lundi 20 septembre 2021

Vasconi en gros et petits morceaux



Photographier un pilier, voilà bien une idée saugrenue.
Pourtant c'est bien ce que propose cette carte postale Chantal qui nous montre donc ce morceau d'architecture, parfaitement cadré, véritable sujet de cette photographie. Bien entendu, ce n'est pas tant le pilier comme élément d'architecture qui est ici cadré mais bien plus la fresque en céramique qui le recouvre, fresque de Fabio Rieti que nous aimons beaucoup sur ce blog.
On pourrait en effet s'interroger sur la nécessité d'une telle carte postale au delà du plaisir esthétique d'y trouver une image d'un lieu disparu aujourd'hui. Mais la carte fut bien imprimée et diffusée à l'époque de la grandeur du Forum des Halles, elle sert donc à dire quelque chose de ses qualités artistiques si ce n'est de ses qualités architecturales. On sait les débats qui s'agitèrent sur ce Forum, pour ou contre, à l'époque de sa livraison, mais bien peu de voix se firent entendre sur la nécessité d'en sauver les œuvres d'art ou décoratives lors de sa démolition. Je pense que personne n'a sauvé ce décor sur ce pilier. Me trompé-je ?
Il a dû partir en petits morceaux, en gravats dans un camion-benne. 
Moi, je l'aime bien ce pilier. J'aime bien les léopards couchés sur un carrelage qui part à l'infini et dont la perspective est à peine troublée par la rondeur du cylindre. C'est pop, joyeux, un rien vain. J'aime bien. J'aime aussi l'usure à son pied. Comment les pas des visiteurs et des agents d'entretien ont laissé des traces. 
Est-ce que cette carte aura un jour une valeur pour juger d'un espace dénigré, mal aimé, maintenant largement oublié ? Nous pencherons-nous dessus à la fois pour comprendre l'architecture de ce lieu et le désir d'un espace commercial à l'ambition chic et joyeuse ? Car cet énorme pilier dit aussi quelque chose de l'architecture. Il dit une force à soutenir. Il dit une puissance, une charge. Pourquoi fallait-il décorer cette charge ? La faire oublier sous l'humour frais d'une image dont on ne sait pas le sens exact ici ? La poésie d'un écho ?
Pourquoi le sol de la galerie ne raccorde pas avec celui de la fresque ? Ces léopards me font aussi penser à Gilles Aillaud et ses somptueuses peintures de zoo. Rieti les avait-il vues, jalousées ?
On note que les architectes du Forum des Halles, Messieurs Vasconi et Pencreac'h ne sont pas nommés sur cette carte postale qui ne nomme donc que Fabio Rieti comme si l'espace qu'ils ont offert à l'artiste ne leur appartenait plus. C'est assez vrai au fond.
Mais voilà que je rencontre une autre fois Monsieur Vasconi :



Tout est dit sur la carte : l'année, l'objet, le nom.
Par contre, au moment de l'achat, j'ai hésité à acheter cette carte (trop récente ?) qui ne nommait pas son architecte. Et puis elle est un peu pliée, un peu sale aussi. Mais, rentré à la maison, j'eus la surprise de voir que Monsieur Vasconi avait dessiné ce bloc tendu, un rien sérieux, un rien fermé. Du moins, depuis cette carte postale des éditions Méridionales. 
J'y avais vu quelque chose de Mario Botta, comme ça, un peu vite. La couleur sans doute. Je ne regrette pas mon achat et cette découverte ni mon erreur. J'apprends.
Sans aucun doute que Élina Stoflique, un jour, me le fera visiter ce Corum. On se promènera le long de l'allée de la Citadelle pour bien sentir la masse et l'abstraction de son mur franc. On passera sous son tunnel d'un jaune sublime digne de James Turrell. Nous serons ensuite avalés par son escalier gigantesque. Oserons-nous, ensemble, y entrer dans ce Corum ?
Ce gros morceau d'architecture produira-t-il chez moi quelques sentiments architecturaux ? Et quelques réflexions sur cette ville de Montpellier qui a aussi accueilli Antigone de Ricardo Bofill ? Montpellier a donc aimé les gros morceaux, les machines puissantes. Sans doute est-ce là l'expression d'une certaine politique culturelle de cette ville voulant affirmer par un surjeu des volumes un surmoi affecté.
À vouloir trop affirmer une virilité constructive, on risque pourtant de dire qu'on n'en est pas très sûr.
Peut-on dire cela ? 



Pour relire des articles sur Fabio Riéti, le Forum des Halles et Vasconi :
etc...












vendredi 17 septembre 2021

Journées Européennes de Destruction du Patrimoine 2021

Cette année nous mettrons le focus sur trois exemples malheureusement typiques de la situation du Patrimoine Moderne et Contemporain en France. Trois exemples bien signalés maintenant mais qui, malgré l'action des citoyens, des critiques, des amoureux de l'architecture continuent d'être en danger.
Trois villes : Clichy, Châtenay-Malabry et Port Leucate.
Trois œuvres : la Maison du Peuple, la Cité de la Butte-Rouge, le Kyklos.
Il y a en a, je vous l'assure, bien d'autres... et les Journées Européennes du Patrimoine, si elles se veulent positives ne doivent pas cacher la misère de l'état de ce Patrimoine Moderne en France.

Trois exemples d'un abandon total des Ministres de la Culture successifs... Et de Madame Bachelot et de ses services aujourd'hui.

Nous avons donc tous les degrés de la bêtise, de l'indifférence et même on peut le dire de la violence contre ce Patrimoine dans ces trois exemples : un abandon et une vente, un désir de destruction franche et un manque total de considération pour l'existant.

Pour Clichy et sa Maison du Peuple, le pire sans doute, c'est la démagogie et l'instrumentalisation de l'avenir comme mode d'abandon. Jouant de codes sociaux, la reprise du bâtiment par une vedette de la cuisine (comme s'il s'agissait d'une caution culturelle) la Mairie de Clichy sacrifie le chef-d'œuvre en le vendant (abandon du Patrimoine Municipal !) et en larguant la responsabilité de son devenir à un agent privé. Autrement dit : rien à foutre de cette merde moderne. Déjà sauvé une fois des attaques de Ricciotti, (finira-t-on par le regretter ?) voilà que la politique patrimoniale du Ministère de la Culture montre pleinement son incapacité à régler une fois pour toutes l'avenir de ce Monument Historique. On sent très bien les manettes politico-culturelles qui travaillent. Le téléphone est une invention géniale quand il est associé à un entre-soi culturel.

Pour Châtenay-Malabry et le cas de la Cité de la Butte-Rouge, je ne paraphraserai pas l'excellent article de Jean-Louis Cohen. Je vous en conseille la lecture. Mais devant autant d'acharnement et d'incompréhension d'une mairie face à ce qui constitue l'essence-même de ce qu'est sa ville, ce refus de voir en quelque sorte les qualités de sa présence, on ne peut que parler de barbarie culturelle comme pour la Halle de Fontainebleau. Là encore le champ sémantique de la démagogie est l'instrument de cet abandon. On veut nous faire croire qu'on sert la population, service qui passera par un effacement de son histoire... Un comble...


Pour Port Leucate, la situation passe plus doucement, sournoisement, tranquillement... Petit à petit, petit acte après petit acte, petit renoncement après petit renoncement, la ville se transforme, balbutiant entre faux semblants d'attachement et vraie destruction droit dans les yeux (capitainerie...). Aujourd'hui, sans doute épuisée par ces transformations, une prise de conscience populaire a eu lieu et a surgi sans aide, presque viscérale : une pétition pour sauver le Kyklos. Car il devient un signe, un symbole de ce qui se passe dans cette ville. Les destructions de tout ce qui en fonde l'origine c'est à dire l'héritage de Georges Candilis et de ses confrères, de tout ce qui a fondé l'originalité de ses fondations. Refus total de cette histoire ? Ont-ils honte ?
Le Kyklos est finalement la goutte d'eau qui fait déborder le vase rempli de ce dégoût du Patrimoine Contemporain et du manque criant d'intention et surtout d'imagination pour le maintenir dans notre époque.
La pourriture s'installe, on laisse faire le travail de sape et on agira radicalement en laissant croire qu'on ne pourra pas faire autrement et même qu'on règle le "problème". Exemple bien connu, méthode éprouvée partout en France...
Signez cette pétition immédiatement :

Quoi conclure de ces Journées Européennes de Destruction du Patrimoine 2021 ? Que la mise en avant du Patrimoine est un cache-misère, que l'action ministérielle est inefficace et même parfois (souvent) complice des agents politiques locaux et régionaux, que l'éducation à ce Patrimoine est mal assurée par ceux qui en ont la charge (et les maires sont en ce domaine d'une inculture invraisemblable), que c'est souvent l'attachement citoyen qui produit une action et une mise en lumière de ces destructions et du désir de sauvetage. 
Mais il est clair aussi que ces destructions sont des actes politiques avant tout, servant souvent d'instrument pour faire valoir d'une action municipale. On finirait par croire que le dégoût affiché avec arrogance de ce Patrimoine est une vengeance de classe.
C'est limpide dans ces trois exemples. On notera que ces trois exemples sont des architectures populaires et même au service de la population : logement social, Maison du Peuple et architecture de loisirs. Tout est dit.

Pourquoi le Ministère de la Culture ne propose pas chaque année à l'occasion de ces Journées du Patrimoine une liste de monuments modernes et contemporains classés à cette occasion ?
Pourquoi le Label Architecture Contemporaine Remarquable dont l'inutilité maintenant est patente (et même contre-productive) n'oblige pas à un classement rapide ? Supprimons ce Label au profit d'une vraie action et protection.

Alors ne baissons pas les bras et n'oublions pas que :
1 Les institutions qui s'occupent du Patrimoine en France sont de service public, autrement dit elles sont à VOTRE SERVICE et vous pouvez les interroger, les aider, leur signaler et leur demander des comptes sur la gestion du Patrimoine Contemporain et Moderne dans votre ville, votre région etc... Parfois, courage, comme pour la DRAC Ile-de France, il leur faut 7 ans et demi pour vous répondre... négativement...Soyez patients.

2 Que vous pouvez agir ! En pétitionnant, en interrogeant vos élus qui vous doivent des réponses, en déposant des dossiers de protection, en interpellant des associations comme DOCOMOMO qui font un travail remarquable. Faites du lobbing, écrivez, mobilisez-vous.

3 Que vous pouvez éduquer ceux qui vous entourent, que vous pouvez communiquer, raconter, montrer, signaler à vos amis, étudiants, élèves ce qui existe et en quoi c'est un Patrimoine qui leur appartient.

On souhaite donc à Monsieur Py Maire de Port-Leucate, à Monsieur Muzeau maire de Clichy, à Monsieur Segaud Maire de Châtenay-Malabry, à Madame Peythieux, élue à la Culture à Châtenay-Malabry, à Madame Chappert-Gaujal, élue à la Culture à Port-Leucate et à Monsieur Mercier, élu à la Culture de Clichy, on vous souhaite donc à tous et à vos électeurs en particulier d'excellentes et actives Journées Européennes du Patrimoine.

Pour relire les articles consacrés à ces trois œuvres en danger immédiat :
Et comme Madame Pécresse est maintenant officiellement candidate à la Présidence de la République, n'oubliez pas son action pour le Patrimoine Moderne :


mercredi 15 septembre 2021

Miesvanderrohevienne *




Je reçois, je diffuse :

Dans cette entreprise d'inventaire devenue un monument anthropophage, il nous arrive de nous dire avec David que tout est perdu. Tout.
Et l'élan de la beauté moderniste, affirmée, désirée comme un faire-valoir politique afin d'offrir une écriture contemporaine à des lieux simples s'éteint sous l'ennui fatigué né d'une incompréhension et d'un manque de culture assez crasse en fait. Aurons-nous encore la force de défendre cette écriture ? Serons-nous un jour totalement fatigués des défigurations sans égard, sans respect faites par des mairies n'ayant comme références culturelles que le faux-semblant ? Comment a-t-on pu construire une chose aussi belle, aussi radicale, aussi brutaliste dans sa simplicité touchante, presque MiesvanderRohevienne* et laisser ça devenir un machin ridicule, épouvantable, enlaidi à ce point ? Personne à Berson n'a donc compris le sens de cette architecture ? Personne n'a donc soulevé que cette écriture était une œuvre, un signe portant une culture ? Personne ? 
Pourtant ce foyer rural fut bien construit ainsi ? Avec cette radicalité affirmée et poétique ? Il y a bien eu un architecte ayant compris que l'économie parfois ça fabrique une beauté et donc une identité. Qu'est-ce que cette culture de l'architecture est devenue ? Pourquoi s'est-elle perdue à ce point ? Pourquoi finalement la laideur gagne ? Pourquoi cet outrage ? Que s'est-il passé ? 
Ça suffit non ? 
Maintenant, arrêtez. Arrêtez !
Comment ne pas vouloir aimer la simplicité d'un plan, la liaison arachnéenne des poutres et poteaux en acier Corten, l'écran franc des pans de murs recevant la lumière et les coulures superbes de la rouille, la qualité inouïe de l'entrée ? Comment ne pas avoir vu ? 
Pourquoi, finalement, cette violence contre la beauté ?
Il faudra donc que la France moche, celle des zones pavillonnaires, celle du péri-urbain, celle des ronds-points (socles aux pires sculpteurs locaux de machins régionalistes et symbolistes), il faudra donc que cette France moche finisse même par abîmer les peu de réussites des petites choses architecturales faites avec attention et délicatesse, dans une époque lointaine maintenant, où servir les habitants par la beauté était une morale exigée.
Et sur la page du site de la Mairie de Berson, on peut lire la fierté patrimoniale de la ville :

"Berson dispose d'un patrimoine important, avec de nombreux châteaux et domaines viticoles, des anciens moulins, des vieilles fontaines et sans oublier son église et son presbytère."

Mais l'héritage du Vingtième Siècle qui avait offert à Berson l'occasion de sauter dans la modernité ne passera pas ce siècle.
Faut-il que l'on vous montre ce que c'est devenu ? Faut-il vous infliger cela ? Se doit-on de céder à une pornographie de la laideur ?
Parfois c'est mieux pour comprendre, alors...
Pleurez...
Certainement que la couleur lie de vin veut être un hommage à la vigne.
Walid Riplet pour le Comité de Vigilance Brutaliste.

* je tente un néologisme un peu outré



Merci Walid. Pour ma part, malgré une discussion téléphonique avec la mairie de Berson et des mails adressés sur ses conseils aux services adéquats, je n'ai pas pu obtenir d'informations sur le premier foyer rural : architecte, programme, etc. je sais juste que le premier foyer rural fut construit en 1968 et qu'il fut "remanié" (défiguré) en 1988. Je ne sais donc pas les raisons de cette défiguration (techniques, pratiques, esthétiques...) ni si l'architecte y a participé.
C'est dommage de ne pas pouvoir finalement comprendre ce retournement esthétique ahurissant.
David Liaudet

La carte postale est une édition du célèbre ( ici sur notre blog) Chatagneau, Elcé. La carte ne nomme pas l'architecte et n'est pas datée.





mardi 14 septembre 2021

Émile Dubuisson et sa maquette du Beffroi


Il n'y aura pas grand chose à ajouter à l'image que je vous donne, si ce n'est ma surprise une fois encore de tomber sur un document aussi rare, montrant l'architecte Émile Dubuisson ! Mais pourquoi est-ce vers moi qu'ils viennent ces documents ? Pourtant l'architecture d'Émile Dubuisson est bien moins ma partie que le travail de son fils ?
Si je n'étais pas très certain* que sur la carte postale il s'agissait bien de l'architecte, ici, pas de doute, on reconnaît bien le monsieur. Et qui d'autre pour poser aussi fièrement à côté de la maquette de son somptueux et hardi Beffroi de Lille ?


Il nous restera maintenant à identifier le moment et le lieu d'une telle grande photographie. Où sommes-nous ? De qui est le tableau sur le mur derrière l'architecte ? À quel moment fut réalisé ce cliché et qui l'a pris et pourquoi ?


On a bien une signature sur le bas de la photographie d'une qualité de tirage remarquable mais cette signature reste illisible. Il ne fait aucun doute que pour signer de la sorte un cliché, nous avons affaire à un photographe de métier ou à un amateur très éclairé. On retrouve d'ailleurs les codes de la photographie de studio, l'homme debout, accoudé, prenant la pose avec le regard vers l'extérieur. Les papiers dans la main pourraient bien n'être là que pour agrémenter cette pose. Qu'est devenue cette maquette toute blanche qui semble ici irradier l'image ? Notez la belle distribution de la lumière venant de la droite ! Superbe !
L'architecte Dubuisson, né en 1873, avait entre 51 et 59 ans pendant la construction de son Beffroi de Lille.  Il est possible que ce cliché nous montre l'architecte pendant cette période mais difficile d'en être certain. J'adore toujours imaginer le dialogue entre le photographe et l'architecte. La composition laisse la place aux deux protagonistes, maquette et architecte, mais les verticales sont partout bien tenues. La maquette dépasse son créateur et vient toucher le bord du cadre en haut. Ouf... de justesse !
Je n'ai pas grand chose à dire sur l'architecture ou la construction de ce chef-d'œuvre stylistiquement pris entre plein de contradictions et d'hésitations formelles tout à fait typiques de l'époque ne pouvant pas encore lâcher le béton et ses structures pour eux-mêmes. Les Perret avaient encore du travail à faire et d'ailleurs leur Tour de la Houille Blanche (1925) n'est pas si loin de ce type d'hésitations. On note tout de même que ce style est un peu marqué et fait davantage penser à Jules Verne qu'à Le Corbusier. Mais ne soyons pas trop dur ou mesquin, l'élancement, la pureté et l'économie de décor restent ici avec ce Beffroi tout à fait exceptionnels et les proportions sont remarquables d'audace tout comme la hauteur de l'édifice ! Et techniquement, c'est une pleine et heureuse expression du béton.
On trouvera sur ce site un excellent article sur sa construction et sur Émile Dubuisson. On regrettera que les sources ne soient pas systématiquement nommées.
Je ne vais pas ranger cette photographie dans mes archives, je vais la faire encadrer. Elle rejoindra celle de Claude Parent, Charlotte Perriand et Jean Renaudie. Il faut bien s'inventer une famille.

* maintenant il n'y a plus beaucoup de doute.
Merci de ne pas copier et diffuser ce document sans autorisation.

Pour revoir Émile Dubuisson, sa bicyclette et son Beffroi :
Pour revoir les articles sur son fils Jean Dubuisson :
etc...




samedi 11 septembre 2021

Un Havre, deux types de documents, trois moments

 Bien entendu quand on s'intéresse à un genre photographique et à la joie des images (ce qui ne va plus forcément de soi aujourd'hui), on est toujours heureux de mélanger les occasions de voir.
Alors la première occasion ici sur ce blog, c'est bien les cartes postales et il est toujours surprenant de se voir jubiler une fois encore d'un lieu ou d'un moment bien connu ainsi enregistré par ce mode d'édition et de diffusion de l'architecture.
La semaine dernière, dans une boîte à chaussures, je trouve cette petite séquence bien significative :





La première carte postale fut expédiée en 1946... Il s'agit donc d'une carte postale voulant montrer l'étendue du désastre au Havre, désastre des bombardements alliés.
La carte postale des éditions Lugen au Havre est assez typique de ce genre de cartes postales des ruines de la Guerre montrant dans le registre du haut l'état avant le bombardement puis l'état ensuite. N'oublions pas que cette carte fut donc bien expédiée en 1946, c'est dire le désir rapide d'éditer, d'informer, de montrer et aussi d'archiver ce désastre. On notera que l'éditeur ne dit rien d'autre, ne donne aucune opinion sur ce constat et laisse l'image parler d'elle-même. On notera que la carte est d'un format peu usité, peut-être à cause d'un manque encore de papier photographique mais rien n'est moins certain, c'est peut-être aussi simplement le désir de tenter de donner à voir un peu mieux. On notera aussi que le cliché du Havre bombardé est de bien moins bonne qualité que celui du Boulevard François 1er avant les bombardements. Il existe d'autres vues de ce type et pas seulement pour Le Havre, on en a vu de Royan et on pourra en voir de St Dié. Il y a donc un marché de ce type d'images à cette période mais n'y voyons aucun cynisme de l'éditeur mais bien plus sans aucun doute le souhait de partager la catastrophe, de la montrer.
Le correspondant au verso ne dit rien de son choix, ne dit rien du constat. Envoyer c'est déjà dire quelque chose et, finalement, quoi ajouter à ce constat implacable ?
J'aimerais savoir combien d'années ce type de représentations fut disponible à la vente, pendant combien de temps les habitants ont cru bon de se reconnaître dans ce choix d'un Havre dévasté ?

La seconde carte postale du Havre nous montre le même Boulevard François 1er après sa somptueuse Reconstruction par Perret. La carte est une édition Tisse et Larcier et, même si elle date sans aucun doute des années cinquante (peut-être fin cinquante), elle ne fut expédiée qu'en 1967...
Pourquoi donc envoyer une image aussi ancienne et encore en noir et blanc ?
On note que le photographe a choisi d'animer son carrefour avec des autos, sans doute pour contrecarrer un peu la... euh... régularité minérale de la ville du Havre que j'adore. Les arbres ou arbrisseaux ne donnent pas encore à cette superbe perspective sur Saint-Joseph un caractère plus joyeux. La Dauphine et son conducteur à casquette me rappellent mon grand-père.
Bien entendu, la présence des deux cartes postales dans la même boîte à chaussures dit quelque chose aussi de la proximité et de la familiarité des lieux à l'expéditeur mais, là encore, aucune critique du correspondant sur l'image ou sur l'architecture. C'est comme ça, regarde.

Mon amie Catherine Schwartz m'offre une petite suite d'images superbes du Havre. Ici, ces photographies ne sont pas une production éditée mais des images d'un particulier visitant Le Havre. Au dos de celle avec le rebord de la fenêtre, le ou la photographe note : " Retour de vacances. Départ pour le travail, Le Havre 4.10. 61, 8H50"
On s'amuse de la grande précision de la localisation et du moment ! Que veut dire le retour de vacances ? Un regret sur ce qui est vu dans ce moment ? Et pourquoi ce désir de précision si grand ? On pourrait aussi bien entendu tirer plein de conclusions sur les différences entre photographie amateur et photographie d'éditeur, on pourrait facilement croire à la plus grande liberté de l'une sur l'autre, sur, en quelque sorte son authenticité. Dieu m'en garde.
Bien entendu, la douceur du noir et blanc presque laiteux, le ciel oublié par la lumière, le manque de netteté, l'étrangeté des points de vue m'offre une grand moment poétique et touchant sur cette ville encore toute neuve en 1961. Et qu'attendent ces gens qui regardent un défilé de pas moins de 5 Floride Renault ?
Quel défilé, quel événement est ainsi attendu ? 
Reste la question du lieu d'où sont prises ces photographies. Nous sommes toujours en hauteur et même très en hauteur !
Cela semble impossible depuis les constructions de Perret d'être plus haut qu'elles. Une grue ? Un grutier au travail aurait-il pris ces clichés ce qui expliquerait la précision retour de vacances et l'heure matinale ?
Possible...
Je vous laisse tous suspendus à tous ces possibles et à votre imaginaire.
Pour ma part, je remercie Catherine pour ces belles images de cette si belle ville et je vous invite tous à vous rendre au moins une fois au Havre. 










mercredi 8 septembre 2021

Baisodrome et autre mode de couchage



Le calme à une heure de Paris...
C'est bien ce que Jean-Marc et Florence sont venus chercher au Château de la Source. Mais ils ne pourront en toute honnêteté écrire cette carte postale à leurs familles respectives. Difficile en effet d'expliquer ce qu'ils sont venus faire ici.
Car si Jean-Marc a bien raconté à sa femme qu'il partait en séminaire à la Ferté-sous-Jouarre (il est représentant chez Alcatel) et ne rentrerait que samedi prochain, Florence, infirmière, elle, avait raconté qu'elle était de garde à l'Hôpital Villiers Saint Denis et qu'elle ne pourrait au mieux revenir dans son foyer que le vendredi soir. Nous étions mercredi...
Le calme ici au Château de la Source voulait bien dire la discrétion car, le soir venu, le calme était tout de même légèrement perturbé par certains bruits. 



Sur la carte, le couple des propriétaires affichait clairement la classe sociale du lieu : une bourgeoisie chabrolienne à nœud papillon, chaussettes Burlington, chaînette en or sur robe Saint Laurent de confection. Les mains posées à l'endroit du délit. Les autos n'arrivaient que le soir, la nuit tombée, en faisant crisser légèrement sous leurs pneus le gravier de l'allée.  Et la source qui jaillissait était assez spéciale et multipliée. On l'espère en tout cas.
Toute la décoration était un peu trop généreuse, voulant affirmer la bienséance et un certain goût classique. Il faut savoir entretenir la flamme avec des fleurs, des abat-jour chaleureux, du bois trop vernis. Le matin, tout le monde prendra son petit déjeuner tard et dans la chambre.
Le calme. Le calme on vous le promet.



Daniel, lui n'a pas le temps d'envoyer des cartes postales. Il faut dire qu'il travaille dans le Hilton, il n'y dort pas. Le matin, il fait le tour des chambres, nettoie, change les draps, remet des savonnettes minuscules dans les douches, vide les corbeilles, passe l'aspirateur et surtout, il n'entre dans les chambres qu'après avoir, comme on lui a bien appris, frappé au moins trois coups sur la porte. Il se demande toujours ce qu'il va trouver car il trouve des choses, des oublis, des signes, des indices. Là un mégot d'une marque de cigarettes qu'il ne connaît pas, ici un appareil photo oublié sous une chaise, une brosse à dent usagée sur le rebord de l'évier, un dépliant pour la visite de la tour Montparnasse. Ici, au Hilton de Orly, on reste peu de nuits. Souvent une seule, pour attendre l'avion, pour attendre la famille qui viendra vous chercher. Il aime toutes ces histoires possibles. Daniel, il aime imaginer les vies. Mais avec sa collègue Monique, il n'aime pas enlever les draps. Il le fait toujours vite, les roule vite en bouchon pour ne rien voir. Il aime mieux passer sa main sur le drap propre pour bien le tendre et tapoter l'oreiller pour le gonfler un peu. Daniel, il voudrait travailler dans un autre hôtel, peut-être même le sien, quelque part dans sa Bretagne natale. Il ne rêve pas de Tokyo, de Rio ou de Genève en voyant les avions décoller tous les jours. Non, Daniel rêve de Fabrice, son copain de régiment qu'il a revu la semaine dernière par hasard à la réception. Fabrice partait pour Berlin pour un colloque consacré à un philosophe allemand au nom imprononçable pour Daniel. Mais Fabrice avait toujours les mêmes yeux, les mêmes avant-bras musculeux et ce cou long sur lequel se posait fièrement sa tête joyeuse. Ils se rappelaient bien tous les deux de... tous les deux, il n'y a pas si longtemps que ça. Combien ? Cinq ans à peine précisa Daniel. 
Daniel trouva dans la chambre vidée de Fabrice au matin, sur la table de chevet, un petit mot pour lui.
"Je reviens par le même vol, mardi. J'ai réservé la chambre. Tu me trouveras facilement, je crois. Fabrice."
Daniel avait pris un jour de congé. Mais il serait là, sur son lieu de travail. Fracas sourd sur le devant de l'hôtel. Un avion décolle pour Madrid. Daniel, il s'en moque. Il est heureux ici. 

par ordre d'apparition : 
carte postale édition Objectif Pub sans date ni oblitération.
carte postale édition P.I, cliché du photographe Alain Maisonneuve, expédiée en 1971. La carte ne nomme pas l'architecte.

mercredi 1 septembre 2021

Kyklos, encore un emblème menacé à Port Leucate...

 Je reçois, je diffuse : 

Depuis des années maintenant, il est fait peu de cas, à Port Leucate, de son Patrimoine du XXème au nom d'une nouvelle image urbaine dite renouvelée et verdoyante. Si on peut comprendre la nécessité de vivre avec son temps (expression démagogique ici utilisée avec humour... et désespoir) on peut aussi se poser la question que certaines municipalités ne veulent pas voir qu'elles ont une histoire récente qui les qualifie avec originalité et puissance. Tout comme les Bastides en leur temps, Port Leucate appartient à cette typologie des villes ayant une histoire urbaine directement liée au politique. Ici la Mission Racine, grande œuvre urbaine qui, quoi qu'on en pense, est maintenant un Patrimoine à étudier, évaluer et sauvegarder et cela n'a jamais empêché les personnes intelligentes de faire cette évaluation contemporaine sans dénaturer l'œuvre existante. On peut même en faire un atout touristique si on en a le courage et surtout le sens de la responsabilité de son histoire. Le classement des Carrats de Georges Candilis, dans cette même ville de Port Leucate en est l'exemple, classement réalisé in extremis auquel, malheureusement, la subtile et délicate capitainerie aura échappé... c'est une erreur majeure, grave et j'ose dire crétine au regard de l'intelligence constructive de ce bâtiment et de son exemplarité modulaire. Il en va de même pour les équipements de plage autour de la piscine par l'architecte Monsieur Wursteisen, détruits également... sans égard pour l'architecte. Que restera-t-il bientôt du plan d'urbanisme et du désir de Georges Candilis de faire de cette station une station ouverte à tous et populaire ? La ville se plait pourtant à signaler sur sa page web qu'elle a obtenu une ZPPAUP et un Site Patrimonial Remarquable... 

"Ce dispositif a pour objectif de protéger et mettre en valeur le patrimoine architectural, urbain et paysager de nos territoires. Un site patrimonial remarquable (SPR) est une ville, un village ou un quartier dont la conservation, la restauration, la réhabilitation ou la mise en valeur présente, du point de vue architectural, archéologique, artistique ou paysager, un intérêt public."

Aujourd'hui, c'est l'emblématique et surtout superbe Kyklos dessiné par les architectes Zavagno et Gardia qui est en déshérence.
Le Kyklos pourtant est loin de ne pas être repéré par l'Histoire de l'Architecture, loin d'être une œuvre oubliée ou peu connue, loin d'être donc une petite chose sans valeur. Dès sa construction cette œuvre architecturale est repérée et publiée dans les guides d'architectures, dans les revues de l'époque ou récentes, preuve qu'il appartient à l'Histoire de l'Architecture, preuve surtout qu'il appartient à un commun de notre histoire à tous.
Pourtant... Il est gravement menacé et dans un état d'abandon ahurissant.

Le Kyklos a des atouts et son premier est d'être là, c'est le premier geste écologique vraiment fort à assumer, ne pas détruire. Puis, il a une image, Il a une écriture architecturale, il est reconnu, il appartient à une époque qui aujourd'hui revient en force, redevient à la mode comme d'ailleurs le brutalisme. Il y a bien un tourisme de l'architecture moderne et contemporaine et le Kyklos pourrait devenir un spot pour ce tourisme. Je suis par exemple venu exprès de Paris pour voir Port Leucate et son héritage architectural du XXème siècle. Ça fait de la route et j'ai lâché sur place de la maille que les hôteliers, les commerçants de Port Leucate n'ont pas eu l'affront de me refuser parce que je venais pour l'architecture contemporaine et moderne... Non, vraiment, ils avaient l'air ravi.

La question qui pourrait se poser c'est celle d'un nouvel usage ou d'une réhabilitation. Cela est du travail, de l'intention, de la recherche. C'est plus lent, plus juste, plus courageux. Il est plus simple de déclarer un état du bâti trop dangereux ou d'exploiter l'excuse de l'amiante (si pratique aujourd'hui...) pour que l'on ne s'emmerde pas avec ça et que, sous la pelleteuse, la construction soit vite détruite et remplacée par un complexe en tuiles canal et fer forgé et béni aux bons sentiments folkloriques. Pourtant le dernier Pritzker Price attribué à Lacaton et Vassal montre bien comment faire et la direction à prendre avec l'existant.

Il nous faudra une fois encore défendre cet héritage, être en colère parce que le travail en amont, celui de l'éducation à l'architecture du XXème siècle n'aura pas été fait. Il faudra donc une fois encore pétitionner, écrire, se battre pour ce qui devrait être naturel et premier (une analyse et une attention aux objets architecturaux) soit réalisé avant toute décision de détruire.

La place du Kyklos n'appartient pas seulement aux habitants de Port Leucate, le Patrimoine a cette vertu d'appartenir et de toucher tout un chacun.  D'une ville au tourisme populaire décidée par la Mission Racine et un Gaullisme humaniste, voudrait-on faire de Port Leucate une autre ville ?
Petit rappel de ce que disait Monsieur Candilis, missionné  alors par une droite humaniste : 

" Nous considérons que la coexistence de tous ces systèmes, suivant un raisonnement clair, peut provoquer un environnement plus à l'échelle de l'homme, plus inattendu et spontané, bref plus HUMAIN. Les assemblages horizontaux se distinguent des autres par la prise de concession du sol par un seul logis. Le danger est de confondre des assemblages horizontaux, qui forment un tout, avec des lotissements pavillonnaires traditionnels, héritage de la spéculation éhontée datant de la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle qui a provoqué le débordement des villes de notre siècle."*

Le retournement est malheureusement aujourd'hui clair.
Port Leucate devrait maintenant prendre à bras le corps son héritage, en déclarer sa fierté, en faire sa particularité comme Royan, comme la Grande Motte si proche. Le Kyklos en est le symbole et il doit donc non seulement être conservé mais il doit aussi être restauré, offert à nouveau à un usage et même être l'enjeu d'une politique touristique et culturelle affirmée par la municipalité de Port Leucate. Nul doute que   Madame Chappert-Gaujal, adjointe à la Culture et au Patrimoine et  Madame Céline Cabal adjointe au tourisme vont tout faire pour sauver ce Kyklos. Il en va de leur responsabilité politique et morale sur l'héritage patrimonial de leur ville. Rassurez-nous.
On suivra donc ce dossier avec vous. 
Merci à tous de signer cette pétition citoyenne pour soutenir le Patrimoine de Port Leucate :
Walid Riplet, pour le Comité de Vigilance Brutaliste.
* Georges Candilis, Recherches sur l'architecture des loisirs, éditions Karl Krämer, 1972.


Merci Walid.
Pour ma part : on notera qu'une fois encore c'est une initiative citoyenne qui déclenche l'alerte sur le Kyklos et cette inquiétude (légitime ou non) provient toujours d'un manque d'informations sur l'avenir et d'un manque d'éducation aux stratégies patrimoniales. Les confusions entre ce qui est privé et municipal, entre ce qui est permis de faire pour protéger (qui est à l'origine des dossiers) entre aussi ce Label Architecture Contemporaine remarquable et les degrés de protection au titre des Monuments Historiques sont la preuve qu'il faudra aussi apprendre aux citoyens à s'emparer de ces dispositifs. Madame Brigitte Defives fait avec sa pétition un acte remarquable car un acte citoyen, signe de son attachement à ce bâtiment et de son inquiétude face à un délabrement (organisé ?) d'un bâtiment essentiel de Port Leucate. Il faut donc la soutenir et lui dire qu'elle n'est pas toute seule face à ce genre de combat. Bien entendu, une protection n'oblige en rien la sauvegarde d'une construction et une copropriété ne sera pas facile à convaincre pour obtenir un classement ou une protection. Il faudra donc à la municipalité faire un vrai travail de fond pour prendre en charge l'avenir et la destination finale d'un tel objet et travailler intelligemment pour que cet emblème ne soit pas sacrifié. Verra-t-on, comme d'habitude, la situation pourrir au nom d'un état irrécupérable comme le signale Walid, plus haut. Que toutes les énergies privées, patrimoniales, associatives, institutionnelles, municipales trouvent ensemble une synergie pour que ce merveilleux Kyklos y gagne un avenir et une chance à encore nous émouvoir. Port Leucate le mérite. Les Journées du Patrimoine approchent à grand pas, il serait dommage que Port Leucate se signale par l'abandon d'une partie importante de son Patrimoine. On attend donc la voix du Maire dans cette affaire.
En attendant, signez la pétition, c'est déjà un acte fort.
David Liaudet

Pour relire les défaites et les errements du patrimoine à Port Leucate :

Pour illustrer cet article de Walid, je vous donne à voir (ou revoir) les cartes postales du Kyklos qui vous montreront ses incroyables qualités architecturales. N'oublions pas que Messieurs Zavagno et Gardia avaient travaillé pour les logotypes avec Jacques Tissinier. Une œuvre donc unique, remarquable et qui mérite une belle et ambitieuse restauration et non un mépris.



Cette superbe carte postale Iris est superbe parce que c'est Monsieur Meauxsoone qui en fait la photographie. On se rappelle du talent du photographe ici par exemple et je me rappelle le bel entretien téléphonique que j'avais eu avec lui. Voilà donc une vue aérienne qui permet de lire les étagements des terrasses, le dessin des courbes et les circulations complexes et solariums qui font de ce Kyklos un cas exceptionnel d'architecture dont le toit est un praticable. Une véritable rareté. La tonalité générale des gris donne aussi à cette carte postale toutes les joies de l'amateur d'architecture remarquable. Une pépite de ma collection. Merci Monsieur Meauxsoone.

Cette carte nous montre le Kyklos sur son flanc abrité de la mer à l'arrière de la construction. Il s'agit d'une édition de la Société Éditions de France. On note le jeu magnifique des ouvertures, successions de petits Malevitch sur fond blanc. Je me souviens que lors de la visite il y a déjà quelques années que ce point de vue était déjà bien abîmé. Il faudrait lui redonner de l'air.

Nous voici sur les terrasses du Kyklos sous les peintures de Monsieur Tissinier ! Superbes !
Comment depuis cette carte postale ne pas comprendre l'originalité d'un tel espace architectural presque sculptural ! Toujours une édition de la Société Édition de France.


N'avez-vous pas immédiatement envie de prendre votre voiture et de venir à Port Leucate en voyant une telle vue sur la mer ? Ce point de vue est déjà dégradé par un espace se voulant contemporain... Il s'agit d'une édition Audumares de Perpignan expédiée en 1972.


Le Kyklos vu depuis les coupes-vents dessinés par Candilis pour la station de Port Leucate qui devrait s'emparer de ce modèle et les fabriquer à nouveau. On voit bien la masse du Kyklos, comment ses courbes fabriquaient une colline douce au-dessus de la plage. Il s'agit d'une carte postale Iris par Théojac.


Cette carte nous permet de voir le traitement des surfaces des murs en crépi épais très à la mode à cette période. On prend un verre ensemble ? Allez ! Éditions de France.

Cette dernière carte des Éditions de France nous montre le Kyklos depuis sa placette devant la plage. L'ensemble d'ailleurs agissait comme une progression douce de l'un vers l'autre, du bâti vers la mer et vice versa. On notera par pur esprit de précision que la ville de Port Leucate savait aussi choisir avec goût son mobilier urbain. Regardez la beauté toute simple du lampadaire.