lundi 25 janvier 2021

l'Honneur puis la Honte du Parti Communiste Français ?


Lettre ouverte

La fierté puis la honte du Parti Communiste Français ?


Monsieur le Maire d’Ivry-sur-Seine,


Il y a peu de villes dont l'architecture moderne ou contemporaine fait autant image et corps avec leurs architectes. On aime Le Havre et son Perret, Royan et son Ferret, Brasilia et son Niemeyer. Mais il semble qu'il manque à cette liste une autre ville dont l'histoire du logement social fait pourtant maintenant partie intégrante de la grande Histoire de l'Architecture : Ivry-sur-Seine.

Oui toute l'histoire de la politique sociale et urbaine de Ivry-sur-Seine est chantée par tous les grands architectes comme un exemple parfait de cohérence des idéologies sociales et d'une réponse architecturale spécifique, originale et surtout humaniste. On en connait les auteurs essentiels : Renée Gailhoustet et Jean Renaudie.

Peu de villes comme Ivry-sur-Seine peuvent s'enorgueillir d'un tel héritage, partout diffusé, partout enseigné, par tous visité, faisant même l'objet aujourd'hui d'un véritable culte, élevé au rang d'icône par les amateurs d'architectures ou simplement par les usagers. Rem Koolhaas y envoie ses collaborateurs. Modestement, j'en fais de même avec mes étudiants.


Il faut le dire de suite, sans l'appui politique et l'ouverture d'esprit d'un Parti Communiste alors très disposé à comprendre que l'utopie devait passer par la construction, ce centre ville d'Ivry-sur-Seine n'aurait sans doute pas, pendant toutes ces années, par nos deux architectes, accédé à une telle radicalité belle, écologique et généreuse et à une telle reconnaissance nationale et internationale.

Ivry-sur-Seine et son centre ville modelé par Gailhoustet et Renaudie étaient alors la preuve de sa gestion remarquable du logement social en France. Ivry-sur-Seine était alors l'honneur du Parti Communiste Français.

Et puis...

Alors que Le Havre est inscrit à l'Unesco, que la Ville de Royan fait un travail absolument remarquable de diffusion et de communication autour de son architecture et de son urbanisme, rien n'est entrepris de tel pour cet héritage à Ivry-sur-Seine et même, depuis peu, on assiste stupéfaits à la détérioration  des particularités de cette architecture et de cette histoire. Ce qui fut un honneur deviendra-t-il une honte ? 

Il faut comprendre la chance exceptionnelle que représente un tel héritage. Comment ne pas même instrumentaliser un tel patrimoine pour faire d'Ivry-sur-Seine la démonstration vivante de l'héritage du Parti Communiste, prouvant ici la validité dans le réel de ses thèses humanistes sur le logement social et d'une utopie prenant enfin forme dans le réel et cela au service de tous ?


Par exemple, les attaques récentes et honteuses contre le Liégat de Renée Gailhoustet et la dégradation du centre Jeanne Hachette de Jean Renaudie prouvent bien le trop peu d'intérêts de cet héritage. Aucune mesure n'est prise pour le respect total de cet héritage patrimonial, pour sa défense et son maintien. Il s'agit d'une œuvre totale méritant un respect complet de son dessin, des détails, de leurs jonctions, de son architecture et du rapport savant des constructions les unes avec les autres. Il s'agit d'une œuvre urbaine qui ne peut être manipulée à l'envi, dont la seule considération serait celle de surfaces libres à remplir n'importe comment, par n'importe quoi. Chez Renaudie et Gailhoustet la mixité sociale et des usages et les circulations font totalement partie de la réflexion des architectes et doivent être manipulées et respectées comme chacune des pierres de Notre-Dame de Paris.


Il en va de l'héritage du Parti Communiste Français. Il ne faudrait pas, alors même qu'il fête son centenaire qu'une illusion d'attention prenne place d'une vraie réflexion. Facebook ne peut pas remplacer un comité scientifique et architectural et un vrai travail de protection patrimoniale. 

Il serait utile de faire classer immédiatement les Tours de Renée Gailhoustet, le centre Jeanne Hachette et le Liègat. Et pourquoi pas, tout comme pour Le Havre de Perret, demander immédiatement une protection par l’Unesco*  de cet urbanisme dans son ensemble, architecture, circulation, etc... C'est maintenant, pour l'Histoire du logement social en France une belle opportunité et pour le Parti Communiste une incroyable responsabilité.


Il faut stopper immédiatement les attaques honteuses contre le Liégat de Renée Gailhoustet et celles du centre Jeanne Hachette, il faudrait entreprendre un travail de fond et une protection des constructions, des paysages et des zones urbaines de ce centre ville d'Ivry-sur-Seine, il faut que cette municipalité, au lieu de se sentir encombrée par ceux qui défendent l'exceptionnalité de cet espace, comprenne qu'elle a entre ses mains, la preuve que l'architecture du logement social pouvait être écologique déjà il y a plus de quarante ans et qu'offrir du logement social intelligent et beau était possible. Votre mairie de Ivry-sur-Seine devrait prendre toutes les mesures de protections possibles, organiser enfin un vrai travail de sauvegarde et de communication, qu'elle comprenne que oui, Renée Gailhoustet et Jean Renaudie ont offert à cette ville l'occasion d'une immense fierté, expression d'un génie humaniste si rare en France. Il faut effacer la honte de ces attaques actuelles et refaire de cet héritage l'honneur de cette ville et en maintenir toutes les particularités et détails dans sa totale et entière exceptionnalité.


Le monde de l'architecture et du patrimoine avec vos citoyens regardent ce que vous ferez de cet héritage. Vous avez avec votre équipe municipale en même temps qu'une immense opportunité l’immense responsabilité d'un bien patrimonial exceptionnel et la possibilité d'entrer dans l'Histoire comme ceux qui auront sauvé cet ensemble  ou comme ceux ayant défiguré et ruiné cette Histoire au profit d'une gestion à court terme et opportuniste.


Soyez Monsieur le Maire respectueux de chaque centimètre-carré de cet héritage.


Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l'Expression de ma Considération Distinguée.


David Liaudet, un amoureux de votre ville, de son Patrimoine et de la logique politique qui l’a construite.


*Tous les critères sont réunis pour une telle demande : https://whc.unesco.org/fr/criteres/


Pour lire ou relire presque tous les articles consacrés à Madame Gailhoustet :

http://archipostalecarte.blogspot.com/2015/03/merci-renee.html

http://archipostcard.blogspot.com/2009/09/la-belle-politesse-de-la-maison.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2019/10/madame-gailhoustet-merci.html

http://archipostcard.blogspot.com/2009/09/la-belle-politesse-de-la-maison.html 

http://archipostalecarte.blogspot.com/2017/06/nouveau-scandale-ouiencore.html

http://archipostcard.blogspot.com/2011/03/depuis-jean-renaudie-renee-gailhoustet.html

http://archipostalecarte.blogspot.com/2014/08/la-logique-de-la-complexite.html

http://archipostalecarte.blogspot.com/2013/09/ivry-par-jean-renee-et-laurent.html

Pour lire ou relire presque tous les articles sur Monsieur Renaudie :

http://archipostcard.blogspot.com/2011/03/depuis-jean-renaudie-renee-gailhoustet.html

http://archipostcard.blogspot.com/2011/07/en-pointe-design-et-architecture-givors.html

http://archipostcard.blogspot.com/2011/09/jean-renaudie-le-modele.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2015/10/jean-renaudie-recadre.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2014/07/jean-renaudie-trois-portraits.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2014/08/la-logique-de-la-complexite.html

http://archipostcard.blogspot.com/2009/10/premier-jour-de-givors.html

http://archipostcard.blogspot.com/2009/09/la-belle-politesse-de-la-maison.html

http://archipostcard.blogspot.com/2008/04/mes-pieds-sont-utiles-3.html

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mercredi 20 janvier 2021

Royan au début de tout

 Salut les amies, salut les amis,

Royan a en grande partie quitté mon domicile pour migrer vers le Fonds du Musée de la Ville pour une donation de ma collection de cartes postales. Quelle joie !

Mais croyez-vous que je sois capable d'arrêter de trouver et de vous montrer des nouvelles cartes pour vous faire rêver de Royan ? Bien entendu que non ! Au contraire, c'est une manière de tenir encore le fil entre ma collection partie en villégiature et moi qui suis resté en Normandie. 

Alors voilà quelques nouveautés qui rejoindront leurs copines bientôt.

On commence sans retard, le bac arrive :


C'est bien une rareté que cette carte postale. Il s'agit de la très belle et disparue petite salle d'attente de la gare du bac. On en a déjà une autre image ici, rappelez-vous 2012... 

https://archipostcard.blogspot.com/2012/11/larlesienne-royannaise.html

Ce qui me stupéfie toujours avec les cartes postales de Royan c'est bien que tous les objets architecturaux, même les plus modestes ont eu droit à leur édition en carte postale, comme pour prouver que partout, absolument partout, tout y était dessiné avec intention et délicatesse. Ici c'est le grand Louis Simon, architecte qui régale avec ce petit bâtiment, particulièrement malin et beau. Oh, on regrette que sur cette carte postale, les belles autos nous gênent un peu pour lire bien l'architecture mais on ne regrettera pas la belle ambiance que cette carte postale dégage. Et à l'arrière plan, n'oubliez pas de jeter un coup d'œil sur le reste de la ville la plus belle du Monde. Un petit bâtiment m'intrigue au second plan c'est celui marqué de l'inscription Maison Tamisier et Cie. On dirait bien un restaurant de fête foraine, mais que faisait-il là ? La carte postale est une édition du fameux Mr Berjaud mais n'est pas écrite et pas datée.




Cette carte postale nous montre Royan en chantier et partout des vides, des espaces à remplir attendent l'architecture de la Reconstruction. Les détails agrandis sont stupéfiants et permettent de comprendre l'ordre des constructions. J'aurais aimé faire la visite de ce chantier avec encore dans les cheveux le sel et le sable du bain de mer.  Quel beau document ! remercions les éditions Combier. La carte postale fut expédiée en septembre 1955 mais je la crois plus ancienne.






Pour finir ce petit tour à Royan, comment ne pas se rendre encore une fois au marché ? J'ai garé la Panhard à l'ombre mais l'ombre a tourné. Dans le miroir de l'enjoliveur de la Panhard, j'essaie de voir en vain le photographe. Est-il allé le soir, avec sa fiancée, voir Lana Turner dans Diane de Poitiers ? Sans aucun doute. Cette fois c'est C.A.P édition qui régale mais la carte n'est pas datée. Le film étant sorti en 1956, on est forcément après cette date.




dimanche 10 janvier 2021

Y'a bon Nichonville

 Il est toujours heureux de trouver une image de plus. Comme si, un cadre supplémentaire permettait en quelque sorte de prouver un peu mieux la validité d'une architecture ou d'être simplement un peu plus informé sur un Monde maintenant disparu.

Qui aurait pu croire qu'un jour nous regarderions les cartes postales de Notre-Dame de Paris avec  nostalgie et émotion car elles sont toutes aujourd'hui des documents de ce qui en a disparu après l'incendie ?

Alors, lorsque les expériences architecturales sont en plus rares, un peu oubliées, voire même détruites, il est heureux qu'une photographie supplémentaire me permette de me conforter dans l'existence de cette expérience.

Regardez, regardez à nouveau, comme si c'était la première fois ceci :


Les fidèles de ce blog auront reconnu les incroyables Maisons-Ballons de Dakar aujourd'hui menacées pour ne pas dire disparues. Cette carte postale doit être bien rare, elle ne comporte au dos aucune information d'éditeur ou de photographe et encore d'architecte : Wallace Neff. On dirait presque une carte-photo. Malheureusement pas expédiée, cette carte ne nous permet pas non plus d'avoir la joie d'une correspondance et d'une date...

Et vous avouerez que la qualité de tirage reste assez pauvre, tout comme celle de la prise de vue peu contrastée. Ne nous reste que le plaisir d'être là au milieu des Maisons-Ballons de Dakar, un peu en hauteur, perdus dans la végétation luxuriante. En bas à gauche de l'image, le petit bordel de bouts de bois est bien un poulailler bricolé et à droite on devine une ampoule qui pendouille mollement devant la fenêtre. Tout cela donne une idée un peu misérabiliste de l'ensemble que le noir et blanc de l'image accentue certainement. La végétation aurait pu avec sa verdure faire chanter un peu mieux cet ensemble. Et ce qui m'étonne c'est bien cette végétation car les cartes postales que je possède de cet ensemble ressemblent plus à cette autre inédite carte postale :


Ici, on devine mieux le plan et l'alignement des Maisons-Ballons, on remarque donc que peu de végétation couvre le sol. Faut-il en déduire un temps assez grand entre les deux cartes postales ? Mais ce qui est amusant sur cette dernière carte postale c'est la correspondance au dos de celle-ci, ne manquant ni d'humour ni aussi de critiques amusées. Je vous laisse lire !


On aimera l'appellation de Nichonville et l'humour sur le soleil qui chaufferait un peu trop la tête des architectes. On devine aussi que l'utilisation du terme Métropolitains est bien une critique sur une distance entre la réalité du terrain et l'étonnement de la réponse architecturale, comme si seul un métropolitain pouvait croire en ce genre de réponse urbaine pour Dakar...

Bien entendu, pour ce qui est de la valeur patrimoniale des Maisons-Ballons de Dakar, c'est à la population locale d'en décider en toute démocratie, avec l'aide des institutions locales de défense du Patrimoine. Pas de doute que, à la fois l'objet et l'origine, malgré l'intelligence des deux, en soit certainement les raisons de leur perte aujourd'hui.

Je vous laisse juge de ce qui se passe et de ce qui pourrait se passer.


Pour ceux qui voudraient relire les anciens articles sur les maisons-ballons ou sur Wallace Neff :

http://archipostalecarte.blogspot.com/2013/06/dair-et-de-beton-wallace-neff-dakar.html

http://archipostalecarte.blogspot.com/2019/08/labbe-pierre-et-sa-boule-zero.html

http://archipostalecarte.blogspot.com/2016/01/le-palmier-la-bulle-et-wallace-neff.html

http://archipostalecarte.blogspot.com/2015/02/wallace-neff-est-gonfle.html

http://archipostalecarte.blogspot.com/2013/07/le-sucre-en-morceau.html



lundi 4 janvier 2021

Mais l'architecture, on entre dedans

Alors que je cherche (en vain encore) le nom du maquettiste qui réalisa les si somptueuses maquettes en bois plein de Architecture Principe, je tombe sur un petit texte de Claude Parent dans son autobiographie, petit texte qui résonne à la fois avec une carte postale reçue récemment et une discussion avec l'ami Louis Lepère sur l'évolution de son travail d'artiste-sculpteur.

Les astres et surtout mon Soleil s'accordent donc en ce début d'année.

Commençons par le commencement, c'est-à-dire par l'objet même de ce blog, une carte postale et une architecture :


Les aficionados du brutalisme à la française, les amoureux des machins biscornus de la Modernité, les chasseurs en Safari de bidules oubliés et les fabricants d'Atlas douteux de formes auront reconnu cette icône : le Château d'Eau de Valence dessiné par le sculpteur Philolaos que nous avons déjà rencontré ici sur ce blog et notamment au Mans où il œuvra avec Andrault et Parat. Je vous laisse chercher, cela vous fera des pieds musclés.

Ce travail remarquable et remarqué est d'ailleurs dans notre guide vénéré d'architecture contemporaine en France et voilà ce que nous en dit Dominique Amouroux :



On est heureux de voir que André Gomis, grand architecte est associé à cette œuvre et même qu'il en serait le commanditaire. On voit aussi comment Dominique Amouroux explique bien que, en quelque sorte, c'est la visite architecturale et le déplacement de l'œil qui permettent d'en saisir le sens comme si la photographie figeait quelque chose d'essentiel à cette construction : sa mouvance. Certes les images en noir et blanc du guide (véritable hommage à rebours à Bernd et Hilla Becher) nous laissent tout de même émus de ce que nous percevons du génie du dessin du sculpteur. D'ailleurs les auteurs du guide proposent bien deux photographies de ce Château d'Eau ce qui prouve leur désir de rendre compte de cette plasticité mouvante de l'objet. Dans le même temps cela signifie bien qu'il est difficile d'en trouver un point de vue idéal, celui qui déterminerait depuis l'image le sens du regard que l'on doit porter dessus. 

Mais. Oui mais. 

Après tout, n'est-ce pas le cas pour toute l'architecture ? N'est-ce d'ailleurs pas le signe même de ses qualités qu'un objet architectural nécessite plusieurs points de vue pour être relativement bien perçu dans son entité ? Pourquoi donc penser que, parce qu'il se voudrait sculptural avant d'être architectural, un objet nécessiterait de fait plus d'images ? Risquerait-on quelque chose à ne voir ce Château d'Eau que d'un seul point de vue ? On sait bien que l'architecture a toujours pu être perçue comme une sculpture pénétrable dont les émotions spatiales seraient déterminées par la visite des formes vides contre le cheminement des formes pleines. La fameuse promenade. Mais la tentation d'image a conduit depuis toujours les architectes à se laisser tenter par une architecture-signe, bloc, faciale, faisant d'un coup image, se résumant à une forme sculptée dont finalement la coque extérieure suffirait à dire le génie. Mais l'architecture, on entre dedans.




Que faire de ce désir et cette nécessité de la pénétration ?

Si j'en crois les images de ce Château d'Eau (que je n'ose pas encore appeler sculpture), si j'en crois seulement mon imagination (puisque je n'ai pas eu la chance de voir dans le réel cet événement architectural), je dirai que ce qui le constitue surtout comme son intérieur n'est finalement pas, bien sûr, ce que contiennent les deux formes accolées l'une à l'autre mais bien l'espace entre elles, cette fente maintenue, se frôlant, donnant presque parfois l'illusion même qu'elles se touchent. C'était aussi en quelque sorte, dans un objet bien loin formellement de cette sculpture ce qui se produisait de poétique au World Trade Center de Yamasaki, la chance que le point de vue donne finalement l'illusion superbe que les deux tours finissaient par parfois se toucher. Comme les deux mains assemblées de Rodin qu'il appela... Cathédrale



Faut-il donc se plaindre que parfois l'architecture prenne le risque d'un baroque formel plus fort que son unique fonction ? Faut-il rapprocher ce désir de fondre la fonction dans une forme de Design dont l'échelle pourrait réduire la forme à celle d'un vase ? Doit-on oublier les fonctions qui, trop terre-à-terre ne seraient pas dignes de faire des formes ? La gratuité esthétique est-elle payante dans un objet se voulant comme un signal, fabriquant pour une Z.U.P un événement culturel, un choc, une grandiloquence ? Les Becher nous ont appris à aimer la variété formelle parfois indigente des réservoirs, à s'amuser des différences, des faiblesses de certains. Mais leur inventaire ne nous fait jubiler finalement que par la multitude et l'œil alors aime ne plus s'arrêter et éprouve une autre mouvance, celle des formes toujours renouvelées et toujours finalement identiques. C'est pour cela qu'en architecture, il est ridicule de se réfugier dans la typologie. Ils nous ont appris à aimer même et surtout les Châteaux d'Eau normaux. Fallait-il qu'il soit exceptionnel pour qu'on supporte la présence de celui-ci dans le paysage de Valence ?

Alors que faire de ce va-et-vient profond et répété entre la sculpture et l'architecture ? Rien. Surtout apprendre que les formes répondent à une fonction (programme) ou à un rôle (culture) et doivent être justes c'est-à-dire aptes en effet à faire oublier justement ce qui les fonde. C'est pour cela que l'on jubile dans le même temps d'une grotte, d'un supermarché, de l'espace infini d'un horizon ou du dessous de la table à manger.

Reste que l'architecture inutilement torturée pour faire une forme est une erreur et que tout ce qui est constitué d'un vide dans le dedans d'une forme n'est pas une architecture. Dubuffet aurait pu convaincre de cela Gehry.

Voyons donc ce que nous dit Monsieur Parent :





Bien entendu que Monsieur Claude Parent utilise l'exemple du Château d'Eau pour construire son attaque dans un ouvrage contemporain de celui de Philolaos ne laisse que peu de doute sur celui à qui s'adresse cette attaque... Enfin... j'en suis quasiment certain. Il devait préférer celui de Gaston Jaubert. On s'amusera aussi de l'utilisation de la claustra qui résonne aujourd'hui avec celle de Jean Nouvel à l'Institut du Monde Arabe, comme si, bien des années après, l'élève avait voulu faire enrager le Maître ! On reparlera de Gilioli un autre jour.

Il est donc bien difficile de faire la part des choses car, avant même de savoir souvent on ressent et ce sentiment spatial, cette émotion n'a que peu à faire avec son origine de sculpture ou d'architecture. Il y a des formes justes et juste des formes pour faire un jeu de mots facile. L'architecte sculpte son espace, c'est évident. Reste à savoir quels principes il utilise pour ce faire. Et la jubilation de l'œil ne suffit sans doute pas. On sait aussi que notre culture architecturale nous permet bien aussi une jubilation plastique dans la transparence des principes constructifs. C'est là la belle invention du néo-brutalisme par Banham. Il ne faut pas s'y tromper comme le malheureux Chadwick. 

Pour finir, je vous donne les informations nécessaires : la carte postale est une édition de l'Association Philatélique de Valence dont le photographe est Jean-François Sbardella. La carte postale nomme bien (merci!) le nom de Philolaos et celui d'André Gomis comme architecte. Il s'agit donc certainement d'une carte postale éditée pour constituer des entiers philatéliques et pas d'une carte postale distribuée sur les tourniquets.

En effet, le Château d'Eau a fait l'objet de l'édition d'un timbre que voici :