samedi 26 janvier 2019

Un pont Hennebique au Mans

Nous avons trouvé ce petit catalogue dans la bibliothèque de l'Agence Lestrade :

























Celui-ci fait la promotion de la Société Hennebique, il serait daté d'après 1929 sans plus de précisions même si sa couverture et sa typo font bien penser au début des années 30. Par contre, les photographies nous montrent des constructions le plus souvent datées d'avant les années 20 ce qui est assez étonnant. Une réédition ?
Bien entendu tout le texte tente de convaincre des qualités du principe du béton armé et de son application par la Société Hennebique. Les chapitres égrainent ses qualités de coût réduit, de solidité au feu (et au bombardements !), d'adaptation industrielle, et aussi, un peu de son esthétique. Il est aussi question de prouver que la Société Hennebique propose bien tous les soutiens et aides aux entrepreneurs et architectes quand ils passent par elle et seulement par elle.
Cela nous permet tout de même de voir la diversité des applications du béton armé par la Société Hennebique, applications surtout industrielles car le logement collectif ou individuel y est peu représenté.
Mais voilà, on a eu une belle surprise :


Ce pont est au Mans, il était donc logique que l'on demande à David d'aller voir ! D'abord, il nous a répondu qu'il ne connaissait pas ce pont puis qu'il ferait son possible pour le trouver et aller le voir si celui-ci était encore en place.
Nous avons donc attendu une semaine et nous avons reçu ça aujourd'hui :

"Bonjour Walid,
Quelle découverte ! Décidément tu reprends bien la main.
Je suis allé voir le pont avec deux de mes étudiants, Louis Lepère et Jean-Louis Heng. Georgina Cotineau-Corcy, photographe de notre école nous a accompagnés pour faire comme à son habitude des belles photographies. Le pont est toujours debout, il est accessible par le chemin de halage. Il est en bon état sauf quelques menus décrochements du revêtement du béton que Louis a remarqués immédiatement. 


Le Pont est en service. Le dessin est beau dans sa simplicité, surtout marqué par un pragmatisme du programme. Quelques attentions esthétiques tout de même dans le dessin de corniches ou dans les refuges sur voies pour les cheminots. Je ne sais pas si ce pont est repéré par les institutions patrimoniales, je vais appeler le CAUE 72 pour savoir. Bravo les gars ! Merci de m'alerter sur ce nouvel élément du Patrimoine du Mans. Nous avons aussi pu voir l'avancée de la restructuration de la barre le Couteur. Le portique inventé a bien déjà défoncé la barre. C'est un autre sujet...
Bien à toi et à Jean-Jean et vos familles respectives.
David "

Les photos de Georgina :




 
Louis Lepère en pleine réflexion constructive...



































Jean-Louis Heng et David Liaudet, regards croisés...


tenter de faire passer l'histoire






































Voici quelques extraits et images du catalogue Hennebique, on s'amuse de la proximité de la photographie du château d'eau avec les photographies des Becher ! Intéressant aussi de pouvoir voir les dessinateurs au travail dans les bureaux de la Société Hennebique. Ce n'est plus comme ça aujourd'hui ! (quoique)
Walid Riplet-Jean-Jean Lestrade









































































































Dernière minute !
Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute ! Dernière minute !

Nous recevons ce courrier de David pendant la rédaction de l'article :

Bonjour Walid,
j'ai cherché à mon tour, j'ai trouvé ça :




Incroyable non ? Il s'agit comme vous pouvez le voir d'une carte postale vouée à la promotion de la Société Hennebique qui propose ses services à un entrepreneur. Le cachet de la Poste nous permet de dater la carte postale. Vu l'oblitération spéciale "exposition-nationale-Nantes 1924" on peut présumer que la carte fut éditée spécialement pour faire de la publicité lors de cette manifestation. Nous avons aussi le nom des architectes (ingénieurs ? Entrepreneurs ?) Messieurs Robiou du Pont (sic!) et H. Martin de Nantes. Il nous faudra faire des recherches sur ces deux-là ! Leur nom étant accolé directement avec le nom de la Société Béton Armé Hennebique, il doit s'agir d'agents locaux ou de concessionnaires de celle-ci.
Avec le texte, on comprend également qu'en 1924, la Société Hennebique pouvait se targuer de déjà 30 ans d'expérience soit depuis 1894 ! L'utilisation de ce pont au Mans démontre aussi qu'il s'agit d'une fierté pour la réalisation de cet objet puisque choisi pour le Grand Ouest comme preuve de l'efficacité du système Hennebique. On est dans le même cadre que les cartes postales promotionnelles pour la Société Demay Frères, on notera que, a contrario de Demay qui utilise l'expression Ciment Armé, la Société Hennebique utilise bien l'expression Béton Armé.
Pour ce qui est de la photographie elle-même, on s'étonne un peu de la distance avec l'objet ayant pour vocation à faire entrer le pont tout entier dans l'image et montrant ses capacités de franchissement mais ne laissant que peu de place aux détails constructifs réduisant le pont à une ligne peu évocatrice de sa construction. 
Évidemment... pas de nom de photographe, on ne saura pas ce que la Société Hennebique pouvait lui avoir donné comme ordre pour faire cette image parfaitement vide d'hommes ou de trains qui auraient pourtant pu apporter par leur présence la preuve par l'image de la solidité de ce pont et de son utilisation.
David 
PS : vous devriez aller rue Danton faire des photos de la Maison Hennebique.

samedi 12 janvier 2019

Changement de propriétaires

Bonjour,
je ne suis pas David Liaudet.
Je m'appelle Walid Riplet. David nous a donné les clefs, nous laissant libres de reprendre ce blog comme nous le voulions. Nous c'est donc moi et Jean-Jean Lestrade dont vous avez eu des nouvelles par David.
Nous avons voulu reprendre parce que nous effectuons le classement et le rangement du Fonds de l'Agence Lestrade, celui de l'arrière-grand-père de Jean-Jean et que nous voudrions utiliser ce blog pour communiquer sur ce travail et montrer des documents.
Nous avons voulu aussi, comme nous sommes tous deux étudiants en archi, poursuivre ainsi notre rapport à l'histoire de l'architecture et faire de l'écriture des articles un travail qui comptera pour nos études.
Nous n'avons donc pas les connaissances historiques de David et nous essaierons d'avoir la même rigueur en corrigeant si nécessaire nos articles. Il s'agit pour nous deux d'apprendre à regarder, à visiter, à lire mieux la critique architecturale, bref à nous emparer des outils de connaissances de l'histoire de l'archi. Tous les outils.
Nous remercions David qui nous laisse libres et qui pourra bien entendu intervenir et reprendre la main quand bon lui semblera. Nous remercions aussi Monsieur Claude Lothier qui a accepté de continuer de corriger nos fautes d'orthographe et de faire une relecture attentive de nos textes.
Pour éviter toute confusion, nous signerons nos articles afin que, vous, lectrices, lecteurs, sachiez toujours qui vous parle.

Nous avons décidé de commencer avec une photographie trouvée dans le Fonds Lestrade.
La voici :


Cette photographie ne comporte aucune information autre que ce qu'elle représente, cette belle structure en métal qui, on dirait, semble attendre la coulée du béton pour réaliser un voile mince. On reconnaît bien dans cette forme, celles à la mode dans la deuxième moitié du XXème siècle et qui combinait les doubles courbures pour faire des formes tendues, lyriques et contenant les forces du béton armé. Bien entendu cela nous rappelle le marché de Royan mais ici surtout le spectaculaire restaurant Los Mantiales de Félix Candela à Mexico. Il s'agit même ici d'une véritable citation ! David vous la montré ici :
https://archipostcard.blogspot.com/2012/03/americaine-latine-brutale-et-si-douce.html
Nous n'avons aucune information sur le rôle de Jean-Michel Lestrade dans la construction de cette structure. Aucun indice. Nous ne pouvons que percevoir qu'il s'agit d'un stand, certainement celui d'un Régiment si on en croit l'enseigne reprenant un insigne militaire avec deux canons croisés et un phénix ou un oiseau stylisé.  Nous l'avons surligné pour une meilleure lecture.


 Si quelqu'un reconnaît cet insigne militaire qu'il nous fasse signe. Cela permettrait de mieux comprendre de quoi il s'agit. On voit aussi sur le cylindre au milieu de la structure ce qui ressemble à une maquette et, au fond, des photographies accrochées sur une grille.



Pavillon de recrutement militaire ? Peut-être un régiment du Génie ayant besoin d'une construction spectaculaire pour faire la promotion de ses capacités ? Polytechnique possède bien deux canons croisés mais une armure remplace l'oiseau.
On note qu'il s'agit bien d'une construction éphémère, le béton étant ici visualisé en quelque sorte par la toile tendue sur la structure de métal. On note aussi que la construction est un peu bâclée dans sa structure. Mais c'est beau ce pavillon non ?



David nous a montré une autre photographie d'une structure d'exposition ressemblant à une démonstration de Jacques Couelle ici :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2018/09/la-tuile-bouteille-est-une-fusee.html
S'agit-il du même moment, du même lieu ?
Si on en croit le rangement des archives de Lestrade, la qualité assez mauvaise de la photographie, le manque d'annotation, le refus de bien ranger cette photographie en la laissant perdue au fond d'une boîte, il semble bien que ce cliché soit de Lestrade. Il n'était pas un grand photographe ce qui expliquerait sa joie de voir son fils Gilles en devenir un. Nous verrons bientôt une photographie de Gilles sur ce blog.
Il est probable que Lestrade ait dessiné et conçu techniquement cette structure, il en avait très largement les compétences. Est-ce la raison de la présence de ce document dans ses archives ? Aucun plan ne subsiste dans le Fonds, nous éplucherons les courriers plus tard, nous y trouverons peut-être une piste.
Alors si, parmi vous, certains ont des pistes pour informer cette image et cet événement, on attend vos commentaires. Merci de nous aider.
Dans la bibliothèque de l'école, nous trouvons le livre Formes structurales de l'architecture moderne de Curt Siegel édité en 1965 par Eyrolles pour la version française. On y trouve une double page superbe sur la structure de Felix Candela, nous vous la donnons à voir. La photographie semble venir de l'Agence de Candela. Nous vous donnons aussi à lire la belle et très revendicative préface de René Sarger sur le rapport entre architecture et techniques de l'architecture. Ce débat semble bien encore aujourd'hui très vivace avec les fausses certitudes du numérique ou de la 3D.
Walid Riplet-J-J Lestrade.