Ne nous privons d'aucun plaisir, même les plus minuscules.
J'aime toujours autant découvrir dans une carte postale un petit rien, une broutille, une pétouille qui construisent aussi mon goût des plongeons dans les images et les photographies de cartes postales.
Que cela soit sur des cartes postales simples ou en vues multiples, il est toujours plaisant, au pied de nos belles architectures, de trouver des éléments supplémentaires à notre joie.
On commence ?
Cette très belle carte postale nous montre l'un des lieux essentiels de l'architecture du Vingtième Siècle en France, l'ensemble Olympique de Font-Romeu par Roger Taillibert. Il est aisé de comprendre sur cette photographie des éditions DINO expédiée en 1981 ce que nous pouvons aimer. Nous avons déjà eu la joie de voir ce lieu sur ce site et Roger Taillibert est vraiment l'un des grands architectes de cette période. Comment ne pas aimer cette image ?
L'étendue des bleus blanchis, le jeu parfait des masses se répondant les unes aux autres, la subtilité des ouvertures, des percées, des fermetures, la composition solide des volumes, tout cela est à l'évidence une chance architecturale et photographique. Même la diagonale en pointillés des bouées rouges de la piscine ajoute à la solidité de cette image. Rien à dire, un archétype de ce que nous défendons sur ce blog, presque un Manifeste.
Mais en plus...
Regardez...
N'est-il pas beau ce petit édicule en toile tendue ? Qui a dessiné et édité cette petite architecture de textile qui évoque parfaitement son époque et les recherches liées aux structures et aux tensions des toiles par Emmerich ou Frei Otto ? Qui aurait encore quelque part cette micro et mobile architecture ?
Dans un numéro de Techniques et Architecture, je trouve un article sur l'éditeur AÉROLANDE qui propose des abris modulaires, légers et démontables dont la ressemblance avec notre détail est troublante. S'agit-il bien de la même chose ?
Pas si sûr.
On remarquera ici que la structure des tensions semble visible depuis l'extérieur. Pourtant...
On sait aussi que Roger Taillibert fut un grand amateur d'architecture textile, couvrant des piscines ou des stades avec des systèmes élaborés, rappelez-vous ici :
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2015/08/les-thiolettes-sont-au-fond-gauche.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/01/organique-canadien.html
Même si cette revue techniques et Architecture ne nomme pas les concepteurs, il est aisé sur l'internet de trouver alors des informations sur ce groupe AÉROLANDE formé par Jean Aubert, Jean-Paul Jungmann, Antoine Stinco qui sont, excusez-moi, de joyeux et sérieux architectes si typiques de cette époque mêlant situationnisme, Utopie (aussi, comme la revue du même nom), festivité de l'éphémère et du gonflé. On aime ça sans retenue (sauf le situationnisme, cela va de soi). Aujourd'hui on dirait de l'architecture Pop, comme Pop ! quand on crève un ballon. On notera qu'un article collectif sur l'architecture textile fut écrit par le groupe AÉROLANDE dans un numéro spécial de Techniques et Architectures sur le textile. Si l'article est souvent très juste et évoque avec raison la poésie des villes de toiles, des cirques, des marchés, on s'amusera aujourd'hui que le groupe qualifie de féminin la présence du tissu dans l'architecture et regrette cette absence de féminité...
Mesdames les architectes, remettez des tentures et des rideaux aux fenêtres !
Madame René Gailhoustet a dû s'amuser à cette lecture.
Qu'importe ! Puisqu'on se régale de leurs travaux !
Alors, peut-être que lorsque la légèreté d'une toile tendue rencontre le beau béton dressé, c'est simplement d'amour dont il est question.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire