dimanche 5 octobre 2025
L' antiquaire, Fillod et un mystère
lundi 1 septembre 2025
Le Monstre de Tschumi et le Tournesol de Van Gogh
J'avoue que je me suis bien demandé si je devais faire entrer dans ma collection cette carte postale du Zénith de Rouen. Pas très convaincu par la photographie ni par la nécessité de ramener un bâtiment aussi récent dans ma collection, j'ai pourtant décidé donc de l'y faire entrer. Il y a des raisons :
D'abord et ce n'est pas des moindres son architecte : Bernard Tschumi que nous aimons bien sur ce blog et qui est peu représenté dans ma collection. Avoir donc une "entrée" Tschumi me semblait assez juste et normal car ce grand penseur de l'architecture méritait bien de retrouver ces paires et son père qui lui est représenté déjà dans ma collection.
Ensuite...et bien, il n'est pas si nouveau ou contemporain que ça ce Zénith de Rouen puisqu'il date de 2001, il arrive donc presque dans le temps nécessaire à un futur classement que ne manqueront pas de faire en 2026 les autorités patrimoniales de notre Région Normandie, région qui donne l'exemple de son attachement à l'Architecture Moderne et Contemporaine en déclassant des Monuments Historiques (verres et Aciers de Marcel Lods). Donc, aucun doute que la Région Normandie, la Ville de Rouen, la DRAC classeront dès sa date anniversaire de ses 25 ans ce si bel édifice...
Bon, reste la photographie de ce Zénith que je ne comprends pas bien. Est-ce l'idée de fabriquer un contraste entre "le monstre moderne" et le charme du jardinet qui a animé Thierry Chion ? Est-ce une commande et donc un certain regard réclamé par les institutions qui ont obligé le photographe à cette gesticulation jardinière et naturelle pour montrer le charme de l'intégration de ce qui, par définition, ne doit pas l'être si on en croit les habitudes théoriques de Tschumi ? On sait que les photographes de cartes postales ont toujours aimé caler un premier plan végétal pour faire leurs images. Est-ce là un indice de cet attachement à la tradition ou un penchant contemporain démagogique pour la friche, le tiers-lieu, le jardin partagé ?
L'image est aussi prise dans une résolution un rien éteinte, un contre-jour, quelque chose dans la lumière qui n'est pas très claire comme un petit matin frais bien vallée de Seine. Le photographe se met bien bas pour que son premier plan si touchant et poétique du jardinet vienne contraster avec le MONSTRE tapi derrière. Finalement, il faut saluer le désir d'originalité et la prise de risque. On aimera, si on aime les images et les analogies, que le photographe soit un genou (deux ?) à terre devant l'architecture du Zénith. On aime ça. La laitue a monté et les tournesols, depuis Van Gogh et Michel Legrand, n'en finissent pas de tourner la tête vers le soleil normand bien calmé.
On notera que cette carte postale institutionnelle puisque revendiquée par la Métropole de Rouen ne fait aucun effort pour nommer l'architecte ! C'est un comble ! Oublier ainsi le nom du créateur, du penseur, du constructeur, de l'architecte dont on use pourtant de son image de modernité est assez signifiant de la manière dont ces institutions se foutent comme d'une guigne des architectes. Monsieur Tschumi jugera comme il veut cet oubli de son nom.
Il me restera, avec mon crayon, a ajouter ce nom au verso de la carte.
Sois la bienvenue dans ma collection.
https://archipostcard.blogspot.com/2010/07/par-ordre-dapparition.html
dimanche 31 août 2025
Par Issy l'église moderne modeste et la pin-up républicaine
mercredi 27 août 2025
Petite suite post-moderne (et théâtrale) à classer d'urgence
Dans l'histoire de mes engagements architecturaux, j'ai longtemps mis des limites de coeur et d'esprit, dans un désir de pureté toujours signe d'une radicalité que seule la jeunesse peut expliquer et excuser.
Et puis...
Il y a vingt ans, au début de ce blog, jamais je n'aurai fait un article sur l'architecture historiciste ou post-moderne ou alors pour m'en moquer. Il faut dire que le Brutalisme et le Hard-French occupaient déjà bien la place de mon esprit combatif pour la reconnaissance d'un Patrimoine mal aimé et que, aujourd'hui, même si je relativise encore beaucoup le sens de cette autre architecture, il m'arrive maintenant de comprendre un peu mieux son goût du délire psychopathique, surréaliste, gesticulant de signes et d'humour aussi, ce qui, chez moi, sauve beaucoup de choses.
Et puis...
Et puis la jeunesse pousse un peu et ce qui faisait une certaine originalité de position de ma part il y a longtemps je dois bien le supporter des jeunes d'aujourd'hui qui, eux, se baignent dans les lumières moulées de béton d'un Ricardo Bofill ou d'un Nunez-Yanowski sans remord, sans crainte, un peu comme maintenant on se baigne dans la Seine à Paris. Il y a bien un peu de caca dans l'eau mais pas suffisamment pour que le désir de baignade ne soit pas satisfait. Il faut donc plonger dans toute l'Histoire de l'Architecture. Je veux plonger maintenant avec cette jeunesse amusée de l'histoire récente de l'Architecture.
Et puis...
Dans le rangement et la recherche de cartes pour un projet sur Nantes d'une exposition sur Jean Prouvé, je fouille mon Fonds et je trouve cette carte postale un peu perdue, mal rangée et qui me fit sourire immédiatement :
Vous allez rire mais au premier regard sur cette carte postale mon esprit y à coller le travail de Roland Castro à Angoulème et on verra que finalement il y a un lien très tenu. Mais non bien entendu, il ne s'agit pas de Castro qui use, lui, d'autres références. Nous sommes à Miramas et il s'agit d'une carte postale des éditions Anatome affranchie en 1987 qui nous montre le Théâtre "La Colonne". On le dit de suite : cette carte est vraiment très mal imprimée, d'une qualité douteuse et ne permet pas de bien lire ce qui s'y passe. Pourtant, il y a longtemps, j'ai bien décidé de l'acheter, sans doute d'ailleurs touché par cette qualité fragile qui lui donne aussi un aspect un rien usée, fatiguée, un peu comme les cartes pauvres des pays de l'Est. Et voilà que je me vois décidé aujourd'hui à la prendre en compte, à la sortir du lot, à me voir faire des recherches sur cet espace sans bien comprendre pourquoi c'est maintenant que cette urgence se déclenche chez moi. Je trouve facilement le nom de l'architecte : Jean-Jacques Morisseau. J'avoue découvrir ce nom et son travail que je n'avais jusqu'à ce jour jamais entendu. Et pourtant, il y a là une vraie oeuvre. Le moins que l'on puisse dire c'est que, au moins pour ce théâtre, Monsieur Morisseau est totalement pris par cette école Post-Moderne, entre donc un Ricardo Boffil ou le Groupe Site, jouant de tous les vocabulaires, jouant au fantastique joyeux, ménageant surprise des matériaux et des espaces, construisant à la fois un décor avec humour mais fabriquant un vrai lieu, un espace qui raconte quelque chose de l'imaginaire, du décor, de la mise en scène. Il y a même des colonnes qui montent un escalier...C'est Piranèse ou de Chirico si on veut. On pourrait trouver à toutes cette gesticulation une vanité mais j'avoue que maintenant je me laisse volontiers prendre à ce mouvement baroque, au désir d'une architecture qui gueule sa présence, qui demande avidement qu'on la regarde. Aujourd'hui, une architecture-piège (tableau -piège) que l'on dirait instagramable. Je m'excuse pour ce néologisme atroce. J'adorerais aller la voir, jouer avec mon appareil photographique et je dois pour l'instant me contenter de la Google Car qui fait tout de même bien le travail.
Mais je découvre que Jean-Jacques Morisseau a aussi produit un lycée à Angoulème ce qui explique peut-être un peu mon collage évoqué plus haut. Mais Comment je n'ai pas eu l'intelligence de profiter de mon séjour à Angoulème pour aller visiter ce pur délire architectural ! Mon ami Frédéric Lefever me fera y revenir. Le Lycée de l'Image et du Son est vraiment incroyable ! On a envie d'y aller voir ! Existe-il une carte postale de ce lycée ?
Bien entendu la question qu'il faut poser ici c'est la Patrimonialisation de ce genre d'architecture. De telles constructions mériteraient un classement immédiat tant elles sont représentatives de cette école architecturale finalement assez rares en France. Ce qui d'ailleurs me réjouissait à une autre époque...On voit que la Résidence Lamartine de Tours des architectes Marc Ginisty et Robert Mander que j'ai découvert par hasard cette année est bien labellisée. Qu'en est-il des oeuvres de Jean-Jacques Morisseau ? Il est temps de les protéger mais aussi d'en révéler toutes les qualités même si le spectacle de leur existence prend parfois un peu le pas sur leur fonction. Après tout, c'est aussi l'une des joies de la Ville que de tomber dans des fictions, des histoires, des narrations, des ruines un peu trop neuves.
Je ne trouve pas de site pour le travail de Jean-Jacques Morisseau ni de catalogue de son oeuvre. C'est dommage.
mardi 19 août 2025
Système Bérard ? Attention ! Travaux !
vendredi 1 août 2025
Un avion en béton
Dans ma propre petite mythologie que je m'invente, celle de l'enfance, qui aurait bien pu créer des objets d'adoration, jalons de mes admirations d'aujourd'hui, nul doute que le monument au Latham 47 est de ceux-là. Souvenir un peu ténu d'une première visite avec le grand-père et sa Dauphine puis d'une autre pour aller voir le nouveau et si beau Pont de Brotonne (sans doute en 1977) un peu oublié aujourd'hui, cela faisait donc des occasions de construire dans l'imaginaire et la culture d'un petit garçon des objets un peu curieux et utiles à la fondation d'un certain goût pour le Génie Civil et le béton.
Enfant, on fait surtout des whaous d'incrédulité devant de tels objets, on coure à ses pieds, on veut grimper dessus, on ne comprend pas bien pourquoi donc avoir ainsi réifié dans le béton un objet aussi aérien qu'un...avion ! Et cette avion, ce biplan alors, appelle au petit garçon des albums de Tintin, quelque chose de fictionnel, pourtant ici c'est une vraie et terrible histoire qu'il raconte.
L'été un peu nonchalant est la période idéale pour retourner sur ses premières impressions dans une nostalgie assez simple et saine. Et, même la route pour y aller voir était encore bien inscrite dans ma mémoire, je me rappelais de tout pour m'y rendre, étrangement aussi de la difficulté de s'y garer dans un certain sens.
Alors, dans ma collection de cartes postales, j'ai bien quelques occasions de me rappeler tout cela et j'ai eu un grand plaisir à revoir le réalité de cet objet étrange et photogénique. Pour l'histoire de ce monument et ses raisons, je vous laisse aller là : https://inventaire-patrimoine.normandie.fr/dossier/IA76001882
On reste encore surpris par la taille, le choix de ce matériau et...l'absence d'hélices qui pourtant ne gène pas la lecture de l'objet-avion ! Celui-ci veut s'arracher à la falaise, sort comme par miracle du flan de la colline, dramaturgie de l'assaut, du décollage, de la puissance. Le décor de béton, les rochers évoquent pour moi à la fois ceux du Jardin des Plantes ou à des représentations dans la peinture primitive italienne. On dirait que ce socle énorme sert surtout à contraster avec l'avion qui est finalement résumé avec peu d'éléments. Le dessin est terriblement Art Déco, comme un cendrier publicitaire, comme une mascotte d'automobile. On ne peut pas dire que le sculpteur Robert Delandre fut particulièrement marqué par...la Modernité et en faisant cet article, je m'aperçois qu'il est originaire de ma ville d'Elbeuf et que ma région est littéralement couverte de monuments aux morts ou de sculptures mémorielles dont, j'avoue, j'ignorais la présence et le lien avec ce monument au Latham.
Alors tout tient bien dans l'écart entre ce choix de matériau et l'objet représenté. C'est bel et bien, en ce sens, une réussite poétique et plastique, un challenge curieux pour un sculpteur. On peut imaginer aussi que, sans doute, le béton était aussi un moyen économique de faire grand et pas trop cher mais aussi que le béton portait bien aussi une certaine image de modernité s'alliant avec la technicité avancée du Latham. Enfin...je crois. Sans doute que l'ingénieur Léon Terzakian aurait pu nous aider à comprendre le rôle du béton dans ce dessin. La difficulté devait être surtout dans la finesse des ailes, porte-à-faux magnifique.
Je vous conseille donc vivement de programmer une visite de ce monument et aussi du Pont de Brotonne dont le dessin est l'un des plus beaux que je connaisse pour un pont. Aujourd'hui, ce dernier est un peu éclipsé par le Pont de Normandie. Dommage. Arrêtez donc d'aller en Bretagne. Venez en Normandie, aux bords de Seine qui auront vu de Giverny au Havre, Flaubert, Hugo, Monet, Queneau, Duchamp, Maupassant...Passez de ponts en ponts, de bacs en bacs, dans les boucles sinueuses du fleuve. On vous attend. J'aurais aimer partager avec vous et sur place cette joie de la redécouverte.
édition Dubray, Photographie de J.-J DubrayCette édition Combier nomme bien l'architecte Louis Rey mais fait une erreur sur le sculpteur et nomme Robert Alexandre au lieu de Robert Delandre...Par contre, Léon Terzakian est bien indiqué.mardi 22 juillet 2025
Le Corbusier avec deux étoiles
Il n'existerait donc aucun recoin, aucun espace qui ne furent pas photographiés à la Cité Radieuse ! Et cette carte postale (qui est bien rare) peut vous en montrer l'un de ses atouts : le restaurant situé dans la rue intérieure...En trente ans de collection, c'est la première fois que je la vois mais, ce qui m'étonne, c'est justement mon étonnement au vu du très grand nombre de surprises de ce genre que nous aura réservé la Cité Radieuse.
Le restaurant, au dos de la carte, est affublé de deux étoiles. Bien...mais pas plus...en 1965...Mais que c'est beau non ? Même si nous ne savions pas que nous sommes à la Cité Radieuse, avouez que c'est bien beau cet espace, son mobilier, les volumes ! Reconnaissez-vous au fond notre barman ? La carte postale fut expédiée le 8 février 1965 vers l'Italie d'où elle revient vers moi...Quelle voyage !
Il s'agit là encore d'une édition Ryner que nous connaissons bien. Où sont vos archives ? Je ne sais pas trop quoi ajouter de plus pour une telle vue. Il faut dire que nous avons bien ratissé la Cité Radieuse, de son local à poubelles à sa terrasse en passant par la cuisine ou la chambre des enfants. Nous avons déjà expliqué ce désir de représentation, le tourisme architectural à laquelle fut associée cette Cité Radieuse. Nous nous sommes déjà régalés des chaises de René-Jean Caillette. On imagine que cette photographie fut prise dans la même séquence que celle du bar. On imagine aussi ce moment, la présence du photographe choisissant avec les propriétaires le point de vue vidé des clients. On s'imagine mangeant sur le balcon intérieur, projetant la vue sur l'extérieur par le haut de la baie vitrée.
Et si nous arrêtions de discuter ? Si nous allions au bar commander un cocktail puis, tranquillement que nous rejoignons notre table pour déjeuner simplement d'une rouget grillé après avoir visité la Cité Radieuse, le MUCEM ou les Pouillon sur le Vieux Ports ?
Allez ! On y va.
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