mardi 15 juillet 2014

Image, mirage, architecture

Rares sont finalement les cartes postales dont la photographie de l'architecture semble à ce point faire architecture.
Regardons cette carte postale :



N'est-elle pas extraordinaire cette façade ? Comment en comprendre, dans la complexité de ses jeux de lignes, les particularités architecturales ?
Nous sommes à Castillon-la-Bataille devant sa salle des fêtes. On notera que les éditions Chatagneau (Elcé) que l'on connaît bien pour les cartes postales de Royan nous nomment l'architecte : Pierre Fargue à Libourne. Ce nom me dit quelque chose mais... non rien...
Revenons à l'architecture, à sa photographie. Une immense façade de verre laisse totalement entrer la lumière même par le côté droit de la construction lui aussi transparent. Le soleil dessine à l'intérieur les ombres de la structure et strie ainsi le hall de la salle des fêtes. On devine un escalier dont on ne peut déterminer la chute et un ensemble de volumes tous très imbriqués qu'il est difficile, sous ce jeu optique de la grille, d'analyser. Toute la modernité de cette salle des fêtes tient bien pourtant dans ce jeu de volumes qui rappelle, certes modestement, le Palais des Congrès de Royan ou même, pour moi plus proche, le ciné-théâtre d'Elbeuf par Marcel Lods.







Regardons les beaux détails de l'entrée avec ses petits brise-soleil venant faire vibrer le coin de la construction et comment l'architecte a donné de l'épaisseur à sa construction par un débord qui souligne la limite de la boîte. C'est très beau, pur, habile et simple. Dommage que la polychromie de l'éditeur soit un rien fantaisiste mais il ne fait aucun doute qu'elle révèle également un jeu coloré très typé lui aussi des architectures de la fin des années cinquante et du début des années soixante.
Je ne trouve rien sur internet ou dans mes revues sur cette construction ni aucune trace sur Google Earth. Ce petit trésor caché a-t-il disparu ? A-t-il été modifié ? Espérons que non, tant son dessin depuis cette photographie nous démontre d'indéniables qualités architecturales.
Après le trop plein de soleil, voici comment la nuit dessine :



Cette incroyable carte postale de nuit fabrique une ambiance saisissante. Entre deux aplats noirs, comme pincée, une architecture se transforme en contraste, en luminaire. Il s'agit de l'Institut National des Sciences Appliquées à Villeurbanne. Nous sommes devant le Grand Restaurant illuminé un soir de fête. C'est comme ça que la carte postale est titrée !
Quel éditeur pourrait avoir l'opportunité et l'idée de fabriquer une carte postale avec un tel événement et un tel intitulé ? Les éditions Cellard le font mais le font en collaboration avec le Photo Camera Club de l'I.N.S.A ! On imagine des étudiants décidant pour faire valoir leur action de faire éditer une carte postale de leur Institut. On imagine aussi peut-être un concours interne au Photo Camera Club pour décider qui aura l'honneur de cette publication !
Mais quelle image ! De loin, le photographe entendait-il la musique un peu forte de la fête sortant de l'Institut ?
Et mon œil glisse sur les détails superbes et mystérieux :



Comment ne pas aimer cet escalier faisant à lui seul le spectacle de cette image. On notera tout de même la belle facture de cette architecture que l'on pourrait devoir à l'architecte Jacques Perrin-Fayolle. Architecture ici autant construite et dessinée par l'architecte que par cette carte postale, sa lumière, son cadrage. Finalement qui fabrique à nos yeux ouverts, les espaces rêvés de l'architecture ?




1 commentaire:

  1. PERRIN FAYOLLE grand prix de Rome est l'auteur du Novotel sur les quais du centre de Lyon.

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