vendredi 31 mai 2019

Abstract India

Il n'y a pas que Royan dans la vie.
Il y a aussi ça :


J'ai reconnu immédiatement ce bâtiment et si j'ose, en même temps, cette image. La carte postale nous dit sur son recto ce que nous voulons savoir mais pas tout ce que nous voudrions savoir. Nous sommes donc à Bombay devant le Stanvac Buiding qui aujourd'hui porte le nom de Exxon.
Mais elle ne nous donne pas grand chose d'autre. Pas de nom d'architecte, de photographe et même pas d'éditeur puisque la seule information du verso est la marque du papier photo : Labalphot.
Il s'agit donc d'une carte-photo éditée sur place d'une manière très indienne certainement, c'est-à-dire limitant au mieux le projet éditorial.
Mais nous regrettons vivement, devant un tel travail photographique (et architectural) que ce document reste ainsi anonyme !
Car il ne fait aucun doute que nous sommes devant une surprenante réalité.
L'abstraction presque totale de ce bâtiment est bien accentuée par la photographie. La question qui reste suspendue est bien d'une architecture constituée pour produire cette abstraction, ce désir de ne donner à voir dans sa façade et même ici dans son apparition iconique qu'une succession de rythmes, le chant sidérant d'un cinétisme figé dans l'image.
Pourtant la raison même de ce cinétisme est une répétition tyrannique et joyeuse de brise-soleil agissant comme un épiderme filtrant la lumière, un écran total en quelque sorte.
Marcher devant, longer ce bâtiment doit produire un effet optique assez spectaculaire en faisant bouger les creux et les pleins, imposant une fête superbe.
Est-ce que Chauncey Riley et Baqeer Shirazi qui en seraient les architectes n'ont pensé qu'aux images de leur futur bâtiment pour en décider aussi fermement sa radicalité ? Leurs avait-on demandé ainsi de pousser la valeur iconique de ce dessin pour que la construction atteigne un statut de monument, de curiosité et donc de pittoresque qui lui valut cette carte postale, véritable promotion de son originalité et de son étrangeté ?
La Modernité a toujours aimé ce jeu entre réalité effective du programme et le désir de crier sa modernité et donc son image comme si être moderne passait forcément (en force donc) par l'image étonnante, la surprise, le jeu, voire l'abstraction. On pourrait même dire une incompréhension de ce qu'il est réellement architecturalement parlant.
I am a Monument, comme dit l'autre.
Mais les beaux nuages passent au-dessus. Le noir et blanc adouci de ce cliché donne bien toute la puissance de cette construction.
Voilà comment passent, dans l'histoire de l'architecture, les icônes. Par la photographie, ce temps qui dessine et par la carte postale, cette archive populaire.
Qui a dessiné ce bâtiment finalement ? Les architectes osant son abstraction ou le photographe offrant son anonymat ?
J'ai ma petite idée.

Pour information, l'immeuble est toujours debout, semble-t-il.
Vous pouvez le retrouver aussi ici :
http://archipostcard.blogspot.com/2008/05/monsieur-persitz-collection-3.html
Et lire ça :
https://www.hindustanpetroleum.com/documents/pdf/PH_1950.PDF 





jeudi 30 mai 2019

Royan jour férié

Dans deux cageots à légumes sont rangées approximativement 1000 cartes postales que je regarde une à une.
C'est jour férié. C'est donc vide-greniers à Pont-de-L'Arche.
Je m'amuse toujours autant à retrouver la plus belle Ville du Monde perdue ici en Normandie.
Voici donc une petite sélection de cartes postales de Royan achetées ce matin.
Rien de rare ou d'exceptionnel mais, que voulez-vous, le bonheur est parfois simple.
D'abord une vue ancienne où le Front de Mer est encore beau, dégagé de toutes les merdes de pergolas et auvents des mauvais restaurateurs à touristes.
Qui aura le courage de nettoyer tout ça ?


On note sur cette édition de l'Europe que le Casino ne semble pas construit et que son terrain est encore en friche.
Un Royan encore tout neuf, la carte postale fut expédiée en 1958.
Autre vue du Front de Mer :


L'éditeur, la maison de la Presse de Royan, tente ici d'allier bord de mer, bateaux et Architecture contemporaine. Notre-Dame tente aussi de se montrer et affirme sa silhouette comme posée sur la ligne de ce Front de Mer. Cette fois le Casino est construit, il se perd un peu dans le paysage urbain. L'image est curieusement striée de lignes floues qui ne sont que des cordages d'un bateau au premier plan. La carte fut expédiée en 1965 mais me semble bien plus vieille...
Et la belle géante :


Cette belle édition Lumicap nous montre Notre-Dame de Royan dans toute sa splendeur. L'éditeur nomme bien Guillaume Gillet comme architecte au dos de sa carte postale. Bien entendu, pour moi, l'une des plus belles églises de tous les temps.
Un peu de hauteur grâce à cette édition As pour Artaud :


Le mérite de ce genre de cartes c'est de nous montrer le plan d'urbanisme en plus du beau marché qui n'est attribué comme architecte qu'à Monsieur Ursault !
C'est le quartier dont je rêve à Royan. Si vous avez un plan pour y vivre, je suis preneur. C'est aussi, en bas à droite, le quartier où ma mère est née avant guerre comme on dit.
Une carte en multi-vues :


Ah les joies du graphisme des années 60 !
La mer, la plage et... l'Architecture contemporaine réunies en une seule carte postale par les éditions Combier ! Comme c'est judicieux de nous donner à voir ensemble toutes ces merveilles ! Et surtout notre beau Casino détruit mais qui sera reconstruit bientôt à l'identique si on en croit la rumeur croissante et le soutien financier de LVMH. 2024 ?
La carte fut expédiée en 1965.
Et encore une beauté simple :





































Trois étages pour nous faire vivre les joies du balnéaire à Royan !
Le bonheur c'est simple. Alors, en cet après-midi pluvieux en Normandie, si vous vous baignez aujourd'hui, ayez une petite pensée lointaine pour un exilé du cœur.
Bien à vous.
Bons baisers de Royan.


samedi 25 mai 2019

Superstudio ça existe

Alors même que le F.R.A.C Centre rend hommage avec justesse au groupe Superstudio, je vous propose de voir quelques vrais Monuments Infinis.
Car, oui, il faudra bien un jour chanter aussi la beauté de cette architecture. Il faudra bien un jour y voir l'absolue radicalité de sa proposition, preuve sublime que l'orthogonalité, la puissance politique et même une forme d'ordre ont su donner une forme architecturale et urbaine non pas digne des utopies rêveuses d'artistes-architectes en mal de critiques sociétales mais bien digne d'une conception originale et surtout lisible d'un désir de logements pour tous.
Ceci n'est pas une utopie, ceci n'est pas une erreur :


Cette forme que l'on nomme barre avec dédain est un ensemble de lignes courant dans la perspective, offrant à l'œil la croyance en sa perte, là-bas, au loin, dans l'étonnement du chatoiement génial de sa régularité.
L'œil aime être ainsi tenu, puissamment guidé, irrémédiablement conduit par une architecture qui ne fait rien d'autre que de tenir sa promesse. Admirable la lecture possible de la mécanique de sa structure, admirable comment les redents des balcons construisent des tours accolées, admirable le jeu des ouvertures, admirable la succession des parallèles, admirable le socle en creux de la galerie marchande.
Admirable et réelle, cette Cité Bénoni Eustache à Villemomble par l'architecte oublié A. Sorin.
Rendons-lui hommage.
Silence.
Merci.
Merci les éditions DL.
Et puis :


Dans un noir et blanc sérieux, voici une autre continuité. Elle se plie un peu, prend un angle, semble épouser la géologie des pentes.
Là encore la structure est visible grâce à son léger dégagement de la façade donnant le rythme, le tempo sériel.
C'est ici non pas la mélodie qui est mise en avant mais bien le battement répété d'un marteau sur une tôle sourde.
Et dedans, loin des moqueries joliesques des intellectuels hippies, on y habite.
On y habite et on s'y situe.


















On barre d'une croix la fenêtre de sa vue, sa place dans la grille non pas monotone, ici on dit égalitaire.
Vous ne regardez pas l'architecture si vous ne vous mettez pas à ses fenêtres pour voir ce que l'on y voit. Quelle vue cette machine sublime donne à voir, quelle voisinage s'y constitue, quelles histoires s'y racontent.
C'est un Domaine, c'est le domaine de Ménival à Lyon, c'est même précisément le Bâtiment 4.
Et maintenant, c'est tellement infini que cela ne rentre pas dans le cadre.


C'est bon signe ce désir de s'échapper.
Ce désir de fuir.
Ce désir de partir du cadre.
La blancheur des lignes continue d'un bout à l'autre de faire glisser le regard, de lui interdire de choisir un lieu ou même d'être tenté par une rupture.
Ça file à l'égal.
Avez-vous remarqué que cette continuité n'est en fait qu'une gigantesque percée ? Qu'elle n'est construite quasiment que de fenêtres ?
Avez-vous remarqué comment la structure donne l'occasion aux arbres de s'exprimer ?
Mireille n'a pas peur de son architecture. Mireille n'en dit rien de négatif, elle regrette même les arbres qui lui empêchent de montrer ses fenêtres à ses amis. Elle fait un point rouge dans le vert des arbres.
Un point rouge.
C'est là, au milieu d'un infini qu'elle habite.
Et c'est de la poésie pure.
Comme un enfant qui dessine à la craie sur les murs de la Cité Radieuse, comme une feuille de cerisier qui ombre un mur à Venise, comme l'usure délicate d'une marche à Talmont.

C'est une poésie que l'on doit aux éditions Tardy venues photographier Super-Marseille, "La Rouvière" et son bâtiment D.

dimanche 19 mai 2019

Peï et puis Peï et puis plus rien

Ils sont toujours dans leurs examens, ça ne rigole pas.

Monsieur Peï est décédé.
Avec une telle figure de l'architecture, difficile d'être original ou de croire que l'on révélera quelque chose de plus. Quelques clics sur votre clavier et vous aurez des milliers de pages sur cet architecte génial.
Bien entendu, en France, on a la Pyramide du Louvre si photogénique que des milliers de cartes postales vous en raconteront la forme et la présence. Je ne manquerai pas à mon devoir de vous en montrer quelques-unes.
Mais je voudrais vous montrer d'abord cette Tour à Singapour, la O.C.B.C car je la trouve particulièrement bien dessinée et qu'elle est peut-être moins connue que notre belle Pyramide :




































La carte postale est une édition S.W. Singapore sans nom de photographe ni d'ailleurs de nom d'architecte. Je n'arrive pas à trouver le nom de l'architecte de la tour U.O.B à gauche de l'image et qui est détruite maintenant.
Pour la Pyramide, je commence par cette carte postale que j'aime beaucoup :


Il s'agit d'une édition CL'H montrant le nettoyage acrobatique de la Pyramide qui, effet superbe, semble disparaître dans le ciel. Je l'ai déjà publiée mais bon, elle est très touchante.
Je vous propose celle-ci :




































Cette carte postales des éditions de la réunion des Musées Nationaux est datée de 1988 ! Déjà ! La photographie est de Deidi von Schaewen pour Connaissances des arts. Bien entendu, l'intérêt d'une telle image est de percevoir mieux la structure surtout grâce au détail en haut de la photographie. Si la transparence du verre semble bien totale depuis l'intérieur, on remarque tout de même que la grille marque l'image. C'est très beau et cela fait penser à Frei Otto.
Et si on zoomait ?


Voici donc une autre carte postale serrant encore davantage sur la résille. L'éditeur est éditions à vue d'œil (joli nom) et le photographe est Xavier Testelin. Quoi dire ? Qu'il est difficile de faire la netteté sur le Louvre derrière et la pyramide devant, dans le même temps...
Je m'arrête là.
Il pourrait y avoir encore tant et tant de cartes postales de cette pyramide du Louvre.
Je vous rappelle que vous pouvez aussi lire ou relire l'article sur le beau MuDam dessiné par Monsieur Peï au Luxembourg ici :

https://archipostalecarte.blogspot.com/2014/03/lea-luxembourg.html


mercredi 15 mai 2019

Royan M.R.U

 Comme Walid et Jean-Jean sont en plein partiels, je reprends la main :

Dans le flot maintenant bien maîtrisé des cartes postales de Royan, il devient difficile de trouver un point de vue original, une information nouvelle qui permettra de maintenir l'étonnement de la représentation.
Alors comment faire ?
Mais il arrive que ce ne soit plus l'image qui signifie.
Il arrive que ce soit le correspondant ou ce qui a produit l'occasion de l'envoi et du choix qui vont signifier.



Sur cette carte postale des éditions Studio Bourdier on a déjà la joie de trouver la maquette de la ville de Royan ce qui est un miracle particulier à cette ville. Nous avons déjà évoqué ici ou dans mon ouvrage l'exception de cette représentation d'une ville. Ici, on retrouve le centre ville, le Front de Mer et son arc puissant et ce qui deviendra sans doute le point fort de son plan d'urbanisme, sa projection vers la mer.
Déjà on peut observer les changements avec le réel, que la construction de l'Hôtel de Ville n'a pas eu lieu et que la place est bien plus ouverte aujourd'hui. D'ailleurs je m'étonne d'une telle densité, et surtout d'un rapport urbain à la mer encore bien plus filtré qu'il ne l'est aujourd'hui, surtout depuis la destruction honteuse du portique qui, heureusement, sera reconstruit bientôt. Ouf !
On note que le photographe pointe l'appareil photographique vers le bas, en plongée, comme le ferait un aviateur photographiant la ville pour une vue aérienne. Cela permet de serrer la maquette dans le cadre et d'éviter le vide du noir du hors maquette. Cela fabrique bien un point de vue sur le plan d'urbanisme, dont on sait que le regard depuis le ciel fonde souvent le dessin (dessein aussi) comme si dessiner une ville devait toujours se faire depuis le ciel. Il n'y a, à ma connaissance, aucune photographie de cette maquette montrant le point de vue du piéton.
On note aussi que la maquette ne comble pas certains îlots et articule surtout le Front de Mer. Elle est, à la fois très technique et poussée sur certains détails, voir même enfantine (cabines de plages, automobiles, quelque chose du maquettisme ferroviaire) mais aussi assez brutale avec des morceaux d'immeubles réduits à quelques cartons vite assemblés.
Retournons la carte.


Ce qui a produit mon désir de posséder cette carte postale c'est bien les trois lettres de l'adresse : M.R.U !
On note aussi que le correspondant(e) a souligné l'inscription Royan de demain ce qui tendrait à dire que soit l'image ne le souligne pas assez (souci de réalisme ?) soit que le correspondant tient à ce que cette information soit particulièrement mise en avant pour en dénoncer le retard, ou du moins, le fait que ce ne soit pas encore le Royan d'aujourd'hui. On peut aussi penser que cette carte postale, envoyée après la construction de ce Front de Mer nécessite que le correspondant en ré-affirme la différence avec le réel effectivement construit.
Mais qui était Monsieur Demolier et Cécile travaillant (?) pour le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme à Poitiers ? Quel lien pouvait-il y avoir entre ce M.R.U de Poitiers et celui de Royan ? Une direction régionale ? Malheureusement la carte n'a plus (ou pas eu) son affranchissement ce qui ne permet pas de la dater et donc de comprendre où nous en sommes de la Reconstruction de Royan dont on sait que les retards avaient donné lieu à des manifestations.
L'inscription Bon souvenir de vacances indique bien un séjour personnel que l'on pourrait penser envoyer par un(e) collègue à ses amis de bureau.
Reste que pour ma collection, c'est la seule carte postale qui évoque ainsi ce Ministère et donc la puissance politique sous-jacente à ce moment. Certes, c'est un détail mais il fait chanter ce document, pour moi, d'une certaine manière. Une réalité affirmée.



Le 14 juillet 1957 à 16h30, il y avait du personnel à la Poste de Royan. Oui, un jour férié, alors qu'un touriste faisait son tour et lançait sa carte postale dans la boîte au lettres de la Poste, un employé était au travail.
Monsieur Berjaud a permis à ce touriste de faire le choix d'une belle photographie bien réussie du marché. Pour une fois, et c'est assez rare, c'est depuis le sol que Monsieur Berjaud cadre. Et il cadre bien. Regardez comment il utilise le remblai enfin construit pour faire un beau triangle qui servira de contrepoint géométrique aux courbes du marché. On note aussi que la pointe de ce triangle vient bien nous signaler la présence de deux gamines qui tiennent le lampadaire !
Les représentations depuis le sol de ce marché sont peu courantes, les photographes préférant souvent prendre un peu de hauteur pour mieux affirmer la belle originalité du marché et de sa forme de coquillage. Là, Monsieur Berjaud est comme le piéton, il voit une succession de vagues venant, tour à tour, taper le sol, taper le ciel. Il choisit aussi un moment à la lumière dure qui fera le travail de creuser les formes avec force. Le ciel moutonneux finira la beauté simple de cette image, véritable ode à cette architecture. Good Job ! Comme dirait l'américain.


mardi 14 mai 2019

Monsieur Jean-Claude Drouin architecte, Monsieur Prouvé, raidisseur.

Le soir, la nuit tombée, voilà qu'une présence se fait sentir. Alors que Anne Bariteaud, notre jeune collègue, nous promène dans les rues de sa ville de Tours, je tombe en arrêt devant les Halles et immédiatement j'en palpe les montants en aluminium.
Je ne sais pas pourquoi mais d'abord je trouve l'ensemble superbe et bien marqué par son époque et, dans ma tête, je pense immédiatement à du Prouvé, celui tardif, pas celui si célèbre à Tours de l'Usine Mame dans laquelle d'ailleurs nous allons passer deux jours de suite.
Mais...
Mais, en même temps, je me dis que cela serait tout de même inouï que cette bonne ville de Tours possède ainsi deux aussi beaux ensembles de Jean Prouvé en n'y faisant pas plus attention que cela. La restauration de l'ensemble sur le toit de l'Usine Mame attend, attend, attend et donc pourrit, pourrit, pourrit sans qu'il ne semble que quiconque s'y intéresse.
Alors... En pleine ville... Un ensemble Jean Prouvé...
Eh bien si !
Si ! Mais pas seulement !
Dans le restaurant, alors que mes collègues hésitent entre une salade au saumon ou au tofu (oui on est comme ça) je cherche rapidement sur mon téléphone et je tombe sur cet excellent et très complet interview de Cécile Garcia-Giraud par  Laurent Geneix  :
https://www.37degres-mag.fr/societe/un-architecte-un-lieu-tourangeau-episode-8-les-halles-de-tours/

Ouf ! Me voici conforté dans mon intuition et quel plaisir, toujours de faire une aussi belle découverte ! Merci à vous deux !

Alors, de retour à la maison, je cherche mieux car la personnalité de Jean Prouvé pourrait avoir vite fait d'occulter celle de Jean-Claude Drouin le vrai architecte de ces belles halles de Tours. Il est aisé alors de suivre le cours normal des recherches et de tomber d'abord sur un article dans l'Architecture d'Aujourd'hui qui oublie de mentionner Jean Prouvé mais nomme bien Monsieur Jean-Claude Drouin et Michel Georginadi comme architectes. Nous avons la date : février 1981. Pourquoi Jean Prouvé n'est pas nommé ? Sans doute que son rôle structurel passe en second plan du... plan. Pourtant son écriture est lisible et c'est d'ailleurs troublant à quel point l'esthétique de ce bel ensemble lui rend hommage. Et ne sont évoqués par Cécile Garcia-Giraud que les raidisseurs.

Mais voilà une autre belle surprise, toujours dans la revue l'Architecture d'Aujourd'hui voici que Jean-Claude Drouin dans un très bel article nous propose une maison expérimentale en 1972 et que cette maison me fait vraiment trop penser à l'ensemble saccagé sur les ordres de Pecresse à Saint-Ouen. Le voilà mon écho mémoriel.
La maison est superbe ! On rêverait de la visiter ! On note que l'article fait allusion au système Pétroff, à Jean Prouvé cette fois bien nommé mais aussi à la société Matra.
Je ne sais pas qui a encore la chance aujourd'hui d'habiter dans une telle œuvre mais qu'il nous contacte ! Et Monsieur Jean-Claude Drouin aussi !
Il me fallait donc, dans ma collection, ajouter quelques cartes postales de ces belles Halles de Tours afin de rendre justice à Monsieur Drouin son architecte et à Monsieur Prouvé son raidisseur !

La première :


Les éditons Valoire ont fait le choix d'une proximité avec les halles de Tours. Aucun nom n'est donné, aucune indication non plus du photographe. Par contre, la lumière donne toute sa chance aux jeux contrariés des verticales et des horizontales ainsi qu'à la blancheur de l'ensemble. On note aussi la grande ouverture du bâtiment sur l'extérieur et sa belle massivité sereine. Le toit n'a sans doute pas échappé aux contraintes d'intégration et propose donc des pentes couvertes d'ardoises.
La seconde :


Une belle édition Artaud qui nous permet de lire un peu mieux la volumétrie et aussi, par le recul, permet au photographe de placer un élément architectural du Tours historique. Ciel parfaitement tendu et nettoyé, minéralité de l'ensemble que le vide de vie rend beau et spectaculaire.
La troisième :


Placé en hauteur le photographe des éditions Greff fait le choix d'une vue intégrante. Les halles sont prises dans la ville et s'y intègrent bien semble-t-il. On note la hauteur bien tenue et la coloration du bâtiment qui tient compte de son environnement : mur blanc, toit en ardoise. C'est d'ailleurs assez étonnant comment cela rentre bien en quelque sorte !

Tours, la nuit :




































Et maintenant les articles dans l'Architecture d'Aujourd'hui, l'article sur Tours ne comporte aucun nom de rédacteur ou de photographe et le nom du dessinateur est illisible.















































































La Maison, les photographies proviennent de chez Matra ou de J. Masson :






























lundi 6 mai 2019

Avec des planches, du courage et du génie


La sidération passée, nous pourrions vous laisser avec l'image.
Que pourrions-nous bien ajouter à ce cliché de la chapelle de Ronchamp en construction ?
D'abord l'étonnement à voir ce moment et surtout à le voir ainsi édité. On notera que le photographe resté anonyme attend un moment bien avancé du chantier, permettant de bien lire déjà la forme générale de la chapelle. Il ne lui manque plus grand chose en fait.
On est au moment du décoffrage de la coque du toit. Les planches gisent sur le sol et les murs sont encore en pierres apparentes.
C'est très émouvant comme moment. On peut d'ailleurs trouver aussi que l'appareillage des pierres avait une certaine allure et que son contraste avec le toit en béton brut avait déjà une grande force.
Mais qui est venu, à ce moment-là, immortaliser ce chantier ? Et, surtout qui a pu bien penser que cela intéresserait une clientèle d'acheteurs venus en pèlerinage ?
Ici, sur ce blog, nous aurons vite fait de penser à Charles Bueb, bien évidemment.
La carte postale ne mentionne ni nom de photographe ni nom d'éditeur d'ailleurs.
Étrange. Il ne s'agit pourtant pas d'une carte-photo. Alors ?
Autre étonnement la carte fut expédiée bien tardivement puisqu'elle est oblitérée en 1990 !
Si on compare l'état du chantier sur cette carte postale et celui photographié par Charles Bueb on est dans l'obligation d'y voir un rapprochement. Je compare les dos des cartes postales de Charles Bueb et celle-ci et, patatras, ça ne tient plus...
Mystère...
Sur le toit, on devine deux silhouettes en promenade, des chanceux arpentant la coquille de crabe. On voit aussi un arbuste souvent posé là par les ouvriers des chantiers pour que tout se passe bien. Un grigri de maçon. Pour le reste, le chantier est vide, les herbes sont folles.

Il y a fort à parier que nous sommes en 1954, autour de la visite du chantier par Le Corbusier. Peut-être même un peu après si on en croit l'avancement du mur du campanile sous bâche sur la carte postale alors qu'il est nu sur la photographie de Charles Bueb.
Espérons que les cartes postales de Ronchamp continuent de nous servir d'aussi beaux documents.

Pour revoir Ronchamp :
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=ronchamp+
Pour revoir Charles Bueb :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2015/04/charles-bueb-publie-ronchamp-revele-le.html