Petit trio de cartes postales nous jouant la symphonie du béton préfabriqué bien dessiné.
Le plaisir vient bien d'abord du dessin et même de sa dureté ou seule la rigueur semble avoir été prise en compte. La poésie viendra des ombres, les vibrations des arbres.
Nous sommes à Soisy-sur-Seine dans le Domaine de Gerville. Que dire de l'usage du mot domaine ? Est-il ici simplement lié au terrain appartenant à ce domaine avant de devenir un lieu de construction d'un quartier tout neuf ?
Sans doute.
Deux éditeurs sont donc venus ici, deux photographes ont été délégués pour retenir sur leur surface sensible un petit bout de cette architecture moderne. L'un venait pour Combier, l'autre venant pour Raymon. Il faut croire qu'il y avait un marché et une place à tenir en face de ces constructions blanches aux arrêtes bien affirmées. On note le peu de hauteur de ces petites constructions, ne dépassant pas trois niveaux. On devine un désir de rester dans des proportions que l'on qualifierait aujourd'hui d'humaines. C'est vrai que pour accepter le moderne l'échelle est importante. Les immeubles sont donc étalés dans un parc arboré dont les arbres semblent bien plus vieux que les constructions elles-même, les architectes auraient-ils fait attention ?
Serait-ce un dernier soubresaut de l'idée de cités-jardins ?
On retrouve aussi ce goût pour des ouvertures en L ne voulant pas choisir entre la verticale de Perret et l'horizontale de Corbu. Et ce L anime assez bien l'ensemble. Balcons épaissis, blancheur volontaire sur socle plus sombre finissent la simplicité de la proposition architecturale.
J'aime aussi que les joints de dalles soient lisibles.
Et...grande joie...On sait à qui on doit cet ensemble : rien moins que Ginsberg et Ohnenwald, deux noms que nous connaissons bien sur ce blog maintenant.
Remercions les éditions Combier de nous avoir donné ces noms des architectes.
Qu'auraient pensé Ginsberg et Ohnenwald de l'épaississement de leur façade par l'extérieur et de la pose de fausses briques sur les socles de leurs immeubles ? L'ANRU est passée par-là ? Et que dire de l'occultation de la partie basse du L des fenêtres devenues aveugles ?
Les photographes ont préféré cadrer le Domaine de Gerville vidé de ses habitants. On devine à peine quelques silhouettes. Même pas une auto qui passe, même pas un enfant égaré. On dirait que tout le monde est parti ou regarde Michel Drucker, qui, parait-il, est encore à la télévision. Il y a donc des choses qui ne changent pas. Je ne sais pas si c'est, dans ce cas, rassurant.
Au détour de la promenade Google de mon œil sur les façades, je trouve cette plaque qui date la construction de 1969. On y voit le nom du maire, Mr Michemblé mais pas celui des architectes. Vous savez, non, vraiment, ce n'est que de la préfabrication.
Pour voir ou revoir Ginsberg, architecte :
Pour voir ou revoir Ohnenwald, architecte :
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