lundi 28 mars 2022

Le cul sur le Grès Cérame

Dans l'histoire de la Modernité en architecture, peu de matériaux et même de marques de sociétés sont ainsi associés à l'idée-même de fonctionnalisme, d'hygiénisme mais aussi de couleur et de solidité.
Passer dans le langage populaire et devenu un indice d'une époque (celle à laquelle nous portons de l'attention ici) le Grès Cérame en est bien un marqueur historique, presque une icône.



Il suffit d'ailleurs de trouver dans le flot des cartes postales publicitaires ces deux exemples pour être certain que cette société fait bien partie de notre imaginaire d'une architecture moderne. Et, au verso, la marque elle-même se définit dans son slogan : Clair, lisse, propre, le carreau de Grès Cérame est le synonyme de confort et de santé.
Peut-être que ce que nous trouverions un peu exagéré aujourd'hui c'est bien de faire appel à la santé... mais cela indique bien ce désir d'hygiène. C'est bien pour cela que l'enfant touchant directement le sol est une image forte. Le Grès Cérame c'est en quelque sorte le Formica du sol. Et si la petite fille est assise sur une petite serviette c'est sans doute que le Grès Cérame ça fait propre mais ça fait aussi froid aux fesses ! On voit que le photographe resté anonyme place la fillette sur une belle surface en damier dont on ne contextualise pas l'architecture. Elle est littérallement dans une abstraction géométrique dont la seule fonction est bien sa proximité avec le matériau ici vanté. Qu'importe où elle se trouve et dans quoi elle se trouve (une école, un hôpital, une maison) ce qui compte c'est bien de montrer que le Grès Cérame est totalement inoffensif pour sa santé, approprié aussi pour faire du sol un nouvel espace sûr à explorer. Peut-on aller jusqu'à le croire devenu, ce sol, un nouvel espace architectural, un peu comme dans certaines civilisations asiatiques où tout se passe sur ce sol justement, à terre ?
Est-ce à cette idée que cède cette incroyable autre carte postale de la société ?



Il ne fait aucun doute qu'il s'agit-là d'une démonstration de force ! Un chef-d'œuvre du carrelage du XXème siècle ! Mais où, pour quoi et pour qui cette carte de France en carrelage a-t-elle été fabriquée ? La carte postale ne nous donne pas la réponse. Alors ? On pense bien entendu à une école mais cela pourrait aussi être une gare de train ou d'autobus ou tout simplement aussi, un peu comme l'escalier ici, le sol du siège social de l'entreprise voulant ainsi montrer ses capacités ! La carte de France est en effet énorme !
Comme nous aimons ici nous étendre sur les fournisseurs pour l'architecture et que nous aimons voir comment ils se représentent en cartes postales, je ne résiste pas à vous montrer celle-ci :



Nous sommes au bord d'une Boring Postcard de Martin Parr mais il va de soi que la Société Pittard de carrelages à Nantes doit bien s'en moquer. On notera que le photographe de cette carte postale publicitaire, Monsieur A. Pittard lui-même ne devait pas beaucoup se préoccuper de ce rapprochement possible entre son travail de vente de carrelage et la photographie contemporaine et que c'est sans doute la maison des éditions Miegeville-Deleville qui lui aura demandé de faire ce cliché pour économiser un photographe professionnel.. .On aimera la grande clarté de cette façade, sa blancheur presque comme un cabinet médical. Trouvions-nous alors, chez ce fournisseur, les beaux carreaux de Grès Cérame ?
Je vous redonne à voir cette autre carte postale publicitaire que les plus fidèles ont déjà vue il y a onze ans. Quand c'est bon, c'est bon :



Il s'agit là encore d'une publicité, cette fois pour un autre fournisseur iconique : Cérabati.
La carte nous indique seulement que les carreaux de cette charcuterie sont des 10x10 et nous donne l'adresse de la société à Paris. La charcuterie est au Havre, voilà qui doit nous suffire. Bien entendu, l'alliance de la charcuterie et du carrelage montre bien là encore la fonction hygiénique de ce type de matériau et sa capacité industrielle : propreté et modernité. La monochromie spatiale du bleu juste perturbée par les saucisses pendouillantes et la jeunesse du charcutier pourrait nous suffire à une lecture disons plus érotique. Non ? Pas vous ? Ah... Pardon.


lundi 21 mars 2022

Pareil pas pareil, le duo Maillard Ducamp

Il y a certainement quelque chose de fascinant à ce que l'édition de cartes postales rende compte de l'édition de l'architecture. En effet, comme nous le suivons sur ce blog avec les piscines Tournesol ou Caneton, certains objets architecturaux réalisés en série sont bel et bien diffusés en série par ce médium populaire. On croit donc souvent revoir une construction que nous connaissons déjà alors qu'il s'agit d'un même modèle construit ailleurs. La mémoire fait ainsi des bonds et il est curieux de se voir piégé d'un lieu à un autre. Et puis, il y a des architectes qui ont, pendant leur carrière, tenté de diffuser partout où cela était possible un système constructif et structurel permettant de répondre à chaque fois d'une manière similaire. Voir par exemple Michel Duplay.
C'est bien aussi le cas des architectes Maillard et Ducamp.
On peut s'en apercevoir d'une manière assez simple en prenant notre guide vénéré et en s'apercevant du nombre d'entrée dans ce seul guide : 9 ! Et Archires aussi nous donne plein d'entrées également, surtout des piscines d'ailleurs.
J'avoue aimer retrouver cette silhouette si particulière des piscines dessinées par le duo Maillard et Ducamp et de le reconnaître mais aussi, chaque fois, avoir un doute sur sa localisation, à cause justement de la multiplication de ce modèle.
Regardez :





Il est certain que cette écriture architecturale reste facilement identifiable et que depuis une simple carte postale on pourrait se penser devant la même piscine ! Or, nous sommes, dans l'ordre à Tournon, Montbard, Avallon, Orsay et Château du Loir !
Toutes des piscines donc ayant comme architectes Maillard et Ducamp et leur fameux et très beau système de construction en béton. Vous me direz que nous avons l'habitude de la préfabrication des piscines pendant cette période avec les Piscines Caneton ou Tournesol mais ici, loin de l'image de légèreté et d'atterrissage de ces modèles, nous avons une mise en œuvre du béton précontraint et d'un jeu très subtil et formellement réussi de points portants et de points d'extension. C'est d'une grande beauté et intelligence structurelles, celles du Brutalisme à la française, c'est à dire alliant d'abord une efficacité à une esthétique. 
Et ce travail fut largement édité et diffusé dans les revues de l'époque.
Par ordre d'apparition donc :

1 une édition Combier expédiée en 1970 qui nomme les architectes Maillard avec Ducamp-Roche pour cette piscine de Tournon. Difficile de savoir pourquoi ici le nom de Ducamp est associé à Roche. La jeune Véronique indique que le camping est très propre. C'est déjà ça. On admire le travail du photographe qui réussit, tout en étant proche, à nous faire voir à la fois le bassin extérieur et la façade superbe de la piscine. Admirons le travail du béton, la succession des courbes et des ouvertures.

2 une édition la Cigogne pour cette piscine de Montbard qui nomme bien les architectes Ducamp et Maillard (DPLG) et associe également les architectes Jouven et Phelouzat, également DPLG. Certainement les architectes qui ont suivi sur place la mise en ordre. Pas de date d'expédition ni de photographe. Comme la structure est ouverte en partie haute, on peut admirer la structure et le remplissage ici des espaces non plus par du béton mais par des briques.

3 une carte publiée par les Éditions Nivernaises qui nous montrent donc la piscine d'Avallon. Les architectes sont bien nommés, Maillard et Ducamp, la carte fut expédiée en 1970. Le photographe se place hors du terrain de la piscine, cadre donc d'un peu loin celle-ci. N'a-t-il pas eu l'autorisation de rentrer, n'avait-il pas pris son maillot ou bien a-t-il décidé d'installer la piscine dans son décor urbain ? On note, là aussi, un remplissage par la brique.

4 une édition Combier pour cette carte de la piscine d'Orsay. La carte nomme bien le duo Maillard et Ducamp et y ajoute Monsieur Hubert comme architecte d'opération. J'aime qu'il y ait si peu de monde dans son grand bassin, la couleur de l'eau et le store rouge vif lui donnent beaucoup d'allure aussi. On notera que la piscine est accessible par une immense rampe qui longe une bâtisse ancienne... C'est étrange cette rampe. Les huisseries en bois sont superbes. La carte ne fut pas expédiée ni datée et ne comporte pas de nom de photographe.

5 une édition Abeille-Cartes pour Lyna (écrivez-moi) nous montre donc la piscine de Château du Loir. La carte fut expédiée en 1976 mais la carte est plus ancienne sans doute. On note que, cette fois, les architectes sont oubliés mais que le photographe Monsieur Serge Henry est lui bien nommé. Aurait-il fait partie d'une équipe de la célèbre maison Lyna ? On note le peu de monde dans cette piscine ce qui fait rêver. L'architecture de Maillard et Ducamp se déploie le long du bassin, tranquillement. Une image d'un certain idéal.

Si, dans vos promenades, vous voyez une piscine Maillard-Ducamp dites-vous bien que vous avez en quelque sorte un don d'ubiquité architecturale. Ne nous reste qu'à trouver un jour une carte postale de l'intérieur pour compléter notre admiration de ce beau travail structurel.

Pour revoir toutes les piscines Tournesol ou Caneton (vous avez du boulot...) :


samedi 19 mars 2022

Tout Tougard, ce serait bien

J'aime toujours autant à Rouen regarder la Tour Tougard, aujourd'hui Résidence Mac Orlan. Aucune face de cette tour n'est identique et sa modernité qui s'élève un peu seule dans le ciel de Rouen Rive Gauche me ravit. Je ne manque donc jamais une occasion de la regarder et de la signaler.
Monsieur Tougard est un architecte du coin, un provincial qui a bien fait le boulot, qui a su apporter dans notre région les héritages de Perret, de la Modernité, une certaine écriture de la Reconstruction : franchise, clarté, jubilation des formes et classicisme tranquille.
Il est donc toujours heureux de le croiser et de découvrir des cartes postales qui représentent son travail. On en a déjà vu sur ce blog ici par exemple :

En voici deux qui nous présentent le Casino de Dieppe :





La première est vraiment superbe ! On y voit très bien le travail de l'architecte et la façade affiche franchement sa modernité contre le Château de Dieppe. Grandes baies pour regarder la mer en face, contraste entre la blancheur du béton et les pierres bien rangées (hommage et intégration aux pierres du Château), tout concorde pour que ce Casino ne se refuse pas à son moment contemporain. On aime aussi le vide de la carte postale, une édition Estel expédiée avec la Marianne de Cocteau en 1967, année de son retrait. On notera que cette carte Estel ne donne pas le nom de ou des architectes ce que ne manque pas de faire la seconde, une édition La Cigogne, expédiée en 1965.
Et si on y voit le Casino de Dieppe un peu perdu dans le front de mer, l'éditeur nous donne trois noms d'architectes : Messsiers Tougard, Hélion (comme le peintre) et Chalverat.
Aujourd'hui un escalier extérieur a été ajouté à la façade et un étage supplémentaire est posé sur le toit avec un effet de vagues (la mer ?....) pour faire des chambres. C'est un peu raté, un peu manqué, un peu ridicule mais l'ensemble reste assez respecté surtout sur l'arrière du Casino. On peut heureusement encore admirer le beau travail de la pierre et la grande baie.
Je vous donne aussi une photo de la Tour Tougard prenant le soleil à Rouen (oui c'est assez rare pour mériter d'être vu).
Espérons donc que nous aurons encore l'occasion de croiser Monsieur Tougard dans la région. Avoir tout Tougard dans ma collection, ce serait bien.






dimanche 13 mars 2022

Tournaire et Faye multi sourcés

Heureusement que notre école est abonnée à AMC car, sans cette revue et la mémoire de David, nous n'aurions pas pu bien comprendre ce que nous avions dans les mains.
Remercions donc Bénédicte Chaljub pour son article sur le duo d'architectes Tournaire et Faye pour lesquels nous avons trouvé dans les archives Lestrade les photographies d'un de leurs chantiers.
Les photos sont de grande taille et ne sont pas des photographies de Jean-Michel Lestrade. Il s'agit d'images de communication du chantier soit des architectes soit des constructeurs. On trouve au dos le nom des photographes : Gendre, photographe à Clermont-Ferrand pour le premier cliché et Fraissinier pour le second, toujours à Clermond-Ferrand.









Nous sommes donc devant le chantier de la Résidence Europe à Chamalières, magnifique ensemble ayant reçu le Label Architecture Remarquable, Label dont on sait qu'il ne sert pas à grand chose.
Comment ne pas tomber sous le charme de tels documents et bâtiment ? En bas de la première photographie, on aperçoit une affiche qui nous donne toutes les informations : noms des architectes, nom de la Résidence. Sur une petite pancarte, on voit même le nom de l'entreprise de menuiserie métallique Schaudel. Sur le Berlier, on peut lire que c'est l'entreprise Mazet qui est chargé des plâtres...Voilà pour la réunion de chantier.
Bien évidemment, cet immeuble est très représentatif du type de résidence moderne produite à l'époque avec sa forme en courbe, sa grille, l'adjonction de bâtiment satellite (une station-service et une pharmacie) et le jardin dégagé sur la parcelle pour accueillir les habitants. Pour l'instant... un terrain boueux !
La deuxième photographie permet de bien voir la résidence terminée et absolument superbe !
Les habitants se plaignaient-ils alors des émanations d'essence ?
Si ces documents sont dans les archives Lestrade c'est que, sans doute, Jean-Michel Lestrade a participé à l'élaboration du projet. C'est tout à fait possible en effet que le calcul des charges lui fut attribué. Mais nous n'avons aucune certitude.
En tout cas, dès que nous avons évoqué ce nom, David nous a dit qu'il devait avoir quelque chose en carte postale sur ce duo Tournaire et Faye et en effet :



Nous commençons donc par le plus simple car la carte postale indique directement le nom des architectes sur son image : Faye et Tournaire.
La carte nous montre un dessin d'un projet de réalisation, avenue de Royat à Chamalières comme la Résidence Europe ! La carte est une publication des éditions nivernaises qui ressemble fort à une édition promotionnelle. Impossible en effet de croire que ce genre de carte postale puisse avoir séjourné sur les tourniquets de maisons de la presse. Pourtant, au verso, aucune promotion n'est faite : pas de plan, pas de prix, aucun slogan publicitaire comme si l'image du projet se suffisait à elle-même. On notera que la carte fut expédiée en 1986 ce qui est, pour ce blog, relativement jeune !
Il serait assez facile depuis ce dessin de dire beaucoup de mal de l'écriture architecturale des Moulins de la Saigne... La réalité nous donne un peu raison même si l'ensemble semble s'articuler sur la création d'un îlot. En tout cas, la massivité est au rendez-vous bien plus que dans l'image promotionnelle, une massivité d'éléments en béton architectonique peu convaincants même si, bien entendu, il faudrait voir la distribution des plans pour en comprendre mieux les qualités éventuelles. On trouve facilement sur Google Map la Résidence des Moulins de la Saigne, d'ailleurs à quelques rues de la Résidence Europe.
-Doit y avoir un truc genre V.V.F ou centre de vacances...
Voilà comment David nous invite à chercher et nous trouvons dans ses classeurs deux cartes du même Centre de Vacances Tourisme et Travail au Sancy, toutes deux des éditions du Lys. Aucun nom d'architecte sur les cartes, nous demandons donc à David comment il les a identifiés :

- Ba, sais plus...J'ai dû appeler, sans doute, comme souvent...
- Et pour le chalet de l'école de ski à Sancy ?
-Pareil, à moins que je n'aie quelque part un livre sur les chalets modernes... Et allez voir dans le guide de Dominique Amouroux.






Dans le guide, nous trouvons bien l'incroyable et brutaliste église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours à Clermond-Ferrand mais pas les chalets ni les résidences.



En tout cas, nous retrouvons dans l'article de Bénédicte Chaljub, la publicité pour ce chalet et pas de doute d'identification possible, ce chalet est bien le modèle de Faye et Tournaire. David nous précise que l'éditeur Elcé est bien Châtagneau l'un des grands éditeurs de Royan. Il devait donc tourner dans toute la région Ouest.



Enfin, pour finir, mais là à l'envers, puisque c'est l'article dans AMC qui nous permettra de faire l'identification de ce C.C.A.S de Savines-Le-Lac perdu dans les classeurs Boring Postcard de David comme étant de Faye et Tournaire. David est alors ravi que cette carte quitte ce classeur anonyme pour celui des architectes, comme quoi il faut lire les revues et prendre son temps pour identifier des bâtiments. 
Nous vous proposons pour en savoir plus sur ce duo incroyable d'architectes de faire comme nous et de lire donc cet article qui leur est consacré. Nous n'avons pas l'habitude ici de paraphraser et d'emprunter le travail des chercheurs et critiques. Merci à eux. Bonne lecture à vous.
AMC N° 299, octobre 2021.
En tout cas, il est une fois de plus évident que la carte postale rend possible de suivre le travail d'architectes, de la promotion à la réalisation et que ces cartes postales agissent bien comme un inventaire presque exhaustif sans avoir à réclamer aucune école de photographie contemporaine ou atlas un peu vide.

Walid Riplet, Jean-Jean Lestrade et bien entendu, en bruit de fond, David Liaudet.

Merci aussi à notre école d'avoir un abonnement à AMC.
Merci de ne pas copier ces documents sans l'autorisation de la famille Lestrade.

Pour voir ou revoir les articles sur le Fonds de l'Agence Lestrade :
etc...
Et sur la famille Lestrade et son histoire :



mercredi 9 mars 2022

Ça envoie du bois

Et voilà une autre manière de nous pencher sur les détails de l'architecture bien plus que sur les bâtiments eux-mêmes. Après le Skydome, c'est un escalier très particulier que je vous montre :



Il est spectaculaire non ? C'est aussi sa fonction. L'objet de cet escalier et la raison de sa diffusion sont bien de démontrer les capacités de ceux qui l'ont créé : le Centre Technique du Bois, comme indiqué sur la carte postale.
Cet "escalier hélicoïdal à colonne conique" se doit bien de dire à tout le monde qui passe dans le hall : ici nous avons des compétences et nos compétences vont jusqu'à un extravagance de ce genre. Véritable chef-d'œuvre comme savent en faire les Compagnons du Devoir ou les ingénieurs anonymes de la Construction, l'escalier du Centre Technique du Bois doit appuyer sur le mot technique pour prouver qu'ici on est sérieux. D'ailleurs, au verso, la carte postale est bien envoyée au Compagnons Menuisiers et Charpentiers des Mureaux ! On se reconnaît entre spécialistes de l'excellence ! Mais qui ou quoi est donc ce Géo Val aux Mureaux qui, tout tampon dehors, envoie cette carte postale ?
On notera que la carte postale ne donne pas le nom ni de l'architecte du Centre Technique du Bois, ni le nom du ou des concepteurs de cet escalier, ni celui du photographe. On note aussi que, étrangement, sur un objet aussi technique aucune information ne vienne détailler justement les prouesses techniques de ce dernier : matériaux, dessin, taille etc...
La question que pose aussi ce genre de document et d'objet pour nous amateurs d'architecture et surtout de Patrimoine c'est de comment il est parfois nécessaire de protéger un détail d'un tout architectural bien moins palpitant et intéressant et de comment cet escalier a pu seul être ou non sauvé de son architecture. On notera, alors que cet escalier est exceptionnel, qu'il n'apparaît pas dans l'excellent et pourtant complet livre Stahltreppen dont pourtant la couverture pourrait nous laisser croire le contraire.
Qu'est-tu devenu bel escalier ?




Dans ma collection, réside aussi une autre carte postale de ce Centre Technique du Bois :



Les plus anciens lecteurs se souviennent certainement de cette carte postale déjà publiée en 2009 ! Vous la remontrer a du sens, puisque cela prouve que le Centre Technique du Bois avait bien décidé de promouvoir ses activités avec des cartes postales ; mais comment étaient-elles distribuées alors ? Aux visiteurs ? Pouvait-on visiter ce centre ? On notera que, même si la table du conseil d'administration et les chaises sont belles, on ne peut tout de même pas dire qu'elles possèdent la grande qualité originale de l'escalier. On s'amusera aussi d'une salle de conseil barrée de deux poteaux venant couper la vue de l'ensemble ! C'est peu habile architecturalement ! Sans doute que le ou les architectes ont voulu là, avec humour, rappeler les fûts des arbres de la forêt visible sur la photographie géante qui orne le mur du fond...
Combien d'autres cartes postales de ce Centre technique du Bois nous attendent ? Quel autre détail nous donneront-elles à voir ? Qui sait...
En attendant, on peut se demander si l'espace et l'expérience architecturale peuvent être réduit à un détail fort et si celui-ci fabrique le désir de patrimonialisation. Il apparaît aussi que l'architecture est parfois faite pour démontrer techniquement des capacités en lieu et place d'une expérience. On sait que les architectes aiment ainsi s'appuyer sur cette fonction pour justifier leur écriture : hauteur, finesse, porte-à-faux spectaculaire, utilisation radicale d'un nouveau matériau, etc...
On sait que cela ne suffit pas à faire Architecture mais que cela comble souvent notre joie d'amateur de spectacle et de beauté. Car parfois, oui, la Beauté se tient bien là, dans des détails comme poussés à bout de leur objet. Et c'est parfois utile, parfois inutile mais souvent essentiel.

Pour revoir le Skidome :
Pour revoir le superbe livre sur les escaliers modernes :
Pour revoir l'article sur le Centre Technique du Bois :

mardi 1 mars 2022

Skydome en tapis

Seuls, les très fidèles et anciens lecteurs de ce blog doivent se souvenir de cet article de 2014 ! 
Le moins que l'on puisse dire c'est que déjà la Société Skydome avait fait fort pour promouvoir ces lanterneaux que nous reconnaissons tous aujourd'hui. On aura donc à cœur d'aimer que cette société ait aussi produit ces deux autres cartes postales :


Comment ne pas aimer de suite l'étrangeté superbe de ces paysages abstraits, de ces tapis de volumes
bulbeux, cette impression que nous pourrions y voir des plans d'urbanisme d'une ville futuriste.
On le sait, la carte postale depuis l'architecte Guimard et d'autres, a toujours été un moyen de publicité utilisé par les fabricants en tout genre et l'histoire de l'architecture n'y a pas échappé : les fabricants de chauffages, de stores, de parpaing ont produit de telles cartes postales promotionnelles. 
On notera donc, qu'avec au moins trois cartes postales, la Société Skydome a largement promu ses produits par ce biais. On note que le dos des cartes postales donne toutes les informations sur ce produit, permet à l'architecte de recevoir une documentation plus poussée. On note aussi que les deux exemplaires ici sont envoyés au même architecte, Monsieur Prieur André, installé à Maizy-sur-Aisne. La Société Skydome avait donc une liste d'architectes à contacter. Est-ce que Monsieur Prieur avait déjà travaillé avec ce fournisseur ? Avait-il déjà utilisé ce Skydome ? Et qu'a donc construit cet architecte ?
Ce que je trouve sur lui est bien peu concerné par une écriture si spécifique. Très peu à voir donc avec notre Skydome qui se veut moderne et innovant, posé sur des toits plats. 
Je m'amuse que les deux adresses soient différentes à quelques mois d'intervalle.
D'ailleurs, on note aussi que la Société Skydome ne nous dit pas de quelle architecture elle tire les images que nous voyons sur ses cartes postales. C'est bien dommage. Est-ce le siège social de l'entreprise ? On sait juste que la seconde est une "école moderne"... c'est un peu court. Pas plus d'information sur le photographe.
Ce que pose comme question ces deux images d'une entreprise travaillant pour l'architecture c'est comment des industriels répondent ou même devancent les demandes et les solutions pour des architectes. L'éclairage zénithal depuis un toit plat est en effet une bonne question puisqu'il est à la fois une percée et donc une étanchéité à combler. Il faut aussi que l'élément ne déborde pas comme un bubon sur la ligne pure du toit, réclamant donc un design efficace et discret, devenant presque un élément du décor moderne. C'est bien sur cette Modernité et sa sécurité que Skydome appuie sa communication.
Aurons-nous la joie de trouver d'autres cartes postales de cette Société ESSEMES, fabricante du Skydome ?
Est-ce que Monsieur Prieur, architecte, a cédé et utilisé cet élément architectural ?
Qui sait....