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mercredi 1 février 2023

Que nous réserve le Centenaire de Claude Parent ?

 
Photo de Claude Lothier

Pendant ce mois de février, Claude Parent aurait donc eu cent ans ! Cela semble assez incroyable de penser cela car il est vrai que jusqu'à son décès récent, l'architecte affichait une vitalité hors-norme.
Est-ce cette vitalité que Loris Gréaud tenta de récupérer au dernier moment auprès de l'architecte pour co-signer avec lui ce qui serait sa dernière œuvre ? Sans doute. Comme on le comprend.
Juste à temps.
On devrait donc pouvoir tirer un bilan de l'œuvre de Claude Parent en se servant comme des indicateurs des manifestations autour de son centenaire. On peut aussi s'interroger sur les hommages qui lui seront rendus et de comment ses constructions et ses oeuvres critiques seront remises en lumière à une époque frileuse sur le béton, frileuse sur la théorie, frileuse sur l'avenir. Car, oui, Claude Parent fut aussi un architecte de ce qui allait advenir et notamment des migrations dont il avait su dessiner les accueils, les flux, les drames.
On peut donc se réjouir que deux livres essentiels de Claude Parent soient à nouveau édités et que ses dessins soient à nouveau disponibles dans une galerie*. C'est au moins l'occasion de les voir ou de les revoir. Mais quel programme est prévu par les institutions patrimoniales pour mettre à cette occasion la lumière sur les oeuvres construites de Claude Parent ?
Un programme de balades est-il prévu en Région Ile-de-France pour visiter les icônes de l'architecte et de son compère Virilio ?
A-t-on lancé la restauration de ses œuvres ? Est-ce que les écoles d'architecture envoient leurs étudiants et étudiantes sur les lieux ? Quel colloque est organisé sur le travail de l'architecte pour discuter de la pérennité pourtant si contemporaine de sa pensée de la Fonction Oblique ?
Une messe sera-t-elle organisée à Nevers en son hommage ?
La Centrale de Cattenom sera-t-elle ouverte à la visite ?
La DRAC Ile-de-France va-t-elle enfin classer Ris-Orangis ? Au moins, apposer le Label ACR sur le bâtiment ?
Alors si l'héritage d'un architecte se mesure à l'écho qu'il a dans les productions contemporaines, il ne fait aucun doute que Claude Parent est partout présent tant les exemples de constructions lui faisant signe sont légion. Si on s'appuie sur les hommages officiels là...C'est le grand vide pour l'instant.
Je ne ferai pas ici l'affront de raconter à nouveau son importance ni de rappeler comment avec vous les combats pour sauver Sens et Ris-Orangis furent à la fois victorieux et funestes.
Je voudrais simplement qu'à l'occasion du centenaire de Claude Parent, on ne confonde pas la lecture contemporaine nécessaire de son oeuvre avec une idolâtrie de sa personne comme lors de son "hommage" à la Cité de l'Architecture.
Sans aucun doute la Société Carrefour va lui rendre hommage en ouvrant à nouveau les rampes de Sens au public...
Sans aucun doute que les dessins rangés, les livres vendus, il ne restera pas grand chose à part l'implacable jubilation à visiter son oeuvre pour se rappeler de son importance.
Il en va ainsi de l'Histoire de l'Architecture. Et il y aura bien un responsable du Patrimoine pour nous rappeler que nous n'avons pas à nous plaindre au vu du nombre de constructions de l'architecte protégées par une inscription aux Monuments Historiques dont on le rappelle ici qu'elle ne suffit pas à pérenniser une oeuvre. Qui ira contrôler l'état des rampes à Sens ou des murs de Ris-Orangis ? Qui profitera de ce centenaire pour faire un inventaire de la préservation de l'œuvre de Parent et Virilio ? Qui se demandera comment populariser une certaine idée de l'espace  auprès du public et des futurs architectes ? Qui surveillera la transformation de la Fondation Avicenne ?
Que feront les CAUE concernés par des oeuvres de l'architecte sur leur territoire pour ce centenaire ?

Alors, je vous propose donc de relire ses livres, de visiter ses oeuvres. Faites-le dans un état de conscience aiguë. Touchez les murs, soulevez les planchers, glissez sur les rampes, parlez fort pour des échos somptueux, laissez les lumières entrer, cherchez les appuis, déroulez la plante des pieds, déstabilisez-vous.
C'est l'expérience de son architecture qui sera le plus bel hommage à lui rendre. 
Ne soyez-pas des fans flagorneurs. Il y en a déjà assez. Cela ne suffit pas malheureusement à préserver une œuvre et un combat architectural ni à légitimer une succession. C'est aussi la leçon de son meilleur élève : François Seigneur.

Walid Riplet pour le Comité de Vigilance Brutaliste

Voilà deux extraits éclairant du "errer dans l'illusion" dont Claude Parent me parle ainsi dans sa dédicace :
"Ce livre rouge chinois le plus important pour moi"







Vous pouvez aussi aller vivre vraiment la Fonction Oblique ici, et ça c'est gratuit et permanent :

*En ce moment : 
Deux rééditions :
- "Vivre à l'Oblique" (1970), reproduit dans son format original. 
- "Errer dans l'Illusion",
Lancement des livres le 13 février chez Artcurial
Collaboration entre Bernard Chauveau Édition et les Archives Claude Parent.

Galerie 8+4 du 28 janvier au 11 mars, centenaire de Claude Parent, exposition de dessins.
36, rue de Turin, Paris 75008.

Pour lire ou relire des articles sur Claude Parent, le combat pour Sens, celui de Ris-Orangis, voilà une liste presque exhaustive.
cet article est le plus important :

et les autres...etc...



vendredi 24 avril 2015

Un centre commercial Monument Historique à Ris-Orangis

La demande d'inscription à l'inventaire des Monuments Historiques a été déposée en... 2012.
Il semble qu'il faille dire à nouveau l'importance de la protection de ce type de construction aujourd'hui.
Ne soyons pas désespérés, soyons actifs et vigilants.
Aidons ceux qui ont des doutes à trouver des réponses.
Pourquoi faut-il inscrire le centre commercial de Ris-Orangis dessiné par Claude Parent ?
Voici les raisons, elles sont objectives :
Unicité, rareté 
Le centre commercial de Ris-Orangis appartient bien à une série de centres commerciaux dessinés par Claude Parent pour l'entreprise Goulet-Turpin. Mais cet effet de série qui pourrait laisser penser à une multiplication d'un modèle est ici bien contrarié par un travail toujours extrêmement vivace du terrain de la part de Claude Parent. Aucun de ses centres commerciaux n'est identique et tous possèdent une implantation, une articulation à la ville différente aussi parce que les échelles des centres sont très différentes. Celui de Ris-Orangis est donc unique et ne peut être assimilé aux autres centres commerciaux de Reims, Epernay ou encore de Sens. Dès sa construction, le centre commercial de Ris-Orangis fut publié, révélé, observé comme un modèle mettant en scène les liaisons automobiles et piétonnes sur un terrain particulièrement difficile. Ce centre commercial possède encore l'ensemble de ses éléments, son parking, son magasin et sa passerelle d'une extrême force plastique. Il est donc unique et rare.
Intégrité
On peut donc jouir encore aujourd'hui de l'ensemble architectural dessiné par Claude Parent. Les trois éléments forts éclatés en trois volumes et trois fonctions sont toujours utilisés, utiles et arpentés par une population qui rend vivantes ses fonctions. Si la fonction oblique y est moins lisible qu'à Sens par exemple, la force brutaliste de la construction est toujours présente et n'a subi, à part un déploiement publicitaire, aucune altération des structures, du dessin, des fonctions. Ce qui est, pour une construction marchande de cette époque, très rare. On notera donc une valeur d'usage maintenue ce qui en dit long sur la qualité architecturale du projet qui a pu absorber les chocs commerciaux sans être transformé.
Représentativité exemplarité
En France, aucun autre exemple d'une relation soutenue entre un architecte et un entrepreneur de centres commerciaux n'a pu donner un ensemble aussi cohérent que le duo Claude Parent/Goulet-Turpin. Cette relation est exemplaire, unique et forme sur notre territoire un ensemble cohérent mettant en avant la possibilité de faire avec ce type programmatique une œuvre architecturale de première importance que seul, l'élan des galeries marchandes du XIXème peut concurrencer. Il faut donc pour une cohérence patrimoniale, maintenir à la fois les entités et l'ensemble, aucun centre commercial de Claude Parent ne pouvant à lui seul être représentatif des autres, qui sont par ailleurs, malheureusement, déjà fort dégradés (Reims) ou détruits. Il faut donc prendre conscience qu'une œuvre architecturale ne peut en remplacer une autre combien même, elle appartiendrait au même commanditaire, au même programme, au même architecte ! On pourrait dire que le travail de Claude Parent pour les centres commerciaux n'est pas une multitude mais un ensemble. C'est essentiel. Le centre commercial de Ris-Orangis possède une vraie démonstration brutaliste dans ses volumes. Il est à ce titre l'un des plus beaux dessinés en France appartenant à ce mouvement. C'est l'une de ses plus justes exemplarités qui fait toujours écho aux autres productions de l'architecte, se répondant par un jeu subtil de reconnaissances mutuelles. C'est ce mouvement formel et géographique qui fait l'exemplarité également de ce travail.
qualité artistique
Tout dans le centre commercial de Ris-Orangis raconte la liaison parfaite entre son architecte et le béton. On retrouve dans les formes, les matières, le sens de la volumétrie ce qui fut déclaré comme acte fondateur d'Architecture Principe à Sainte Bernadette-du-Banlay. Le centre commercial de Ris-Orangis offre bien une forme condensée de l'effet défensif, allant jusqu'à proposer une passerelle bunker pour conduire les clients du parking posé sur un toit vers le magasin à l'expressionnisme puissant. On n'oubliera pas l'une des particularités de Ris-Orangis qui est son jardin. Ici, à Ris-Orangis, les fractures des éléments, le jeu des fermetures et des visées, le sens indéniable d'une dramaturgie du parcours du client, l'éclatement des volumes sur le terrain avec la récupération des pentes par la gestion d'une passerelle, tout cela dans un traitement global affirmant sans retenue une dureté subtile, prouve que Claude Parent savait déployer un programme sans rien abandonner de ses théories mais au contraire, en les appliquant à un programme public et donc très facilement expérimenté par tous. Le centre commercial étant toujours actif, la démonstration est réussie. On notera la fortune critique de ce centre commercial dans la presse spécialisée et populaire.
Notoriété
C'est tellement simple... L'œuvre de Claude Parent est l'une des plus fortes accomplies, l'une de celles qui a su mettre en action des positions pourtant radicales et qui ont démontré leurs validités. Claude Parent a été immédiatement reconnu avec Paul Virilio, comme l'un des architectes ayant remis en question l'ensemble de la pratique architecturale mais surtout ayant remis le corps et son parcours dans l'espace au centre de leurs préoccupations. Il s'agit d'une architecture humaniste, sensible qui s'exprime dans des forces d'ordre tellurique. C'est ce qui en fait la beauté mais surtout son importance dans notre histoire de l'architecture. Aucune autre œuvre ne fut à la fois aussi radicale et aussi populaire, réussissant ainsi à offrir au public le plus large des expériences que d'autres architectes ont laissé se perdre dans une utopie inutile.
On sait comment depuis quelques années l'importance de ce travail fut remise sur le devant de la scène par des critiques d'architecture de première importance comme Frédéric Migayrou, comment Rem Koolhaas, lors de la dernière Biennale de Venise a offert à Claude Parent une place dans son exposition sur les Fondamentaux de l'architecture, comment des artistes contemporains comme Xavier Veilhan ou Nicolas Moulin ont fait de Claude Parent l'une de leurs sources de formes, d'idées mais surtout ont fait de Claude Parent un penseur de l'espace et des flux.
L'œuvre de Claude Parent est publiée dès ses premiers travaux, elle est l'objet régulièrement de rétrospectives et de recherches. Ris-Orangis est à ce titre souvent évoquée, critiquée, regardée et surtout arpentée. La grande notoriété de Claude Parent ne peut pas être un obstacle à une autre inscription, simplement parce que le Patrimoine ne doit pas être d'exception mais de continuité. Il est impossible de se priver d'une sauvegarde au nom d'une autre. La notoriété même, la vivacité de Claude Parent comme référence pour notre histoire et la créativité contemporaine devraient suffire à faire de ce centre commercial de Ris-Orangis un objet sauvegardé.
Claude Parent fait simplement partie des très grands architectes comme Ledoux ou Le Corbusier, de ceux qui ont construit leur pensée, l'ont donnée à voir et à l'éprouver.
Dans notre espace, sur notre territoire, des œuvres d'une telle ampleur conceptuelle et formelle sont rares. Il est de notre responsabilité de donner à l'histoire de l'architecture française, la possibilité pour les générations à venir de vivre cette architecture au lieu de simplement s'en souvenir.

Merci de soutenir cette demande par toute action qui vous semblera pertinente.
Vous pouvez déjà signer la pétition en ligne :
http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N29781
ou envoyer la carte postale de soutien, elle est gratuite, il suffit de me la demander, merci de votre soutien, restons vigilants :







Les articles sur Ris-Orangis :
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/03/ris-orangis-un-centre-commercial.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/10/des-centres-commerciaux-sauves-et.html


Voici quelques images du centre commercial de Ris-Orangis, hier et aujourd'hui :












En 2012, Monsieur Prost-Romand, propriétaire du centre commercial de Ris-Orangis, m'offrit ce très beau et touchant dessin de Thierry Dubois qui, dans une profusion d'automobiles et de personnages, nous donne à voir une vision joyeuse de ce centre commercial.
C'est une belle image qui rend hommage à l'aspect populaire de cette architecture. Merci Thierry Dubois pour cette interprétation et merci Monsieur Prost-Romand pour ce beau cadeau !









samedi 1 février 2020

De la réception populaire de l'architecture

Lorsque mes amis me qualifient de fan de Claude Parent, j'ai toujours un moment de recul, comme si ma relation à l'architecte et à son œuvre méritait mieux (ou différemment) que ce vocable plus souvent associé à des petites vedettes de la chanson.
Pourtant, c'est vrai, et mes amis ont raison en ce sens, que chaque fois que l'occasion m'est donnée de rencontrer le travail de Claude Parent, j'ai un petit frémissement particulier, une sorte de satisfaction primaire, un frisson faisant trembler la colonne vertébrale.






































Ce fut le cas avec cet ouvrage, la civilisation du loisir chez Marabout, offert par Catherine Schwartz et Lucas Morin, éditeurs et artistes de talent. Merci à vous deux.
Dans ce livre dont la collection se veut très populaire, didactique et de vulgarisation, on trouve plein de textes et d'images qui, dès la couverture, donnent le ton d'une époque Pop heureuse de vivre. L'année ? 1967. C'est parfait...



Sur la couverture de l'ouvrage, magnifiquement dessinée par Henri Lievens, on voit une robe de Paco Rabane et, très stylisé, Habitat 67 de Moshe Safdie quand il faisait encore de l'architecture.
Ce que donne à voir donc ce genre d'ouvrage c'est la réception d'un travail, comment, soudain, il apparaît comme représentatif, reconnu, racontant à lui seul la question posée.
Donc, pages 156-157 et pages 158-159 surgissent deux dessins de Claude Parent au milieu d'un article de Hugo Uyterhoeven sur l'expansion économique.




J'ai donc cherché dans cet article quelque chose permettant de comprendre ce désir de présence de Claude Parent et Paul Virilio sans bien saisir cette nécessité. Peut-être, vaguement, le désir d'évoquer d'autres structures de la vie pour permettre une refonte entre les temps de loisirs et les échanges sociaux... Rien de très convaincant... Alors ?
On sait que ce genre d'ouvrage à vocation populaire doit aussi être séduisant, ouvert et offrir dès le premier feuilletage, l'envie de le parcourir et, de par son iconographie très riche, faire saisir le contenu et l'objet de la réflexion. D'ailleurs Parent et Virilio ne sont pas les seuls architectes montrés dans l'ouvrage qui accumule tous les stéréotypes de la ville moderne et de la prospective sur l'urbanisme. Je crois d'ailleurs que le mot prospective est bien le seul qui justifie ici cette place accordée à nos deux amis architectes.
On note avec délice qu'en fin d'ouvrage, dans les sources des illustrations, c'est bien Architecture Principe qui est nommée et que le premier dessin est crédité à Claude Parent alors que le second est crédité, oui, à... Paul Virilio...
Bien entendu cela m'étonne car il ne fait aucun doute que ces deux dessins sont bien de Claude Parent. S'agit-il alors d'une stratégie de la nomination ? Qu'ainsi, en ayant attribué son nom à un dessin, Virilio apparaît à égalité avec Parent dans le groupe Architecture Principe et gagne en lisibilité ? Hummm....
Et surtout, comment l'éditeur de ce petit livre a-t-il trouvé ces architectes, ces dessins et comment a-t-il pu penser qu'ils seraient utiles ? Cela prouve une certaine réception de notre duo, une certaine lisibilité pour ce qui est de la vulgarisation de la prospective architecturale. Je pense que les ouvrages de Michel Ragon ont certainement aidé à cette vulgarisation de l'œuvre de Parent et Virilio.
Lorsque Catherine Schwartz et Lucas Morin m'ont offert ce livre, j'ai tout de suite émis un doute quant à mon désir de le garder dans ma bibliothèque déjà très encombrée de ce genre d'ouvrages que l'on aime pour peu de choses (une photo, une qualité éditoriale) mais que l'on n'ose pas éjecter. Alors que faire de celui-ci ?
Que faire aussi d'un livre offert, dont l'éloignement de la bibliothèque apparaîtra comme une trahison de l'amitié ?
Au moins m'aura-t-il permis de me poser cette question de la réception d'une architecture, de voir comment elle intègre et illustre des préoccupations de son temps et fait iconographie. Combien de lecteurs de l'ouvrage sont allés voir le nom des auteurs de ces deux images ? Combien ont alors décidé de tout savoir sur nos architectes ? Combien alors ont même reconnu les auteurs ?
J'imagine au moins une joie de nos architectes de se savoir ainsi éparpillés dans des bibliothèques populaires et d'être heureux qu'on ait pensé à eux pour raconter le futur.
Il ne faut donc pas négliger les autres espaces éditoriaux lorsqu'on veut raconter la réception d'une révolution architecturale. Le livre de poche, tout comme la carte postale, sont donc des genres populaires qu'il faut étudier.
Qui veut ce livre ?
Louis ?

Pour revoir tous les (très nombreux) articles sur Claude Parent et Paul Virilio :
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=claude+parent
https://archipostcard.blogspot.com/search?q=claude+parent

Comment ne pas voir dans ce jeu de construction entre le phare d'une DS et d'un immeuble, un petit signe à Charles Bueb ? le cliché est crédité à L. R. Mat.




































Très beau cliché d'une somptueuse maquette pour une piscine. On est heureux de retrouver ici les architectes Maillard et Ducamp ! Cliché venant de la revue Aujourd'hui, photographie de G. Martin.
On retrouve cette architecture ici :
https://archipostcard.blogspot.com/2012/10/fais-la-plus-grande-la-gouttiere-je-te.html

Cette photographie de Claude Magelhaes ne nous donne malheureusement aucun indice de sa situation...



samedi 6 février 2016

ObliqueS, autour de Claude Parent

J'ai beaucoup de plaisir à vous annoncer que l'exposition obliqueS, autour de Claude Parent est maintenant ouverte.
Elle se tient jusqu'au 4 mars, à l'école des beaux-Arts du Mans, l'entrée est libre.
Je remercie ici vivement tous les artistes qui ont prêté leurs œuvres gratuitement ainsi que les institutions et partenaires comme le FRAC Centre, la galerie Chez Valentin et bien entendu l'Agence OMA AMO pour la rampe provenant de la Biennale de Venise (2014). Un grand merci tout particulier à Alice Grégoire qui a fait un travail de relais particulièrement efficace avec l'agence de Monsieur Koolhaas.
Je remercie le personnel technique, administratif et pédagogique de l'école ainsi que les quelques étudiants ayant donné un coup de main.
Merci surtout à Cyrille Charretier, Olivier Chouteau, et Lucas Fossey pour leur incroyable implication technique.
Bien sûr, je remercie vivement Madame et Monsieur Claude Parent pour leur confiance si souvent renouvelée et le prêt généreux de dessins.
Je vous donne à lire le communiqué de presse qui vous expliquera très bien (je crois...) l'esprit de cette exposition.
Je vous montre quelques images qui ne rendent pas tout à fait compte de l'exposition puisque sont invisibles les vidéos de Tanguy Clerc, de Nicolas Moulin, les dessins de Thomas Dussaix et des maquettes. Il faut donc venir voir ! Venez !

école des beaux-Arts du Mans
28, avenue Rostov-sur-le-Don
Le Mans
du lundi au samedi, de 14h à 19h

Dans l’histoire récente de l’architecture, peu d’architectes ont réussi l’exploit de tenir leurs promesses utopiques en faisant concrètement dans le réel ce que leur portée théorique avait déclamé.
Claude Parent est de ceux-là.
Tout le long de sa carrière il a réussi à tenir sa promesse mettant régulièrement son agence, ses amis artistes, sa famille à l’épreuve de la Fonction Oblique, dernière grande théorie plastique et architecturale aussi radicale.
La relation qu’il a toujours maintenue avec les artistes aussi importants que André Bloc ou Yves Klein définit aussi l’œuvre de Claude Parent et notamment sa pratique du dessin comme un nœud essentiel permettant à la fois d’expliquer, de rêver, de croire et enfin de réaliser les bouleversements du corps et de la vision que réclame cette Fonction Oblique.
Aujourd’hui nous sommes nombreux, artistes, architectes à poursuivre l’exploration des principes de cette théorie et surtout à tenter une synthèse des arts, grand rêve un peu oublié qui pourtant fut l’un des combats de l’architecte.
Il était donc souhaitable de montrer dans une école d’art qui compte des étudiants en art, en design de la ville ou en design sonore que la transversalité peut passer par la pratique plastique croisée des compétences de chacun des arts mais surtout dans une analyse soucieuse de ce qu’est notre corps dans un espace si déterminé à nous répondre en bien ou en mal.
En nous appuyant sur l’œuvre de Claude Parent, nous montrerons des œuvres qui toutes ont en commun un sens aigu de la spatialité, de sa remise en cause en voulant pour une fois, comme un chemin de travers, prendre non pas la ligne droite de l’histoire mais l’oblique du sens.
ObliqueS donc.

Pour la première fois en France sera présentée la reconstitution d’une partie de l’appartement de Claude Parent à l’échelle 1, permettant de vivre et d’expérimenter la Fonction Oblique dans le réel. Cette rampe fut construite par l’Agence OMA AMO de Rem Koolhaas pour la Biennale d’architecture de Venise en 2014 dans le cadre de l’exposition Elements of architecture . Elle sera mise en relation, comme le souhaite Rem Koolhaas avec le travail de Tim Nugent qui fut l’un des pionniers ayant travaillé sur l’accessibilité de l’architecture pour les personnes à mobilité réduite. Autour de cette rampe, les 8 artistes invités montreront des oeuvres réalisées dans un grand panel de techniques, vidéo, sculpture, peinture, dessin ou encore gravure sur bois. Et bien évidemment, de nombreux dessins de Claude Parent ainsi que des maquettes prêtées par le FRAC Centre viendront raconter et définir son architecture, ses rêves et ses théories. Un diaporama réalisé à partir des photographies de Gilles Ehrmann viendra raconter l’aventure de la Fonction Oblique à la Biennale de Venise en 1973.
David Liaudet

Les artistes : Thomas Dussaix, Nicolas Moulin, Marc Hamandjian, Eva Nielsen, Tanguy Clerc, Jean-Paul Berrenger, Christiane Baumgartner, François Trocquet et... Claude Parent !





 
  


 
   

  

 





dimanche 9 juin 2013

La mémoire comme projet. Le bleu comme objet.

Je viens vers vous pour une actualité éditoriale et une belle réalisation mémorielle.
Voici d'abord la construction :



Cette réalisation superbe et qui semble tout droit sortie de l'imaginaire puissant de Monsieur Claude Parent est le Mémorial de la colline de Maarjamägi en Estonie. Il semble que le concepteur soit Allan Murdmaa. L'ensemble aurait été monté en hommage au centième anniversaire d'un festival de chant... Le conditionnel est ici tout à fait nécessaire !
Mais quel dessin !





On pourrait avec quelques corrections se croire devant une maquette de paysage de la Fonction Oblique. Ce qui est remarquable c'est bien que le monument est constitué de soulèvements, de buttes géométriques bien plus que d'une sculpture même si le cheminement mène à une ouverture entre les deux pointes fermées par une volume de bronze. L'idée est bien ici de produire une expérience spatiale qui déborde la question de l'objet mémoriel. Reste à savoir si cela fait image ou s'il était (est ?) possible de réellement arpenter les pentes et les obliques de cette très belle réalisation.
La carte postale nous donne également le nom du photographe : G. German. Le Mémorial serait de 1975 et la carte postale de 1978.
Nous allons maintenant voir un autre monument grâce à un livre que
Claude Parent vient de m'envoyer :



Yves Klein, Claude Parent, Le mémorial projet d'architecture évoque avec beaucoup de finesse et surtout aussi avec une grande qualité éditoriale les relations entre l'artiste plasticien et l'architecte. Nous avions pu lors de la rétrospective de Monsieur Parent suivre déjà cette période de leurs vies mais ici, c'est exprimé avec beaucoup de clarté et même une certaine forme de fascination amicale que l'architecte explique très bien dans un des entretiens.
J'avoue ne pas toujours avoir bien compris ni aimé l'œuvre d'Yves Klein, mais ici se dessine une personnalité forte et hypnotique qui semble avoir pu porter certaines visions poétiques, certaines impossibilités magnétiques.
Je dirais que ce que j'aime chez Yves Klein c'est bien plus l'esthétique de sa relation avec l'architecte. On rêvera sur les architectures d'air, sur le feu qui rencontre l'eau dans des jets puissants et sans doute aussi métaphysiques. On rêvera surtout parce que Monsieur Parent avait su mettre en forme et en dessins les imaginaires débordants de l'artiste. C'est une leçon de dessin qu'il faut prendre à l'exact. C'est la preuve que la mise en forme génère autant l'idée que la pensée qui la construit. Pour ma part, je crois au dessin, je crois que dessiner c'est vivre le dessin. C'est fabriquer des espaces libres. Et si le toit d'air pulsé doit faire dévier la pluie et si le silence remarquable de sa machinerie n'existe que dans l'espace de la feuille de papier, je suis prêt à le croire. Car même l'imaginaire le plus radical, même l'utopie la plus saisissante ont besoin d'une expression et Claude Parent a su offrir à Yves Klein cette expression et a donc accordé une réalité à son monde. Ce n'est pas du vide, ou si c'est du vide c'est celui dans lequel on se jette du haut d'un mur.
Le livre est également l'occasion de voir le très très beau projet de monument que Claude Parent avait dessiné pour Yves Klein pour Saint-Paul de Vence.
Il faut maintenant le construire. Il faudra enfin que ce dessin, cette pensée prennent l'espace du réel. Ce monument qui bascule entre parc astrologique et astronomique indien et un Dani Karavan radical est d'une beauté brutaliste parfaite.
Puisque l'observation et la sensation sont le centre de cette expérience construite (donc de cette architecture), il ne fait aucun doute qu'il s'agit là aussi d'une des œuvres majeures de Claude Parent qui reste l'architecte des sensations, l'un des derniers à avoir considéré les sens non pas comme des pièges mais comme l'absolu de l'architecture. C'est bien aussi l'esprit d'Yves Klein qu'on visera.
Que toutes les énergies du ciel, de l'eau, du feu, celles de l'air et du béton solide se mettent en mouvement et que, rapidement, ce monument déjà réel dans nos rêves puisse enfin se construire sur le sol.
Et comme dédicace à son envoi, Monsieur Parent m'indique : " Est-ce que le vide fait partie de l'univers brutaliste ? Oui ? Sûrement. "
Nous lui répondrons que nous sommes d'accord et que le vide au-delà du centre est la force de l'univers, en quelque sorte sa Fonction.

Yves Klein, Claude Parent, le Mémorial, Projet d'architecture
Rotraut Klein-Moquay, Audrey Jeanroy, Philippe Ungar
éditions Dilecta
isbn : 979-10-90490-36-9
25 euros.
Achetez-le !

Quelques images qui ne rendent pas bien compte de la qualité éditoriale de ce livre :