jeudi 24 décembre 2015

La lumière entre, la lumière entre tout



















Premier plan :
Un peu en hauteur, dans l'ombre de ce qui est derrière, placer le cadre, placer l'objectivité. Ne rien perturber, ne rien refuser, laisser monter, le temps de la pose, les gris chatoyants. Des arbres maigrelets, un terrain lisse et vide dont seules les courbes des engins jardiniers disent encore leurs passages et laisser à gauche une silhouette si minuscule que son sac blanc est comme un accroc dans l'image. Il y a beaucoup d'entre : entre les tours, entre les chemins, entre les fenêtres, entre les absences. Ça fait croire au silence. Mais soudain, il faudra tout de même se poser la question : d'où vient cette lumière et qui sert-elle ? Les murs renvoient, le ciel répond. Perfection.
















 


Deuxième plan :
Être debout et en face. Il faut que ça tienne dans le cadre, il faut que le rangement tranquille soit lisible. Une, puis deux, puis trois tours. Leur équidistance est justice. L'urbanisme croit bien faire, il avait raison sans doute. Combler l'espace libéré mais avec quoi ? On n'a pas encore appris avec quoi. C'est tout neuf cette idée. Là, aussi les arbres feront croire au jardin, à la nature. Et encore cette blancheur dure qui signe l'écran des murs. La grille est décorée de rideaux, il faut faire l'intimité même à 15 mètres de haut sans vis-à-vis. L'autre ? Il est sur le palier. On lui écrit à Noël et en juillet.



















Troisième plan :
Les fils électriques zèbrent le premier plan. Laissons-les, ne tentons-rien, ça dit la modernité. Un parking où les arbrisseaux devront grandir, alignés comme à la revue. Sur la route pas encore goudronnée, restent les traces de notre demi-tour. Il a donc fallu hésiter, se tromper. De ce côté, les balcons racontent les petits aménagements. Les fenêtres sont debout. Les pilotis sont une concession heureuse et bien apprise. Après tout, ça marche.
Et cette lumière encore qui s'écrase sur l'ensemble, le grand ensemble. Elle ne fait pas semblant, elle tape dur. Elle sert le photographe, elle sert la géométrie, elle souligne les arêtes vives des formes. Et partout, à tous les étages, on s'en réjouit et on la calme à coup de mousseline. La lumière est présente, l'eau est courante, l'air est tournant.
On remerciera plus tard Messieurs Toumaniantz et Horn. Plus tard. Les enfants viennent de rentrer, il faut préparer le diner.

par ordre d'apparition :
- Arras, cité des Hauts Blancs Monts, architectes Toumaniantz et Horn. Édition Estel sans date ni nom de photographe.
- Arras, cité des Hauts Blancs Monts, architectes Toumaniantz et Horn. Édition Estel sans date, sans nom de photographe.
- Arras, cité des Hauts Blancs Monts, concession Chambre de Commerce d'Arras. Édition Combier sans nom d'architecte, ni de photographe et non datée.

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