Dans le grand spectacle actuel des anciens combattants fantomatiques de la Mitterrandie idolâtre, il n'est de cesse de nous rappeler la grande empreinte culturelle laissée par le Président des français pendant l'exercice de son pouvoir monarcho-républicain.
D'ailleurs, si on regarde Paris, on a vite l'impression que l'architecte-président de la République a joué aux dés en répandant sur la ville tous les volumes platoniciens : cube, pyramide, sphères.
Arche de La Défense, Pyramide du Louvre, Cité des Sciences etc...
Son goût pour les formes dites simples il serait facile de l'analyser à l'aune d'un désir de pérennité égyptienne et pharaonique. On le sait, les formes simples c'est ce qui perdure dans le temps, c'est, comme le disait Auguste Perret, ce qui fait de belles ruines. Son désir d'éternité m'a toujours laissé pantois.
Alors, si parmi cet échantillonnage de pureté formelle, certaines réalisations m'ont toujours semblé à la fois belles, affirmées et même nécessaires (Le Louvre ou la Grande Bibliothèque par exemple) d'autres m'ont toujours un peu contrarié et même permis de croire au mauvais goût de ce président. L'Opéra de la Bastille de Carlos Ott en fait indéniablement partie. Ce machin grandiloquent affirmant à qui veut l'entendre (c'est le cas de le dire) sa Modernité hésitant entre centre commercial géant et siège d'entreprise pour banlieue affairiste d'une ville moyenne de Province, (Niort et ses bureaux de mutuelles lui irait bien) est l'exemple de ce que Mitterand, souvent, parfois ne savait pas choisir. Et ce n'est pas son masque tendu qui, croyait-il, lui donnait la justesse de sa sévérité qui me fera changer d'avis.
L'Opéra Bastille c'est moche, mais moche à mourir. Alors, oui, on pourrait toujours et habilement dire que d'abord, avant d'être un Opéra c'est un instrument parfait pour y écouter de la musique, mettant en avant l'outil avant le style comme si aller à l'Opéra c'était seulement comme pénétrer un instrument de musique.
Mais si on mesure l'importance d'un architecte au nombre d'élèves qui se réclament de lui alors, on est tranquille sur l'héritage de Carlos Ott : personne ne lève la main et le reste de sa production laisse admiratif de son goût pour les décors de série B de science-fiction.
Combien de temps avant que quelqu'un n'ose poser la question froidement : détruire ce machin. Parfois, je crois qu'il serait bien d'avoir ce courage. Faudra-t-il qu'une génération trouvant que Chirac avait le swag, que Giscard était cool et que Mitterrand était l'ami de Barbara (passe-droit culturel de gauche permettant sans doute d'excuser sa politique pour la France-Afrique) pour que les jeunes aiment cette architecture comme ils aiment à nouveau le tricot, la bière locale et les barbiers tatoués ?
Nous faudra-t-il faire de cet Opéra Bastille un manifeste de cet état de l'Architecture mitterrandienne, aimant à la fois les architectes inconnus (Carlos Ott et Otto von Spreckelsen), les formes simples et les ordres venant du haut, du très haut ?
Comme en Corée du Nord finalement ou à Cuba pour être un socialiste plus politiquement correct.
Faudra-t-il sauver ce machin en le réduisant à son utilité ? Faudra-t-il que, pour une fois, l'ultime excuse de la passoire énergétique signe enfin le glas de cette erreur ? Espérons...
Sur cette carte postale Ovet, j'aime surtout lire le flot des autos qui d'ailleurs signe également pour moi la déchéance du Design automobile de cette période. Il suffit de regarder la Supercinq au premier plan (et de la même couleur que l'Opéra) pour comprendre que même la Régie Renault a perdu à cette période tout sens du design en massacrant la beauté simple et joyeuse de la première Renault Cinq de Monsieur Michel Boué pour en faire une auto ressemblant à un jouet Playmobil. Mitterrand d'ailleurs en fit lui-même la promotion dans la cours de l' Élysée... tout se tient finalement. On rit aussi du minable portique et de son dessin, laissant donc le public passer sous cet ersatz de grandiloquence post-Corbuséenne (Carlos Ott a dû visiter trop vite la Cité du Refuge et son portique décalé sur la rue) pour nous laisser croire qu'on vivrait là une expérience culturelle. Le reste... matériaux, couleurs, lecture de cet escalier sur la façade d'une pauvreté affligeante me donne aussi peu l'envie d'écouter de la musique que d'entrer au rayon disques à la FNAC un samedi après-midi avant Noël.
Comme Jessie Norman lors du Bicentenaire de la Révolution française, drapons-nous dans le bleu, blanc, rouge pour entamer une Marseillaise épuisée et marchons, marchons pour retrouver le vrai sens de la Bastille.
La Mitterrandie architecturale à voir et revoir ici :
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