dimanche 26 octobre 2025

En France et en Architecture, la sévérité est un hédonisme

 Voilà une belle série de cartes postales d'un lieu majeur, certes un peu moins connu que Eveux mais qui en est presque l'ombre, une ombre blanche d'ailleurs car la particularité de cette architecture c'est justement l'usage technique et esthétique de son béton blanc.

Nous sommes à Orsay et nous allons visiter la Clarté-Dieu, ensemble superbe et raide, que l'on pourra sans remord qualifier de vrai brutalisme à la française. Le programme ? Un séminaire franciscain avec tout ce que nous pouvons deviner de ce que cela suppose comme enchainement des espaces : réfectoire, chambres, bâtiments conventuels, église etc...La série est pratique, elle nous permet de faire la visite. On ne s'étonnera pas d'ailleurs que l'éditeur de cartes postale fasse faire le tour des espaces à son photographe pour rendre compte justement des emboitements spéciaux. On a l'habitude sur ce blog que l'époque soit à l'inventaire et qu'un lieu sacré, église moderne ou couvent moderne, ne puisse pas se résumer à un seul cliché. On notera qu'aucune des photographies n'est signée, que le ou les photographes sont restés en retrait derrière l'appellation générique de "Cliché Édition Franciscaines". On notera tout de même l'incroyable qualité photographique de l'ensemble et le très bon niveau d'édition. Les images sont bien contrastées, mettent bien en valeur les matières et les lumières tombant dans les lieux, lumière assez douce certainement choisie pendant une météo un peu grise pour que la lumière ne durcisse pas trop les lieux.

Là encore, on fait le choix d'une description non vivifiée par la présence directe des usagers des lieux. Aucun corps, aucun geste, personne n'est visible ici pour donner à l'ensemble du sens ou une échelle. Difficile donc de bien comprendre parfois les échelles des lieux, en ce sens la chambre donne une idée par ses meubles de la petitesse des espaces, d'une forme de sévérité dépouillée, d'un contentement de peu, celui de la lumière entrant dans la cellule par une fenêtre debout pour faire sans doute plaisir à Perret et moins à Corbu ! 

Mais c'est bien ce qu'on aime dans ce genre de lieu sacré, ce dépouillement, cette tendresse du presque rien où l'oeil et l'esprit doivent se contenter d'aimer ici le banchage du béton, là la rugosité de sa surface prenant la lumière. Tout est un peu raide, rigoureux mais laissant ainsi à la poésie l'essentiel : le rapport du monde à l'architecture, le dehors dans le dedans, un hédonisme naissant dans l'économie d'une architecture vue comme une interface avec le Divin, le Sacré. En regardant les images, on s'entend faire Chuuuttttt......et demander le silence pour ne rien gâter de cette joie simple des choses bien regardées.

Mais je ne vous ai pas dit qui sont les architectes de cette merveille ! Il s'agit des Frères Arsène-Henry et de E. Besnard-Bernadac. Vous trouverez sur ce site toutes les infos nécessaires et bien complètes. Allez-y ! 

https://journals.openedition.org/insitu/5394

Les plus fidèles d'entre vous se souviennent sans doute des Frères Arsène-Henry que nous avions découverts ici en 2017 grâce à Jean-Michel Lestrade :

https://archipostalecarte.blogspot.com/2017/05/les-freres-et-leur-ciment-superblanc.html


Sans doute que cette première carte postale aurait pu suffire à dire la qualité du lieu. On aime, bien entendu, la qualité du béton, le jeu des ouvertures offrant presque toujours un noir profond et l'incroyable rigueur de l'image, toute de gris délicats venant d'un ciel chargé et filtrant. Les photographes contemporains d'architecture et leur mode de blanchir les ciels sous Photoshop n'ont donc rien inventé...Cela objective sans doute le sujet. On perçoit, au rythme soutenu des fenêtres, l'étroitesse des chambres...


D'un peu loin, l'ensemble de la Clarté-Dieu est comme perdu dans un brouillard de lignes végétales, d'ombres projetées voulant sans doute montrer une certaine intégration de ce beau rationalisme que nous appelons parfois un peu vite du Brutalisme.


Le Cloitre intérieur nous permet de voir la beauté presque classique des banchages. On se croirait en Suisse. Admirons comment l'alternance des planches forme le seul chatoiement pour l'oeil. On sent la main caresser les joints.


Cette carte est sans doute pour nous ici sur ce blog celle qui nous fait le plus kiffer comme disent les jeunes ! Perfection absolue de la rigueur, de la dureté, de l'âpreté des lieux. Les colonnes sont réduites à des poteaux raides et sublimes n'offrant presque que leur succession comme jubilation. C'est...implacable...Quel pied le brutalisme !

Vous savez comme j'aime ce genre de cartes postales ou le collectif est réduit à l'expression de son mobilier esseulé dans ses espaces. Là encore comment ne pas être amoureux du bois brut des tables dont la perspective contraste à l'orthogonale des poutres du plafond. Tout le cadrage donne au crucifix sa puissance. La symétrie ici, ne vous y trompez pas est une poésie. Silence ! Silence !

On a vu chez Le Corbusier le sens de la proportion des chambres (cellules) pour le corps. On s'y retrouve presque...Admirons la projection du bureau vers la droite pour que l'oeil voit le mur...N'auriez-vous pas, simples mortels, l'envie comme moi, de faire glisser le bureau sur la gauche ? On note que le photographe a réussi à faire monter le paysage extérieur dans la fenêtre sans qu'il soit brulé par une surexposition.

N'est pas beau ce détail de La Chapelle ? L'autel est de Costa Coulentianos.


Pour finir en beauté et en verticale, nous voici dans l'Église Conventuelle ! Tout est dressé devant nous ! J'aime particulièrement la puissance des pièces de la charpente et là encore le vide et la symétrie donnent à cette image sa force tranquille. Savez-vous que les vitraux du fond sont en partie de...Paul Virilio. Oui, du temps où, avant d'être philosophe et architecte, il était un maitre-verrier...Heureux de le retrouver là !

On note enfin que cet ensemble était si important déjà à son époque que la revue l'Architecture d'Aujourd'hui y consacre en 1957 un article sur une double page dont les photographies sont de Lucien Hervé lui-même ! Bonne lecture :













dimanche 5 octobre 2025

L' antiquaire, Fillod et un mystère


Nous n'en saurons pas beaucoup plus.
Je veux dire qu'il faudra se contenter de l'image sur cette carte postale promotionnelle de la société Fillod pour gouter un peu de cette villa qui ne dit même pas d'ailleurs si elle est bien que de métal.
On dirait une petite maison Art Déco de Province ou de la banlieue parisienne. Sa modernité tient surtout dans son toit plat, les motifs le long des murs et sa pergola rentrée dans la façade. Pour le reste...On restera  suspendus aux informations du verso qui nous donnent le nom d'un architecte rouennais : Marcel Genet.
Mystère...
Difficile aussi de la localiser sur cette image mais il y a fort à parier qu'elle n'existe plus ou que la photographie fut prise lors d'un salon ou d'une foire et qu'elle fut démontée. On dirait bien, en effet, un édifice promotionnel pour prouver la validité de la société Fillod. D'ailleurs quel est l'étrange volume à la gauche de l'image ?


En tout cas, il est amusant pour moi que l'architecte soit de Rouen...Qu'a-t-il laissé comme trace dans ma région ? Je n'en sais rien. On trouve bien ce modèle de maison métallique Fillod sur cet excellent site :
Cela appuie la thèse d'un architecte d'opération qui servirait de relais commercial à l'exploitation par Fillod de son invention. En tout cas, une fois encore sur ce blog, nous sommes heureux de parler de cette société et des édifices qu'elle a produit.
Bien entendu, l'actualité autour de Fillod est aujourd'hui largement faite de l'admirable restauration et mise en lumière du pavillon tropical Fillod. Cette restauration exemplaire que l'on doit à l'ami Clément Cividino et toute son équipe est la preuve qu'il faut parfois réécrire un peu l'histoire de l'architecture trop vite réduite à quelques icônes (Jean Prouvé) alors que les échanges, les conceptions, les inventions furent bien plus vastes. Alors il faut absolument remercier ici Clément Cividino qui, une fois encore, et avec quelle maestria, nous redonne à voir ce bâtiment incroyable. L'écho de cette redécouverte et le grand boum qu'elle fait dans le petit milieu des antiquaires du XXème prouve la place que prend maintenant Clément Cividino et comment, avec son travail acharné et son équipe d'enfer, il sait nous donner les joies de ses propres découvertes.

Soyons certains que Clément va partir à la recherche de l'une de ces maisons et que nous aurons la surprise bientôt d'en visiter une...Clin d'oeil appuyé l'ami...

Merci Clément.
Merci Fillod.
Pour voir son travail :

Pour revoir Fillod sur ce blog :


lundi 1 septembre 2025

Le Monstre de Tschumi et le Tournesol de Van Gogh



 J'avoue que je me suis bien demandé si je devais faire entrer dans ma collection cette carte postale du Zénith de Rouen. Pas très convaincu par la photographie ni par la nécessité de ramener un bâtiment aussi récent dans ma collection, j'ai pourtant décidé donc de l'y faire entrer. Il y a des raisons :

D'abord et ce n'est pas des moindres son architecte : Bernard Tschumi que nous aimons bien sur ce blog et qui est peu représenté dans ma collection. Avoir donc une "entrée" Tschumi me semblait assez juste et normal car ce grand penseur de l'architecture méritait bien de retrouver ces paires et son père qui lui est représenté déjà dans ma collection.

Ensuite...et bien, il n'est pas si nouveau ou contemporain que ça ce Zénith de Rouen puisqu'il date de 2001, il arrive donc presque dans le temps nécessaire à un futur classement que ne manqueront pas de faire en 2026 les autorités patrimoniales de notre Région Normandie, région qui donne l'exemple de son attachement à l'Architecture Moderne et Contemporaine en déclassant des Monuments Historiques (verres et Aciers de Marcel Lods). Donc, aucun doute que la Région Normandie, la Ville de Rouen, la DRAC  classeront dès sa date anniversaire de ses 25 ans ce si bel édifice...

Bon, reste la photographie de ce Zénith que je ne comprends pas bien. Est-ce l'idée de fabriquer un contraste entre "le monstre moderne" et le charme du jardinet qui a animé Thierry Chion ? Est-ce une commande et donc un certain regard réclamé par les institutions qui ont obligé le photographe à cette gesticulation jardinière et naturelle pour montrer le charme de l'intégration de ce qui, par définition, ne doit pas l'être si on en croit les habitudes théoriques de Tschumi ? On sait que les photographes de cartes postales ont toujours aimé caler un premier plan végétal pour faire leurs images. Est-ce là un indice de cet attachement à la tradition ou un penchant contemporain démagogique pour la friche, le tiers-lieu, le jardin partagé ?

L'image est aussi prise dans une résolution un rien éteinte, un contre-jour, quelque chose dans la lumière qui n'est pas très claire comme un petit matin frais bien vallée de Seine. Le photographe se met bien bas pour que son premier plan si touchant et poétique du jardinet vienne contraster avec le MONSTRE tapi derrière. Finalement, il faut saluer le désir d'originalité et la prise de risque. On aimera, si on aime les images et les analogies, que le photographe soit un genou (deux ?) à terre devant l'architecture du Zénith. On aime ça. La laitue a monté et les tournesols, depuis Van Gogh et Michel Legrand, n'en finissent pas de tourner la tête vers le soleil normand bien calmé.

On notera que cette carte postale institutionnelle puisque revendiquée par la Métropole de Rouen ne fait aucun effort pour nommer l'architecte ! C'est un comble ! Oublier ainsi le nom du créateur, du penseur, du constructeur, de l'architecte dont on use pourtant de son image de modernité est assez signifiant de la manière dont ces institutions se foutent comme d'une guigne des architectes. Monsieur Tschumi jugera comme il veut cet oubli de son nom. 

Il me restera, avec mon crayon, a ajouter ce nom au verso de la carte.

Sois la bienvenue dans ma collection.

https://archipostcard.blogspot.com/2010/07/par-ordre-dapparition.html


dimanche 31 août 2025

Par Issy l'église moderne modeste et la pin-up républicaine

 Aux Emmaüs de Saint Pierre-les-Elbeuf, bien décevant maintenant depuis un moment, je regarde un petit lot de cartes postale sans grande conviction. Puis viennent à ma rencontre finalement trois cartes parmi d'autres que je décide d'acheter et de vous montrer. Il faut parfois se contenter de peu ou du moins, se contenter d'une forme modeste de sa joie.
Après tout, sur ce blog c'est aussi cette forme-là que l'on défend, les petites choses qui racontent la Grande Histoire. Cette fois, l'Histoire de l'Architecture a reconnu un monument historique puisque l'église d'Issy-les-Moulineaux, Notre-Dame des Pauvres, est inscrite depuis 2007. Alors...soyons respectueux de ce qui se passe là, sur ces deux cartes postales. Bien entendu on aime la simplicité du volume, le jeu des pierres bien ordonnées entre elles, les ouvertures reportées entre le voile de béton qui fait toit et les murs de pierre, on aime le campanile si simple, si beau (je ne sais pas pourquoi j'y vois une rigueur suisse, protestante). Et comment ne pas tomber sous le charme de la vue intérieure vide, presque aussi froide qu'une sculpture minimaliste. J'ai toujours aimé les cartes postales de lieux vides (halls, hôtels, dortoirs...) dont les chaises nous indiquent les corps absents. On regrette aussi sans doute que les couleurs soient aussi absentes mais, finalement, j'aime aussi la manière dont ce beau noir et blanc ajoute à la prise de vue quelque chose de raide, nette, ferme. On peut bien admirer le travail du béton pour le plafond et le grand mur de pierres assemblées. Tout cela et la croix géante suffiront comme écran de projection pour la Foi de chacun. Simplicité apparente, radicalité, on voit comment les architectes Lombard et Duverdier ont bien travaillé à l'économie frustre presqu'à l'os. Elle est des Pauvres cette Notre-Dame...
Les deux cartes postales sont en noir et blanc, celle de l'extérieur est bien colorisée. On note que l'éditeur Estel ne nomme pas les architectes, pas les verriers, pas son photographe...

Pour revigorer ce sentiment de rigueur ostensiblement démontrée, je voudrais vous laisser en voir une autre plus explicite.

Je vous avais prévenu : on ne maitrise pas toujours les hasards des découvertes dans les boites à chaussures remplies de cartes postales...Comment résister à cette belle carte Nugeron nous montrant une Mariane dessinée par le génial Aslan ! Cette Mariane n'est-elle pas le contre-point parfait à notre belle église ? N'est-ce point là aussi un plaisir de pouvoir se régaler de l'une et de l'autre ? Et depuis la séparation de l'état et de l'église, il est bon parfois de les voir se retrouver, se frotter gentiment au hasard des rangements et des...abandons...

Vous trouverez ici (oui...) toutes les infos sur cette belle église :
Pour revoir de belles pin-up de Aslan, allez sur mon autre blog :




mercredi 27 août 2025

Petite suite post-moderne (et théâtrale) à classer d'urgence

 Dans l'histoire de mes engagements architecturaux, j'ai longtemps mis des limites de coeur et d'esprit, dans un désir de pureté toujours signe d'une radicalité que seule la jeunesse peut expliquer et excuser.

Et puis...

Il y a vingt ans, au début de ce blog, jamais je n'aurai fait un article sur l'architecture historiciste ou post-moderne ou alors pour m'en moquer. Il faut dire que le Brutalisme et le Hard-French occupaient déjà bien la place de mon esprit combatif pour la reconnaissance d'un Patrimoine mal aimé et que, aujourd'hui, même si je relativise encore beaucoup le sens de cette autre architecture, il m'arrive maintenant de comprendre un peu mieux son goût du délire psychopathique, surréaliste, gesticulant de signes et d'humour aussi, ce qui, chez moi, sauve beaucoup de choses. 

Et puis...

Et puis la jeunesse pousse un peu et ce qui faisait une certaine originalité de position de ma part il y a longtemps je dois bien le supporter des jeunes d'aujourd'hui qui, eux, se baignent dans les lumières moulées de béton d'un Ricardo Bofill ou d'un Nunez-Yanowski sans remord, sans crainte, un peu comme maintenant on se baigne dans la Seine à Paris. Il y a bien un peu de caca dans l'eau mais pas suffisamment pour que le désir de baignade ne soit pas satisfait. Il faut donc plonger dans toute l'Histoire de l'Architecture. Je veux plonger maintenant avec cette jeunesse amusée de l'histoire récente de l'Architecture.

Et puis...

Dans le rangement et la recherche de cartes pour un projet sur Nantes d'une exposition sur Jean Prouvé, je fouille mon Fonds et je trouve cette carte postale un peu perdue, mal rangée et qui me fit sourire immédiatement :




Vous allez rire mais au premier regard sur cette carte postale mon esprit y à coller le travail de Roland Castro à Angoulème et on verra que finalement il y a un lien très tenu. Mais non bien entendu, il ne s'agit pas de Castro qui use, lui, d'autres références. Nous sommes à Miramas et il s'agit d'une carte postale des éditions Anatome affranchie en 1987 qui nous montre le Théâtre "La Colonne". On le dit de suite : cette carte est vraiment très mal imprimée, d'une qualité douteuse et ne permet pas de bien lire ce qui s'y passe. Pourtant, il y a longtemps, j'ai bien décidé de l'acheter, sans doute d'ailleurs touché par cette qualité fragile qui lui donne aussi un aspect un rien usée, fatiguée, un peu comme les cartes pauvres des pays de l'Est. Et voilà que je me vois décidé aujourd'hui à la prendre en compte, à la sortir du lot, à me voir faire des recherches sur cet espace sans bien comprendre pourquoi c'est maintenant que cette urgence se déclenche chez moi. Je trouve facilement le nom de l'architecte : Jean-Jacques Morisseau. J'avoue découvrir ce nom et son travail que je n'avais jusqu'à ce jour jamais entendu. Et pourtant, il y a là une vraie oeuvre. Le moins que l'on puisse dire c'est que, au moins pour ce théâtre, Monsieur Morisseau est totalement pris par cette école Post-Moderne, entre donc un Ricardo Boffil ou le Groupe Site, jouant de tous les vocabulaires, jouant au fantastique joyeux, ménageant surprise des matériaux et des espaces, construisant à la fois un décor avec humour mais fabriquant un vrai lieu, un espace qui raconte quelque chose de l'imaginaire, du décor, de la mise en scène. Il y a même des colonnes qui montent un escalier...C'est Piranèse ou de Chirico si on veut. On pourrait trouver à toutes cette gesticulation une vanité mais j'avoue que maintenant je me laisse volontiers prendre à ce mouvement baroque, au désir d'une architecture qui gueule sa présence, qui demande avidement qu'on la regarde. Aujourd'hui, une architecture-piège (tableau -piège) que l'on dirait instagramable. Je m'excuse pour ce néologisme atroce. J'adorerais aller la voir, jouer avec mon appareil photographique et je dois pour l'instant me contenter de la Google Car qui fait tout de même bien le travail.

Mais je découvre que Jean-Jacques Morisseau a aussi produit un lycée à Angoulème ce qui explique peut-être un peu mon collage évoqué plus haut. Mais Comment je n'ai pas eu l'intelligence de profiter de mon séjour à Angoulème pour aller visiter ce pur délire architectural ! Mon ami Frédéric Lefever me fera y revenir. Le Lycée de l'Image et du Son est vraiment incroyable ! On a envie d'y aller voir ! Existe-il une carte postale de ce lycée ?

Bien entendu la question qu'il faut poser ici c'est la Patrimonialisation de ce genre d'architecture. De telles constructions mériteraient un classement immédiat tant elles sont représentatives de cette école architecturale finalement assez rares en France. Ce qui d'ailleurs me réjouissait à une autre époque...On voit que la Résidence Lamartine de Tours des architectes Marc Ginisty et Robert Mander que j'ai découvert par hasard cette année est bien labellisée. Qu'en est-il des oeuvres de Jean-Jacques Morisseau ? Il est temps de les protéger mais aussi d'en révéler toutes les qualités même si le spectacle de leur existence prend parfois un peu le pas sur leur fonction. Après tout, c'est aussi l'une des joies de la Ville que de tomber dans des fictions, des histoires, des narrations, des ruines un peu trop neuves.

Je ne trouve pas de site pour le travail de Jean-Jacques Morisseau ni de catalogue de son oeuvre. C'est dommage.

Pour les courageux et ceux qui sont en retard, ils peuvent revoir les Post-Modernes et Bofill et compagnie sur mon blog. Le premier article sur Bofill date de 2008...je n'étais donc pas si en retard que ça...

D'abord le Théâtre "la Colonne" :











Pour La Résidence Lamartine de Tours, voici quelques images de votre serviteur :










mardi 19 août 2025

Système Bérard ? Attention ! Travaux !

Avant de vous livrer cet article, je veux bien évidemment faire un signe à François Chaslin disparu il y a peu. Je pense à lui et à l'importance immense qu'il a eu pour ce blog. Je ferai à la rentrée une Chronique Corbuséenne sur Radio On que je lui consacrerai. En attendant, et malgré tout, je poursuis ici mon travail, avec toujours au dessus de moi à la fois sa confiance, sa gentillesse, sa rigueur, ce qui fut aussi à mon égard sa disponibilité et ses compétences.

Merci pour tout Monsieur Chaslin.


 Dans le fantasme du collectionneur de cartes postales d'architecture, il y a toujours le désir et la joie de trouver une carte postale montrant le chantier. Le chantier est impermanent et la photographie en figeant cet état permet de tenir le temps et de comprendre souvent la construction, les méthodes du bâtir. Mais le chantier, c'est aussi une poésie, une fragmentation, une ruine à l'envers.
Je vous chantais, il y a peu, le plaisir de ma découverte du Système Bérard et la richesse de sa présence à Migennes-Laroche. On est certes dans les prémices du béton armé (encore appelé ciment) mais comment ne pas évoquer cette technique sur ce blog !
Voilà que deux occasions de se régaler nous arrivent en même temps après quelques recherches. D'abord la carte postale du chantier de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de Rungis qui nous permet de voir le montage des plaques préfabriquées au pied du bâtiment, prêtes à l'emploi. On ne voit pas de machine de levage, serait-il donc possible que les maçons montaient les plaques une à une par les échelles ou avec l'aide de simples cordages ? 
Quelle chance en tout cas d'avoir ce genre de document, une fois encore les éditeurs de cartes postales, dans leur infini désir de tout montrer, ont bien travaillé pour l'Histoire.
On notera d'emblée que cette église est inscrite depuis 1999 aux monuments historiques. Ouf....




L'autre occasion vient d'une revue cette fois-ci, d'un fascicule de "le Monde et La Science" qui évoque le Chantier Moderne (sic) et toutes les inventions et quelques modèles. On y retrouve bien en place le Système Bérard et quelques photographies nous permettent de voir la construction de notre église de Rungis. Voilà qui est bien instructif.
Vous trouverez ici toutes les informations et il semble que l'église soit en excellent état aujourd'hui.
On s'en réjouit.