dimanche 23 mai 2021

Passe pas la Loire en été

 


Lorsque j'ai lu le département inscrit au dos de cette carte postale, mon cerveau m'a offert immédiatement dans le juke-box de ma mémoire la première phrase de la chanson de Alain Souchon :

Passe pas la Loire en été...

Je me souviens très bien de cette chanson car elle fut l'une des premières dont je compris, adolescent, les évocations sexuelles à peine déguisées par la poétique souchonnienne faisant du détail ramassé dans un mot une ambiance parfaitement claire et lisible. Ici, les images sont euh... assez directes.

Passe pas la Loire en été...

Le titre de la chanson laisse aussi peu d'équivoque à ce qui va s'y dérouler. Mais quoi de commun alors avec cette carte postale Combier nous montrant la piscine Tournesol de Sorbiers ? Je ne sais pas. Bien entendu la charge érotique de la piscine, de l'été, de la moiteur éteinte dans la fraîcheur d'un plongeon, tout cela je l'ai déjà raconté dans des articles ou dans mes chroniques. Bien entendu, dans cette nouvelle carte postale de piscine Tournesol, on ne peut que s'amuser de sa ressemblance avec ses soeurs partagées ici sur blog. Une fois encore, sans le nom de la ville inscrite au dos, cette piscine pourrait bien être partout car le cadrage ne laisse rien voir d'une particularité qui signerait la localisation. Cette piscine Tournesol c'est celle de Sorbiers et c'est toutes les piscines Tournesol en même temps. On notera que Combier se croit obligé d'inscrire Photo X au verso. L'anonymat ajoute à l'universalité de la vue.
Le détail particulier de cette carte c'est le congélateur Gervais dont j'ai reconnu le logo. Facile alors de faire de cette image, celle des premiers émois, des plaisirs simples ou s'accordent à la fois le doute d'y avoir droit, la chance de les partager, l'innocence perdue entre le glaçage chocolat qui fond sur le ventre et l'eau trop bleue pour être honnête. Ma jeunesse aussi.

Passe pas la Loire en été...

cliquez sur ce lien pour entendre la chanson :

lundi 17 mai 2021

La Bastille est morte sous Mitterrand

Dans le grand spectacle actuel des anciens combattants fantomatiques de la Mitterrandie idolâtre, il n'est de cesse de nous rappeler la grande empreinte culturelle laissée par le Président des français pendant l'exercice de son pouvoir monarcho-républicain.
D'ailleurs, si on regarde Paris, on a vite l'impression que l'architecte-président de la République a joué aux dés en répandant sur la ville tous les volumes platoniciens : cube, pyramide, sphères.
Arche de La Défense, Pyramide du Louvre, Cité des Sciences etc...
Son goût pour les formes dites simples il serait facile de l'analyser à l'aune d'un désir de pérennité égyptienne et pharaonique. On le sait, les formes simples c'est ce qui perdure dans le temps, c'est, comme le disait Auguste Perret, ce qui fait de belles ruines. Son désir d'éternité m'a toujours laissé pantois.
Alors, si parmi cet échantillonnage de pureté formelle, certaines réalisations m'ont toujours semblé à la fois belles, affirmées et même nécessaires (Le Louvre ou la Grande Bibliothèque par exemple) d'autres m'ont toujours un peu contrarié et même permis de croire au mauvais goût de ce président. L'Opéra de la Bastille de Carlos Ott en fait indéniablement partie. Ce machin grandiloquent affirmant à qui veut l'entendre (c'est le cas de le dire) sa Modernité hésitant entre centre commercial géant et siège d'entreprise pour banlieue affairiste d'une ville moyenne de Province, (Niort et ses bureaux de mutuelles lui irait bien) est l'exemple de ce que Mitterand, souvent, parfois ne savait pas choisir. Et ce n'est pas son masque tendu qui, croyait-il, lui donnait la justesse de sa sévérité qui me fera changer d'avis.
L'Opéra Bastille c'est moche, mais moche à mourir. Alors, oui, on pourrait toujours et habilement dire que d'abord, avant d'être un Opéra c'est un instrument parfait pour y écouter de la musique, mettant en avant l'outil avant le style comme si aller à l'Opéra c'était seulement comme pénétrer un instrument de musique.
Mais si on mesure l'importance d'un architecte au nombre d'élèves qui se réclament de lui alors, on est tranquille sur l'héritage de Carlos Ott : personne ne lève la main et le reste de sa production laisse admiratif de son goût pour les décors de série B de science-fiction.

Combien de temps avant que quelqu'un n'ose poser la question froidement : détruire ce machin. Parfois, je crois qu'il serait bien d'avoir ce courage. Faudra-t-il qu'une génération trouvant que Chirac avait le swag, que Giscard était cool et que Mitterrand était l'ami de Barbara (passe-droit culturel de gauche permettant sans doute d'excuser sa politique pour la France-Afrique) pour que les jeunes aiment cette architecture comme ils aiment à nouveau le tricot, la bière locale et les barbiers tatoués ?
Nous faudra-t-il faire de cet Opéra Bastille un manifeste de cet état de l'Architecture mitterrandienne, aimant à la fois les architectes inconnus (Carlos Ott et Otto von Spreckelsen), les formes simples et les ordres venant du haut, du très haut ?
Comme en Corée du Nord finalement ou à Cuba pour être un socialiste plus politiquement correct.
Faudra-t-il sauver ce machin en le réduisant à son utilité ? Faudra-t-il que, pour une fois, l'ultime excuse de la passoire énergétique signe enfin le glas de cette erreur ? Espérons...


Sur cette carte postale Ovet, j'aime surtout lire le flot des autos qui d'ailleurs signe également pour moi la déchéance du Design automobile de cette période. Il suffit de regarder la Supercinq au premier plan (et de la même couleur que l'Opéra) pour comprendre que même la Régie Renault a perdu à cette période tout sens du design en massacrant la beauté simple et joyeuse de la première Renault Cinq de Monsieur Michel Boué pour en faire une auto ressemblant à un jouet Playmobil. Mitterrand d'ailleurs en fit lui-même la promotion dans la cours de l' Élysée... tout se tient finalement. On rit aussi du minable portique et de son dessin, laissant donc le public passer sous cet ersatz de grandiloquence post-Corbuséenne (Carlos Ott a dû visiter trop vite la Cité du Refuge et son portique décalé sur la rue) pour nous laisser croire qu'on vivrait là une expérience culturelle. Le reste... matériaux, couleurs, lecture de cet escalier sur la façade d'une pauvreté affligeante me donne aussi peu l'envie d'écouter de la musique que d'entrer au rayon disques à la FNAC un samedi après-midi avant Noël.
Comme Jessie Norman lors du Bicentenaire de la Révolution française, drapons-nous dans le bleu, blanc, rouge pour entamer une Marseillaise épuisée et marchons, marchons pour retrouver le vrai sens de la Bastille.




La Mitterrandie architecturale à voir et revoir ici :




vendredi 14 mai 2021

Deux premières fois



Il était bien trop tôt et même le videur à l'entrée de la boîte le Must avait sursauté en voyant arriver Alvar. Alvar avait fait un effort surhumain pour mettre ce pantalon à pinces, cette ceinture à boucle dorée et cette chemise Cacharel sur laquelle il noua une mince cravate noire qu'il avait trouvée dans les tiroirs de son père. Ses copains de promo voulaient finir l'année en beauté comme ils disaient et bien entendu, Alvar, comme à son habitude, pris entre le désir de refuser ce genre de projet et celui de s'intégrer avait fini par accepter. Ne connaissant pas les mœurs de ce genre de soirée, et aussi sans doute, croyant en finir au plus vite, il était arrivé bien trop tôt à ce rendez-vous. Il n'avait pas compris que tout le monde devait d'abord passer une partie de la soirée chez Sandrine avant de se rejoindre ici, déjà un peu chaud, dans la boîte de nuit.
Il était venu avec la Renault 5 Lauréate de sa mère qui avait cru bon de faire mine de saisir le sens de ce prêt par un sourire en coin en y ajoutant les conseils habituels de prudence.
Il ne sut jamais si c'était elle qui avait glissé des préservatifs dans sa veste ou si c'était son père. En fait, c'était son frère. Sur le parking, il avait d'ailleurs pour la première fois de sa vie, en les découvrant, pris le temps d'en déballer un pour apprendre comment c'était fait, voir un peu à quoi ça ressemble et paraître, le cas échéant, moins stupide même s'il ne voyait pas bien avec qui il pourrait avoir l'occasion de s'en servir. Il avait d'ailleurs été nommé d'office chauffeur des retours et avait compris que cette invitation était en fait une manière cachée pour ses camarades d'avoir une sécurité assurée, tout le monde sachant bien que Alvar était bien trop sérieux pour ne pas se saouler toute la nuit.
Malgré cela, malgré ce sentiment étrange ressemblant au choix qu'on fait du dernier pour former l'équipe de basket en sport, il avait accepté par curiosité. Et il avait les clefs. Il était finalement en position de pouvoir.




Dans la boîte, un peu seul, il changea plusieurs fois de place. Là il ne voyait pas l'entrée, là, il était trop près des toilettes, ici, le pouf était fatigué. Il trouva finalement sur une banquette tout le loisir d'étendre ses bras de chaque côté et adopta mi pour rire, mi sérieusement, cette position qu'il avait vu dans les films de mafieux, jambes ostensiblement écartées, bras ouverts, le corps légèrement  abandonné. Ses aisselles pourraient tout à loisir répandre le musc trop fort de son déo bon marché. La musique passait déjà à fond, et il se demanda pourquoi le Dj passait si tôt Paula Abdul dont d'ailleurs il aimait tant le magnifique Straight up qu'il lui arrivait de danser, seul dans sa chambre. 
Il vit arriver alors la petite bande de ses amis surpris et amusés de le retrouver là, se moquant un peu de son erreur mais appréciant qu'il ait eu la présence d'esprit de réserver cet espace. Alvar dut alors refermer son corps, le replier, le petit groupe devant se serrer sur la banquette. Myriam vint alors se coller à lui et pour s'excuser de le tasser un peu, elle posa sa main sur sa cuisse. Alvar ne sut pas quoi faire de ce signe. En lui parlant de banalités, du chemin pour venir là, Myriam parlait à Alvar d'un peu trop près comme pour que sa voix passe par dessus la musique. Il sentait presque ses lèvres toucher le lobe de son oreille gauche. 
Elle lui tendit alors la petite paille rouge qui débordait de son Mojito et l'invita à goûter le cocktail en lui disant que ce n'était pas ça qui l'empêcherait de les ramener. Alvar s'exécuta et il ne compris pas alors pourquoi Myriam lui donna dans le creux de son oreille un délicat merci.

Alors que déjà une partie de la troupe s'agitait sur le dance floor, Alvar resta sur la banquette et eut plaisir à presque reprendre sa position de leader si ce n'est que Myriam était restée elle aussi avec lui.
- Tu me remercies de quoi au juste demanda alors Alvar.
- ... de quoi...?
- Tout à l'heure tu m'as dit merci en me proposant ton Mojito. Pourquoi ?
- Tu verras tout à l'heure...
Alvar n'eut pas le temps d'interroger à nouveau Myriam qu'elle le tirait par le bras pour qu'il vienne la rejoindre sur la piste de danse.  Et sur Somebody's Watching me, Alvar soudain, soutenu du bout des doigts par Myriam se vit prendre avec l'espace des libertés dont il ne se croyait pas capable, ce qui sidéra d'ailleurs une partie de ses camarades obligés de le regarder ainsi danser avec une certaine grâce en compagnie de Myriam, elle-même étonnée et heureuse de cette découverte. Alvar ne réussit plus alors à s'asseoir et enchaîna morceau sur morceau, suant de la tête aux pieds. Il fallut organiser des approvisionnements en eau fraîche pour le désaltérer et Myriam se chargea de cette tâche avec une grande attention, en profitant parfois pour rester avec lui et danser. 
Alvar ne se souvient plus très bien comment finalement il se retrouva seul avec elle dans la Renault 5 Lauréate mais il comprit rapidement pourquoi maintenant elle lui avait dit merci.





Bien entendu, les chaînes sur les pneus de la Renault 5 peinaient à accrocher la route bien trop enneigée et verglacée. Finalement, avec beaucoup de prudence et dans un esprit bon enfant où chacun fait un effort pour rester dans l'esprit joyeux des vacances, ils arrivèrent à Val-Thorens. Seul, Gérald avait perturbé ce voyage profitant même de la lenteur de l'auto pour sortir pisser sur le bord de la route, et faisant rire tout le monde, réussissant à descendre et remonter de voiture d'un virage à l'autre sans qu'elle ne s'arrête.
Dans le Club Hôtel, ils avaient loué deux chambres contiguës. En fait, ils n'en avaient loué qu'une seule, l'autre ayant été prêtée à Gérald gratuitement car il connaissait le propriétaire, son parrain, pour lequel il avait travaillé l'an dernier. Il y avait déjà plus de six heures qu'ils roulaient et Alvar était le dernier à prendre le relais de la conduite sur cette portion plus délicate de la route. Il était un peu nerveux de conduire ainsi sur la neige pour la première fois.
Gérald prit lui-même les clefs derrière le comptoir de la réception montrant ainsi qu'il était familier des lieux. 504 et 506 étaient les numéros de leurs chambres, Alvar et Myriam choisirent la 506, Gérald et Sandrine la 504.
Arrivés devant leur porte respective, les couples s'excusèrent de la même manière : besoin de se rafraîchir, de se reposer, de ranger leurs affaires et ils se donnèrent rendez-vous dans une heure au bar du rez-de-chaussée. Tout était pourtant transparent pour chacun d'eux.
C'est en ouvrant la fenêtre pour voir le paysage que Alvar comprit qu'il avait oublié de serrer à fond le frein à main de sa voiture. Elle avait glissé tranquillement vers le bas du parking en se posant en biais au milieu des autres automobilistes qui tentaient de la déplacer. Il hurla de maladroites excuses tout en courant en t-shirt et chaussettes vers le parking pour réparer son erreur. 
C'est depuis ce point de vue qu'il vit sur le balcon Myriam se moquer de lui. Il comprit qu'il avait oublié ses chaussures et les clefs à l'étage. Toutes tombèrent dans la neige épaisse en n'y faisant que des trous minuscules  et profonds dans lesquels Alvar dut pourtant plonger sa main déjà glacée.
Alvar et Myriam arrivèrent donc légèrement en retard au rendez-vous du bar.


Par ordre d'apparition :
Carte postale publicitaire photo JPS Selestat pour Espace JC Helmer, le chalet, complexe de danse et loisirs nocturnes, Le Must.
Carte postale Combier, Val-Thorens, "Club Hôtel", Jean-Claude Bernard, architecte. (On aura l'occasion d'en reparler.)








mardi 11 mai 2021

Bleue comme une orange, la Maison Bernard.




C'est bien à ce poème d' Éluard auquel j'ai pensé en premier en voyant cette carte postale Combier qui nous montre un détail de la Maison Bernard à Théoule.
La carte postale expédiée seulement en 2007 est bien plus ancienne et c'est assez amusant de penser à ce retard à l'allumage de l'expédition.
Je le dis, je ne suis pas un grand amateur de ce genre de machine. Certes l'originalité est indéniable et la poésie sans doute aussi bien présente mais ce refus obstiné et militant de l'angle (droit ou autre) m'a toujours un peu amusé surtout quand l'argument est souvent développé sur des principes dits de la Nature. On peut tout de même aimer une coupole sans avoir à affirmer contre La Modernité qu'un angle ou qu'un mur droit est une violence contre l'homme.
Bon.
Qu'importe !
De toute façon il y a très peu de raisons pour que je sois invité dans ce genre de construction et il est clair que je n'aurai pour en jouir que l'occasion des images. Images nombreuses car cette Maison Bernard est maintenant une star des magazines de déco ou d'architecture et connaît un succès indéniable. Et c'est mérité. Vous pouvez même la visiter. Elle est l'œuvre du célèbre architecte Antti Lovag.
Voyez par vous-même ici :

Ce qui me surprend c'est bien l'existence d'une autre carte postale Combier, preuve que la Maison Bernard a obtenu une reconnaissance assez rapide et été jugée suffisamment importante pour en éditer une carte postale. On notera que l'éditeur malin ou... oublieux... n'a pas cru bon nommer ladite villa ni en donner le nom de l'architecte. Faut-il y voir une crainte de reconnaissance des droits d'auteurs ? Car personne ne peut croire en un cadrage hasardeux ayant placé la Maison Bernard dans l'image du bord de mer et du voilier. Voilier qui d'ailleurs fait un excellent contre-point à cette image. Enfin un triangle ! Enfin des angles !
Rappelez-vous ici, il y a déjà onze ans...

N'êtes-vous pas comme moi surpris par la matière étrange qui fait l'épiderme des bulles oranges ? Et que penser du fatras de tubes et de barres devant la villa ? Construction en cours ?
Mais que cette carte postale est belle, donnant toute la chance à la couleur, opposant le bleu à l'orange, opposant les formes entre elles et le cadrage resserré sur la villa donne bien l'occasion de la voir et de la comprendre aussi un peu. Et, bien entendu, on se projette dans ce bonheur ensoleillé, dans la chance d'une mer au pied du rêve comme si l'utopie rencontrait une certaine forme d'éternité.
Veinards habitants...
Je vous salue depuis mon image avec l'aide de mon imagination.

" ... tu as toutes les joies solaires
tout le soleil sur la terre
sur les chemins de ta beauté."



dimanche 9 mai 2021

Jean Renaudie est inscrit à Ivry

Pour ceux qui sont engagés dans le combat Patrimonial (car oui, il s'agit d'un combat) et pour ceux qui pensent que malheureusement l'Architecture du Vingtième Siècle perd souvent ce combat, voilà enfin une excellente et même incroyable nouvelle qui m'arrive par Serge Renaudie :

L'immeuble Casanova de Jean Renaudie vient d'obtenir son inscription au titre des Monuments Historiques !

Oui.

Alors cela est très soudain et pour moi, cela m'étonne beaucoup. Alors qu'il y a peu j'évoquais l'abandon de ce Patrimoine par la Mairie d'Ivry-sur-Seine, voici la preuve que le travail de regard et d'attention se fait tout de même. Il faut donc remercier ceux qui en sont à l'origine directement en ayant constitué le dossier de classement et remercier tous les amateurs qui ont soutenu par leur attention à cette incroyable architecture cette décision. Une pression populaire en quelque sorte.
Bien entendu, la joie tombée et la surprise passée, on peut se demander pourquoi cela n'a pas eu lieu plus tôt, pourquoi l'ensemble du centre d'Ivry-sur-Seine n'est pas protégé en y associant les architectures de Renée Gailhoustet ?
Faut-il accepter d'être patient ? Faut-il voir là un signe, une étincelle ou une décision a minima pour étouffer ce désir bien plus vaste et surtout plus juste de voir cet ensemble urbain unique en France enfin atteindre un niveau de protection juste et nécessaire et surtout exemplaire ?
Continuons donc notre combat, continuons de dire à la ville communiste d'Ivry-sur-Seine et à l' OPH qu'elles sont responsables devant l'histoire de l'une des plus grandes expériences d'urbanisme du XXème Siècle, qu'elles se doivent à ce devoir, qu'elles doivent en faire une chance dans l'opportunité joyeuse de sa responsabilité immense. Atteindre à la dignité qui passera par l'exemplarité du tout et des détails. On attend... On espère... Et on croit encore en la synergie des bonnes volontés.


Je vous donne cette photographie de Jean Renaudie devant son immeuble, photographie de presse venant d'un documentaire TF1 "Un futur sur mesure", dans la série "les rendez-vous du 3ème millénaire". Je n'ai malheureusement pas retrouvé ce documentaire.



Mais dans celui-ci, Jean Renaudie dit : 

"Jamais je ne prendrai ce risque de me mettre à la place des gens."

Pour lire ou relire presque tous les articles consacrés à Madame Gailhoustet :

http://archipostalecarte.blogspot.com/2015/03/merci-renee.html

http://archipostcard.blogspot.com/2009/09/la-belle-politesse-de-la-maison.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2019/10/madame-gailhoustet-merci.html

http://archipostcard.blogspot.com/2009/09/la-belle-politesse-de-la-maison.html 

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http://archipostalecarte.blogspot.com/2014/08/la-logique-de-la-complexite.html

http://archipostalecarte.blogspot.com/2013/09/ivry-par-jean-renee-et-laurent.html

Pour lire ou relire presque tous les articles sur Monsieur Renaudie :

http://archipostcard.blogspot.com/2011/03/depuis-jean-renaudie-renee-gailhoustet.html

http://archipostcard.blogspot.com/2011/07/en-pointe-design-et-architecture-givors.html

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https://archipostalecarte.blogspot.com/2015/10/jean-renaudie-recadre.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2014/07/jean-renaudie-trois-portraits.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2014/08/la-logique-de-la-complexite.html

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http://archipostcard.blogspot.com/2008/04/mes-pieds-sont-utiles-3.html


mardi 4 mai 2021

Ginsberg en son Domaine





Petit trio de cartes postales nous jouant la symphonie du béton préfabriqué bien dessiné.
Le plaisir vient bien d'abord du dessin et même de sa dureté ou seule la rigueur semble avoir été prise en compte. La poésie viendra des ombres, les vibrations des arbres.
Nous sommes à Soisy-sur-Seine dans le Domaine de Gerville. Que dire de l'usage du mot domaine ? Est-il ici simplement lié au terrain appartenant à ce domaine avant de devenir un lieu de construction d'un quartier tout neuf ?
Sans doute. 
Deux éditeurs sont donc venus ici, deux photographes ont été délégués pour retenir sur leur surface sensible un petit bout de cette architecture moderne. L'un venait pour Combier, l'autre venant pour Raymon. Il faut croire qu'il y avait un marché et une place à tenir en face de ces constructions blanches aux arrêtes bien affirmées. On note le peu de hauteur de ces petites constructions, ne dépassant pas trois niveaux. On devine un désir de rester dans des proportions que l'on qualifierait aujourd'hui d'humaines. C'est vrai que pour accepter le moderne l'échelle est importante. Les immeubles sont donc étalés dans un parc arboré dont les arbres semblent bien plus vieux que les constructions elles-même, les architectes auraient-ils fait attention ?
Serait-ce un dernier soubresaut de l'idée de cités-jardins ?
On retrouve aussi ce goût pour des ouvertures en L ne voulant pas choisir entre la verticale de Perret et l'horizontale de Corbu. Et ce L anime assez bien l'ensemble. Balcons épaissis, blancheur volontaire sur socle plus sombre finissent la simplicité de la proposition architecturale.
J'aime aussi que les joints de dalles soient lisibles.



Et...grande joie...On sait à qui on doit cet ensemble : rien moins que Ginsberg et Ohnenwald, deux noms que nous connaissons bien sur ce blog maintenant.
Remercions les éditions Combier de nous avoir donné ces noms des architectes.
Qu'auraient pensé Ginsberg et Ohnenwald de l'épaississement de leur façade par l'extérieur et de la pose de fausses briques sur les socles de leurs immeubles ? L'ANRU est passée par-là ? Et que dire de l'occultation de la partie basse du L des fenêtres devenues aveugles ? 

Les photographes ont préféré cadrer le Domaine de Gerville vidé de ses habitants. On devine à peine quelques silhouettes. Même pas une auto qui passe, même pas un enfant égaré. On dirait que tout le monde est parti ou regarde Michel Drucker, qui, parait-il, est encore à la télévision. Il y a donc des choses qui ne changent pas. Je ne sais pas si c'est, dans ce cas, rassurant.
Au détour de la promenade Google de mon œil sur les façades, je trouve cette plaque qui date la construction de 1969. On y voit le nom du maire, Mr Michemblé mais pas celui des architectes. Vous savez, non, vraiment, ce n'est que de la préfabrication.




Pour voir ou revoir Ginsberg, architecte :

Pour voir ou revoir Ohnenwald, architecte :

lundi 3 mai 2021

Just do NOT Paint, Saint-Brieuc

 Je jubile.
 Un Architecte des Bâtiments de France* prend une décision courageuse et forte sur le déferlement académique du Street Art.
Si cette pratique a sans aucun doute une culture, il est tout de même heureux de lui rappeler quelques gardes-fous ne lui permettant pas de se croire tout et tout le temps tout permis au nom de la démagogie de la politique culturelle "pour tous" ou pire au nom de la Beauté pour tous.
Et on s'amuse de l'étonnement innocent et naïf des organisateurs-artistes ou des propriétaires Goldorak de voir soudain que l'espace public est régi par la démocratie et la République et non pas la sainte et inviolable liberté d'expression opposant un soi-disant art populaire à la réalité du Patrimoine et surtout, opposant à la liberté de ne pas subir la liberté esthétique de l'autre qui croit seulement en son désir immanent...
Je suis libre et je t'emmerde avec ma liberté.
Dans une salle d'attente d'un médecin, lorsque l'un des patients se met à écouter sur son téléphone sa musique en haut-parleur, on est en droit de lui demander de l'éteindre ou de mettre un casque. C'est la même chose avec cette pratique du Street Art devenu le refuge des peintres qui exercent leurs fantasmagories post-adolescentes et surréalisantes** épuisées sur les murs de nos villes, parfois réclamant leur autonomie culturelle et parfois voulant s'acoquiner avec les politiques culturelles, voir même, se faire subventionner. C'est selon leur croyance en la Force Publique et leur courage face à elle.
La ville de Saint-Brieuc avait-elle à ce point besoin d'être populaire pour croire que la culture des jeunes doit forcément passer par le bruit in situ de fresques criant leur liberté d'expression ?
Heureusement...heureusement l'Architecte des Bâtiments de France  a eu le courage et la lucidité de dire stop !
Enfin stop !
C'est un vrai acte de résistance culturelle. Bravo pour ce courage.

Espérons que cela serve à l'avenir de jurisprudence et que le Patrimoine architectural qui n'a pas toujours besoin de couleurs puisse retrouver le calme et la sérénité de ses façades silencieuses d'images parce que le silence est souvent un écran de projection de chacun, écran qui doit rester libre à nos propres rêveries.
Quand on impose sa culture et ses images, on sait de quel bord de la liberté on appartient.
Oui la Ville est faite de règles de vivre ensemble. Non la bonne volonté et croire bien faire ne sont pas la loi. Oui, l'art est une chose fragile et la culture un instrument politique. Il est donc bien que le privé et le moi (toujours libéral) soient aussi parfois calmés par le nous : on appelle ça l'urbanité.

Merci encore à cet Architecte des Bâtiments de France courageux.
Et vive le muralisme quand il est porté par l'adéquation d'une architecture et d'un message poétique et politique. Tout le monde n'est pas Diego Rivera, Fabio Rieti ou Ernest Pignon-Ernest.

* je n'ai pas son nom mais je voudrai bien lui envoyer des chocolats.
** toutes mes excuses au Mouvement Surréaliste, lui, véritable brulot révolté, fulminant et sincère.