mercredi 30 avril 2014

La Cité Analogue, la Montagne Radieuse, Corbu par la face Nord

C'est comme ça.
Je n'y peux rien.
Nous allons encore parler de le Corbusier.
Nous allons dire surtout notre émotion devant ceux qui réalisent à votre place un rêve solide et sans peur.
Ce que j'ai reçu m'a particulièrement ému, je l'ai reçu de la part d'un parfait inconnu, de quelqu'un qui a osé faire de l'image une réalité.
Je reçois ça :



Au loin, dans la ville de Rezé, la Cité Radieuse raccourcie un peu par l'écrasement perspectif qui la massifie un peu, on devine sur le pignon Nord de l'édifice des petites formes simples, premières, posées comme une ponctuation subtile, presque des taches de l'imprimeur : pétouilles comme on dit chez moi, chez les lithographes. Le cliché est de André Morin.
Des pétouilles aux couleurs primaires qui semblent pourtant bien être une œuvre d'art accrochée là, sur l'étendue aveuglée d'un des plus beaux murs du Monde, beau non parce qu'il est célèbre mais bien parce qu'il est vide.



La carte postale est envoyée je pense par Benoît-Marie Moriceau car rien d'autre que l'écriture du feutre bleu ne me permet une autre identification. Ou Sylvain Bonniol ?



Au verso de ce qui s'apparente aussi à un carton d'invitation, on lit pourtant beaucoup de choses.
Il s'agit donc bien d'une œuvre dont la proposition est assez simple : jouer à l'alpinisme.
J'ai joué à ce jeu lorsque nous avions en groupe tenté il y a très longtemps une Nouvelle Ascension du Mont Analogue de René Daumal. Faire jouer ainsi la légende de la Montagne à celle de l'Architecture est une évidente analogie...
Mais ce qui me plaît tant ici, c'est bien la réalité de la proposition, l'audace de sa réalisation. Et même si je crois comprendre que personne n'a réellement séjourné sur ce mur de Le Corbusier en mode alpinisme, même si de cette aventure alpine et architecturale, ne restent que des formes rappelant les tentes que suspendent les alpinistes dans des hauteurs vertigineuses, j'aime qu'ainsi par quelques objets jouant entre abstraction et réalité, mon rêve se réalise, ma fiction se mette en route. On notera tout de même sur le carton la présence du Club Alpin Français qui a bien dû donner quelques conseils et aussi quelques moments d'escalade dans le réel ! Ma jalousie est totale et ma projection puissante à ce geste qui est, certes, autant une image qu'une action. D'abord parce qu'il y a un regard sur un morceau de la Cité Radieuse (Maison comme on dit à Rezé) qui est souvent boudé, peu aimé : sa face nord, sa face aveugle. Cette surface immense, sorte de place vide verticale, sorte aussi de désert dressé dans le ciel, a ainsi vu des regards amoureux et envieux de ce vide. C'est déjà bien.
J'imagine, le cou brisé, Benoît-Marie Moriceau, au bas de la Cité Radieuse regardant cet espace et se construisant une histoire mêlant une aventure un peu enfantine du "t'es pas cap'" à une réflexion aboutie sur cette architecture. Il y a l'amour d'un exploit (que je défends), une performance qui pourtant ici se dégage habilement, légèrement d'une histoire de ce type de pratique. On est sans doute aussi sous l'influence nantaise (et montagnarde !) de Neal Beggs ou du duo rompu Poincheval/Tixador.
On pourrait gloser à l'envi sur les rapprochements entre théories architecturales sur l'habitat collectif moderniste et le minimum d'un habitacle de survie. On pourrait y voir une critique, un jeu, une réduction. Certes.
Mais je crois que Benoît-Marie Moriceau est sincère à son admiration pour l'architecture, je crois surtout qu'il est sincère à son geste dont la gratuité inventive forme une naïveté poétique que l'esprit du jeu sauve totalement. C'est joyeux, drôle même, et pertinent. J'aurais bien pour ma part, il y a encore peu de temps, aimé avoir peur à une descente en rappel sur ce mur.
Et si le Modulor avait un piolet ?
Je n'aurais qu'une critique : la mode très Arty qui consiste à nommer les œuvres d'un titre en anglais que je trouve vraiment vraiment... inutile.
Mais ce que j'aurais aimé être sur cette face Nord de la Cité radieuse un piéton égaré et effrayé !
Pour compléter cette carte postale et ce travail, je vous offre Monsieur Moriceau ce diptyque de cartes postales de ma collection, cartes rangées dans le classeur "Montagnes" qui devait soutenir notre Nouvelle Ascension du Mont Analogue... Ascension perdue, oubliée, inachevée et donc belle.



La carte postale de gauche est une édition Darbellay Martigny qui nous donne : Val d'Hérens, Valais, descente en rappel.
La carte postale de droite est une édition NOGAREDE, à Marseille. On notera pour l'ensemble des Cités Radieuses le peu de représentation des façades nord sans doute trop vide pour mériter une édition. Marseille a pourtant avec son bel escalier de secours eu droit à quelques images.



samedi 26 avril 2014

Le Corbusier, Pierre Chareau, André Lurçat, Erich Mendelsohn chez Fernand

Bon.
Ça commence à bien faire.
Voici que je vais vous parler deux fois de Le Corbusier dans la même semaine mais je crois que ce que nous allons voir va bien confirmer la place de la carte postale comme enregistreur parfait de l'œuvre de l'architecte. Nous allons aussi, une fois encore, poser plus de questions que nous apporterons de réponses, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Regardons cette carte postale si incroyable :



Séparée en deux registres égaux, cette carte postale des éditions Fernand Nathan nous donne à voir dans un noir et blanc qui serait bien plus un sépia et noir deux constructions. En haut, il s'agit du groupe scolaire, école de filles de Villejuif d'André Lurçat architecte.
En bas, la carte postale nous donne à voir (et je reprends à l'exact les termes) Le salon d'une villa ouvert sur un jardin suspendu par le Corbusier (Charles-Édouard) et Jeanneret (Pierre).
Oui, il s'agit bien de la Villa Savoye dont on peut ainsi admirer l'intérieur.





Pourquoi le nom des propriétaires n'est-il pas donné ? Cette dénomination est sans doute beaucoup plus récente dans l'histoire de le Corbusier, le bâtiment n'avait peut-être pas si tôt pris le nom de ses commanditaires pour être reconnu. Car, il ne fait aucun doute, vu la qualité éditoriale que cette carte postale est contemporaine des deux constructions représentées. Pourquoi un éditeur comme Fernand Nathan a-t-il édité ainsi des cartes postales de constructions contemporaines ? À quelle occasion cela fut décidé ? Rappelez-vous, nous avons déjà vu une carte postale aussi exceptionnelle ici venant du même éditeur et parlant du même Le Corbusier... La carte postale de ce jour fait bien partie de cette série, ici c'est le numéro S. XIII. - N°4, donc il y a au moins quatre cartes postales dans cette série...
La photographie de l'intérieur de la Villa Savoye est signée par Marius Gravot qui est le photographe qui travailla avec Le Corbusier et qui fit le cliché de la carte postale du Plan Voisin. La photographie de l'école de Lurçat est signée, elle, de A. Salaun.
Voici donc les deux architectes réunis par deux bâtiments très différents ! On voit que l'éditeur Fernand Nathan fait cela avec l'autorisation des architectes puisque la mention Courtesy of MM Le Corbusier et Lurçat est imprimée. Cette carte postale n'est malheureusement pas écrite donc ni envoyée ni... datée !
Mais pour ce qui est de la représentation de la Villa Savoye c'est une chose bien incroyable de la voir ainsi dans ses aménagements encore privés, représentée et diffusée ! N'oublions pas que des cartes postales de maisons ou de villas privées sont extrêmement rares ! Ici, il s'agit bien d'évoquer la modernité de l'architecture, de montrer dans deux exemples différents les enjeux de son temps. Vous en voulez une nouvelle preuve ?



Alors...
Toujours dans la même série, toujours chez Fernand Nathan éditeur, ce que nous voyons là est l'intérieur d'un industriel à Paris par... Pierre Chareau !
Cet intérieur reste mystérieux. Je ne reconnais pas la Maison de Verre qui fut d'ailleurs construite pour un médecin et non pour un industriel. Par contre on reconnaît bien le type des aménagements et même certaines pièces de mobilier comme le tabouret et la table au premier plan.



On devine tout un système de fermetures en accordéon glissant sur un rail venant ouvrir et fermer les espaces. Mais où sommes-nous dans Paris ?
Cette carte postale porte le numéro S.XIV N°3.



Continuons avec cette autre carte postale de l'éditeur Fernand Nathan.
Magnifique non ?
Nous ne sommes plus en France mais en Allemagne devant les magasins Schocken à Chemitz. L'architecte de cette merveille n'est rien moins que Erich Mendelsohn ! La carte postale est numérotée S.XIII N°7 ! On notera une faute d'orthographe sur le nom de l'architecte qui est affublé d'un double S. Le très beau cliché fait la part belle à l'écran tournant de sa façade prise depuis le sol et d'une abstraction totale.
Devant cette image sans nom de photographe, on peut commencer à tirer des conclusions sur cette série éditée par Nathan :
le Corbusier y est représenté au milieu d'autres architectes, les architectes sont français ou étrangers, les constructions représentées sont diverses (école, villa, magasins...), la qualité éditoriale et la précision des titres sont les signes d'une volonté de médiatiser cette architecture, la série semble s'attacher autant à l'image extérieure des constructions qu'à leurs aménagements intérieurs, aucune date n'est donnée mais on doit être entre 1925 et 1935. Trop tard, je pense pour l'exposition des Arts Décoratifs de 1925, trop tôt pour l'exposition internationale de 1937 ?
Fernand Nathan étant un éditeur de matériel pédagogique, on peut penser à une série voulant diffuser l'architecture contemporaine. Pourquoi cela passe-t-il par la forme de cartes postales ? Étaient-elles réunies en un porte-folio ? Diffusées lors d'une manifestation autour de cette question ? Étrange également que sur les quatre cartes que je possède aucune ne soit écrite... ni envoyée.
Il faudra poursuivre les recherches.

mardi 22 avril 2014

Le carnet et Le Corbusier

Les éditeurs de cartes postales ont souvent édité des carnets entiers sur un paysage, un lieu, un espace. 
Objet curieux dans l'usage, imitant celui des cartes postales, il faut bien le dire, ces carnets étaient bien plus souvent achetés comme souvenir à garder que comme multitude de cartes postales que l'on détachait pour les envoyer. On les retrouve souvent entiers dans les boîtes à chaussures, neufs et feuilletés comme des petits albums photographiques.
Il arrive aussi que leur usage ait suivi le cours normal de leur invention, et que, au hasard, on retrouve certaines cartes postales détachées, éloignées de leurs sœurs.
Voici un exemple de carnet simplement extraordinaire ! Nous avions aimé celui sur l'école de Suresnes, celui sur Villeurbanne, vous allez adorer celui sur la Cité Radieuse de Le Corbusier à Marseille.
Une fois encore, il suffirait de dire l'incroyable succès éditorial  des cartes postales de la Cité Radieuse pour avoir tout dit. Aucune autre construction de logements de cette époque n'a eu droit à un tel dépouillement de son programme par les éditions de cartes postales, preuve qu'il fut bien intégré comme une expérimentation, qu'il fut visité comme un objet touristique, qu'il aiguisa la curiosité. 
La Cité Radieuse a donc toujours été un objet architectural spécial, étonnant, miraculeux.
Admirons donc cette belle édition, ce petit livre d'art, ce catalogue incroyable de la Modernité Architecturale offert dans un écrin populaire : un carnet de dix cartes postales.
On notera que les dix vues donnent à voir l'ensemble du programme, nous faisant faire le tour de la construction par l'extérieur en nous montrant la façade, les pilotis, le couloir, l'intérieur meublé en 5 cartes postales, le toit et une vue aérienne viennent finir la visite ! Aucune carte postale ne donne à voir un habitant, et la question de la réalité de l'habitation de l'appartement visité reste entière. Difficile de savoir s'il s'agit d'un appartement-témoin ou d'un appartement réellement habité, on ne sait pas plus s'il s'agit d'un seul appartement ou de vues de plusieurs... Tout est propre, bien rangé, mais certains détails font tout de même croire à un vrai appartement inhabité. Mais rien de certain.
On s'amuse d'un mobilier qui n'a rien d'avant-garde mais qui ressemble bien à la production de l'époque et également au style un peu mélangé allant des meubles de famille au mobilier de la Reconstruction. Il y a la télévision et un piano...
On remarque que Le Corbusier est nommé dès la couverture dudit carnet et que son nom apparaît sur chacune des cartes postales, associé à Marseille, Unité d'Habitation, "La Cité Radieuse". L'édition est pour la Société Éditions de France, et il s'agit d'une production Ryner. Aucun nom de photographe n'est donné, aucune date et aucun texte ne vient compléter ce carnet à la tranche dorée...
Pour des raisons pratiques, je vous montre les cartes postales depuis le carnet ouvert car il ne passe pas sous le scanner. Vous retrouverez certaines cartes postales déjà analysées sur ce blog et des nouvelles bien croustillantes...
Bonne visite à tous de la Cité Radieuse !

Générique !














Pour retrouver les textes des cartes postales déjà analysées allez ici :








lundi 21 avril 2014

Partout pareil

Ainsi, sans le nom des pays, des villes, nous ne pourrions décemment les identifier, les localiser.
Voici trois cartes postales offertes par Claude Lothier qui font cet effet, de vous faire reconnaître l'architecture, d'avoir l'impression de l'avoir déjà vue sans pourtant pouvoir dire où l'on est et qui a construit : une forme internationale.
D'abord :



Je ne vous donne tout de suite ni la localisation de cet hôtel ni d'ailleurs le nom de l'architecte. Essayez de deviner où nous pourrions bien être.
Une idée ?
Les automobiles pour ce genre de devinette sont très utiles ! Non, nous ne sommes pas dans une république de l'Est de l'Europe. Non, nous ne sommes pas en Europe non plus d'ailleurs...
Pas facile...
Nous sommes en Amérique du Nord, au Québec et plus précisément à Montréal devant l'Hôtel Maritime situé au centre ville. La carte postale nous précise le nombre de chambres (214) et le nom de son restaurant le "Beau rivage" ce qui ravira Julien Donada. On sait également que le salon de coiffure est "unisexe" !
La carte postale n'a pas de nom d'éditeur mais sans doute est-elle produite par l'hôtel lui-même.
On connaît par cœur cette "typologie" de constructions. Une tour pour les chambres, une rotonde panoramique pour le restaurant et les services. L'opposition d'échelles et de formes créant l'essentiel alors de la valeur architecturale de l'ensemble et la lecture de ses fonctions. Ici, l'hôtel dispose d'un plan en L dans le creux duquel la rotonde vient se placer. Aux premier et deuxième étages, les chambres ont donc "vue sur le toit de la rotonde"...
On trouve facilement les nom des architectes de ce joli hôtel au style international : Shekman et Hersen.
Puis :



Étrange non ?
Un ensemble urbain fait de tours tassées les unes sur les autres sans égard et même sans beauté, laisse le ciel à un soleil immense qui embrase les nuages...
Il s'agit d'un montage très curieux qui donne à la ville une impression de maquette assez prononcée !
Les ombres d'ailleurs ne correspondent pas à la lumière de ce soleil surdimensionné. Qu'importe, l'éditeur de cette carte postale veut sans doute nous faire croire qu'ici la chaleur et le soleil sont les éléments essentiels pour produire une image de cette ville...
Mais...
Où sommes-nous ?
Là encore, rien dans l'architecture ne nous permet de reconnaître le lieu et cette fois pas d'automobiles !
Le seul indice finalement ce n'est pas l'architecture très commune mais bien ce soleil écrasant. Nous sommes au Kenya à Nairobi. L'éditeur nous donne même le nom du photographe, photographe très joueur, Dino Sassi. Mais j'aime certains "matériaux d'images" de ces façades d'immeubles plantés là un peu au hasard.
Et la correspondante, avec une poésie toute singulière nous indique que "C'est très beau car c'est resté très primitif (excepté les grandes villes)" !
Sans doute que ce soleil orange est la part primitive de cette carte postale !
Et encore :



Une plage, la mer, du bleu partout un peu doux. Trois tours plantées sur le sol qui sont certainement des hôtels. Immédiatement je sens l'eau passer dans mes doigts de pieds et j'imagine le photographe de cette carte postale qui ressent la même chose. Je le vois avec son pantalon remonté sur les genoux essayant de ne pas mouiller son matériel. Il cadre.
Il cadre quoi ?
Une certaine joie de vivre, celle des vacances au bord de mer, vacances modernes, tout confort. Et, depuis ce point de vue, la modernité semble moins dure et s'opposer moins au littoral. Comme si, finalement, l'éternel du balnéaire trouvait bien aussi ici, au pied des aménagements modernes de la côte l'étendue de sa raison d'être : plage, flots, vagues, écumes.
Mais où ?
Quel pays peut avoir envie de se représenter ainsi mêlant une modernité de tours blanches égales à un ciel bleu parfait ? Dans quel pays la famille emmène les enfants sur la plage accompagnés d'un dauphin gonflable en plastique ?
Nous sommes à Venus ! En Roumanie ! En 1975 !
Remercions vivement Claude pour cet envoi. Merci.

jeudi 17 avril 2014

Aztèque hi-tech



À Noyon, la piscine n'est pas une piscine Tournesol.
Non.
C'est un bassin en longueur que l'on a voulu, comme pour le modèle de Bernard Schœller, avec un toit qui s'ouvre lorsque les beaux jours arrivent. C'est d'ailleurs amusant cette volonté de ciel, lorsque l'on se baigne... Comme si la céramique des bassins appelait à elle le ciel bleu.
Bien évidemment ce qui nous séduit immédiatement dans cette carte postale Combier, c'est le dessin de la structure métallique qui glisse comme des tables gigognes l'une dans l'autre pour gagner de la place. Le dessin a quelque chose de l'avion, du morceau de Tour Eiffel, quelque chose d'industriel dont la franchise mécanique en fait tout l'attrait. On comprend au premier coup d'œil comment ça marche, on lit parfaitement le roulement, presque on entend le bruit de cette glissade sur les rails.
Le bassin lui-même est simple. Petit bassin au fond, et devant, les grands qui n'ont plus peur de l'eau jouent dans le grand bassin.
Mais le grand mur de brique était sans doute trop vide. On décida d'appeler un artiste :



Et un bas-relief aux reflets métalliques (acier poli ?) d'une  beauté à la Paco Rabanne embrasse l'ombre de la structure. Tout le monde l'ignore. Il est comme un soleil froid, une broche un peu trop grosse sur le revers d'une robe bon marché.
Mais qui réalisa cette sculpture de piscine qui ne démérite pas ? 
Et quel architecte a dessiné cette piscine ?

Pendant ce temps, à Paris-Bercy, un chef-d'œuvre prend sa place :



Messieurs Andrault et Parat nous offrent le P.O.P.B que j'aime mieux appeler Palais Omnisport de Paris Bercy. La carte postale Yvon nomme bien les architectes que nous aimons beaucoup sur ce blog. L'image est superbe mettant l'objet comme sur un socle fait d'une volée de marches. L'aspect minéral et sec de ce promontoire fait monter la pression de la structure qu'une bande unie de ciel bleu achève radicalement. Une minuscule silhouette nous donne l'échelle de l'ensemble.



Tout est tranquille.
Mais comme pour la piscine de Noyon, l'image laisse passer les hourras de la foule à l'intérieur.
Je me demande comment à cet endroit, le photographe peut être aussi haut ?





Me fascinent toujours autant la puissance visible des piliers et la sensation de légèreté du treillis métallique conçu par Jean Prouvé. Ce mastaba aztèque hi-tech posé dans Paris est parfaitement représenté dans le livre superbe édité au Cercle d'Art en 1991. Le Palais Omnisport en fait même la couverture.

Andrault Parat, architecture
Robert Bordaz, Michel Ragon, Bernard Heitz
éditions Cercle d'Art, 1991.

photographies de A. Martin :

















mardi 15 avril 2014

Carnet de ville Montreuil




Je reçois de la part de Franck Kirch, un bel envoi plein de documentations dont nous aurons à reparler et qui nous serons sans doute utile.
Dans cet envoi, une petite boîte de carton fait la belle. Scellée par un bandeau qui annonce son contenu, on peut y lire : Carnet de ville, Montreuil. Mehdi Zannad. Maison de l'Architecture de Lorraine.
J'hésite à couper l'étiquette pour accéder à l'intérieur mais il le faut !
Bien évidemment, le format et la boîte elle-même me rappellent d'autres types d'éditions que j'ai partagées avec vous et notamment la très belle édition de Frédéric Lefever. Je m'attends donc à trouver à l'intérieur des cartes postales... Presque... Il y a d'abord, contrecollé dans le couvercle, le plan de la ville de Montreuil permettant de localiser les images puis immédiatement, les cartes sont disposées en paquet.





La première sur la pile est une photographie du carnet de dessin de Mehdi Zannad. On reconnaît un Moleskine qui me fait immédiatement penser à Claude Lothier et son dessin quotidien. Au dos de celle-ci, l'artiste nous explique la démarche et l'objet de ce carnet. Je vous le donne à lire. Je retiens surtout "l'éblouissement est toujours à portée du regard - surtout quand l'environnement est neuf, comme ici à Montreuil, où je viens de m'installer."



J'aime aussi son désir de lenteur et la tranquille détermination du regard. On entend en quelque sorte les dessins parler d'autant plus qu'au dos des dessins sont imprimés des commentaires entendus par le dessinateur lors de sa pose. C'est très élégant, simple et donc difficile. On aime les panneaux vidés de leur sens, laissés comme des ponctuations solides dans l'image. Les poses longues ne chargent pas le papier et les dessins tiennent la respiration. Voilà qui nous change de la photographie froide et objectivement (in)déterminée.
Ce que fait Mehdi Zannad c'est simplement reprendre la rue. C'est un bel objet, un beau regard.
D'un point de vue éditorial, rien à dire. La boîte en carton sans luxe fait bien écho à l'objet et à la ville. Le tirage des dessins est parfait, d'une grande lisibilité. Le plan fait son usage. On comprend l'objectif, on se régale de pouvoir y retourner.
Monsieur Zannad, faites-en d'autres !
Un petit détail tout de même, les cartes ne sont pas divisées au dos comme des cartes postales, elles ne présentent rien qui suggère une telle utilisation. Mais les signes de cette préoccupation sont visibles et, finalement, qu'importe, quand c'est beau...
Et puis, il y a le mystère des vues n°22 et n°23... Elles représentent le même dessin mais sont localisées à deux endroits différents... La bonne localisation étant celle du n°23, il s'agit sans doute d'une erreur, d'un glissement d'image ! Quel dessin oublié dans le carnet de Monsieur Mehdi Zannad attend maintenant d'être montré ? Mystère !



Je vous présente seulement quelques images sur la quarantaine ! Je suis un peu las du scanner ! Et le mieux, c'est de vous procurer très vite c'est belle édition en vous adressant à la Maison de l'Architecture de Lorraine qui a su soutenir là un remarquable travail.
Je mettrai aussi des vues de Street-View pour jubiler non pas d'une comparaison mais du plaisir à voir, à voir encore et toujours la ville.
Pour voir l'artiste au travail, vous trouverez sur son site une vidéo et aussi une page de gravures magnifiques et qui, évidement, me touchent tout particulièrement !
Nous reste à remercier vivement Franck Kirch pour cette belle découverte. Merci Franck !

Cliquez sur l'image pour voir la vidéo:



Vue n°4 :




Vue n°5 :




Vue n°8 :




Vue n°9 :




Vue n°13 :




Vue n°21 :



Voici la fameuse vue 22 et 23 :




Ici, impossible de refaire le même point de vue, car le dessin de Mehdi Zannad fut réalisé dans le parc et la Google Car n'y pénètre pas ! Nous avons réussi tout de même à retrouver la grande tour :






Vue n°35 :





Vue n°40 :


http://zannad.fr/montreuil