Décidément.
Ce que vous allez voir ce jour est rare du point de vue de la carte postale et rare du point de vue de la représentation architecturale.
En effet, très peu de maisons particulières de grands architectes ont droit à une représentation en carte postale ce qui est, d'un point de vue éditorial assez normal car le champ possible d'acheteurs est tout de même très resserré d'autant plus que la villa ou la maison n'est pas en bord de mer ou devenue par les jeux de l'histoire un lieu reconnu. Il existe, c'est vrai des villas d'Hector Guimard en cartes postales mais elles sont alors éditées par l'architecte.
Voyez comme j'ai du mal à trouver une carte postale de la Villa Ombre Blanche à Royan, villa pourtant en bord de mer et très typée.
Alors, lorsque j'ai obtenu cette carte postale du haras de la Huderie à Glanville, j'ai fait comme d'habitude et j'ai cherché sur internet le nom de l'architecte... sans rien trouver...
J'avais tout de même repéré un toit à double paraboloïde hyperbolique et deux volumes bien détachés et dessinés perdus en plein champ. Troublant.
Mais lors de ma dernière visite à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine j'avais cru vaguement (oui...) reconnaître une forme sur une maquette que j'avais vu sur l'une de mes cartes postales puis, j'avais oublié ce rapprochement. Mais le cerveau chauffé d'un amateur ne cesse de tourner et sait refaire le chemin quand au hasard de recherches se présente à nouveau l'image. Le cerveau aime reconnaître les images !
Voilà que je tape, associés, les deux mots Breuer et Glanville et Paf ! Je trouve (retrouve) mon bâtiment et mon architecte. Il s'agit bien de la villa Sayer de Marcel Breuer !
Ne me reste qu'à chercher dans ma documentation des traces d'une publication de cette villa mais là je fais chou blanc. Par contre, sur le net, je trouve ce très complet document publié par le CAUE et je vous conseille vivement d'y jeter un œil. Je ne ferais pas mieux :
http://www.citechaillot.fr/data/expositions_bc521/fiche/24536/villa_sayer_caue_14_6bd19.pdf
Reste la question ouverte de cette carte postale, de son sens, de sa portée éditoriale... Il ne s'agit pas d'une petite auto-édition puisque l'éditeur Yvon en est l'éditeur. Est-ce parce que cette villa Sayer de Marcel Breuer est associée à un haras que l'éditeur, certainement en accord avec le propriétaire du lieu, a eu l'idée d'une carte postale pouvant trouver dans les touristes et amateurs de chevaux une clientèle possible ? Sans doute.
Mais puisque je suis en pleine recherche sur Marcel Breuer, voilà également que je trouve cette autre carte postale tout aussi belle :
http://architectuul.com/architecture/saint-francis-de-sales-church
Ici on ne se demande pas pourquoi une telle carte postale peut exister ! L'église de Muskegon est bien de Marcel Breuer et possède suffisamment d'originalité pour que la ville se reconnaisse dans cet objet architectural de premier ordre.
Pourtant l'éditeur américain Penrod/Hiawatha ne nous donne pas le nom de l'architecte. Je vous offre le verso car le texte du correspondant dit bien sa surprise devant une telle construction.
St. Francis de Sales est l'une des plus belles églises du Vingtième siècle, l'une des plus incroyables dans son dessin et dans l'utilisation du béton courbé et contre-courbé. On aimera comment le photographe John Penrod sait nous en donner à voir ses plis et comment le petit arbre s'amuse à se comparer à la masse de l'église. On voit donc qu'un même architecte célèbre et reconnu se voit par deux fois édité en cartes postales sans que son nom ne soit donné par les éditeurs. On voit que deux programmes dans deux pays différents se retrouvent ainsi incapables de gagner ce droit. Le premier est sans aucun doute beaucoup, beaucoup plus rare et inattendu que le deuxième.
Alors pour oublier, prenons la voiture et allons faire un tour :
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