mardi 25 février 2014

La piscine, le matin

Ce matin, nous allons tous à la piscine.
On va bien rigoler. On va comparer nos abdos en faisant semblant de ne pas être attaché à la forme de nos corps, en pensant que nous ne sommes venus là que pour le sport.
Celui-là fera une démonstration de traversée en crawl et celui-ci fera des plongeons pour impressionner les filles qui n'en ont rien à faire et reluquent déjà le nouveau maître-nageur...
Moi, les bras appuyés sur le rebord comme si j'étais déjà épuisé par la nage, je regarderai l'architecture...
On commence ?



Rien que vous n'aimiez déjà avec cette belle carte postale de Cours-la-Ville dans le Rhône et sa piscine Tournesol ouverte au ciel bleu. La carte Combier est très contemporaine et fut expédiée en 1990. On devine que la piscine fut construite dans ce qui devait être le Parc du petit castelet à gauche de l'image et le contraste entre les deux architectures est bien amusant. Est-ce que cette piscine Tournesol existe toujours ?





un peu comme Alan Aubry :



Oui ! Si on en croit notre visite en Google car ! Rappelons tout de même qu'il serait temps de protéger ces piscines Tournesol et d'en classer une au titre des Monuments historiques avant qu'il n'en reste plus aucune debout et ouverte ! Toute les semaines on apprend la destruction d'une piscine Tournesol ! Et si à Cours-la-Ville on protégeait cette piscine ?
Plus musclée :



La piscine de Vanves nous est montrée toute musculature de béton plié dehors par les éditions Raymon si prolixes.
Quel objet !



Mais qui dessina cette beauté aux caissons soutenus par de belles colonnes ? On dirait une collerette gracile amidonnée ! On s'amusera également de la tonalité blanc-bleu de l'image offerte par le hasard des carrosseries des autos toutes à l'unisson. La Google Car étant passée l'été, on ne peut que deviner derrière les foutus arbres, la beauté survivante de cette piscine de Vanves...



lundi 24 février 2014

Terre cuite, architecture crue ?

Rassemblées à cause d'un détail, deux architectures bien différentes mais qui proposent un décor aujourd'hui bien marqué dans son époque. Il restera autour de ces deux objets, beaucoup de mystères...
On commence :



À Pontoise, nous sommes devant la Chambre de Commerce et d'Industrie grâce à une carte postale Abeille-cartes pour Lyna dont le photographe nous est bien connu (pas assez en fait) : J. E. Pinet. Celui-ci est d'ailleurs un peu en hauteur et un peu loin de l'objet qu'il vise mais sans doute veut-il insérer cette C.C.I dans son contexte. Cela nous permet en attendant mieux de nous régaler de quelques automobiles  : Renault 16, Renault Rodéo, la nouvelle Renault 5 qui côtoie la vieille 4cv et quelques Citroën.
Mais... Ce qui nous intéresse ici c'est l'architecture étrange et bien curieuse de ce bâtiment ! On remarque un jeu tout particulièrement complexe de sa couverture dont le débordement du toit, par son ombre franche sur le pignon indique sa forme épaisse et, euh, libre. Le dessin tient aussi dans la jonction au sol avec un biais défensif posé sur le parking...







Comme c'est compliqué ce dessin ! Et ce petit volume qui vient briser la ligne du toit ? Quoi en penser ? La visite sur Google street nous permet de passer derrière et là, une fois de plus, la forme expressionniste est encore accentuée ! Pourquoi autant d'angles, de pointes ? C'est assez particulier non ?











Et surtout, nous aimerons ce pan de mur en briques qui forme un décor de bienvenue sur l'avant. On sait que ce type de décor est une mode qui couvrira avec bonheur certains halls d'immeubles comme le fit avec une grande rigueur et grande réussite l'Œuf, centre d'études. Ici, il est assez réussi pour ce que nous pouvons en voir depuis cette carte postale ! Mais qui est à l'origine de cette architecture ? Qui décida qu'il fallait ainsi avec ce décor inviter à y entrer ? Un architecte ? Un artiste sculpteur ? Et qui dessina cette Chambre de Commerce et d'Industrie de Pontoise ?
Mystère...
Encore ?



D'une toute autre échelle, cette construction qui semble bien être une Poste serait située à Clichy-sur-Seine, place des Martyrs de l'occupation. Serait... oui, car je n'ai pas réussi à l'identifier ni à la retrouver ! Là aussi nous sommes chez un grand éditeur de cartes postales et avec un grand photographe : éditions Raymon par J.N. Duchâteau !
Vous aurez compris que ce qui me chatouille c'est l'incroyable travail du rez-de-chaussée sur cet immeuble ! Comment ne pas aimer ça ! On voit là une intention, un désir de faire travailler le piéton, de lui offrir l'occasion d'un contact sans doute, en brisant aussi une forme indifférente du mur rideau de l'immeuble à l'arrière. L'opposition fait ici toute la qualité de cet ensemble dont le petit volume suspendu et posé sur des poutres de béton blanc donne l'échelle, produit l'étonnement.



 

Mais rien... pas de nom d'architecte, pas de nom de décorateur, même pas une image sur Google...
Une erreur d'attribution du lieu de la part de l'éditeur ? L'ensemble aurait été détruit ?
On ne peut que penser tout de même devant une telle qualité à Monsieur Y. Alleaume qui réalisait pour Messieurs Andrault et Parat des jardins minéraux superbes aux pieds de leurs architectures. Est-ce lui l'auteur de cet ensemble ?
Mystère...
On s'amusera du logotype de la Poste réalisé en volume et en céramique !

dimanche 23 février 2014

Presque Roger Anger et Roger Anger tout de même

Sur une carte postale Combier, des résidences à la porte d'Etampes à Arpajon :


On y voit une construction qui pour moi est signifiante de notre capacité à reconnaître, à émettre en quelque sorte une projection.
Mon écran d'aujourd'hui sera l'œuvre superbe de Roger Anger.
Comment, devant une telle image, une telle photographie, une telle construction ne pas rêver à cet architecte ?
Mais, il faut vite, au-delà des apparences, au-delà des images, bien regarder.
Il ne s'agit pas là d'une construction de Roger Anger mais de l'architecte M. E. Djenangi qui est nommé d'ailleurs par l'éditeur de cette carte postale.
Qui est cet architecte ? Je n'en sais rien, mes recherches restent vaines mais il ne fait aucun doute que ce dernier a du avoir dans l'œil les façades de Roger Anger et que, devant une telle plasticité, il n'a pu que tenter de faire quelque chose qui s'en rapproche. Une proximité donc... pas une réalité.
D'ailleurs le rapprochement se fait essentiellement sur le pignon plus cinétique que sur la façade plus commune mais qui ne manque pas de qualité. On remarque d'ailleurs sur celle-ci un moment de silence des balcons, une période plus plate brisant la rythmicité élégante de l'ensemble.



Alors ?
Alors pourquoi se priver de ce que notre mémoire en mettant l'une sur l'autre, la géniale et la suiveuse architecture nous prouve que les formes se promènent, se retrouvent, glissent sous nos yeux ?
Et pourquoi ne pas en profiter pour voir de vraies architectures de Roger Anger photographiées par votre serviteur dans Paris ?
Et si, d'une carte postale dont Monsieur Djenangi l'architecte reste mystérieux nous nous offrions les joies d'un architecte plus connu...
Je vous conseille aussi vivement d'aller voir ici la conférence qui eut lieu au Pavillon de l'Arsenal, conférence tenue par Anupama Kundoo qui a écrit un superbe ouvrage sur Roger Anger mais conférence aussi dans laquelle en forme d'introduction, vous verrez monsieur Parent évoquer Roger Anger.
Ne boudons, décidément... aucun plaisir !






Immeuble de logements, Roger Anger et Pierre Puccinelli architectes, Paris, rue de la Colonie. 1958 !



Tour de logements, Roger Anger, Mario Heymann et Pierre Puccinelli architectes, rue Érard, Paris. 1962.



Immeuble de logements, Roger Anger, Mario Heymann, Pierre Puccinelli architectes avec l'Œuf, centre d'études. Rue Paul-Doumer. Paris








samedi 22 février 2014

Petits mètres

L'histoire de l'architecture est faite de grands noms reconnus, de constructions repérées, protégées, iconiques.
Mais l'architecture c'est bien ce dans quoi nous circulons au quotidien, un chemin bâti et structuré.
Il y a sur ce chemin des petites choses, trop souvent oubliées et ignorées qui pourtant ne déméritent pas par leur forme, leur dessin et l'ambition mesurée de petits maîtres de l'architecture mal connus.
Je vous propose deux objets qui sont tous deux des hôtels de ville et qui se doivent par cette fonction de représenter la ville et la République. Elles sont donc importantes comme images urbaines et se doivent à une certaine particularité iconique et devraient aussi pouvoir participer de l'Histoire de l'architecture.
On  a vu sur ce blog l'extraordinaire hôtel de ville de Lillebonne par Claude Parent. Nous allons encore, mais d'une autre manière, nous régaler.



Nous sommes à Lexy en Meurthe-et-Moselle devant son hôtel de ville. Un bloc bien dense qui sait ouvrir des retraits, proposer une alternance de vides et de pleins, d'écrans et d'ouvertures. Pour ce qui est des écrans, nous reconnaissons bien là le module Sculptura-Panel que nous avions vu ici ou ici. Ce moucharabieh moderniste est ici proposé en version bronze doré et occulte bien la très grande ouverture faite dans ce beau cube blanc qui pourrait tout aussi bien être une villa moderniste !



Mais pourquoi un hôtel de ville a-t-il ainsi besoin d'une grande terrasse ? Celle d'un logement de fonction ? Un balcon institutionnel ?
La carte postale est une édition de l'Europe qui cale l'hôtel de ville entre deux arbustes et laisse apparaître le cul d'une DS Citroën. Au verso, le tampon de la Poste nous signale que la ville de Lexy se reconnaît dans son église, son Ossuaire et son jardin public. le dessin de l'église nous fait bien envie... on aimerait connaître mieux cette construction et l'architecte de ce beau petit hôtel de ville aujourd'hui remanié et dont la terrasse a été fermée ce qui rompt totalement le sens de son architecture. Nous passerons aussi sur l'état de sa peinture... Dommage.





Encore plus... spectaculaire :



Quelle image ! Quelle architecture !
Nous sommes à Cholet devant l'hôtel de ville qui semble bien être ce type de découverte que nous aimons faire dans cette France si riche en objet architecturaux remarquables et... inconnus !
Le dessin est superbe et il serait de Francis Pierrès, architecte. Regardez comment la liaison est faite entre la partie à gradins  et le devant de la construction ! Cela crée une brisure de l'ensemble qui le dynamise et donne à voir sans concession les circulations. On ne peut qu'être aussi saisi par les épaisseurs variées de la façade et ce bandeau sombre qui joue avec la blancheur de l'ensemble.
Vraiment superbe.




Mais mon petit tour en satellite me donne à voir l'arrière de la construction et on devine alors un autre très beau morceau très différent de celui montré sur cette carte postale Combier. Là également, une massivité puissante mais dynamique est présente dans ce jeu de cylindres en jonction. Si l'ensemble est beau, il apparaît comme très différent. Un agrandissement ultérieur ?
Je vous signale  que Dominique Amouroux a écrit dans la très belle revue 303 un article sur Francis Pierrès, architecte aujourd'hui disparu. Nul doute que cela mérite d'être lu. Il va me falloir fouiller dans la bibliothèque de l'école pour lire cet article !













lundi 17 février 2014

Côte d'Ivoire, Roumanie, Brésil : le voyage d'un modèle ?

D'abord cette carte postale :



Ce superbe hôtel planté fermement dans un paysage est l'Hôtel Ivoire d'Abidjan. Reprenant finalement les conventions et dispositifs internationaux, cet objet architectural, s'il est bien dessiné semble pouvoir se poser ainsi un peu partout sans problème. Il est reconnu immédiatement dans sa fonction et dans son écho moderne : une tour dans laquelle les chambres luxueuses sont disposées, un plateau au premier niveau pour tous les services de l'Hôtel, une terrasse donnant sur une piscine. Au dos, un parking.
On reste toujours dubitatif sur le toit immense qui aurait pu faire une terrasse mais qui devient un désert gris que traverse semble-t-il un arbuste...
On devine à l'extrême droite de cette carte postale Hoa-Qui, un chantier. L'hôtel ne serait pas terminé ?
On se rapproche ?



Cette superbe carte postale toujours chez Hoa-Qui, nous montre cette fois la piscine et sa belle terrasse surplombante ! C'est vraiment magnifique ! Regardez la rigueur du beau dessin des caissons et la très belle grille de la façade ! J'aime tout particulièrement comment la lumière vient rebondir sur le sol pour éclairer par dessous cet objet architectural d'une lumière jaune dorée.
Un bel escalier tombe en hélice. On est dans l'eau chaude regardant en nageant sur le dos ceux qui boivent un verre, on est penché sur le balcon regardant à l'envi, les dos dénudés des baigneurs...
Et encore...



Toujours le même Hôtel Ivoire, toujours le même éditeur qui nous montre l'entrée. On devine un jeu décoratif fait de faïences en forme d'oiseaux et la couleur rouge apporte aussi une touche joyeuse ! Mais regardons bien ce détail :



Ce dessin ne vous rappelle rien... Allez... cherchez bien....
Est-ce que l'architecte de cet hôtel, Moshe Mayer (si on en croit Wikipédia...), aurait voyagé ?
Comme il est d'origine israélienne et roumaine, aurait-il vu ou dessiné ça :



Nous sommes cette fois en Roumanie devant le casino et restaurant de Mangalia. On retrouve sur sa façade ce dessin si... original que les aficionados de l'architecture brésilienne auront reconnu. Mais avant, admirons le verso de cette carte postale roumaine et son sens aigu de l'organisation de l'expédition ! J'aime aussi le très beau dessin du wagon sur le timbre !







Il semble que l'architecte de ce beau casino si brésilien soit Cezar Lăzărescu (si on en croit... Wikipédia !) qui est un très bon architecte roumain.
Mais revenons à notre modèle... Avez-vous trouvé ?
Et ça ?




Alors vous me direz que l'échelle, la fonction, la forme sont un peu altérées sur ces dérivés mais comment en voyant cet ensemble ne pas penser que les dessins voyagent ?
Comment ne pas croire que la particularité du dessin de Niemeyer pour ce palais à Brasilia n'aurait pas su rencontrer d'autres architectes utilisant ce modèle comme un signe d'une forme de modernité ?