mardi 3 décembre 2013

Shopping center

Ce matin, je rebondis sur l'excellente émission de France Culture La fabrique de l'histoire. Il faut dire que depuis la disparition de Métropolitains de François Chaslin, l'architecture et l'urbanisme ont disparu quasi totalement de France Culture qui nous abreuve pourtant d'une programmation musicale des plus nulles et devient depuis peu, alors qu'elle fête fièrement ses 50 ans, une sorte de France Inter, de Canal Plus. On y entend même le directeur se féliciter à l'antenne de ses taux d'audience. C'est, pour une chaîne culturelle, d'une vulgarité...
Passons...
Écoutez ici l'émission : http://www.franceculture.fr/emission-la-fabrique-de-l-histoire-luxe-24-2013-12-03
Donc ce matin, une émission sur le Luxe (eh oui...) nous évoque l'invention de Parly 2 (Paris 2). Les images fusent des voix, le vocabulaire et les témoignages donnent bien à voir autant qu'à entendre. Je n'ai pas encore de cartes postales de Parly 2 même si nous avons pu voir, au Chesnay, le travail de l'architecte Claude Balick ici ou encore ici.
Le supermarché et le centre commercial ont tellement marqué le début des années 70 que des cartes postales nous les montrent sans vergogne pour le plus grand plaisir d'un Martin Parr français ! On voit ainsi parking, architecture (de loin...) et galerie marchande. Je n'ai jamais trouvé de cartes postales nous montrant la ligne des caisses par exemple. Mais on sait aussi que ce blog a aimé et sauvé l'une des plus belles expériences architecturales de ce type avec le centre commercial de Sens, dessiné par Claude Parent.
Mais rien d'aussi pertinent pour ce jour...



On commencera avec du très local, le Centre Saint-Sever à Rouen qui est relativement récent avec une trentaine d'année et qui reste... réellement d'une grande laideur. Pourtant enfant, il faisait partie des lieux de promenade de la famille et de nos émerveillements. Certains produits étaient même seulement disponibles ici comme les céréales Smacks Kellogg's que nous découvrions pour la première fois. Je ne vais plus depuis longtemps dans ce lieu épouvantable n'ayant plus besoin de céréales à mon petit déjeuner !



La carte postale du centre Saint-Sever est une édition La Cigogne dont la photographie est de Faucher Aviation. On y devine le traitement polychrome du toit recouvert d'une sorte de camouflage urbain, sans doute pour intégrer l'ensemble dans la ville mais le faisant bien plus passer pour une technique militaire permettant sa disparition. Brouillage des formes, dessins de courbes à contre-courant, aplat et fragments, tout cela sent bien le désir de "travailler" ce grand plateau qui ne sert à rien d'autre qu'à accueillir les gaines techniques et les aérateurs. Dommage de ne pas y avoir vu une place urbaine. On ne parlera même pas de l'articulation du centre commercial avec le vieux quartier Saint-Sever.
D'une échelle bien plus petite :



Nous sommes à Argelès-sur-Mer devant le supermarché dont l'architecture tient plus de l'épicerie de quartier que de l'invention du Groupe Site ! Quoique l'auvent en branchages donne à l'ensemble une touche... catalane !
Mais un événement a lieu devant ce petit supermarché et on devine un orchestre et des danseurs faisant là une animation assez marrante... Une Mini Morris est peinturlurée de signes et de mots comme "naufragés" qui restent mystérieux. On aimera aussi la Dauphine et surtout la Renault 4 aux couleurs de Yoplait. Dans la cour, derrière des photographes amateurs, un Citroën Tub attend la livraison ! La carte postale des éditions Dino est sans doute promotionnelle et fut expédiée en 1967.



Toujours par les autos :



Archétype de l'image du centre commercial, cette carte postale nous montre le Géant Casino de Saint-Étienne. L'éditeur est La Cigogne et nous donne le nom de l'architecte de cette merveille : Didier Guichard.
Une nappe de voitures sur un parking, une ligne de devantures qui semble infinie et qui forme une rupture avec le bazar urbain à l'arrière, le Géant Casino pourrait presque être encore dans notre actualité. Ici l'enseigne fait le lieu, fait l'architecture. Que vient-on ici photographier et diffuser lorsqu'on est éditeur de cartes postales ? La modernité d'une époque ? La jubilation de ce nouveau mode de commerce ? Au verso, l'une des correspondantes affirme : "Je suis dans l'entrée du magasin mais ce n'est pas formidable. Enfin on verra à la fin ce que ça donne." Lucidité hallucinante de cette correspondante !
Dedans un autre :



Cette fois c'est le Centre Alma qui nous accueille à Rennes. La galerie marchande est pleine de monde, de lumière et de mouvement. Il faut peu pour faire marcher une nostalgie comme par exemple une typo pour le mot cafétéria qui sonnait à lui seul la modernité fun. Quelques globes lumineux, une paire de baskets aux pieds d'un morpion et je me trouve là avec eux. On peut même voir des caddies poussés par des messieurs un peu flous.
Mais le ça de cette carte postale G.P.R est ce groupe de quatre garçons penchés sur la vitrine. Qu'est-ce qui peut bien les faire rêver ainsi ? Un porte-clef gravé à leur nom ? Un ensemble de couteaux suisses aux multiples accessoires, promesse d'aventures à la Castor Junior ? Un poste de radio miniature japonais ? Deux d'entre eux portent des bottes en caoutchouc... Viennent-ils de la campagne ? Pendant que les garçons sont ainsi fixés, deux gamines se promènent. Deux sœurs sans doute car elles sont habillées à l'identique, robes, imperméables et chaussettes blanches.





Disparu :



Cette carte postale artistique à bords blancs si chic est une édition Alain Baudry dont la photographie signée sur le recto est de Alain Depirou. Aujourd'hui cette carte postale est un document historique puisque le premier plan, le Forum des Halles a disparu. Pourtant, comme le montre parfaitement ce cliché, il y avait là sans doute une architecture qui ne déméritait pas. On aimera comment le photographe réussit ce sandwich de ville fait de trois couches : le Forum des Halles, le quartier ancien et au fond, la modernité puissante du Centre Pompidou. J'aime ce collage, j'aime la ville ainsi, faite de strates belles et laides, faites d'espoir et de ruines, faite d'une poésie étrange ou par le hasard de l'histoire, les expériences les plus extravagantes côtoient la banalité de ce Paris ancien parfois ennuyeux. Ce qui forme une ville c'est bien ces qualités de contrastes. Ce centre commercial, cette galerie marchande qui se voulaient chics et même luxueux ont fini épuisés par la crise économique, fatigués d'une époque qui a encore du mal à mourir. Et j'ai encore du mal parfois à y croire.

2 commentaires:

  1. Pour compéter votre propos auriez-vous des cartes postales (intérieur) du centre commercial de LA PART DIEU à LYON, d'une très belle qualité....

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  2. Ici aussi: http://www.flickr.com/photos/sexytom/6947404806/in/set-72157629852941519
    Créteil soleil, sur une carte postale promotionnelle du centre commercial

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