Mais il est tout de même intéressant de voir que les éditeurs de cartes postales, pris dans leurs enjeux commerciaux, fabriquent avec ce type de constructions des images. C'est tellement des images que pour en saisir l'essentiel, les photographes cadrent à l'identique lesdites constructions. Regardez :
La carte postale du haut est une édition de l'Europe, celle du bas est une édition Cap.
Quasiment le même point de vue à quelques centimètres près... En fait la distance est celle de la longueur de l'emplacement d'une place parking visible en haut et plus en bas.
L'autre changement c'est aussi la période puisque le soleil baigne de lumière la photographie du haut et laisse celle du bas dans un contrejour un peu triste. Si nous regardons maintenant les balcons, il semble aussi que celle du bas soit hors saison car les stores sont abaissés plus souvent et les balcons bien moins occupés. Une Renault 8 passe également et ça anime le premier plan. Point.
Amusons-nous.
Sur celle du haut, le correspondant a fait une croix sur sa fenêtre en suivant ainsi quasiment le mode d'emploi de ce type de cartes postales servant aux vacanciers à se placer dans leur espaces de vacances et raconter leur lieu de villégiature. J'imagine bien la personne comptant les étages et les fenêtres comme dans une bataille navale et trouvant son balcon en F 5... Touché, coulé. C'est toujours un plaisir de pouvoir ainsi se placer dans une image. J'imagine aussi le choix de la carte sur le tourniquet : "Oh regarde, on voit notre appartement sur celle-ci !" Et hop ! On achète pour l'envoi à ceux qui sont restés à la maison ou au bureau. Les deux photographes ne photographient pas ici la mer, ne tentent pas de replacer la construction dans cet espace de loisir mais cadrent bien pour ce type d'utilisation. Le brassage des vacanciers est tel que la carte postale trouvera régulièrement des nouveaux locataires qui feront à leur tour la croix sur l'image. C'est presque le même phénomène pour les barres et les tours de logements mais avec un turn-over bien moins grand !
On peut donc dire qu'il existe bien une production d'images d'architecture servant à une situation opportune de celui qui s'y retrouve. Une forme de miroir jouant entre le lieu et la vue : une reconnaissance.
Que cela s'exerce sur une architecture indigente qui tient plus d'un empilement de cabines de plage que d'un sens aigu des espaces ne change rien. Ce qui compte c'est bien ce potentiel de reconnaissance offrant à cette construction le droit à une image.
Qui aura ainsi le courage de collectionner toutes les cartes postales de ce point du vue jusqu'à l'obtention d'une croix pour chacune des fenêtres ? Oui... Vous avez compris... Suivez mon regard...
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