Comment ?
En partant de la découverte d'une carte postale représentant les constructions ballon à Ouakam à Dakar, on va remonter le fil des informations et découvrir un architecte, une technique et une histoire. Tout tiendra dans la succession des informations obtenues par internet pour finir... par trouver l'architecte perdu dans les feuilles d'une revue rangée simplement dans ma bibliothèque !
Ça démarre ?
D'abord donc cette carte postale qui me surprit complètement lors de sa découverte. Éditée par la carte africaine qui est une émanation du service Info de l'A.O.F, cette carte postale vient tout juste de fêter ses
60 ans... puisque datée du 25 juin 1953 par la correspondante qui d'ailleurs, ne dit rien de cette architecture !
Dans une très belle qualité éditoriale due au tirage en véritable photographie, on y voit une succession de petites constructions posées un peu au hasard. Mais la qualité plastique de ces constructions, ces demi-sphères blanches posées sur le sol, nous rappelle bien des choses, bien d'autres architectes. Pour qui ont-elles été construites ? Comment ? Pourquoi ce type de constructions en Afrique ? On pourrait s'amuser à croire que soit Monsieur Szekely, soit Monsieur Haüsermann ont fait ici des expériences !
On se rappelle aussi que nous avions trouvé une expérience de micro-habitat en Afrique avec Monsieur Ernst May.
Mais les agrandissements ne montrent pas cela :
Ne croirait-on pas en tout cas être bien plus sous une influence hippie et joyeuse de la fin des années 60 que du début des années 50 ?
J'entame ma recherche.
Je tombe d'abord sur un document signé par Benoît Laffiché nommé Airform Western qui évoque son séjour à Dakar. Il nous dit avoir réalisé un film sur ces maisons ballons en 2012 dans le cadre d'une manifestation de l'Institut Français à Dakar. On aimerait beaucoup voir ça !
Voici un extrait de ce texte passionnant :
Les habitants du quartier et certains spécialistes à Dakar pensent que l'architecte se serait inspiré des cases Peuls de la région du Fouta pour dessiner les maisons ballons. Nous serions donc face à un module de béton dont la forme serait inspirée des cases traditionnelles africaines afin de loger les fonctionnaires français de l'AOF. Aiguillé par le chef du quartier de Ouakam, qui enfant jouait sur le chantier et regardait avec étonnement la construction des maisons ballons, je découvre au service des cadastres le premier nom du quartier de Ouakam « Cité Air Form de Terme Sud ». Avec cette information, j'ai retrouvé le nom de l'architecte Wallace Neff et découvert son intérêt pour les constructions autoportantes à faibles coûts, réalisées grâce à une structure gonflable : les maisons ballons. C'est la recherche d'une construction à faible coût qui semble avoir déterminé la forme des maisons ballons.
Il me fut aisé suite à ce texte de chercher des informations sur le nom de l'architecte Wallace Neff qui est loin d'être un inconnu mais qui a eu semble-t-il un parcours étonnant allant de la Californie des Stars de cinéma aux constructions économiques et d'urgence !
Il fut en effet un dessinateur de villas très marquées par un style ranch espagnol hollywoodien un rien... cinématographique...
Mais revenons à ses constructions étranges !
Dans un numéro de l'Architecture d'Aujourd'hui de 1945 (oui, je sais, vous êtes jaloux) je trouve une page entière consacrée à la construction des maisons Airform ( Hays Econocrete System) de l'architecte.
Le principe est parfaitement décrit par l'article. Un socle, un ballon gonflé, on pose les fenêtres, on projette le mortier, ça sèche, on retire le ballon et Hop ! On a une maison ! Et... on recommence autant de fois que nécessaire ! C'est magique et drôle aussi de penser que l'air sous pression fait la forme. On appréciera le commentaire de l'article disant que l'architecture ainsi créée fut un rien critiquée et que : " Chose essentielle, les occupants sont satisfaits de leur maison."
Et nous aussi !
On trouvera sur le site Planet, un bel article avec des photographies des maisons de Monsieur Wallace Neff dont voici un portrait que je me suis autorisé à reprendre.
Je dois donc pour ce parcours, remercier chaleureusement Benoît Laffiché pour sa première marche, les sites internet Planet, le site Archires et... les rédacteurs d'Architecture d'Aujourd'hui pour ce cheminement allant d'une carte postale à une revue historique.
Comme quoi, documenter, chercher, enquêter c'est toujours mieux que ce contentement de peu, celui des images...
A bon entendeur...
Bien à vous.
Et en prime l'INA nous propose ce petit reportage bien...d'époque !
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