que font les services concernés ? Ils attendent une urgence ?

Pour revoir quelques articles sur Maurice Novarina :
etc.... etc... bonne lecture...


jeudi 1 mai 2025

le goût des églises rudes

L'effet de masse de mes classeurs où sont rangées les églises modernes et contemporaines me permet d'avoir une appétence  pour une certaine école, une certaine typologie de l'Art Sacré du Vingtième Siècle.
On sait que ces églises dans cette période ont eu le droit à toutes les formes et toutes les écoles possibles : du béton rationaliste d'un Auguste Perret, de la fantaisie lyrique d'un Le Corbusier, ou du génie constructif d'un Gillet, la multitude des formes et des écritures est à son comble. Mais il y a donc aussi une école d'une écriture plus modeste, plus paysanne, plus historiciste voulant concilier la Modernité à une tradition, une volonté de modestie un peu revancharde qui, à force de vouloir jouer la carte de l'effacement, hurle un peu trop ce désir de tradition pour ne pas dire de réaction
Il n'y a peut-être pas pire que cette modestie face à l'Histoire, modestie qui voudrait surjouer sa disparition, une architecture d'églises un peu taiseuses, églises un peu rudes, revêches se refusant un peu ostensiblement aux gesticulations modernistes ( et à Vatican 2 ?) ce que par ailleurs, à la vue de certaines expériences, on peut comprendre. Faire la messe dans un bunker est certes l'une des plus belles et subversives idées mais n'est pas forcément une expérience qui est nécessaire à tous et toutes.
Suivez mon regard à l'oblique...

Alors je tente un rapprochement qui je l'espère sera bien compris non comme une vérité mais bien plus comme une certaine sensibilité à cette écriture. Maurice Novarina est sans aucun doute le chef de file de ce genre. Et quelle chance de le revoir, puisque je dois justement ranger ces deux cartes postales de l'église Notre-Dame-des-Alpes à le Fayet.



Cette très belle carte postale des éditions Yvon est imprimée en héliogravure certainement pour l'économie de son édition, la carte postale servant à envoyer un don à l'Abbé Domenget. On note que la carte nous donne quelques précisions architecturales qui semblent importantes à donner aux visiteurs : perron entouré de jardinière, immense toit d'une seule tenue descendant très bas et recouvert de tuiles vieillies, claustra de 10m2 d'ouvertures, clocher en forme de cheminée de chalet savoyard. Oui !

On devine facilement que tous ces détails tentent bien de montrer que l'église hésite entre sa modernité et des signes de la tradition, on dirait aujourd'hui son intégration ou mieux sa...contextualisation...Par contre, le nom de Maurice Novarina comme architecte est absent...L'ensemble est massif, volontairement très ancré dans le sol, la pierre apportant à l'oeil ce sentiment de solidité, de construction faite pour durer, une permanence qui devra traverser le temps des Hommes. On pourrait presque la croire fortifiée, le rapport entre les surfaces et les ouvertures ne laisse que peu de place à un accueil généreux même si les deux cylindres de l'entrée font croire à un geste d'ouverture. 


Cette autre carte postale nous montre que l'église joue avec son terrain en pente. Là encore, tout respire la massivité et la couleur ne permet pas de relativiser ce sentiment, au contraire même. C'est quand même un rien raide. Aujourd'hui, une visite sur Google Maps nous fait comprendre que l'église est littéralement encaissée, enchâssée dans un creux très peu amène à nous laisser rêver à un quelque élan que ce soit. Au contraire, l'église est comme tapie dans son trou. C'est assez triste...ou, au contraire, à l'image de ce désir d'indifférence au Monde. Cette carte postale C.A.P nomme bien l'architecte Novarina mais pas son photographe. La carte fut expédiée en 1964 avec le beau timbre de Jean Cocteau. 



Vous ne lui trouvez pas un petit air de famille ? Cette fois, nous sommes en Bretagne à Vannes-Trussac dans le Morbihan devant l'église Notre-Dame de Lourdes par l'architecte Meyer qui est bien nommé sur cette belle carte postale coloriée Artaud. On retrouve ce sentiment de rigueur, d'âpreté que la pierre massivement utilisée renforce. J'adore ça ! Ça se refuse un peu, ça ne veut pas tout donner de suite ! Car les images de l'intérieur sont assez spectaculaires surtout pour ce qui est du traitement superbe de sa charpente. Rien ne doit être plus étonnant que le contraste entre le dehors et le dedans au moment du passage du porche. On a l'impression que le toit sous son poids a enfoncé les murs dans le sol. Toute la place est donnée au toit et au jeu des tuiles. Est-ce que la Bretagne et la Montagne se retrouveraient sur le terrain d'une certaine rigueur de la Foi ? Est-ce que Meyer connaissait les églises de son camarade Novarina ? Sans aucun doute...



Cette autre carte postale, Combier cette fois, nous permet de mieux apprécier les proportions de l'église et donc la place gigantesque accordée au toit devenu l'épiderme essentiel de la construction. Notez à nouveau le beau jeu des tuiles agissant comme des pixels éparpillés. Les huisseries des portes en bois massif et appliques de métal forgé ne laissent aucun doute sur le désir d'historicité du lieu. Il faut sans aucun doute que l'église Notre-Dame de Lourdes donne immédiatement à l'oeil son sentiment de solidité. J'aime beaucoup ce dessin très épuré, très radical, un peu générique et sans fioritures dont le seul agrément est la lumière qui fait friser les ombres des pierres qui s'opposent au lisse des tuiles faisant image. On sent sous la main le grain des blocs de pierre. C'est une déclaration claire et un peu appuyée d'un désir d'appartenir à une histoire du granit.



Beaucoup plus modeste, voici donc La Chapelle de la Toussuire en Savoie. l'architecte est nommé sur cette carte postale Combier, il s'agit de Mr Toulouse, architecte à St-Jean-de-Maurienne. 
Quel objet modeste ! Quelle plaisir de voir sur un si petit projet cette envie tout de même de faire signe, de porter à la fois un élan et un abri, presque une cabane, un refuge. Le pignon et le petit campanile en pierres brutes font tout le travail de sa radicalité, on devine à l'arrière un travail de parpaings ou de béton. Cette Chapelle est donc un lieu et un signe. D'ailleurs, maintenant, elle s'appelle Notre-Dame du...ski !
Vous trouverez ici des images de son intérieur et les amateurs de design devraient en aimer les chaises...
Il s'agit donc bien d'un lieu d'accueil dont la modestie de son architecture correspond parfaitement au désir d'abord d'une altérité, d'un lieu simple mais chaleureux de repos et de recueillement. En ce sens, son architecture remplit son rôle et c'est très bien comme ça.

Pour revoir Novarina si joyeusement présent sur ce blog :
...et sur le premier volume :

Pour les églises modernes allez-là, 166 articles vous attendent...
...ou encore là...où 110 autres articles vous attendent également :


lundi 8 février 2016

Grosses pierres, altitude et Toute-Prudence

Pour un architecte, pouvoir construire sur l'un des points les plus hauts mais aussi les plus fréquentés, doit être une chance et un honneur.
Je suis persuadé que c'est bien ce que Monsieur Novarina a pensé lorsqu'on lui confia la construction de la chapelle Notre Dame de Toute-Prudence du Col de l'Iseran.
Car, ce petit édifice tout en grosses pierres grises est bien une construction moderne. Pourtant, c'est vrai qu'il affiche une forme un peu éternelle, reconnue, presque modeste qui pourrait nous faire croire à une construction vernaculaire. C'est bien là que réside sans doute sa modernité, presque... post-moderne puisque donnant à voir une complète assignation aux signes de la typologie des petites constructions religieuses de montage et d'Art Sacré.
D'abord la pierre sombre, grise, lourde, taillée en blocs rugueux qui affirment le caractère montagnard et même montagneux de la bâtisse. Puis une forme de plan simple, en croix mais comme coupée en son abside dont le clocher monte soudainement, prenant un élan un rien court, modeste, pour ne pas trop vouloir faire de concurrence à la montagne. Enfin, des contreforts solides et visibles, un ensemble un peu écrasé sur lui-même, n'affichant qu'une seule ambition, vouloir tenir face aux éléments d'un lieu si exposé aux intempéries et donnant l'impression tout autant d'une chapelle que d'un refuge de montagne solide et vigoureux où rien ne pourra vous arriver.
Toute la modernité tiendra dans la disproportion de la statue blanche de la Sainte-Vierge d'Edgar Delvaux posée au-dessus de l'entrée et dont le dessin longiligne semble vouloir se faire une place entre les pierres. Rien d'autre, pas de décoration ostentatoire, pas de démonstration de modernité par des formes en zig-zag ou des machins bizarres, non. Monsieur Novarina prend la mesure de sa chance, bâtit avec rigueur et même modestie, un lieu de culte qui sait qu'il est d'abord un lieu d'accueil où chacun, la porte franchie, trouvera le silence, l'ombre, le creux nécessaire à la joie de son ascension. A-t-il dessiné aussi l'hôtel que l'on voit à l'arrière plan ?
On reconnaît bien là l'architecte, sachant maintenir dans son dessin les spécificités d'une architecture locale tout en jouant, transformant, s'appropriant celle-ci non pas pour dire Je suis architecte mais Nous sommes architecture. Ce qui est rare encore aujourd'hui en architecture. Merci Monsieur.
On notera que les éditeurs nomment bien Maurice Novarina comme architecte mais oublient de préciser Notre Dame-de-Toute-Prudence.

Par ordre d'apparition :
 - éditions JANSOL, collection du Châlet-Hôtel
 - Collection de l'Hôtel Refuge du Col de l'Iseran
 - éditions JANSOL, Italclor
 - éditions Combier




lundi 11 février 2013

Double fonction

On va retrouver deux amis : Monsieur Novarina et Monsieur Gillet.
On va voir comment d'un objet utile, d'une forme souvent laide, d'un génie civil un peu sec, ils savent prendre en compte son programme pour le dépasser et l'élargir en collant une autre préoccupation à la réalité urbaine d'une construction. Ils inventent le bâtiment double fonction en quelque sorte.
De Monsieur Guillaume Gillet nous avions déjà vu son extraordinaire château d'eau à la Guérinière à Caen. On sait l'état de décrépitude de ce chef-d'œuvre aujourd'hui. Il a pourtant obtenu le Label Patrimoine du XXème siècle. Mais revoyons-le dans toute sa grandeur, sa beauté parfaite et surtout son ambition.



La carte postale Iris prend le château d'eau comme motif et le replace dans son espace, celui d'une nouvelle cité, d'un nouveau quartier.
Il faut dire qu'il le mérite ce château d'eau qui est aussi un marché dont on devine sur la carte postale la galerie marchande qui court tout autour.
On devine aussi l'incroyable escalier qui monte vers le réservoir. Un marché donc, placé là sous l'ombre pliée du béton. Façon d'animer une forme souvent oubliée, une fonction triviale, par de la convivialité. Manière aussi de faire une architecture-phare, un signe urbain fort dont la fonction première ainsi détournée remplit le rôle de point névralgique et convivial d'un quartier.
Guillaume Gillet fait là sans doute l'un des plus grands gestes de sa carrière.
Voyons comment s'en tire Monsieur Novarina :



Nous sommes à Argentan devant le centre commercial. Un bâtiment dans un cercle parfait entoure une cheminée qui monte tout droit.
Une énorme cheminée pour un si petit centre commercial ? Non ! Sans doute simplement la chaufferie des immeubles derrière ainsi camouflée en centre commercial moderne. C'est bien dessiné (comment s'en étonner de la part de Monsieur Novarina) c'est bien vu et c'est là aussi l'occasion de retourner une difficulté en avantage. La cheminée devient le repère, le centre commercial cache la chaufferie !
On notera que l'éditeur Artaud de cette carte postale nomme bien l'architecte mais qu'il fait sans doute une faute d'orthographe en nommant la rue : rue du Béridien. Il faudrait lire Méridien ! Mais me direz-vous, il ne semble rien rester de ce lieu... alors....

lundi 22 avril 2013

Une incroyable menace sur une œuvre de Jean Prouvé !

Une fois encore ce blog se fait l'écho d'une menace patrimoniale d'une ampleur vraiment rarement égalée en France !
On a, en quelque sorte, jamais vu cela ! (si... malheureusement !)
Lorsqu'on sait la cote d'une malheureuse plaque de tôle du génial Jean Prouvé et le fétichisme qui s'y attache, on ne comprend pas très bien qu'une ville qui possède sur son territoire un Patrimoine de Jean Prouvé pense : 1- simplement le détruire 2- ne même pas connaître son Patrimoine (sont-ils à ce point incultes nos élus ?) 3- vendre les morceaux à un galeriste qui aurait bien pu les avoir gratuitement dans une benne 4- devant l'émotion suscitée par cette destruction, ne pas faire marche arrière 5- devant l'offre dudit galeriste (qui ne fait que son travail) ne pas se dire qu'il y aurait bien là... quelque chose d'important...
Un aveuglement à ce point c'est presque comique !
Et tout cela parce que le chauffage passe par les fenêtres ! Eh bien Messieurs et Mesdames les élus, il ne nous reste qu'à calfeutrer nos églises romanes et gothiques avec de la laine de verre et à doubler la façade de Versailles de polystyrène pour qu'enfin les normes soient respectées....
Alors où cela se passe ? En France, vous pouvez en être certain. Plus exactement à Le Gond Pontouvre en Charente... une école complète de Jean Prouvé, une école entière, oui vous avez bien lu ! Une œuvre d'une telle importance devrait depuis longtemps être protégée, aimée et défendue comme un élément important de cette ville par ceux-là même qui en sont les élus. Il ne doit pas y avoir d'élu à la Culture dans cette ville ou alors...
Combien de villes en France possèdent un tel Patrimoine ?
Alors, il va sans dire qu'il y a là encore un défaut de fonctionnement de défense de ce Patrimoine Moderne et Contemporain en France. Qu'une fois encore c'est la réaction citoyenne qui fait la lumière sur ce scandale et une fois encore dans l'urgence.
Monsieur le Maire de le Gond-Pontouvre, on ne sait jamais, peut-être n'avez-vous jamais lu ça :
http://www.jeanprouve.com/
ou ça :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Prouvé
Mais je vous conseille vivement de voir ça et de vous poser la question de qui doit profiter de NOTRE PATRIMOINE NATIONAL :
http://www.patrickseguin.com/fr/
Il n'est jamais trop tard pour ouvrir les yeux. Et à votre page "découvrir le Gond Pontrouve" si palpitante ajoutez donc votre école qui fera sans doute dans quelques mois votre fierté... enfin on espère...
Pour en savoir plus sur ce scandale :
http://www.charentelibre.fr/2013/04/12/gond-pontouvre-pleure-son-ecole-condamnee,1830605.php?fb_action_ids=130907897098252&fb_action_types=og.recommends&fb_source=other_multiline&action_object_map=%7B%22130907897098252%22%3A432907520127027%7D&action_type_map=%7B%22130907897098252%22%3A%22og.recommends%22%7D&action_ref_map=%5B%5D

Et remercions la presse régionale de s'en faire ainsi l'écho. Elle fait là son travail.

Et pour éduquer un peu tout le monde (et même certains élus charentais), voici une carte postale non pas de l'école de Gond-Pontrouve mais d'une autre œuvre majeure de Jean Prouvé signée avec Mr Novarina, architecte :



La carte postale nomme bien Mr Novarina comme architecte mais oublie le travail de Mr Prouvé. La buvette Cachat à Evian-les-bains est dans son oasis de verdure, du moins c'est ainsi que la qualifie cette carte postale des éditions CAP. On devine bien les structures de Mr Prouvé au travers des vitres. Et cette buvette, Mr le Maire, a reçu le LABEL Patrimoine du XXème siècle, elle est inscrite aux Monuments Historiques. Pourtant le chauffage doit bien aussi passer par les baies...
Et, parce que la famille Prouvé est une grande famille d'architectes et d'ingénieurs, voici une autre très belle réalisation cette fois par Henri Prouvé à Nancy :



Vous retrouverez presque le même point de vue sur cette belle tour dans cet article paru sur le Volume 1 de ce blog.
Vive la France !

des images de cette école ici :
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2013/04/pour-une-ecole-jean-prouve.html

dimanche 30 novembre 2014

Quelques heures avant la bulle six coques

On aime le projet de Mourenx depuis longtemps.
On aime son urbanisme, son architecture et les représentations joyeuses que Monsieur Roux en a fait en cartes postales.
Mais aussi, évidemment, on aime ici que Mourenx soit une création de deux architectes, messieurs Maneval et Douillet dont le premier, avec son projet suivant de Bulle six coques nous occupe en ce moment même.
On aime en quelque sorte Mourenx à rebours de la bulle !
Voici que trois nouvelles cartes postales entrent dans la collection, elles vont nous permettre à nouveau de nous réjouir et aussi de comprendre que les photographies de cartes postales offrent des visions bien différentes.



Cette première carte postale nous montre donc la ville de nouvelle de Mourenx en fin de chantier. Ça sent le neuf et les abords des immeubles ne sont pas encore bien achevés. On devine pourtant depuis ce point de vue en hauteur (mais pas d'avion !) le plan masse de la nouvelle ville faite d'unités de voisinage avec sa tour centrale et les petites barres qui semblent vouloir l'entourer. L'échelle de Mourenx est une échelle tranquille, apaisée, où aucune construction n'est gigantesque. On est loin d'une barre de 4000 logements ! Offrant des redents, des espaces ouverts et fermés s'alternant doucement, le plan éparpille en quelque sorte la densité pour donner des espaces de vie utiles.
Au loin, on voit se répéter les tours et on devine même, choix volontaire sans aucun doute du photographe, la raison même de Mourenx, à droite Lacq et à gauche Lagor comme l'indique l'éditeur Rex. Cette carte fut expédiée en 1966.



Cette fois les éditions Iris pour Cap-Théojac nous offrent à la fois la couleur et le sol !
Ce que nous voyons de Mourenx est la place du Béarn et le Centre Commercial. C'est vrai que la couleur donne ici un chatoiement qui manquait sans doute un peu à la carte postale précédente. On reconnaît tout de même des types de construction bien marqués de l'époque comme les auvents de métal courant sur les dalles piétonnes pour inventer des passages abrités pour les commerces. C'est, en général, ce réseau de petits commerces, de bars, de marchands de journaux qui animait le pied des logements et qui a disparu en premier suite à l'implantation à quelques encablures de supermarchés qui ont tué la vie au pied des petits et grands ensembles. La "vie de village" réinventée dans cet urbanisme souvent bien conçu fut détruite par des décisions municipales d'implantations de zones commerciales.



Mais une autre chose m'étonne ici, c'est le traitement par trois fois différent des façades des immeubles. La grande tour, la barre de gauche et la barre de droite ne possèdent pas en effet le même dessin. J'aime tout particulièrement celui de la barre de gauche avec son alternance parfaite de carrés ouverts ou fermés. Qui détermina quoi ?
Mais alors que ces deux cartes postales de Mourenx ne nomment pas les architectes Maneval et Douillet, en voici une troisième, plaçant la ville nouvelle un peu au loin qui nous montre la Cité "Novarina" :



C'est un tout autre type de concentration de constructions et un tout autre type même de construction auxquels nous avons à faire !
Des petits villas parfois groupées autour de jardins sans clôtures au premier plan laissent voir un peu plus loin des petits constructions en bande puis le Centre Est comme les nomme la carte postale.
Je trouve dans Architecture d'Aujourd'hui de 1962 un article consacré à ces habitations. On remarque tout de suite que la revue associe Gaston Jaubert à Maurice Novarina alors que la carte postale oublie cet architecte... On notera aussi la faute faite sur le nom de Maneval nommé par la revue Meneval...
Dommage aussi que l'on ne puisse pas voir mieux les petites villas du premier plan qui ont l'air particulièrement bien dessinées.
Je ne vous donnerai pas de vue depuis Google Street-View de ce que devient Mourenx simplement parce que c'est totalement déprimant de voir l'état de cet ensemble.







mercredi 13 juillet 2022

Après les Trente Glorieuses, les Trente Dépressives* ?

 Aujourd'hui tournent en boucle sur les pages Facebook qui se veulent spécialisées toujours les mêmes icônes rabattues de l'Architecture du XXème, et ça jusqu'à l'écœurement. On pille sans nommer les sources, on copie-colle, on like mais on ne travaille pas beaucoup finalement. Bientôt on vomira les piscines Tournesol de les avoir trop vues, on ne pourra plus regarder la Villa Cavrois sans un haut-le-cœur ou on tournera la tête à une nouvelle vision par un artiste contemporain des Choux de Grandval (très mauvaise architecture devenue une excellente icône) ou des Tours Nuages de Aillaud. Ajoutez que les académiciens de la photographie contemporaine, croyant inventés quelque chose, continueront de partir en Safari culturel sur des terres sauvages de la banlieue pour vendre leur rendu à des galeries et centre d'art  ( le déplacement culturel est toujours un mauvais signe) et on finira par regretter d'avoir un peu ouvert la voie.
Alors ?
Et si on bougeait un peu d'époque ? Si on regardait de côté ? Une architecture ignorée de Stephane Bern, des "amateurs-chercheurs" de Patrimoine, des historiens des Trente Glorieuses pour regarder cette architecture des Trente Dépressives* (80, 90, 2000). Oh c'est un peu plus difficile parce que la fiche histoire n'est pas encore éditée et que AD Magazine ne vous dira pas que le bon plan pour un week-end c'est de faire un tour à St Quentin-en-Yvelines ou à Val de Reuil....Déjà le Hard French est vendu à Louis Vuitton, il trouve un nouveau souffle dans le BeurCore (est-ce là ce qui pouvait lui arriver  de mieux?) il ne nous reste donc plus grand chose pour échapper à la gentrification culturelle. Une forme de vérité des lieux ?
Finalement est-ce que aller voir (revoir pour l'histoire) ce n'est pas déjà enfermer les espaces et les architectures dans une réification comme un corail qui doucement pose une gangue durcie sur les vérités d'une histoire et finit par tout blanchir ?
Suis-je à mon tour coupable ?
Suis-je coupable en vous montrant ça ?



D'ailleurs, je m'excuse, ce n'est pas moi qui vous montre ça mais un photographe dont le nom figure sur cette carte postale des éditions La Décade d'Architecture : Frédéric Achdou.
Nous sommes donc à St Quentin-en-Yvelines, au Hameau de la Sourderie, par les architectes Patrice et Catherine Novarina. L'ensemble est daté de 1984.
J'adore cette carte postale. Je l'adore. (pour ceux qui croirait que je n'ai que des opinions négatives ou que je suis toujours en colère :-)
Je l'adore !
J'aime la construction si marquée d'une époque, voulant ouvrir les façades, multipliée les signes, s'amuser des références. J'aime cette idée d'une architecture spectacle voulant redonner par l'invention d'un lieu le sentiment d'habiter quelque part, l'essoufflement esthétique des petits riens contre la radicalité du chemin de grue, fantaisie pleine d'humour pour fabriquer presque du vernaculaire, petit palais de l'habitation collective joyeuse en couleur. J'adore les colonnettes trop fines peintes en rouge vif, j'adore le carrelage blanc rectangulaire (on pourrait faire un ouvrage consacré uniquement à ce carrelage dans les années 80), j'adore l'arcade en plein cintre coupée comme un Portzamparc déprimé, j'adore l'épaisseur des balcons et les vides, écrans pour des ombres bien dessinées. J'adore tout cela.
Mais ce qui me touche le plus, voyez-vous, ce n'est pas tout ça, non. Ce qui me touche le plus c'est la ligne des ados et des enfants venant poser devant le photographe exactement dans la même attitude que la génération précédente posant devant les barres du Hard French et que nous aimons tant sur ce blog. Mais un détail parle peut-être. Oh ! je ne veux pas trop vite tirer de conclusion mais cette ligne de jeunes n'est composée que...de garçons...Et je me reconnais complètement dans cette génération, dans les vélo, dans leurs habits. Quoi en conclure ? Une nostalgie ? 
Pourtant je ne suis pas de ce lieu. Y ai-je droit ?



La google Car nous montre bien qu'il y a encore des enfants qui font, là, du vélo aujourd'hui.
Sur le site de Catherine et Patrice Novarina, je ne trouve rien sur ce bâtiment. Il y a bien eu un article dans Technique et Architecture mais je n'ai pas ce numéro. On restera donc sans trop d'informations sur les formes, le programme, les désirs de bien faire des architectes. Je n'en sais pas davantage sur la publication de cette carte postale, sur ce désir éditorial : carte promotionnelle d'un organisme, d'une ville, d'une société de promoteur ou vraie carte postale de tourniquet que les ados photographiés ont pu acheter et envoyer à leur famille avec la fierté d'être ceux qui sont de ce lieu, ceux qui l'ont fait chanter de leur cris, de leurs bêtises, de leurs amitiés rebelles. Ont-ils suivi les conseils de Émile Aillaud ?

"J'aimerai que l'enfant des pauvres que je loge,...puisque je ne fais que des H.LM...ait été dressé à ne pas avoir peur, à n'avoir pas été surpris, à ne pas avoir été surveillé et à ne pas être entrainé par des moniteurs à jouer dignement. Il faut qu'il fasse rien."
Émile Aillaud.

Alors, sans doute, que cette architecture, celle qui vient cogner contre la toute fin du XXème Siècle, sera difficile à partager ici par des cartes postales normales, banales, ennuyeuses comme le prétend Martin Parr. L'époque n'est déjà plus, depuis longtemps à la joie des banlieues et des cités toutes neuves. Plus personne pour en envoyer, plus personne aussi pour aller les photographier pour en faire des cartes postales. Difficile de dire si cette architecture ne le mérite pas ou si c'est l'évolution sociale qui ne le permet plus. Il ne sert à rien de chercher une responsabilité devant un fait aussi simple. La fierté de ces espaces n'est plus alors dans un carton imprimé d'une photographie, elle est maintenant dans des textes de chansons, dans des clip musicaux, dans une survalorisation (souvent masculine) de l'appartenance à un lieu, une cité, un numéro de département tagué vite au feutre dans une cage d'ascenseur en panne. Et les ados sur cette carte postale sont en âge aujourd'hui d'avoir des enfants qui chantent comme ça, qui racontent ça, qui commencent à comprendre que, au nom des améliorations, on éradique aussi cette architecture des Trente Dépressives. Et là, l'inventaire patrimonial, le regard des artistes venus d'ailleurs, le trophée d'une prise de vue n'y peuvent pour l'instant pas grand chose. C'est qu'il est encore temps de vous dire d'aller voir et surtout d'y être invité.
Essuyez vos pieds sur le paillasson avant d'enter.


* dois-je déposer ce nom ?









dimanche 20 janvier 2013

Par tous les saints anonymes


Les architectes portent parfois bien leur nom.
Pour cette église d'Annecy, Saint Louis Novel, l'architecte s'appelle Michel Saint-Maurice.
La vue générale ne nous donne pas très bien une idée du plan de cette église et c'est même un certain défi que d'en comprendre la forme. Il semble que l'architecte ait aimé briser la lecture d'une forme simple pour multiplier les intentions architecturales.
On a donc un toit plat mais anguleux posé sur une forme oblongue, elle-même à son tour traversée par une paroi dégageant l'entrée... Ajoutez à cela une pente de toit, un mur à redents, une jonction mur-toit remplie de vitraux et une flèche fragile pointant d'on ne sait où et vous aurez une construction fragmentée, riche et qui ne manque pas d'allure !
Cette première carte postale nous donne l'échelle de la construction grâce aux visiteurs à son pied.
Voyons un détail avec une autre carte postale :



Les cartes postales n'ont ni nom d'éditeur, ni nom de photographe et quand on voit ce détail on ne peut que le regretter ! La photographie est simplement superbe et sa composition rend hommage à cette architecture spectaculaire. On voit parfaitement ici les murs ouverts qui font entrer la lumière. Ce procédé et ce dessin se retrouvent dans une église Sainte-Bernadette de Maurice Novarina à Annecy. Pas de doute que de la même région, les deux architectes devaient sans doute se connaître et s'apprécier mutuellement si on en croit les citations de l'un vers l'autre...
Je reste étonné de la fragilité superbe de la flèche de cette église, de sa modestie eu égard à la masse de l'ensemble.
Admirons l'intérieur :



Quelle architecture superbe ! Quel espace !
Le noir et blanc durcit formidablement le lieu et les matériaux jouent entre eux à celui qui fera chanter le plus la lumière. C'est simplement superbe.
Regardez comme le photographe a réussi à poser la courbe de l'entrée à l'extrême gauche de l'image en révélant ainsi enfin le plan de l'ensemble. Le plafond fait le spectacle, luisant de lumière, et en son extrémité, il s'ouvre pour laisser dans un cercle lumineux passer au-dessus du chœur les poteaux de la flèche. Quelle idée !
Si je ne me trompe pas, nous sommes l'après-midi vu le sens des rais de lumière qui viennent se briser sur les pans de béton brut.
Malheureusement, je ne trouve rien sur cet architecte qui a su faire là une belle réponse à ce programme religieux.
A-t-il produit d'autres églises ? Est-il resté un acteur de sa région ?
On restera également désappointé devant l'anonymat de telles images produites avec autant de qualités.

dimanche 22 novembre 2015

Transmettre et construire




 Alvar venait de prendre place dans l'une des boules du téléphérique de Grenoble. Il avait voulu monter seul, son père Momo et sa mère Sidonie avaient laissé le jeune garçon et étaient montés juste derrière dans la deuxième boule. Ainsi ils pouvaient se faire des signes et les parents étaient heureux de la joie simple de leur garçon empruntant ce beau moyen de transport si moderne.
Ce que ne savait sans doute pas encore Alvar, c'est que le Groupe 6, les architectes de Grenoble ayant dessiné cette station de téléphérique, avait fait appel à son grand-père et à son jeune père pour régler certains points importants de la structure de l'appareil et notamment de son ancrage.
Les forces étant importantes et la sécurité devant être absolue, le père et le fils firent un travail attentionné et vérifié encore et encore.






















Jean-Michel Lestrade avait aimé ce projet qui, sous la forme d'une immense cage de verre, permettait aux visiteurs de voir depuis l'extérieur la belle mécanique et le mouvement d'arrivée et de départ des cabines. Il y avait là une belle idée et les verres courbés aux angles, les huisseries d'aluminium lui faisaient penser aux architectures de Novarina et ou de Prouvé.
Il trouvait aussi très juste qu'on puisse ainsi accorder beaucoup d'attentions plastiques à un objet construit hésitant entre génie civil et architecture. Jean-Michel regarda sa famille faire l'ascension, tout doucement tirée par les câbles. Il répondit aux nombreux saluts d'Alvar. À son retour il lui fera une petite leçon d'architecture et de technique car il avait compris qu'avec ce garçon c'était encore possible, Alvar aimait entendre ses histoires et portait à son père et à son grand-père une vraie admiration.................................................................
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 - Non, non, non... Enfin ! Mais regarde au lieu de fanfaronner...
 - Ba, Papa je vois pas le problème...
 - Momo bon Dieu, c'est sous tes yeux ! D'habitude tu es plus vif que ça ! Reprends la mesure là, celle-ci, regarde... Non... Là... Oui tu vois ?
 - Oh putain ! Oh pardon, je voulais dire zut...
 - Tu peux dire merde si tu veux mais tu me corriges ça et dare-dare !
Jean-Michel pointait son doigt sur les dessins de Momo et repoussait les calques et les brouillons dessinés par son fils. Ils tombèrent en un grand fracas, comme une immense cascade de papier depuis le haut de la table à dessin de l'agence dans l'indifférence du père et du fils. Il fallait d'abord que Momo comprenne d'où venait son erreur sur cet exercice en grandeur nature que lui faisait faire Jean-Michel sur des dessins de chantiers déjà livrés. Tous les soirs, pendant une heure, après son travail à l'agence et avant le repas, Momo se devait ainsi, puisqu'il avait décidé d'arrêter les cours, de suivre ceux de son père. Il y faisait d'habitude preuve d'une grande capacité de travail et d'analyse mais ce soir, sur les plans de l'école hôtelière du Touquet, il n'arrivait pas à saisir les jeux d'angles des planchers et des murs porteurs comme si sa capacité habituelle à projeter les formes dans l'espace mental était éteinte.


















- Non mais c'est pas vrai ! Mais tu as la tête ailleurs ou quoi ? Là, tu me remets les 8 millimètres sinon les clients ils dormiront dans le vide, crétin...
Momo ne put s'empêcher de rire à cette idée. Son père fit semblant d'être sérieux et en appliquant une petite claque amicale sur le rond du crâne de son fils finit lui aussi par éclater de rire.
 - Non mais sérieusement Momo ! Sois attentif !
 - Ba, je suis un rien crevé et puis...
 - ....et puis Monsieur sort ce soir... reprit Jocelyne qui venait de les rejoindre dans l'agence pour les appeler pour le repas.
 - Ba, voilà, des gens vont mourir sous les ruines d'un hôtel parce que Monsieur Momo a un rendez-vous galant ! Ah ! Elle est belle l'architecture française ! Elle a de l'avenir !
 - Tu ne crois pas Jean-Michel que tu en fais un peu trop... Et tout à l'heure encore tu es venu en catimini me dire ton admiration devant la rapidité de TON fils à faire les calculs pour une cabine de téléphérique... Alors ?
 - C'est vrai Papa ? T'as fait ça?
 - Oui... Bon... Oui... Tu t'en es bien tiré sur les fondations. J'aurais pas mieux fait c'est sûr...
 - Tu peux répéter ça Jean-Michel ? demanda Jocelyne.
 - Pas mieux fait... lâcha dans un souffle le mari.
 - Whaou... lâcha Momo à son tour.
Il y eut un silence. Jocelyne regardait les deux hommes assis côte à côte ne rien se dire de plus. Elle revit Momo à son arrivée à Pantin et ses petits bras ouverts, quémandant d'être porté par Jean-Michel.
 - Je vais pouvoir dire ça à maman Yasmina...
 - Oui, tu peux, mon grand, elle peut être fière de son fils, affirma Jocelyne.
 - Bon... euh... c'est pas tout ça, les congratulations mais moi j'ai faim... Et ça sent bon...
 - Oui tu as raison Jean-Michel, à table tous les deux sinon ça va être trop cuit.
 - Mais bon... Tout de même... Là il a failli faire une erreur et si je n'avais....
 - Oh, mon chéri, fais-moi plaisir... Ferme... l'agence pour ce soir....
On entendit Momo monter quatre à quatre les escaliers vers l'étage.
 - Tu peux nous dire ce que tu as de si urgent à faire là-haut ? Demanda Jocelyne à Momo.
 - Je passe un coup de fil à Gilles, il faut que je lui raconte ça !


Merci à Catherine Schwartz pour cette donation.
Par ordre d'apparition :
 - Grenoble, station du départ du téléphérique, éditions La Cigogne, expédiée en 1978.
 - Le Touquet-Paris-Plage, l'école hôtelière, édition Combier, Pierre-André Dufetel, architecte.
N'oublions pas que des menaces planent sur cette superbe construction...





 


















samedi 20 mai 2023

Les seconds couteaux de l'architecture sont-ils bien affûtés ?

Ce matin, une fois encore, foire à tout à Elbeuf.
C'est chez moi, je m'y reconnais, je reconnais les gens, les espaces, l'ambiance.
Par deux fois, j'ai failli acheter la base spatiale  Playmobil parce qu'elle me rappelle ma Bulle six coques, mais je me suis retenu.
Peu de choses pour vous mais trois cartes postales qui permettent au moins de se poser la question de comment l'histoire de l'architecture personnelle que l'on se fabrique est oublieuse parfois de noms célèbres ou de second couteaux qui n'ont pas démérité et qui, depuis une carte postale, réussissent au petit matin à vous mettre en appétit.
Si, par exemple, je vous parle de Harald Deilmann ? Je pense que vous êtes peu nombreux derrière votre écran à me dire que vous le connaissez !
Pourtant, cet architecte allemand a une oeuvre très riche et complète mais sa renommée n'a pas beaucoup passé la frontière.
Alors voilà :


J'aime tellement l'ambiance de cette carte postale des éditions Cramers. On ne sait pas si nous sommes à l'aube ou au crépuscule, si la Grosse Mercedes vient apporter ou reconduire des notables fatigués, on ne sait pas si on aime ou déteste cette architecture bien trop clinquante, brillante, tarabiscotée et servie par une mise en scène de jeux de lumière et de jets d'eau.  J'ai choisi pourtant de ramasser cette carte qui nous montre le Casino de Hohensyburg, casino dessiné par le fameux Harald Reilmann.
Les voilà les dégâts du Post-Modernisme flamboyant comme un coffret-cadeau pour bouteille de champagne millésimé. Trop de tout. Trop de fenêtres avec huisserie en aluminium, trop de dalles de granit agrafées en façade, trop de petites formes, de pinacles ne voulant pas dire grand chose. On hésite entre un musée américain pour collection de magnats du pétrole au Texas, une clinique de luxe en province ou des thermes d'une ville d'eau rhabillés en 1980. J'adore ce genre de machine, ça nous change du brutalisme. Sur ce cliché, on ne voit pas que l'architecte a utilisé une structure métallique tridimensionnelle en tubes. Sans doute que cette structure, que le dessin alors épuré de tous ces matériaux sont plus beaux que l'emballage, un peu comme l'était son écriture architecturale au début de sa carrière.
Il y a trois entrées dans l'Architecture d'Aujourd'hui pour Harald Deilmann, ce qui prouve qu'il avait bien une place dans ce moment de l'histoire.
Je vous propose quelques images de son théâtre à Munster dans une pure veine moderniste que nous aurions tendance à préférer...







Avec ce Casino allemand, traîne une patinoire bien française, celle de Morzine. J'ai craqué surtout pour l'utilisation de lamellé-collé ici très spectaculaire par la taille des arches qui couvrent la glace. On sait que l'architecture du sport est surtout constituée du défi de couvrir de grandes surfaces sans appui comme des patinoires, des terrains de basket ou de hand-ball ou, bien entendu des piscines dont on n'imagine pas un poteau tombant au milieu du bassin...



On pourrait ne pas avoir grand chose à dire de cette belle carte postale Combier à part, justement cette utilisation de cette technique. L'ensemble crée bien une belle ambiance, une belle lumière et une certaine chaleur. Le rythme régulier aussi des arches donne un sentiment spatial assez riche. L'éditeur nous fait la grâce de nous donner le nom des architectes : Marullaz et Faublée. L'agence d'architectes Marullaz existe toujours et on trouve de belles chaises bien massives dessinées par René Faublée ici :


Je remercie au passage la Galerie 44 de m'avoir permis d'identifier mon fauteuil que j'ai depuis 25 ans !
Un beau modèle 6772 par Preben Fabricius et Jorge Kastholm ! Merci donc pour l'info !
Mais ce nom résonne chez moi et je me dis que je dois avoir autre chose :



Voilà, bien rangée (pour une fois), voici donc La Chapelle d'Avoriaz à Morzine par René Faublée, architecte. C'est encore Combier éditeur qui régale. Ne trouvez-vous pas que cela ressemble beaucoup à l'écriture d'un Novarina ? J'aime bien son côté rustique-moderne comme ses chaises ! Ce Faublée me semble de plus en plus intéressant...à suivre donc.

On aura, pour 50 centimes, fait une belle promenade et trouvé des réponses. C'est bien non ?