C'est un genre difficile, je le reconnais bien volontiers, de faire venir des personnalités pour tenter de brosser le portrait d'un architecte disparu.
Mais cela ne doit pas empêcher de dire la vérité et de tenter de ne pas commencer cet hommage par une bourde publique d'une ampleur telle que, si je n'avais pas eu un peu de respect pour la famille de Monsieur Parent et pour ce moment solennel, je serais parti immédiatement.
Comment, oui comment, dans un lieu aussi sérieux, aussi précis que la Cité de L'Architecture, peut-on démarrer un hommage en disant une telle erreur (euphémisme) Monsieur Rambert ?
Pourtant vous étiez là, à Sens, lorsque Christophe Joly avait organisé la visite du centre commercial ?
Comment avez-vous pu déclarer, je cite : "On doit remercier Carrefour pour son intelligence à avoir conservé les rampes..." Mais Monsieur Rambert, il n'y a jamais eu de leur part aucune intelligence ni volonté dans ce dossier. Dois-je rappeler ici que c'est même tout le contraire. J'ai eu la chance et l'immense honneur de défendre ce dossier devant la commission et je peux vous assurer que leur présence et leurs avocats ont bien tout fait et tenté avec la mairie pour éradiquer cette construction. Alors ? Pourquoi offrir à Carrefour lors de ce moment solennel, l'occasion d'un tel rachat ? C'est une mobilisation citoyenne qui a sauvé le centre commercial de Sens, c'est une DRAC, celle de Bourgogne qui a fait là un acte majeur en inscrivant le premier centre commercial sur la liste supplémentaire.
C'est une sacrée gifle donnée aux énergies citoyennes.
On passera également sur les tentatives successives de tirer un portrait psychologique de Monsieur Parent par des architectes amis. Difficile d'entendre pendant ces discours (bien sûr tous d'une sincère amitié et reconnaissance) comment ces architectes furent influencés ou transformés dans leur acte de bâtir. Monsieur Nouvel ne nous en a rien dit, Odile Decq non plus. Non, seul le personnage, le dandy fut rappelé. J'aurai aimé que l'on parle d'Architecture, que l'on décrypte un peu comment plans, programmes, formes furent modifiés, rejoués.
Heureusement, heureusement, le dernier intervenant, Monsieur Youssef Tohmé, seul architecte n'ayant jamais eu de lien avec Claude Parent a pu, lui, dire des choses essentielles sur l'Architecture en évoquant le béton doux, la densité, la place du brutalisme : "on ne peut pas faire autrement quand on a été un enfant de la guerre" a-t-il déclaré, rappelant que lui avait connu celle du Liban. Magnifique travail que le sien et vrai seul hommage architectural de la journée.
J'ai aimé être en désaccord avec Monsieur François Seigneur. J'ai aimé votre parole libre, fraiche et ouverte, Monsieur Seigneur. J'ai aimé cette présence résistante digne de l'état d'esprit de Monsieur Parent. Cela vaut mieux qu'une flagornerie creuse.
Puis vinrent les artistes contemporains, ceux qui transforment l'héritage en image. On a vu un Melnicov transformé en barbecue, Banlay décoré d'un tableau de fils tendus comme ceux que nous faisions en 1970, et pire encore une architecture "mentale"...réalisée par un artiste qui avoue simplement à Monsieur Rambert que "non, je n'ai jamais visité les architectures avec Monsieur Parent."
Les bras m'en tombent...
Heureusement, Claude Lévêque dans un petit mais très touchant film a su lui remettre en place tout ce petit monde. Merci.
Merci pour votre témoignage mêlant l'expérience vraie d'une vie vécue à Nevers, merci de nous avoir rappelé que l'architecture est une expérience spatiale et pas une suite d'icônes dont on s'empare sans remord, merci de nous avoir affirmé que là, à Nevers, la seule chose à faire c'est de la vivre.
Rudy Ricciotti fut impeccable, comme d'habitude.
Alors, voilà. C'est comme cela que ça finit. Tout finit.
Je remercie ici publiquement Christophe Joly d'avoir évoqué un rien mon action. Nous partageons cela je crois, le désir d'action. Car aimer l'architecture c'est d'abord la parcourir, la vivre. C'est donner les moyens à ceux qui arrivent d'en faire l'expérience. Ce n'est pas, sur le mur de son égo, accrocher le trophée d'un architecte généreux, joyeux, mais également à tout jamais solide.
Nicolas Moulin a raison dans son texte hommage publié dans l'Architecture d'Aujourd'hui.
Claude Parent nous a quitté trop jeune.
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