lundi 31 décembre 2012

Le plus mauvais architecte du Monde



 Yves Gasteiz pose fièrement devant une partie de son œuvre architecturale à Lanzarote-Arrecife.
Il faut dire que, dans sa carrière, il a eu peu l'occasion de s'exprimer avec autant de générosité sur un terrain propice à sa créativité.



Ses lunettes de soleil sur le nez, il ne peut s'empêcher de penser à ses camarades de promotion de l'école d'architecture qui se moquaient bien de ses rendus. Même les enseignants d'alors se demandaient comment il avait pu finir ses études et obtenir son diplôme. Il savait sans doute mélanger sa bonhomie, son caractère douceâtre et sa fainéantise en un cocktail d'indifférence qui faisait qu'il était simplement là. On pouvait compter sur lui pour finir une maquette, gratter un calque, accrocher un projet. Ses camarades se servaient certes un peu de lui mais il n'en était pas dupe et il savait qu'il avait ainsi une porte ouverte vers l'année supérieure. Yves Gasteiz n'allait jamais aux conférences, ne participait à aucun "chantier d'idées" et sa philosophie architecturale et son rapport à la sociologie du bâti se résumaient aux volontés du client et à la date du rendu. Il n'était jamais charrette.
Il pourra bien leur dire maintenant à ses camarades que lui aussi construit dans les plus beaux endroits du monde et pas pour faire du logement social.
Alors Yves Gasteiz abîmera un peu ses mocassins en cuir pleine fleur sur les rochers de Lanzarote. Il regagnera le chantier encore frais derrière lui. Avec un sentiment d'autosatisfaction, il regardera les premiers locataires prendre leurs marques dans des lieux qu'il aura dessiné sans énergie, sans idée et même avec un certain cynisme en répondant à l'exact aux désiderata du promoteur monégasque. Mais quoi ?
Il faut bien que quelqu'un fasse ce travail...
Alors pourquoi pas lui.



Dans son agence, il avait pris une jeune stagiaire chinoise, Su-Li. Elle venait à Paris pour voir la Ville-Lumière, trouver les traces des grands architectes modernes. Mais la routine de l'agence ne permit que peu de profiter des connaissances historiques de son jeune patron. Elle grattait toute la journée sur des projets pour Merlin-Plage des plans dont la seule modernité était l'utilisation à outrance des décalcomanies Letraset. Pourtant Leur relation trouva une sorte de compromis. Non pas un amour fou et romantique, mais une sorte de mutualisation des intérêts. Lui trouvait Su-Li charmante et disponible, elle trouvait Yves bien installé et avec, sinon des attraits amoureux, quelque chose de respectable et de jovial.



Lors d'une soirée au Dancing, il lui demanda de l'épouser. Elle lui dit oui.
Mais bien vite Su-Li s'ennuya à Paris et elle ne sait pas bien encore comment, elle réussit à le persuader d'aller s'installer en Chine. Le pays commençait à s'ouvrir et elle pensait que le pragmatisme de son nouvel époux pourrait bien lui être utile. Elle avait en quelque sorte l'énergie nécessaire à l'ambition molle de Yves. Ils quittèrent Paris et l'agence qui resta pourtant ouverte pour des menus travaux d'exécutions rapides et bien faits, seule réputation de l'agence d'ailleurs.
Bien vite les relations de la jeune épouse firent merveilles et Yves Gasteiz fut totalement surpris devant les capacité de Su-li à trouver des marchés, à prendre des rendez-vous et à concrétiser des projets.
Le plus gros contrat fut la réalisation du village asiatique des Jeux.



Sur un terrain immense il fallait bâtir des tours pour loger du personnel, des athlètes. Il dessina en deux petites heures une tour qu'il fit copier à l'envi par deux jeunes arpettes chinois sous l'autorité ferme de Su-Li. On posa les maquettes les unes à côté des autres sans plus de questions. Et à peine huit mois plus tard, la totalité des tours était construites.
Yves Gasteiz n'allait jamais sur le chantier. "Et pour quoi faire ? J'ai toute confiance " disait-il.
A la fin des années 80, il revint en France seul. Il laissait à son épouse chinoise le soin de développer l'agence à Pékin. Il avait prétexté un nouveau chantier en France pour ce retour qu'il savait pourtant définitif. Sa couardise ne lui avait pas permis d'expliquer ce désir de retour à Su-Li.
Il trouva son agence en train de terminer un collège à La Crau.



Il reprit les plans en main et vida le projet de toutes les particularités un rien audacieuses du jeune architecte qui faisait le dessin. Il voulait un collège "vraiment éducation nationale". Le collège fut construit.
Puis vint le projet de Cotonou :



Une tour pour une banque. Il ne fit même pas l'effort d'aller sur place. Ce fut sans doute son dessin le plus audacieux. A vrai dire, il n'y croyait pas. Mais là encore, sa rapidité, son sens des objectifs et surtout sa totale soumission aux désirs des clients permirent la concrétisation de ce projet.
Les stagiaires ne tenaient pas longtemps dans l'agence. Certains partaient sans même que le patron s'en aperçoive. Simplement un matin, ils oubliaient de venir non pas que le travail fusse trop difficile mais simplement parce que l'ennui des projets et le rapport à l'architecte était vraiment sans grande humeur. Pourtant il savait parfois, Yves Gasteiz, piquer une colère. Surtout quand un jeune freluquet osait une fantaisie. Les jeunes de l'agence le surnommaient  "la gomme".
La gomme arrive, range ton calque ! La gomme a encore oublié son diplôme ! La gomme va encore inventer une boîte !
On trouva un beau matin, sur la table du patron, un dessin gouaché pour un hôtel à Prague. Ce fut l'étonnement général :



 il y avait bien sans doute là, non pas un chef-d'œuvre, mais une amorce, une sensation étrange qui surprit bien le personnel. Sa radicalité formelle, sa dureté et presque sa brutalité donnaient à ce projet d'hôtel une certaine force qui laissait transparaître un possible sursaut.
Mais ce fut la seule et dernière fois.
Yves Gasteiz partit un beau matin de l'agence. Il dit "au revoir" en laissant son trousseau de clefs sur le bureau.
Il paraît qu'il vit seul, au bord d'une plage, dans un cabanon construit de ses mains.
Sans doute la seule vraie belle architecture d'Yves Gasteiz.

dimanche 30 décembre 2012

Philippe Lorin prend l'avion sous gouache.




Nous allons encore faire un peu de transversalité inter-blog.
Et comme il s'agit d'une sorte de voyage, nous verrons que l'objet ici est parfaitement adéquat.
J'aime les réponses graphiques et leurs traductions. Vous savez que souvent, les livres pour enfants (enfantina comme on dit) offrent cette capacité à saisir comment un objet architectural fut reçu par son époque.
Philippe Lorin dans son superbe album L'aéroport publié en 1974 chez Rouge et Or nous offre l'occasion de visiter cet objet étonnant encore pour cette époque, mais en train de se populariser. Les éditeurs ont donc décidé sans doute pour permettre aux enfants d'en avoir moins peur et de mieux en apprécier la modernité de réaliser cette édition.
Quelle qualité !
Mêlant photographies explicatives et planches en gouache de couleurs délicates posées en aplats d'une grande subtilité, Philippe Lorin donne à voir la mécanique spatiale de l'aéroport. Tout y passe !
Les avions, les bagages, l'enregistrement et on comprend mieux finalement le programme architectural d'un aéroport ! J'imagine que de jeunes architectes voulant saisir l'exercice d'une telle construction pourraient dans ces quelques pages en saisir toute la complexité ici décortiquée, analysée avec une jubilation graphique que j'aime beaucoup.
Regardez bien cet esprit synthétique, cette simplicité précieuse du dessin mais surtout l'utilisation des aplats de couleurs comme découpés dans des papiers.
C'est lumineux.
Et j'y retrouve finalement cette sorte de désir didactique, cette objectivité instructive des cartes postales :
les objets pour ce qu'ils sont, donnés à voir simplement mais pas trivialement. Regardez comment Philippe Lorin montre le génie de Paul Andreu à Charles de Gaulle. Comment il en saisit l'esprit.
Réjouissant non ?



carte postale éditions PI



carte postale éditions PI 1974






carte postale éditions PI







détail carte postale éditions PI 1974





détail carte postale éditions PI 1974
détail carte postale éditions PI 1974







vendredi 28 décembre 2012

La belle image

C'est difficile parfois de comprendre pourquoi on aime une image.
Parce que l'évidence claque comme une porte devant notre jugement.
Pourtant c'est certain, il y a de belles images :



Cette carte postale de Suresnes est certes un peu plus ancienne que celles que je publie d'habitude mais avouez que sa beauté plastique est grande. René Gallois semble en être l'éditeur et le photographe. Il précise même René Gallois artisan...
La place de la Société des Nations et l'avenue de Sully font les espaces de cette cité-Jardin. Mais l'image produit un effet d'espace, une clarté des vides, une jubilation de la minéralité des lieux très étonnants. D'abord le resserrement du ciel sur le milieu de l'image vers le porche.



Puis la trouée fortement éclairée de ce dernier offrant dans une netteté incroyable une fuite vers le fond de l'image. La netteté d'ailleurs de l'ensemble est époustouflante ! A cet espace blanc du ciel répond celui régulier du sol seulement parcouru dans son étalement par la ligne plus sombre des bordures de trottoirs et l'ombre délicate des bâtiments que nous avons dans notre dos.
Puis vient sur ce décor planté la belle topographie hasardeuse mais si régulière des trois personnages du premier plan séparés à exacte distance les uns des autres.



A gauche un jeune homme à la casquette, main sur la hanche semble viser l'enfant à vélo à son opposé. Ce dernier, le plus jeune des trois garde sa distance avec son aîné qui trône fièrement au quasi centre de l'image. Une fois encore nous pourrions gloser sur cette distance entre l'enfant et le photographe des cartes postales : entre respect, désir de voir, désir d'être sur l'image et besoin du photographe d'animer sa vue.

 

Culotte de golf, casquette à larges bords suffisent à dater cette image au premier coup d'œil. Les silhouettes sont bien marquées par leur époque. Mais je suis à nouveau immédiatement noyé par les sentiments d'un temps passé, d'une nostalgie aggravée par ma connaissance des événements à venir. Je sais que ce que vivront ces jeunes adultes et enfants sera d'ici peu effroyable. Comment ces gamins vivront-ils leur adolescence sous l'occupation ? Comment ce décor ici magnifié deviendra peut-être la géographie d'un drame, d'une jeunesse volée ?
Je suis un incorrigible calculateur et toujours devant les images anciennes je mesure par les dates les âges des personnages face aux événements de l'Histoire. C'est une orientation terrible qui ne laisse que peu de chance au vrai bonheur suspendu des images. Une lucidité affreuse mais sans doute nécessaire à ma conscience d'un temps suspendu qui ne vaut rien face à l'implacable Histoire. Et ici la Société des Nations parcourue sous la forme d'une place par des enfants en bicyclette est une ironie. La paix attendue et rêvée que pourrait porter dans sa construction d'espace cette place et son architecture ne durera que le temps de cette carte postale.
Sans doute que René Gallois le savait lui.
Pourtant il a rendu hommage à cette architecture et à ceux pour qui elle était destinée. Une architecture progressiste, une architecture sociale et belle parce que formée et montée autant de briques que d'espoir.



En haut, une fenêtre est ouverte, une silhouette aussi nous regarde.  Elle regarde cet espoir. Nous regardons aujourd'hui une image. Nous n'avons plus que cela.



jeudi 27 décembre 2012

Super, Super Lioran

Encore sous la neige :



Au premier plan de cette carte postale In 'Edite, les enfants sont habillés chaudement de couleurs vives sans doute pour ne pas les perdre dans la neige.
Le photographe Jean Daniel Sudre a organisé trois plans successifs. Le premier est consacré aux enfants et donc aux activités de montagne. Le second, celui qui nous intéresse, est celui de la localisation. Le dernier est celui du paysage. On pourrait assez facilement penser que cette organisation spatiale d'image est aussi celle de l'architecte Vittorio Mazzuconi. En effet, c'est bien lui qui a dessiné et imaginé cette station du Super Lioran dans le Cantal. Mais si nous verrons plus loin les objectifs architecturaux et programmatiques de ce projet, j'aime à tenter de lire les images pour ce qu'elles offrent.
Regardons bien.
Trois plans successifs donc, mais aussi un photographe pris par la nécessité de faire une image commerciale qui devra en un coup d'œil rapide séduire parmi des dizaines d'autres les acheteurs. Il faut donc dire l'essentiel : la neige, la joie, le paysage, sa particularité locale.
Ne l'oublions jamais, la carte postale est un objet de "reconnaissance" et de projection de soi dans une image. D'où un nécessaire et perpétuel besoin d'actualisation pour que les objets de design d'une époque soient bien la vôtre : vêtements, automobiles, attitudes, et... architecture. Ce besoin est aussi toujours accolé à un autre désir contradictoire : le cliché. Une carte postale doit être "une carte postale" et l'originalité, le dépassement de cette école ne sont pas les bienvenus d'un point de vue commercial.
C'est un équilibre permanent.
Ici, il est atteint.
L'acheteur aura bien les montagnes sous la neige qu'il est censé trouver sur place, il pourra dire le sport, les enfants et même la colonie de vacances avec ce groupe. Il pourra dire le ciel bleu et la joie de vivre. Et en plus, la modernité de la station avec la construction de Vittorio Mazzuconi qui ressemble elle-même à une montagne fera la particularité du lieu de villégiature.
Pourtant si on s'attache encore un peu au détail, si on déborde l'habitude normale de regardeur en allant chercher aux marges, on trouvera un autre indice : une grue.
Dans le paysage, par erreur d'égarement et nécessité de cadrage, elle donne une information importante : la station de Super Lioran n'est pas achevée !
Or la carte fut expédiée en 1992 ! Donc... cette carte postale a fait la joie des éditeurs et des tourniquets pendant au moins dix années !
Preuve parfois de la solidité de reconnaissance dans un cliché ! Ou d'un marché de la carte postale au début des années 80 qui s'essouffle un peu...



Une autre carte postale aux éditions du Gabier pour Artaud cette fois nous permet d'apprécier un autre élément du projet de Vittorio Mazzuconi pour Super Lioran.
Le "Rond-Point" forme un cylindre percé de fenêtres et d'ouvertures étrangement disposées. Les structures en lamellé collé débordent du volume lui-même comme pour en affirmer la structure. C'est réussi même si la couleur est sans doute un peu sombre. On se demande d'ailleurs si ces éléments débordant la façade ont une quelconque utilité structurelle car depuis cette image, ils ne semblent rien soutenir ni porter ! A moins que la charpente du toit en débordant ainsi trouve pour son poids un point d'appui dont les forces sont récupérées par ces sortes d'arcs-boutants posés sur les colonnes de béton blanc que l'on devine.
Mais un détail aussi m'amuse c'est la vision des tourniquets de cartes postales devant le centre commercial et cela provoque toujours chez moi une mise en abîme prodigieuse. La carte postale se représente elle-même... Remarquez comme le photographe malin a attendu le passage du téléphérique rouge qui apporte à la fois un contrepoint coloré mais aussi donne à l'image une valeur encore plus montagnarde !

On trouvera sur le très foisonnant site de l'architecte Mazzuconi, toutes les informations nécessaires :
http://www.vittoriomazzucconi.it/eng/fondazione/mazzucconi.asp

Dans l'excellente et riche revue Art et Architecture, collection formes+fonctions d'Anthony Krafft, on trouve un long article sur Super Lioran. Il faut dire que cette revue annuelle ressemble plus à un beau livre. Il faudra faire un jour un hommage à cette publication, qui a pour autre attrait d'avoir publié régulièrement des articles écrits par et sur Claude Parent. Mais regardons les pages consacrées à Super Lioran :

















mardi 25 décembre 2012

une année à rebours

Comme l'an dernier, il est temps de dresser un petit bilan de l'année écoulée. Voyons un peu comment ce blog a pu réaliser parfaitement ou non ses objectifs.
Nous avons cette année :
Rendez-vous à Sens pour accompagner Brigitte Cornand sur son tournage de documentaire sur Claude Parent
En mars nous avons déposé la demande officielle de classement pour Ris-Orangis.
En avril nous avons tenté sans succès malheureusement de sauver Vélizy-Villacoublay
Nous avons fait une conférence au Musée de la Carte à Jouer à Issy-les-Moulineaux
Nous avons exposé la quasi-totalité des cartes postales sur Le Corbusier lors de la Quinzaine Radieuse à Piacé-le-Radieux 
Le Comité de Vigilance Brutaliste (avec Thomas Dussaix) fut en résidence à Royan en septembre.
Nous avons tenu une conférence sur Royan au Café Perdu de Rouen.
Nous avons participé à la manifestation du CAUE de Bourgogne autour de Claude Parent pour célébrer l'inscription de son centre commercial de Sens.
Nous avons été accueilli par la revue Strabic pour un article sur le balnéaire.

L'année fut donc bien riche.
Je me dois de vous remercier aussi tous les donateurs généreux (et si nombreux !) qui ont envoyé une ou des dizaines de cartes postales, ceux qui m'ont envoyé des livres, des articles, des précisions ou même des témoignages précieux sur les architectes ou les photographes.
Merci aussi à tous les chercheurs, universitaires, étudiants, journalistes qui piochent avec allégresse dans mon fonds d'images. Votre confiance m'honore et je reste à votre disposition pour ce partage.

L'année fut triste aussi avec la disparition de l'émission de Monsieur Chaslin : Métropolitains
Et, bien évidemment récemment avec la disparition de Monsieur Oscar Niemeyer auquel je dois tant et tant de joies architecturales.
Il faudra poursuivre notre combat patrimonial cette année et la liste des menaces est encore longue...
Je m'occuperai plus particulièrement cette année de l'œuvre de Claude Parent à Ris-Orangis surtout après la honte de la destruction de Vélizy-Villacoublay.

Cette année fut aussi celle du changement d'adresse de votre blog pour des raisons de saturation d'images !
214 articles cette année 2012 ! Et cette ancienne adresse reste ouverte et la nouvelle à votre disposition pour raconter vos histoires.
Le cumul des deux blogs nous donne toute de même un peu plus de 570 000 lectures !

Alors je vous remercie pour cette année, j'espère et je sais que l'année 2013 sera particulièrement riche notamment avec l'exposition à Royan dans le cadre du mois de l'architecture en avril.
Mais dès le début de cette année, donnons-nous rendez-vous à Perpignan pour la manifestation "le Design s'expose".
2013 débute sur les chapeaux de roue !
Vite ! Tous à Perpignan pour sa programmation fantastique ! 
Je serai en conférence le vendredi 11 janvier et vous pourrez voir une partie de ma collection de cartes postales autour de la "Mission Racine" et des piscines Tournesol.

Soyez combattifs, soyez attentifs à votre Patrimoine Moderne et contemporain ! Adhérez à des associations, signez les pétitions ! Pour Métal 57, pour Ris-Orangis !
Belle et bonne année architecturale 2013 à tous !

David Liaudet
pour le Comité de Vigilance Brutaliste

http://www.docomomo.com/

http://www.notre-dame-royan.com/animations/fetes-des-lumieres-2012/

http://www.piaceleradieux.com/



lundi 24 décembre 2012

Noël blanc sur la planète Hoth

Je vous le dis de suite : je n'aime pas la neige.
Je n'aime pas ce froid blanc faussement gentil qui pèse un âne mort. Je n'aime pas cette boue en devenir qui par sa blancheur nous leurre. Je n'aime pas la paralysie active qu'elle maquille sous les joies enfantines. Je n'aime pas les batailles de boules de neige et les recevoir dans le cou. Je n'aime pas le ciel qui va avec, d'une lumière d'hôpital blanche et mortifère.
Mais je ne vais tout de même pas un jour de Noël priver mes lecteurs et lectrices qui aiment la neige de la voir sur les architectures et sur des cartes postales.
Vive la neige !



Nous voici de retour devant une vieille connaissance. Notre-Dame-des-Neiges de l'Alpe d'Huez  (par Jean Marol architecte), et qui n'a jamais aussi bien porté son nom que depuis cette carte postale Cap expédiée en 1971. Ce qui est spectaculaire c'est bien que l'amas de neige forme une sorte de paysage post-apocalyptique dont seul émergerait un silo d'envoi de missiles nucléaires !
Le "clocher" en béton brut reste seul dressé dans le blanc comme perdu sur la planète Hoth. Sans doute qu'un Tauntaun va surgir bientôt !
Pour ceux qui auraient oublié comment est construite cette église Notre-Dame-des-Neiges la voici sur une carte postale en multi-vues aux éditions Cellard. Les plus attentifs remarqueront une transformation du dessin du "clocher".



Comme une saignée géniale, comme la preuve absolue que construire n'est pas camoufler, le "versant-sud" de Bourg Saint Maurice aux Arcs.



Une veine tellurique trouvée dans la roche, un balcon de bois frais se pose dans un paysage l'accompagnant, le soulignant de sa parfaite géométrie et vient, geste magnifique, dans un creux se lover.
L'Atelier d'Architecture des Trois-Arcs fait un travail superbe avec la remarquable conjonction des talents de Charlotte Perriand et Gaston Regairaz, travail que la neige et son appétit rendent nécessaire. La carte postale Combier rend parfaitement hommage à cette construction. Au fond on devine les chalets "Arc Pierre Blanche" du même Atelier d'Architecture des Trois Arcs mais surtout de Bernard Taillefer.






 Le travail des Arcs reste un chef-d'œuvre parfait de compréhension du paysage, des usages et des choix architecturaux. Un travail d'équipe où ne domine aucune personnalité mais bien des idées partagées de ce que c'est que de "prendre" un paysage : un modèle qu'il aurait fallu suivre.



Sur le timbre de cette carte postale, le beau logotype de Pierre Faucheux vient se poser sur la Marianne.
Plein la face !
Et ceux qui l'aiment cette neige se réjouiront de ce photographe qui s'amuse des murs blancs :



la carte postale Iris ne nous dit pas grand chose de cette architecture brutale et éphémère. Elle ne nous dit rien non plus de ce photographe photographié à son tour. Deux collègues travaillant ensemble pour cet éditeur ?
Un vacancier surpris en pleine admiration et permettant au photographe de donner l'échelle de ce mur de neige ?



Son point de vue sur ce mur de neige a l'air pourtant bien original. Sa contre-plongée sur la blancheur et le bleu du ciel doit avoir produit une belle image. Sans doute, un jour, au hasard de recherches, je tomberai sur ce cliché édité en carte postale.
Cette possibilité me ferait presque aimer la neige.